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L’interaction humaine au cœur de l’émergence de soi

Le récit de l’interaction humaine pose la question de l’existence d’une substance humaine en regard des deux entités conjointes de l’être qui sont la personne et le Soi. Cette réalité est en fait la représentation d’un principe, celui qui donne à l’être qui se réalise, une pratique fonctionnelle par des comportements humains. Être humain relève donc d’une intelligence comportementale en vue d’une présence consciente dont l’être est le pivot et la mémoire, une réalité d’agrégation d’interactions humaines. L’être est ce par quoi une vie de l’esprit s’affirme comme la progression d’une présence à soi, en prenant la forme d’une connaissance des réalités perceptibles par une conscience en développement. C’est de cette conscience, que les sentiments d’appropriation d’un savoir prend la forme d’une reconnaissance de ce qui avait été occulté auparavant par la présence d’un égo.

Derrière le constat personnel, il y a un être humain en devenir, mais avant celui-ci il y a un soi ignorant de sa conscience. Donc si nous prenons en compte la nature chronologique d’une constitution individuelle, la présence personnelle d’un individu que nous observons est la projection d’une réalité d’interactions de celui-ci avec son environnement. Cela n’est pas différent de la projection d’une perception de soi, et permet à l’esprit d’avoir les conditions d’un outil d’interprétation du réel, dans la mesure d’une comparaison de même nature. Nous n’avons donc aucune relation directe avec un extérieur à soi, sauf par ce que peut en être inféré grâce aux mesures faites d’une intelligibilité de soi par rapport aux réactions de l’environnement. Tout ce qui se réalise dans un monde considéré comme un lieu commun à tous, passe par le niveau de développement de conscience atteint par chacun. L’esprit individuel, c’est-à-dire le pouvoir d’un entendement pour chaque personne, se vit comme s’il n’avait pas de frontière et semble être une faculté commune à tous et pour tout. C’est ainsi qu’une vie individuelle se conçoit par l’effectivité d’une intelligence comportementale, dont la finalité représente une transformation personnelle. Celle-ci s’effectue en vue de révéler par les prises de conscience, une réalité d’interactions individuelles au bénéfice de la reconnaissance d’un soi propre.

Ce qui se révèle par le mécanisme de l’esprit, est alors de l’ordre d’une rétro causalité du temps à vivre par chacun, c’est-à-dire un futur singulier qui se manifeste dans le présent par des informations d’un/des comportements des phénomènes qui peuvent être personnels, naturels, artificiels. Pourquoi est-il nécessaire pour l’esprit d’avoir recours à ce type de fonctionnement ? Parce que c’est le processus naturel qui permet d’établir une distinction entre soi et les autres, au travers de ce qui est conscient pour l’esprit et de ce qui reste inconscient. Donc le noyau du soi représente bien un carrefour entre tous les phénomènes reconnus par les prises de conscience, ce qui nourrit chacune de nos actions par ce qui existe en mémoire de tous, mais dans une forme occultée. Nous tenons là le mécanisme de l’illusion commune, qui permet à chacun de définir des priorités de conscience. En outre, cela donne une explication à l’existence des profils psychiques, qui vont donc prendre leurs origines dans un inconscient universel et naturel.

Nous remarquerons en parallèle, que le développement physique prend naissance à partir d’un génome dont les deux seuls aspects sur lequel nous ayons quelques certitudes sont ceux d’être porteur d’informations d’une espèce prédéfinie, et d’être le fait qu’il soit de nature individuelle par une expression épigénétique. Ce processus rend bien compte d’une universalité inconsciente de départ, due au fait des propriétés informationnelles d’un génome liées à sa nature physique. Ainsi nous avons bien dans la réalité, un mécanisme de conception à l’origine d’un développement, dont le processus technique est délivré par un fonctionnement humain d’émergence naturelle d’un Soi humain, se faisant conscience de lui-même en tant que comportement physique d’une structure naturelle.

Si le Soi est bien au départ d’un développement singulier c’est qu’il est aussi la représentation d’une conjugaison d’influences d’autrui, il est donc nécessaire que se dévoile un processus discriminant qui lui permette de s’individualiser en actions génératrices de lui-même, au travers de la constitution d’une conscience d’individuation. C’est au rôle des différentes entités de structuration fonctionnelle que sont les nucléotides (unités élémentaires d’un gène), que va se constituer des structures organiques faisant office de centres d’intérêts pour une intelligence comportementale. Ces centres d’intérêts sont autant de variété de profils psychiques que nécessaires à un développement cohérent de l’être humain. Nous pourrons ainsi classer l’âme, l’esprit, le corps, la personne et enfin le Soi, comme niveaux d’intégration fonctionnelle, dont les prises de conscience assumées par l’intelligence comportementale, démontre l’existence d’un fonctionnement humain.

Pourquoi faisons-nous plutôt ceci que cela ? Parce que la perception d’un différentiel entre une réalité vécue et une réalité pressentie, donne l’information d’une rétro-causalité du temps nécessaire pour instituer un cheminement causal à l’origine de nos prises de décision. Ce processus prend la place d’un choix par l’exercice d’un libre-arbitre, du fait d’une meilleure efficience d’une explication de temps manquant pour la conscience par l’intervention d’un futur dans un présent en train de se vivre. Ce futur, en effet, représente parfaitement les informations qu’il incarne par le temps et l’espace manquants à la conscience, pour concevoir un Soi proche d’une superposition avec un corps physique génétiquement conçu. Ce temps et cet espace manquants sont à l’origine d’un effet matière de l’être humain, perçu au travers d’un investissement conscient sur la réalité d’un corps physique en vie, qui puisse remplir les lacunes d’ignorance d’une vie personnelle. Il s’agit alors pour une conscience, d’inverser la hiérarchie de l’esprit entre un Soi postulé et un corps physique, grâce aux informations génétiques qui en sont les actions à l’origine d’une reconnaissance de l’être humain par la conscience personnelle. Nous comprenons alors, que la vie personnelle est la cause de l’existence de l’être humain au yeux d’une conscience émanant directement d’un esprit de Soi.

Cela conforte bien l’idée d’un Soi comme le profil psychique conjuguant la rencontre de tous et de tout et qu’il est probable qu’au terme de la réalisation consciente d’une personne en être humain, le Soi s’efface au profit d’une réalité en acte d’un être humain conscient. L’esprit émane d’une activité de conscience. Celle-ci est au cœur du processus de réalisation personnelle, en donnant à l’inconscient naturel le rôle d’un environnement dont l’intégration fonctionnelle passe par la réalisation d’états internes successifs. La réalité d’interaction humaine est bien au fondement d’une dialogique qui unit la logique d’un fonctionnement humain à la logique d’un environnement, et dont le résultat qualitatif ouvre la voie à une superposition de leurs états. De cela, nous pouvons en inférer de nouvelles dispositions d’action et de communication, par le phénomène d’intrication des informations respectives. De cette nouvelle configuration représentée par la réalisation consciente d’être humain, il devient possible de penser le monde par d’autres moyens non-physiques ou par une nouvelle physique que celle que nous connaissons.