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La maladie

Les effets sociaux de la pathologisation : une conduite risquée vers la déresponsabilisation individuelle. 

Quels sont les effets sociaux de la pathologie ? On entend, par effet social, la répercussion d’un choix politique sur la société. De quels choix s’agit-il ? de privilégier la lutte contre la pathologie plutôt que d’instaurer les critères de guérison représentés par la connaissance de l’être humain, ce qui aurait pour effet de responsabiliser le patient au lieu de l’assujettir au pouvoir de la maladie. La pathologie est ici prise comme outil diagnostique en vue d’un traitement médical. Le premier effet de la mauvaise interprétation de la pathologie est le corollaire direct du mode de traitement de la maladie, la dépersonnalisation. Séparer l’expression pathologique de son auteur renvoie à transférer la responsabilité de la morbidité au facteur concourant à la fabrication de celle-ci. Ce déplacement méthodologique est moralement inacceptable, car il stipule comme cause première de toute altération de la nature humaine, son environnement symbolique ou naturel. En outre, cela stipule que l’évolution par la prise de conscience se ferait au sein de l’univers collectif et non pas à l’intérieur de chaque individu. Cela voudrait dire que l’homme serait porteur de vie, mais pas de conscience.

C’est donc le fonctionnement propre de l’homme qui serait mis à mal. Il est donc plus juste de penser que, par irresponsabilité, l’homme se révèle constituant de morbidité par l’entremise de l’environnement symbolique ou naturel. Il ne faut donc pas séparer l’expression pathologique de la personne qui la génère. Parce que cela demanderait trop de prise en charge du facteur individuel social par la collectivité. Qui plus est, le second effet est plus dévastateur que le premier. Il s’agit de la négation de l’arrêt d’évolution personnel. Si l’expression pathologique est l’émergence d’une dysfonction primaire du fonctionnement de la nature humaine, c’est qu’il existe un optimum fonctionnel de cette même nature garantissant le plein emploi des facultés ainsi que des capacités.Distancier l’expression de la pathologie et l’identité de l’être, provoque l’impossibilité d’actualiser les sens d’un homme, donc de réaliser sa connaissance. C’est la plus forte menace sur l’espèce humaine, car elle touche son évolution ontologique.

Une définition de la pathologie : une part de l’implication personnelle non admise. 

Qu’est-ce que le concept de pathologie ? Comment la pathologie peut-elle nous renseigner si ce n’est dans l’absence de possibilité du patient à s’apercevoir de ce qu’il lui fait obstacle, et donc d’en réaliser la solution au travers de son fonctionnement. Une histoire objective peut remplacer une histoire singulière de l’individu dans sa communication au monde. La pathologie s’objectivant devient un danger, mais également une chance, car il s’agit d’un phénomène réel de dualité. Un danger, car le sens donné par une pathologie ne peut être défini que par consensus. Cela représente une perte d’identité pour le dépositaire de celle-ci. La personnalité forme sens par l’entremise de ses acquis culturels. C’est le matériau de l’interprétation personnelle et c’est l’outil indispensable à toute évolution individuelle. 

Or, le sens est par nature subjectif parce qu’il se conçoit organiquement, c’est-à-dire individuellement. Ainsi, un sens consensuel ne peut en aucun cas refléter une interprétation personnelle, donc ne peut pas servir de guide vers l’autonomie de rapport individu/environnement. La conséquence ne peut être qu’un renforcement de la désagrégation de la constitution personnelle palliée d’abord par une dépendance spécifique à ce qui inhibe la souffrance psychologique. C’est le phénomène d’accoutumance/dépendance à l’objet de transfert. En aucun cas, cela devient viable. Une chance, car le sens de la pathologie peut révéler l’incongruité de celui-ci face à la demande consciente réelle de la personne atteinte. Cela peut alors apporter une démarche critique face à sa philosophie existentielle. Mais, cet appel ne pourra effectivement être entendu que par un thérapeute sensibilisé à la perception fonctionnelle de la nature humaine.

La cause de l’altération du processus biologique : l’absence de responsabilité individuelle. 

Pour la perte de la santé, nous avons vu que l’altération du processus est en vérité l’altération de la régulation de ses flux les liant à son environnement. Qu’en est-il de l’origine de cette altération ? Nous avons montré que la caractéristique externe de la représentation de ces flux est la personnalité. Celle-ci est une construction de tous les instants. Elle fixera progressivement les limites de l’autonomie fonctionnelle envisagées par l’effectivité du processus et assurera dans le cadre de cette autonomie les règles de conduite comportementale créant la pérennité du processus. C’est à ce moment-là que nous pouvons affirmer qu’un processus est finalisé.

La découverte des caractéristiques de la personnalité est au détriment du sens conceptuellement permis par les flux d’échanges et de communication avec l’environnement. 

Tant que le processus existe, les flux existent. Le temps, dimension psychologique, apparaît dès la découverte des contours de la personnalité. Comme nous l’avons dit précédemment, ces contours sont la création d’une dualité concomitante processus/environnement. Par image soustractive, la particularité des flux se discerne. Psychologiquement, ils sont définis par les besoins, les envies et les désirs. Pour les catégoriser, il faut savoir les interpréter, les définir : c’est précisément à ce niveau que se crée la faiblesse du processus. En effet, replaçons-le dans son environnement qui, rappelons-le, est composé d’autres processus dont les caractéristiques diffèrent par la dualité des flux. Nous ne pouvons imaginer deux processus identiques, leur but déboucherait sur une stérilité d’existence, alors que deux ou plusieurs processus par le biais de leur flux respectif, mais néanmoins différents, s’équilibrent et donnent l’image d’une construction dynamique. C’est précisément ce que nous observons dans la vie.

Concernant la faiblesse constitutionnelle, comment pouvoir définir sans exclure, et ainsi limiter d’une manière ou d’une autre, les propres flux d’un processus ? Cela nous est impossible, car la création conceptuelle qui permet de définir exactement en besoins, envies et désirs ces flux, ne peut se faire que par impression mimétique d’autres processus. Nous reconnaissons là l’expression dégagée par l’éducation. L’intégration de ces concepts pourra permettre de définir les flux, et ainsi les reconnaître et finalement les intégrer, faisant franchir un pas de plus à l’autonomie personnelle. Pourtant, à ce stade, nous discernons un déficit fonctionnel. Ce qui fait la singularité de la personne humaine, la spécificité de sa personnalité et finalement l’unicité de son processus biologique, c’est l’interprétation. Elle est son sens propre. C’est par elle que le processus se finalise. La véritable interprétation du sens d’un processus singulier se trouve en lui et par lui. Il est son propre interprète et en cela il est l’ultime régulateur de ses propres flux. La capacité que déploie le processus biologique à s’interpréter lui-même détermine sa réalité en bonne ou mauvaise santé.

La perte de la santé a pour lieu le franchissement du seuil de l’intégration fonctionnelle réalisé en vue de l’autonomie du processus qui tend à établir une composition permettant le dialogue avec l’environnement. Le comportement d’impression mimétique nécessaire à la composition apporte le processus à se faire gouverner. C’est ici l’origine de l’altération de la santé. Concrètement, la décision d’ordre psychologique (référence réflexive) devient celle de l’autre pour son propre objectif de finalité. La réalisation pratique du comportement passe par le système musculo-squelettique du processus biologique fonctionnel non finalisé et assujetti. Cette réalisation pratique affecte dangereusement son évolution. Ce schéma s’applique au travers de l’image qu’est la personnalité. Il est actualisé pour le temps de l’assujettissement. En saisissant l’origine de l’altération du processus, nous comprenons qu’il s’agit d’une perturbation dans l’effectivité musculo-squelettique corrélativement à l’affectivité neurovégétative par le fait de l’organisation nerveuse liant l’activité neuromusculaire à l’activité neurovégétative. Le processus devient propice à l’altération physique par désagrégation fonctionnelle exprimée par une diminution progressive de la motilité rythmique organique.

L’origine physiologique : la seule matérialisation de l’handicap. 

Maintenant, nous pouvons expliciter ce qu’est physiologiquement la motilité rythmique organique. Le système fonctionnel que nous allons décrire restitue une organisation dont l’information est envoyée à chaque point du corps physique permettant la jonction fonctionnelle de l’ensemble des unités actives composant le processus. La motilité rythmique est une réalité concrète traduite par un déplacement organique dans les trois plans d’espace d’une manière synchrone. L’amplitude et la fréquence du rythme définissent l’expression de la conjonction fonctionnelle. La réalisation initiale de l’unité du processus est concrétisée par la membrane basale, trame histologiquement conjonctive.

Description du complexe de motilité. 

Il se compose de huit formes de motilités actives :

les cils épendymaires et leurs battements,
le liquide céphalo-rachidien et sa circulation,
la conformation ventriculaire épendymaire avec leurs transformations,
la morphologie cérébrale cérébelleuse médullaire et leur déformation,
le complexe fonctionnel des méninges pie-mère, arachnoïde, dure-mère,
le système des sutures crânio-faciales et leur orientation,
la conformation des membranes intracrâniennes et leur pouvoir d’adaptation,
la membrane basale par sa fonction de lien unitaire.
Pour que la motilité rythmique organique existe conformément à la finalité du processus biologique fonctionnel, il faut qu’il y ait conjonction des unités actives. Toute disjonction partielle ou totale aura une répercussion par altération.

Définissons la cinématique des huit unités du système :  

Les cils épendymaires battent lorsqu’ils sont regroupés en un ensemble et forment une onde allant dans le sens de l’évacuation du milieu où ils s’activent ;
le liquide céphalo-rachidien circule dans le sens défini par son processus de sécrétion/résorption ;

La conformation ventriculaire et épendymaire, les canaux communicants sont trop faibles pour le volume des ventricules cérébraux et l’action des cils est trop rapide pour le volume circulant du LCR. La forme aplatie de la concavité des ventricules V1 et V2 ainsi que les formes aplaties sur la périphérie de V3, V4, expriment une poussée des faces concaves dans le sens d’une ouverture des cornes ventriculaires V1, V2, corne antéro-supérieure du bas vers le haut et de l’extérieur vers l’intérieur, corne antéro-inférieure du haut vers le bas et de l’intérieur vers l’extérieur, corne postérieure, du bas vers les haut et de l’intérieur vers l’extérieur. V3 se déplace de bas en haut et de postérieur vers l’antérieur et V4 de bas en haut et de postérieur vers l’antérieur.

Le canal épendymaire comme les quatre ventricules et canaux communicants, se gonfle de l’intérieur vers l’extérieur tout en subissant un déplacement de bas en haut. Nous le voyons, les transformations des cavités ventriculaires vont entraîner une conformation différente dans l’espace, tant sur le plan volumétrique que morphologique du névraxe ;

La morphologie cérébrale et cérébelleuse va subir un déplacement et une transformation qui suivront fidèlement ceux des cavités internes au névraxe avec également une poussée de l’intérieur des cavités vers l’extérieur. Une des conséquences morphologiques est l’ouverture relative des sillons médullaires, scissures cérébrales et cérébelleuses, plis corticaux et canaux communicants ;
le complexe fonctionnel des méninges : la pie-mère recouvrant le névraxe est entraînée par glissement lors de la transformation spatiale de la morphologie du névraxe. Les trabécules arachnoïdiennes suivent en déplaçant l’arachnoïde qui, par contiguïté et glissement, adhère (analogie fonctionnelle au type surfactant pleural) au feuillet viscéral de la dure-mère. Ce phénomène entraîne une déformation dans les trois dimensions de l’espace du volume défini par la dure-mère ;

Les sutures crânio-faciales : l’adhérence fixe de la dure-mère au périoste des os crâniens grâce au feuillet pariétal n’est pas totalement continue sur toute la surface de l’endoste crânien. Toutefois, la conformation histologique des sutures nous laisse voir une fusion entre la dure-mère et les ligaments suturaux de la boîte crânienne.

La variation de la conformation de l’espace dure-mérien retentit sur la forme faciale crânienne par le fait de cette jonction, et cela, de deux manières : directement au travers des sutures de la boîte crânienne, indirectement, par le fait de la micro-mobilité des os de la face définis par leurs sutures permettant la transformation mécanique de la forme du crâne. La conformation anatomique des sutures exprime la directivité du sens de l’effort, de la micro mobilité organique de transformation crânienne ;

la conformation des membranes intracrâniennes : il s’agit ici de la faux du cerveau, de la tente du cervelet, de la faux du cervelet, de la tente de l’hypophyse et de la tente de la lame criblée de l’ethmoïde. Celles-ci permettent, par leur conformation dimensionnelle et leurs caractéristiques histologiques (trame conjonctive dense), de laisser s’exprimer un jeu variable d’amplitude de mouvement dans la conformité directionnelle des sutures crâniennes ;
la membrane basale, par son aspect de liaison mécanique de l’ensemble cellulaire organique qui maintient l’unité des composants.

Pour imaginer le complexe en fonctionnement, projetons la globalité fonctionnelle du système. En associant, dans une même unité de temps et pour une cinématique d’ensemble, les huit unités actives dans leur propre évolution avec une intégration fonctionnelle permise par ce phénomène, nous percevons l’expression d’une motilité rythmique organique incarnant le résultat d’une organisation. Après avoir explicité ce mécanisme, il s’agit de montrer pourquoi et dans quelle mesure la diminution progressive de cette motilité est le signe d’une installation des conditions d’introduction d’un agent pathogène.

Un agent pathogène est le facteur clé de l’expression d’une maladie. Il peut se présenter sous différentes formes. 

Cette liste est non exhaustive :

trouble nutritionnel,
désordre métabolique,
agent biologique,
dysfonction psychologique
altération génétique
facteur de l’environnement,
dysfonction organique.

Le type de manifestation de la maladie est moins important que son existence. C’est par le symptôme que nous savons qu’une personne est dans les conditions d’installation, voire d’expression, d’un agent pathogène. N’oublions pas qu’un être humain est un processus biologique fonctionnel finalisé. Définir une maladie, c’est établir un processus dans un processus : un agent causal, une expression symptomatique, une altération de la personnalité. En agissant thérapeutiquement sur lui, nous pouvons le détruire, toutefois, nous détruisons le ressort de la finalité du processus biologique, c’est-à-dire sa capacité à construire son autonomie fonctionnelle. C’est ce que nous constatons concrètement en clinique par l’assistanat du patient, sa démission personnelle et sa démarche de consommation médicale. Qui plus est, cette modalité thérapeutique n’est pas toujours efficace. Les conditions d’installation d’un agent pathogène sont représentées par le signe d’altération de la motilité rythmique organique. Un ensemble d’unités actives formant des systèmes, créant des organisations et ou la conjonction fonctionnelle de l’ensemble forme le processus finalisé, est avant tout la représentation matérialisée de flux circulants tant à l’intérieur du processus que par rapport à son environnement. Précisément, c’est aussi la signature propre d’un corps et d’une personnalité vis-à-vis de son environnement. Lorsqu’il y a modification d’un ou des flux et que ceux-ci ne sont plus intégrés fonctionnellement, il y a un dévoiement progressif du processus dans son comportement d’autonomisation, renforcé d’abord par l’autorégulation du mécanisme particulier de ce ou ces flux (sentiments de plaisir/souffrance couplés au comportement), c’est le plaisir des sens sur le plan psychologique. La désagrégation fonctionnelle par polarisation sur le mécanisme d’autorégulation devient vite une disjonction fonctionnelle qu’il va falloir à tout prix maîtriser grâce à l’outil de finalité du processus (les sentiments sur le plan psychologique). Dans le cas contraire, les conditions d’appel de l’agent pathogène sont en place pour que celui-ci puisse, par sa finalité propre, s’agréger fonctionnement dans le processus biologique qui va devenir son environnement. Seulement, ce processus agrégé pour s’autonomiser doit faire respecter ses propres flux et modifier son environnement en conséquence.

Remarque : 
Les processus, à l’exception de l’homme, ne peuvent s’autonomiser que par modification de leur environnement pour donner un sens à leur flux. Seul l’homme peut définir le sens de son processus par conceptualisation. En définitive, pour un processus biologique fonctionnel altéré par un autre processus, il y a perte progressive de substance. Nous retrouvons là, d’une part, la motilité rythmique organique et, d’autre part, l’expression des pathologies avec leur asservissement fonctionnel à l’agent pathogène pouvant aller jusqu’à la mort organique.

Un barrage fonctionnel : l’obstacle à l’évolution de la conscience personnelle. 

Du potentiel fonctionnel à la réalité comportementale, il y a toute l’expression émotionnelle. La déstabilisation émotionnelle est le garant d’une adaptation future possible. Pour cela, il faut que soit compris qu’il y a transmutation de l’état émotionnel en comportement social, lorsqu’il est admis que la force biologique qui représente le potentiel fonctionnel est au service de l’idéal. Ainsi, l’être individuel réalise l’adhésion à la connaissance par la réalisation de comportements sociaux dont la force est tirée de son fonctionnement biologique.

Des possibilités culturelles médiatiques à la perception individuelle. 

La culture est la représentation des possibilités d’accession à l’information. En effet, tout être par sa perception propre n’accède qu’à l’information dont il a besoin pour la réalisation, dans l’immédiat, de sa personnalité. Pour qu’un individu puisse se réaliser, il lui faut reconnaître l’existence du champ culturel grâce auquel il pourra révéler son niveau d’implication par la projection de ses perceptions. L’individu peut ainsi se situer dans l’univers virtuel de la connaissance et exister socialement.

Le problème de l’interface et ses conséquences. 

L’interface est une commodité conceptuelle permettant d’exprimer le lieu supposé où l’aspect matériel de la vie côtoie l’aspect immatériel. Lorsque nous parlons de système biologique régi par une organisation et état fluctuant relatif à l’expression de cette organisation, cela crée ce lieu particulier où cohabite une structure d’organisation et sa fonction virtuelle, d’où l’existence de la conscience fait croire à une finalité. La conception d’esprit pourrait être le phénomène qui regrouperait tous les aspects de réalisation de cet objectif final.

La pathologie des comportements : une sémiologie de l’être. 

La pathologie des comportements doit être vue sous un angle personnel et non social. Tout individu sait reconnaître en lui le sens qu’il donne à ses comportements. En effet, la structure biologique qui incarne son être est pourvue du système d’adhésion au sens commun, c’est-à-dire la connaissance générale. Savoir reconnaître le sens particulier d’une démarche individuelle dans l’existence, fait de l’expression une force d’action. C’est pour cela que les dysfonctionnements physiologiques encourus par les comportements inadéquats sont le signe d’un désaccord chez une personne entre son être propre et ses réalisations sociales.

La somatisation : l’évolution morbide du déséquilibre.

Somatiser, c’est involontairement exprimer, au travers des fonctionnements de son corps, un déséquilibre psychologique qui, ne pouvant pas s’exprimer par manque de lucidité à l’application de la réalisation de son être, va s’objectiver par l’intermédiaire de la matière corporelle. C’est donc une forme de l’existence de l’être personnel, toutefois orientée vers l’incarnation de lui-même au lieu d’une articulation avec le monde social. Cela a pour effet, l’effacement progressif de la personnalité conjointement à la dégradation physique de l’organisation biologique entraînant l’ensemble de la personne vers une possible destruction corporelle pouvant amener la mort.

Les conséquences cliniques : la désaffection de soi même. 

Définir une pathologie crée des conséquences pratiques utiles à la médecine fonctionnelle. La notion la plus importante est celle soulevée par l’identité. S’occuper d’une pathologie, c’est transférer l’intérêt vers une identité virtuelle que représente cette maladie. C’est donc délaisser l’identité réelle du patient. Mais, c’est aussi, par inversion du discours thérapeutique, opérer une sensibilisation à l’identité personnelle. Il est très important de remarquer qu’il n’aurait jamais été possible de conceptualiser l’identité personnelle sans l’avènement de la doctrine du tout pathologique. Le classement sémiologique des pathologies amène à la constitution du cadre épistémologique relevant de la norme identitaire. Chaque maladie s’identifie par ses symptômes comme chaque être humain s’identifie par son expression biologique. L’identité révèle à elle-même la nature de sa création. Son mode créatif est identique à lui-même, c’est pour cela qu’il est appelé identité. Une reproduction à l’aune d’elle-même que la conceptualisation peut reconnaître, et donc communique de fait par l’intégration de l’être à lui-même. L’être humain communique donc ce qu’il est et il est ce qu’il communique. C’est l’ultime forme par le corps organique matérialisé simultanément en conception, genèse et projet. Il est tel qu’en lui-même, nature vivante consciente ou plus justement conscience naturelle vivante. Exactement, l’opposé de l’image virtuelle que représente la maladie.

Les effets de la pathologisation : la corruption de la société. 

La suppression du moteur d’évolution individuelle, car c’est un problème de niveau de compréhension de la nature des acteurs sociaux. Le système médical est le garant de la normalité par son action sur la santé publique. Il doit être à la hauteur de la compréhension de ce qui permet l’évolution des acteurs sociaux et en cela avoir une compréhension de l’être humain qu’il justifie par ses actes dans la mutation des sociétés. Si le système médical privilégie le traitement de la pathologie au lieu de faciliter l’acquisition de l’autonomie individuelle, il va tendre à bloquer l’évolution sociale par sédimentation. Pathologiser est un néologisme employé pour stigmatiser un handicap, qui est en fait la source de la valeur personnelle. À titre individuel, lorsque apparaît un handicap, deux choix s’offre à la personne ; soit, il se défausse du sens exprimé par ce handicap. Il permet alors son appropriation par un système médical, soit, il se donne les moyens de tirer un bénéfice personnel de la survenue de ce handicap, auquel cas, il peut se faire aider dans une potentialisation de nouvelles aptitudes fonctionnelles qui lui permettront de tirer parti de sa guérison. Nous voyons que la stigmatisation du handicap sous la forme d’une pathologie ne sert pas réellement l’évolution individuelle, mais a surtout tendance à assujettir la personne à un système.
Évidemment, pour des choix politiques majeurs de société en voie de structuration, il est peut-être plus intelligent en matière de santé publique de choisir cette option. Cependant, lorsque nous avons affaire à des sociétés parfaitement structurées, il est sans conteste plus juste de favoriser l’émergence des aptitudes individuelles.