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L’objectivité cognitive subjective vs la cognition incarnée

Dans la cognition incarnée, la pensée viendrait du corps, ce qui est un présupposé erroné venant d’une compréhension partielle de ce qu’est un être humain, et donc établie faussement le fonctionnement d’un humain. Les pensées sont des états d’esprit, à l’origine d’un fonctionnement humain. En effet, l’esprit se voit doter d’états par la conscience, pour en agréger des fonctions intégrables dans un fonctionnement humain. Les comportements d’un corps humain se voient représentés par la présence d’un fonctionnement dans l’instant d’un présent constitué par l’esprit. C’est en conséquence bien l’esprit qui est le créateur en retour d’un fonctionnement humain, dont les informations sont les relations futures d’un corps en présence d’un milieu. La pérennité de ce corps, pour son avenir, dépend de la qualité du fonctionnement humain généré par un cerveau en devenir, c’est-à-dire l’esprit. De celui-ci émane alors les directives centrales d’une métamorphose du corps physique, dont les organes sensoriels enregistreront un accord au présent. Nous sommes bien dans une confusion où l’objectivité cognitive subjective n’a strictement rien à voir avec une cognition incarnée par des pensées venant du corps. En humanologie, notre vision est que le fonctionnement humain, produit par des états d’esprit issus d’un libre-arbitre conscient, réalise au présent un corps physique, par des comportements épigénétiques sur des actions biologiques passées. Celui-ci peut alors remplacer les comportements d’un corps physique du passé, constaté par les sentiments d’un esprit, par des comportements d’un présent.

En vue d’une objectivité cognitive subjective sur le plan organique, nous avons les moyens de réparer la forme proprement humaine des comportements, responsables des dysfonctions personnelles et, de fait, individuelles. L’induction manuelle crânienne des facultés cérébrales est le protocole technique qui enjoint la métamorphose individuelle du corps par les actions physiques du vivant. La formulation d’un langage par l’organisme permet à celui-ci une activité autonome, sur la variation de sens communiquée par les informations de son milieu, et dont l’impact réel se manifeste dans la forme spécifique d’un être. Le champ des informations humaines est intrinsèque au champ d’interactions des relations individuelles. Il nous faut réitérer l’existence d’un idéal de rapport à l’intérieur d’une espèce considérée, pour donner pleine satisfaction à la possibilité d’un objectif cognitif organique pour chaque être vivant. Dans le cadre d’une humanologie, il nous faut revenir sur le sens que l’on propose à la notion de réification humaine par l’esprit. Ensuite, nous pourrons répondre à la question sur l’existence d’un idéal de l’esprit humain.

Incarner une fonction sociale nécessite d’être au-delà de soi-même. Il faut donc, se connaître soi-même pour sortir de soi et incarner la fonction sociale, dont les interactions qui en résultent, feront de nous ce que nous sommes par nos vies : des humains. Le fonctionnement humain est ainsi la grande figure d’un Soi souverain, d’un esprit, se réintégrant lui-même par ses actions. Les rapports sociaux ont le potentiel de transformer une réalité individuelle, par l’opération d’une résolution personnelle de ses contradictions de l’esprit, par ce que nous pouvons appeler une réalisation individuelle cognitive. C’est dans ce contexte que la conscience joue le rôle fondamental du libre-arbitre, dont les comportements subconscients non-identifiés sont reconnus comme existant, par les conséquences de ce qu’ils font sur ce qui est déjà connu.

La question qui se pose alors est le pourquoi d’une forme humaine ? En réponse, nous dirons qu’il s’agit de créer une interface entre la dimension individuelle d’une potentielle intimité personnelle et la dimension collective d’une pluralité des genres. Cette interface est rendue nécessaire par l’examen des pensées intimes, pour une personne qui se doit d’opérer un choix entre le pur instinct formel d’une vie héritée et des intuitions commandées par ces nouvelles pensées. En effet, ces choix doivent pouvoir exister sans les perturbations générées par l’incompréhension des influences d’un inconscient collectif au travers de sa matrice émotionnelle. La forme humaine est donc la garantie d’un exercice de libre-arbitre, opéré par la conscience humaine qui dicte alors les directions aux comportements d’action d’une vie. Il nous faut révéler une mémoire d’un idéal humain, non pas une mémoire de soi-même, mais une mémoire d’un potentiel humain par une transcendance sur soi-même. La forme humaine devient en conséquence un phénomène identifiable, que nous distinguerons d’un noumène qui en est à son origine ; l’idée de Soi. Revenons sur cette définition du noumène, sur laquelle il faut un peu nous attarder, pour explicitement identifier le potentiel inhérent à la forme humaine comme phénomène naturel.

Concernant le noumène, voilà ce que l’on écrit en philosophie ; ce mot vient du grec nooumena, « choses pensées », lui-même de nous, « l’esprit ». Ce mot, emprunté au Timée de Platon ou il désigne les idées, joue un rôle central dans la philosophie de Kant. Opposé au phénomène, le noumène qualifie la chose en soi en tant qu’elle ne peut pas être connue, mais seulement pensée. Fin de citation. Cet argumentaire n’est pas pertinent, car c’est parce qu’une chose existe en soi, qu’elle peut être pensée. Mais, si elle est pensée, c’est parce qu’une conscience la rend intelligible par son essence, au travers de la connaissance inconsciente de ce qui la constitue. Ainsi, une pensée est ce qui touche l’homme puisqu’il s’éveille par elle. La nature constitutionnelle de son éveil est le fait de la reconstitution intelligible de la chose en soi, donc d’un noumène. En conséquence, rien ne touche l’homme, qui est déjà éveillé à une idée, sauf ce qui vient de lui-même. C’est pour cela qu’il finit par être touché par tout ce qui existe, car l’éveil vivant est le résultat d’une mémoire de toutes les idées existantes au sein d’un univers. Ainsi, la forme humaine est la manifestation phénoménale de son histoire, révélée par la mémoire de son existence humaine.

Nous pouvons tirer parti de cela pour deux raisons ; la première, c’est qu’une action a toujours des conséquences parce que la conscience se manifeste toujours par l’essence d’une substance. Ici une pensée, n’existe que par les possibilités de sa représentation, ce qui en fait la substance d’une constitution informelle. Cette pensée se révèle lors de la prise de conscience de son intelligibilité, ce qui donne à la pensée une forme, sa substance consciente. Il s’agit concrètement d’une objectivité cognitive connue sous le nom de causalité libre de son rapport au temps. La seconde, le psychisme individuel est la matrice d’existence de la forme humaine, car les conditions contextuelles d’une pensée ont toujours pour origine les comportements d’un inconscient collectif. Celui de l’espèce à laquelle appartient la pensée. Psychiquement, chacun d’entre-nous, manifestons émotionnellement la somme des comportements d’inconscience d’eux-mêmes de ce que font autrui. Ainsi, nous pouvons comprendre que les émotions sont psychiquement responsables, à la fois, d’une entrave au fonctionnement humain, mais aussi de sa stimulation individuelle. C’est donc sur une matrice émotionnelle, qu’une objectivité cognitive va pouvoir se constituer individuellement. Si à un instant « t », l’ensemble d’un être humain prend potentiellement conscience d’une pensée, parce qu’il est organisé constitutionnellement pour, alors un état d’esprit est possible. Si et seulement si cela rejoint un idéal de l’espèce humaine dont la mémoire est constituée d’une forme humaine future. Ce que nous comprenons explicitement par là, c’est que cette opération mentale est l’expression consciente d’un libre-arbitre individuel, dont il a le choix ou non d’en accepter les conséquences sur ses comportements.

Maintenant, nous devons nous intéresser à l’unité du corps humain, dont la forme en est la représentation. L’unité du corps humain est ce qui nous a été délivré par la connaissance des formes venant de nos rapports, à l’intérieur de l’espèce humaine. Grâce à l’unité reconnue de cette forme, nous pouvons appréhender la fragmentation de l’esprit humain qui la constitue, pour nous en révéler la dimension personnelle. L’unité du genre humain nous est donnée au sein d’un fonctionnement humain de l’esprit, dont la propriété principale est d’orienter la conscience vers la production d’état d’esprit qui en révèle l’objectivité cognitive. En discriminant celle-ci, nous prenons conscience des différents niveaux d’existence qui la compose. En partant du niveau où se manifeste le fonctionnement humain, notre premier constat est qu’il est propre à chacun et différent à tous ceux du genre humain. Le niveau contingent est celui de l’unité d’existence vivante, lui aussi propre à chaque être, mais différent pour chaque être par le contexte d’espace-temps qui l’influence. Puis un autre niveau qui vient en substance, est l’unité de l’état propre de sa forme, celui de la nature naturante de ses influences qui altèrent ou consolide, la forme humaine qui est la sienne. Cela lui donne l’information d’autres formes propres à ce qui constitue son être au monde.

Enfin, un autre niveau apparait dans la discrimination discursive liée à son entendement, celle d’un niveau propre à la variation de chaque forme, sous l’influence des informations que son fonctionnement humain produit. Mais, à ce niveau, un non-sens ce produit à l’échelle de l’esprit, celui de faire naître un conflit entre les formes et leurs variations. En effet, cela génère un conflit dans l’objectivité cognitive et fait entrer les états d’esprit dans un nouveau domaine, celui d’une subjectivité personnelle. Le sens des mots utilisés jusqu’à ce niveau, rencontre le paradoxe de la variation signifiante pour l’esprit, qui ne peut plus s’appuyer sur les mots pour se faire représenter sous peine de voir son unité se disloquer. La variation de l’unité est donc, un non-sens ontologique, qui doit être intégré à la nouvelle dimension d’un corps vivant, par ses propres influences physiques liées à son inscription dans un espace-temps de son milieu d’existence.

Ce constat objectif de cette subjectivité personnelle, d’un changement des moyens de représentation, des conséquences nouménales sur l’ensemble de la forme humaines, fait apparaître les phénomènes vivants. Ceux-ci expriment les éléments par lesquels une vie se constitue, comme intégration des influences naturantes d’un espace-temps issu de son milieu. Cette métamorphose des moyens de représentation pour l’esprit est le signe d’un abandon de pertinence de la fonction mentale, pour créer les représentations de ses états d’esprit. En entrant dans le domaine du non-mental, l’esprit s’offre les ressources matricielles de l’émotion, pour créer les actions soumises au libre-arbitre de la conscience. Ainsi, les dysfonctions psychiques engendrées par l’inconscient collectif et l’inconscient propre à une forme individuelle d’être humain, vont pouvoir être traitées subjectivement par l’objectivité cognitive individuelle. En ce sens, l’organisme de vie, en se dotant d’une faculté cognitive, se propose à lui-même les moyens d’intégration d’une sphère non-physique et symbolique. Celle-ci est irriguée par la totalité des existences vivantes, à produire de leurs capacités cognitives une noosphère de culture et de connaissance. Cette disposition d’intelligence, propre à chaque forme vivante, met en évidence un processus de fonctionnement, dont les qualités fonctionnelles ne se reflètent pas dans sa forme, mais dans sa vie, comme un fonctionnement propre à l’espèce humaine. Ce dernier, propre à chacun, mais différent pour chacun, va devoir générer les comportements d’un langage symbolique. Le verbe, principe actif de la langue, se voit ainsi naître à l’existence d’une conscience.

C’est bien le verbe qui communique sa variation de sens par la forme du langage. C’est le seul acte de conscience que nous pouvons qualifier de réel. En effet, c’est par lui que se construit la réalité humaine, subjective et objective simultanément, dont chaque acteur pourvu de cette faculté est un des participants de son existence. Ainsi ce sont bien par les mots qu’une conscience s’éclaire, quand les actes ne pourront communiquer que de l’émotion. Un esprit qui se représente humainement différent de ce qu’il est, souffre d’un conflit psychique d’origine inconsciente, collective ou individuelle. Il peut alors saisir l’opportunité d’une conscience, pour assurer les valeurs qu’il veut représenter. Reste à savoir d’où à émergée cet esprit dont la propriété unique est de représenter des valeurs propres de ce qu’il est anonymement, comme agrégat d’existence. Poser cette question permet de poser la plus fondamentale des questions : l’esprit est-il un archétype ou un principe des principes ? Pour répondre, nous allons devoir examiner simultanément les deux propositions et voir pourquoi le résultat de cet examen est surprenant. En effet, nous allons être à même de comprendre, que nous avons affaire à un concept d’esprit matériel. Celui-ci est constitué des traces laissées sur l’environnement intérieur de son fonctionnement, dans les passages antérieurs de sa constitution. La réalité de son état transitionnel ne peut être connue que par l’avènement, dans le réel, d’un fonctionnement humain dont la représentation n’est que personnelle. Cette transition est le fait d’une reconnaissance d’un contenu à l’esprit, dont le fonctionnement humain en est l’exécuteur. Cet objectif cognitif subjectif, impulsé par les états conscients de l’esprit, opère le long d’un chemin vers la reconnaissance d’un domaine impersonnel : le corps physique, dont la personne en représente l’esprit.

L’archétype est du domaine symbolique. Il est mis en forme par ce dont l’histoire a nécessité de transmettre émotionnellement. Par l’archétype, nous avons affaire à une dynamique entièrement exprimée par le symbole choisi, nous sommes alors dans la représentation finie d’un modèle. Par le principe des principes, nous avons affaire à l’analyse régressive de chaque niveau représentant le principe antérieur d’une fonction, nous sommes ainsi dans la représentation d’un infini potentiel. La finitude exprimée d’une forme humaine est à l’aune de l’infinitude d’une analyse régressive. Cela ouvre la voie à l’expansion d’une connaissance ouverte par le langage, dont le verbe est la forme exécutoire d’un sens. Par conséquent l’esprit n’a ni contours ni sens, mais ne pourrait exister sans eux. C’est ce qui constitue le moteur d’une réalité personnelle sous forme d’états successifs. L’existence de ces états légitimisent le système de valeur qui sous-tend le monde du manifesté. Ainsi, c’est de la mémoire d’un futur que nous venons en conscience de ce qui nous constitue au présent, et non d’une mémoire d’un passé. Cela fait du corps humain, un espace-temps zéro de la forme, au contraire de l’esprit initiateur de celui-ci par l’opération du fonctionnement humain. Celui-ci, pour l’espèce humaine, réalise l’esprit dont une personne a conscience, par les raisons qui le fondent, et ne peut pas prendre naissance d’un génome hérité. C’est donc bien à l’esprit, mémoire d’un futur de l’humain, que revient le rôle de créer un fonctionnement humain, dont l’état d’unité est la seule information transmise héréditairement par un génome.