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Le Sujet conscient n’est pas le Sujet de Kant

Disons le tout de suite, Kant définit le sujet comme le centre de la connaissance et de ce fait ne peut jamais connaître la réalité, mais seulement en avoir une idée. Cela en fonction de la méthodologie d’approche de celle-ci, au travers des phénomènes qui la manifeste. Ce que dit l’humanologie, c’est que le fonctionnement humain est la manifestation consciente d’un sujet face à des actions vitales qui en sont des pensées d’une réalité, la sienne. Dans ce cadre ontologique et épistémologique, le savoir personnel acquis devient une connaissance de soi, qui devient le moteur d’un éveil conscient. Si l’on tient compte de l’existence d’un sujet, alors ce qui est partagé relève d’une conscience, et plus particulièrement des états d’une conscience, ce qui alloue un intérêt supérieur de soi-même à la responsabilité d’une vie humaine partagée avec l’ensemble des formes vivantes, au sein d’un environnement ouvert par définition. C’est donc bien lorsque un ensemble de connaissances est accomplie, que la recherche de l’homme l’amène à la rencontre d’autre formes de vie, en les intégrant à un soi et dont l’horizon est universel. Dans cette vision, le corps physique n’a pas d’existence en soi mais représente la succession d’états fonctionnels d’un esprit, qui se trouve être le sujet d’une conquête de nouveaux contextes émancipateurs.

Si nous supposons qu’une âme se trouve à l’intérieur du sujet conscient, alors cela peut donner raison au fait que le fonctionnement humain soit le produit cohérent de l’expression d’un génome physique. Mais c’est dans le cheminement vers soi que l’on devient conscient, en conséquence cela fait du sujet le développement d’un être, quand les comportements humains en sont les moyens de le réaliser. Dans cette optique le savoir n’est plus quelque chose à rechercher, puisque les stratégies comportementales en induisent leurs acquisitions au travers de l’identification des éléments d’une réalité. C’est ainsi que se fait l’être humain que l’on est, mais qui est un humain parmi d’autres puisque cela implique la distinction du genre en deux pôles, le masculin et le féminin. C’est par le langage de la pensée que les choses arrivent en conscience et non par l’expérience, ce qui ramène la pratique de la science et ses instruments à une vaste étude méthodologique. C’est ce qui par définition, ne concerne pas la véracité d’un résultat mais vérifie la cohérence d’un raisonnement qui aboutit à un résultat. Mais de celui-ci émerge alors une incertitude fondamentale qui rejaillit sur les résultats scientifiques, celle induite par la dualité fondamentale du départ de l’expérience, ce qui donne aux moyens expérimentaux la latitude déterministe d’en connaitre un résultat.

Ce n’est donc pas vers la science physique, reine des sciences et son instrument mathématique que nous pouvons accéder à cette réalité fondamentale dont tout est issu. Mais c’est seulement au travers de la conscience et de son bras actif, l’humain, que chacun de nous peut appréhender l’indicible réalité. Si nous pensons que l’être humain est un instrument, alors nous dotons notre conscience d’un esprit de compréhension proportionnel à la qualité d’une vie individuelle, syllogisme fait d’un fonctionnement de l’instrument humain dont la contrepartie consciente émane de la construction de son être. Ainsi nous reconnaissons qu’au-delà de l’être et de l’humain il y a la vie, un centre qui fait d’un tout l’environnement d’une personne. Naît de cela les conditions du sujet conscient, une expression au travers de la personne, qui se révèle dans les types de rapport que celle-ci entretient avec son environnement. Bien sur la question se pose quant à l’utilité d’une telle fonction ? Elle parait pourtant bien simple, apporter à l’être la possibilité de retirer le désordre apparent de l’expérience humaine en créant les conditions d’une symétrie d’inversion du temps. Qu’entendons-nous par là ?

Ce que l’on rencontre au niveau de la manifestation du sujet conscient, ce sont d’autres sujets conscients dont la caractéristique essentielle est de pouvoir partager leurs intérêts supérieurs d’eux-mèmes, mais cela n’est pas forcément évident au premier coup d’œil. Pourtant cela en est ainsi car sinon il serait impossible d’en percevoir la moindre trace, car pour être perçu il faut bien partager un minimum de chose. Mais s’il y a un minimum de partage, il y a donc l’existence d’une conscience réciproque mais pas forcément similaire, en effet chacun peut avoir conscience de l’autre mais pour des motifs différents. L’erreur de la physique quantique est de voir l’intrication de deux objets dans son principe mais pas dans sa réalité. L’intrication, qui est un autre nom donné à la conscience, est asymétrique dans la vraie vie, et c’est pour cela que les physiciens ne la trouve pas à notre échelle. Pourtant elle est la fonction la plus utilisée par la vie car c’est ce qui en définit sa nature. Ainsi quand nous sommes conscients de quelque chose, soyez sûr que ce dont nous sommes conscient est conscient de quelque chose de nous. Là aussi la physique à besoin de particules et d’interaction pour nous l’expliquer, en théorie.

Réintroduisons la notion de symétrie d’inversion du temps. Celle-ci se démarque de la nature de l’intrication, qui est rappelons-le une asymétrie de conscience réciproque. Cette symétrie d’inversion du temps est ce que l’on appelle de la rétro-ingénierie fonctionnelle. Il faut entendre ici que puisque deux objets (pour faire simple), ont une conscience réciproque minimum mais non symétrique, cela veut dire que la valeur de connaissance de l’un par l’autre est différente pour chacun. Cela veut dire que pour chacun, un certain degré d’ignorance sur l’autre demeure si l’un ou/et l’autre veut avoir pleinement conscience de ce avec quoi il est intriqué. C’est ici qu’intervient le sujet conscient, cette part de conscience qui se fait aux dépens de l’ignorance de chacun. Entre parenthèse, là où nous sommes dans notre réflexion, cet élément plaide en faveur du tiers inclus en logique, car sans lui aucune légitimité pour l’existence d’un sujet. Mais revenons à la rétro-ingénierie ou symétrie d’inversion du temps, ce qui donne la matière même du sujet et débouche sur une chose troublante, à savoir ce que nous sommes amenés à connaitre est tout entier contenu dans la manière dont nous procédons pour l’acquérir. Question, pourquoi aller chercher ailleurs ce que nous avons déjà en nous ? Parce que pour le connaitre il faut exprimer son désir et pour exprimer celui-ci, il faut une conscience d’un objet pour qu’un sujet soit le récipiendaire d’un savoir sur celui-ci donc sur lui-même.

Il existe donc quelque chose de réel plus fort que la conscience et qui transcende le savoir. C’est donc quelque chose qui est. Être est une façon de faire, d’exister par soi-même dans un monde relatif où chacun et chaque chose existe par les rapports qu’il entretient avec son environnement. L’être nous renseigne sur l’espace d’expression de la liberté, qui de par ses propriétés est infinie et ne peut se manifester, en ce cas seulement, dans un intérieur puisqu’il s’agit toujours d’une conquête sur des contraintes issues des propriétés extérieures d’un espace. Les savoirs qui se déposent en conscience sont conditionnés par des gains de liberté, ce qui autorise la mise en place des stratégies comportementales d’acquisition. C’est donc ainsi que des synchronicités peuvent survenir au nom d’un esprit de conquête, dont le sujet peut en ordonner les résultats sur un fond de conscience. Le sujet est donc l’acteur des moyens par qui les connaissances s’établissent, par leurs consciences induites par la restitution de ce qui est. Cette formation de l’être devient le centre par lequel un sujet conscient aborde un environnement, de quelque nature qu’il soit.

La volonté du sujet est propre à ses choix, ce qui distingue tout être par l’exercice d’un libre-arbitre de qualité. Elle ne vient pas des propriétés de l’environnement, mais elle est constituée par le développement du niveau de conscience personnelle. De ce fait elle induit à la connaissance de l’universel. Nous pouvons alors accepter qu’il existe une âme du monde, une sorte de centre du tout, mais uniquement comme une réunion de potentiels et non comme un lieu de l’espace. Ainsi par l’existence de cette âme du monde, les êtres deviennent des architectes de celui-ci par l’instrumentation de leurs pensées. Nous voyons alors naître la dualité opératoire primordiale qui distingue la pensée en intérieur et la pensée de l’extérieur, ce qui oblige à la création de l’acteur et de ses moyens, soit du sujet et de ses objets de pensées. Le sujet peut ainsi entrer dans le grand soi, le soi majeur, dont le gradient de conscience et la teneur de l’être permettent au sujet de se relativiser au travers de ses actions jusqu’à l’oubli, par la réalisation complète de l’être humain dans la conscience.

Pour un sujet, la liberté est intérieure et stipule que l’espace est celui d’un corps fonctionnel, qui n’est autre qu’un fonctionnement humain en développement, au cœur d’un espace-temps qui en rythme son intégration fonctionnelle. Les synchronicités ne peuvent exister qu’entre une âme du monde et un ou des fonctionnements humains. Elles se font au travers de la qualification de quantité d’espace-temps sous la forme d’événement, dont la nature exprime l’asymétrie responsable de l’intrication d’un sujet au monde par ses pensées. Ce sont donc les pensées qui adoptent le statut de quantité d’espace-temps relatif à l’implication potentiel d’un être avec son environnement, et ce par les moyens de son humanité. Le véritable rôle du sujet est donc de penser le monde, c’est un acte fonctionnel dont la finalité dissout le sujet dans ses pensées, et font de celles-ci des actes de conception factuelle.

L’âme du monde ainsi délivrée, se véhicule au sein d’un espace-temps formé par l’être humain, et devient l’entité fonctionnelle sous la forme de l’esprit de celui-ci. Il est clair qu’à ce stade de notre réflexion, nous ne pouvons qu’être d’accord avec Descartes sur l’aphorisme « je pense donc je suis » tout en apportant un complément à celui-ci « je pense donc je suis en devenir », car le sujet n’existe seulement qu’en devenir de réalisation, en se fondant dans l’être humain qu’il contribue à développer. Enfin par les moyens de la raison un sujet aborde n’importe quel objet, mais il n’en obtient son intégration fonctionnele que dans une résonnance par une sensibilité réciproque, outil de la synchronicité qui permet à l’être son émergence, par l’intelligence des comportements humains emmenés par une conscience. Nous pouvons donc assigner au sujet le statut d’un acteur de la transformation, tant personnelle qu’individuelle.