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La compréhension en ses différents états

Ce qui est commun aux hommes est le langage conventionnel, un comportement judicieusement affiné de production vocale, apte à l’expression des pensées. Ce qui est propre à chacun est d’être récipiendaire d’un « soi », dont on peut, en première approximation, dire qu’il est le profil énergétique de toute personne, dont la nature physique relève de l’ensemble des informations qui lui donne conscience. De cette frontière de l’esprit, que représente la prise de conscience d’un état corporel organique, un intellect amorce un processus d’analyse par l’insatisfaction de soi à devoir sans cesse pratiquer les mêmes algorithmes du comportement. En effet, il faut, pour satisfaire aux émotions engendrées par les expériences d’interaction, avec les différents contextes du vécu, réitérer les comportements d’un intérêt pour « soi ». À franchir cette frontière, l’esprit n’a d’autre choix que de développer une intelligence, dont le champ ne fait que se déployer au fur et à mesure de la progression de ses analyses. La finalité escomptée d’un intellect est de permettre à l’esprit de se conjuguer les bons offices d’une conscience. Par cette relation profitable, l’esprit va non seulement satisfaire à l’autonomie du corps, en proposant différents nouveaux contextes, mais encore, se permettre de franchir le cap de la matérialité inconsciente d’une existence corporelle. En effet, celle-ci est imposée par le fonctionnement limité de ses organes des sens, au travers de l’absence d’une évolution de leurs fonctions, avec un environnement naturel. Mais, dans quel but l’esprit franchirait-il la limite de la matérialité ?

Pour le savoir, entreprenons une plongée dans ce que renferme l’idée de compréhension. Sachons d’abord que comprendre autorise potentiellement à agir, quel que soit le niveau d’échelle auquel se réfère la pratique d’une intelligence. Alors, existe-t-il un étalon de compréhension, au-delà de l’apport d’information, qui nous permettrait de « savoir » pour agir ? Pour répondre à cette question, il nous faut partir des définitions usuelles des termes, « compréhension » et « comprendre ». La compréhension est la faculté de comprendre, de percevoir par l’esprit, par le raisonnement. Comprendre, c’est contenir en soi. Il nous faut apporter des précisions à ces définitions. Percevoir par l’esprit, c’est voir par la conscience la nature d’un fait observé. L’esprit ne perçoit rien par le raisonnement, car celui-ci apporte la réalité d’un problème par la construction même d’un raisonnement, ce qui le place comme préambule à toute possibilité d’une perception par l’esprit. Ainsi, la compréhension procède d’un acte, celui de comprendre, c’est-à-dire permettre à une conscience de voir possiblement le contenu d’une intelligibilité d’un « objet » observé. Toute la difficulté est dans le terme de « possiblement », pourquoi ? Parce que par l’utilisation du verbe « comprendre », l’esprit c’est donner à la révélation, par la conscience, d’un contenu de lui-même, en l’occurrence, un fragment autre que « soi ». En effet, comprendre c’est contenir en soi, donc si l’esprit veut comprendre une partie de lui-même, il lui faut reconnaitre l’existence d’un « soi » qui ne soit pas « lui ». Ainsi, il peut se détacher de ce qui n’est pas « lui » et accéder aux contenus de ce qu’il comprend de lui-même. C’est en conséquence ainsi que l’esprit commande à l’existence corporelle, par la reconnaissance progressive d’un fonctionnement humain de « soi », issu des états de conscience qui lui ont permis de se comprendre lui-même. Nous avons ainsi affaire, ici, à une gouvernance indirecte de l’esprit sur le corps.

Nous voyons que la compréhension, par l’acte de comprendre, a nécessairement à voir avec la conscience, mais pas directement avec l’action ou même le savoir. Puisque l’esprit a besoin de reconnaître un « soi » pour se connaître lui-même, alors comment procède-t-il avec ce « soi » ? Il lui applique les conditions d’un contexte psychique, relatif aux données des sentiments, qu’il concrétise par l’adjonction des règles de construction d’un espace-temps psychique. L’esprit établit ainsi un contexte psychique, avec lequel il interagit comme avec n’importe quel profil identifié dans son environnement. Par ailleurs, nous renvoyons le lecteur aux trois articles précédents pour comprendre la signification d’un espace-temps psychique : https://humanologie.info/le-kairos-et-lespace-temps-psychique-part-1/ [1] et https://humanologie.info/le-kairos-et-lespace-temps-psychique-part-2/ [2] et https://humanologie.info/le-fonctionnement-humain-et-le-mecanisme-dinversion-conversion/ [3]. Maintenant que nous avons précisé les conditions d’une compréhension, nous pouvons expliciter les différents niveaux où elle s’applique, avec succès, dans le cadre des actions de l’esprit comme génératrices d’un fonctionnement humain.

Comprendre nécessite de vivre. C’est pourquoi nous commencerons les stades de la compréhension à partir de la respiration atmosphérique. Parce que c’est bien de l’être humain qu’une vie se forme à l’origine. Un cœur assure alors un développement autonome, grâce à la richesse d’un sang nourri des produits du métabolisme des différents niveaux de compréhension de l’esprit, par ses rapports environnementaux.

Premier stade ; une compréhension à l’intérieur de la respiration pulmonaire permet à la conscience de s’ouvrir au champ des comportements du vivant, c’est-à-dire à la communication entre les êtres.
Second stade ; une compréhension à l’intérieur de la respiration primaire, promue par la proprioception, permet à la conscience d’établir la dualité entre l’animé et l’inanimé, à savoir poser l’articulation des rapports entre le corps (concret) et l’esprit (abstrait).
Troisième stade ; une compréhension à l’intérieur de la respiration cellulaire, autorise la conscience à entrer dans le champ abstrait de l’esprit, autrement dit dissocié d’un corps physique.
Quatrième stade ; une compréhension à l’intérieur du continuum du mouvement, donne à la conscience sa capacité évolutionnaire, par le truchement de l’intellect, à concevoir des schémas de raisonnement.
Cinquième stade ; une compréhension en deçà du mouvement, dans l’incomparable, qui demeure compréhensible parce qu’elle ne représente rien. C’est à ce stade que nous entrons dans le domaine contre-intuitif des comportements de l’instinct vital.
Sixième stade ; une compréhension dans ce qui n’est ni compréhensible ni incompréhensible, ouvre la conscience au domaine du non-compréhensible, dont la vacuité potentielle de l’esprit n’est que le reflet psychique de l’immense créativité du domaine vital.
Septième stade ; une compréhension qui ne se comprend pas, mais se sait dans sa manifestation, la révélation d’une science infusée par la conscience, c’est-à-dire celle qui se fait d’elle-même au gré des circonstances et des contextes rencontrés. C’est de cette science que l’être humain procède ouvertement sans le savoir, et c’est pour cela qu’il ne représente que lui-même. C’est à ce stade que l’on accède aux limites d’une psychologie, dont on se croit récipiendaire, mais dont l’esprit n’entrevoit que des moyens conventionnels d’accès à la connaissance de soi.
Huitième stade ; une compréhension qui n’en est plus une dans les termes, cependant cède le pas à la polyvalence d’une existence. La seule chose qu’une conscience peut alors exprimer est le dépassement des frontières d’une philosophie conventionnelle, pour entrer en mémoire d’une réalité. Ce huitième stade d’une compréhension, qui englobe tous les aspects d’une réalité, pour ensuite s’en soustraire grâce au surgissement aux confins de notre existence, à paraître ce que la vie n’est pas ; une préméditation.

Rien n’est vraiment simple dans l’exercice d’une compréhension, mais de ce devoir, car cela en est un, s’ouvre à soi « l’arbre de vie », dont chacun dépend pour son existence. Quand nous disons chacun, nous faisons référence à tout ce que compte d’existence phénoménale, un univers sans limites d’intelligence. Enfin, l’absence de préméditation vitale est l’équivalent physique d’une génération spontanée, dont le grand œuvre préfigure l’existence du battement cardiaque. Que peut-on déduire de l’existence même d’une compréhension possible ? En effet, comprendre ne semble pas être une nécessité pour tous, pourquoi ? Parce que l’indécidabilité fondamentale occasionnée par l’absence de préméditation, pour l’émergence vitale, permet de mettre un pouvoir dans la compréhension. Celui d’une capacité de décider elle-même de la faisabilité ou non, de la mise en condition de la manifestation de l’existence. Fondamentalement, nous sommes dans un libre-arbitre naturel.

Voici comment les conditions du génie humain apparaissent, comme d’ailleurs, elles peuvent apparaitre pour toute autre espèce. Mais, à la seule condition, celle d’être dotée des potentialités de compréhension, telles que l’homme les possède. La compréhension de la compréhension est la seule compétence du génie créatif, celle qui fait d’une disposition à vivre, les conditions d’un transfert de conscience entre le monde vivant et le monde pensé. Reste à savoir pourquoi un monde pensé est-il plus évolutionnaire qu’un monde vivant ? La réponse est assez simple en soi, si le monde vivant est vivant, c’est parce qu’il le doit au principe de dualité qui fait d’une vie la vie de quelque chose. En revanche, le monde pensé ne dépend que de lui-même, c’est-à-dire des facultés à se représenter lui-même les finalités qu’il se donne. Nulle dualité n’est nécessaire dans l’opération d’un esprit de compréhension, car ce qui se comprend est contenu en soi. Ceci fait de « l’unité » de l’esprit, la condition nécessaires de l’émergence du génie créatif. La vie évolue dans la diversité, sa multiplicité fait de la vie son caractère de robustesse, mais fragile parce que son évolution dépend des caractéristiques externes de son environnement. En revanche, le monde pensé par conscience, trouve toute ressource dans le caractère unitaire d’un esprit indépendant, ce qui lui assure les performances d’une vie sans les inconvénients d’une dépendance.

Alors pourquoi vivre si pensé se suffit à lui-même ? Comme nous l’avons vu au début de cette réflexion, on ne peut pas comprendre sans vie, car de celle-ci, nous obtenons les moyens universaux des raisons à comprendre pourquoi nous faisons une chose plutôt qu’une autre. La métabolisation, à l’origine du processus de vie, est responsable de ce qu’un environnement peut infuser, quand un esprit seul ne peut qu’effuser. C’est-à-dire montrer par la démonstration une efficience plus précise que ce qu’une infusion apporte potentiellement. Ainsi l’esprit, se comportant comme le fond d’une vie, donne par sa nature intellectuelle, la gouvernance par la forme de ses intentions, quand la vie lui propose sa puissance. Le changement de mode d’action, qui transmet de l’instinct à l’intuition profonde d’un intellect, est la conséquence de l’incarnation du rapport d’espace-temps environnemental à un espace-temps psychique. Ceci en regard des sentiments accumulés lors des interactions personnelles avec un environnement. L’espace-temps psychique, infuse alors son degré de puissance sur le sens émis par la forme de l’intellect.

Puisque l’esprit gouverne indirectement le corps, il peut ainsi donner à l’intellect le pouvoir de manipuler, par l’intelligence, l’espace-temps psychique incarné par ce qui donne lieu de corps, un fonctionnement humain. Mais, comment l’esprit peut-il faire cela ? Par l’intermédiaire de la mise en ordre, par l’intellect, des émotions de son inconscient, grâce aux mots du langage véhiculés par les comportements de la pensée. L’intelligence de l’intuition conduit ainsi la vie, grâce à la potentialité contre-intuitive de l’instinct vital, qui lui apporte la puissance d’un profil psychique. Cela promeut, par conséquent, la capacité évolutionnaire d’une conscience, sans qui l’être humain serait cantonné à une réflexivité psychologique. L’entendement humain prend alors sa pleine mesure au travers d’une évolution dont le fonctionnement humain traduit l’indépendance d’esprit. Ainsi, la compréhension a dans son principe, les conditions d’une renaissance perpétuelle, au travers de son dépassement par les connaissances qu’elle comprend. Le passage, par conséquent créé, d’une conscience vers une omniscience est la conséquence d’une science infusée par l’esprit, d’une intelligence ayant conquis le « soi » dans son entier. La compréhension est bien l’actrice primordiale de la réalisation d’un fonctionnement humain. Celui-ci est l’initiateur des processus évolutif de l’esprit, par les prouesses d’un entendement, dont le résultat trahi la présence d’un « soi majeur » de l’homme, dans la vie d’un être humain.