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Où est l’homme ?

L’erreur la plus communément admise est de croire que la connaissance du réel serait le résultat de la compréhension du monde qui nous entoure. Les expériences de pensée nous introduisent à l’idée qu’il est possible de simuler une réalité pour la comprendre, en constituant dans son esprit les expériences qui nous amèneraient à saisir les tenants et les aboutissants d’un phénomène, que l’on observerait dans son environnement. Dans cette perspective, il nous faut donc installer deux postulats majeurs que l’on rencontre fréquemment en science de l’expérimentation. Le deuxième est la propension à reconnaître un ou des référentiels qui soient extérieurs à soi-même, c’est-à-dire extérieur à ce qui produit l’expérience de pensée.

Dans l’une, la relativité générale, le référentiel monde n’a de sens que par l’exclusion du soi de l’expérimentateur-observateur, dans l’autre , la nature des comportements de la matière n’est admise que par l’acceptation du référentiel d’un monde , qui soit proche d’une extrême limite d’un zéro absolu . Voilà un constat bien pessimiste nous diriez-vous, mais en fait nous ne le pensons pas. Le siècle des lumières nous a ouvert un chapitre qu’il faut re-contextualiser. C’est à la culture occidentale que nous devons le grand média de l’internet, qui est le théâtre de la plus belle représentation des possibilités du verbe, mais somme toute il n’est qu’une simulation à l’échelle mondiale, d’une réalité qui bientôt nourrie par l’intelligence artificielle, nous fera bientôt prendre cette expérience pour le réel lui-même.

Il faut bien garder à l’esprit, que toute l’artificialité avec laquelle nous sommes en interaction permanente, semble bien réelle parce que nous sommes convaincus de la quantification des événements de notre vie par les données de mesures de nos capteurs artificiels ou sensoriels. Celui-ci n’est en définitive, que le résultat d’un choix d’expérimentation et de lecture d’une réalité que l’on nous assure être une objectivité, mais qui n’est que le résultat d’un angle choisi d’une approche du réel. Nous ne pouvons comprendre que par une représentation, d’ou la raison des simulations, mais là où nous prenons conscience nous n’avons seulement besoin que d’intelligence, car aucune raison n’est nécessaire là où seule la disposition d’esprit est suffisante. Il transforme son esprit en laboratoire, il imagine les composants de son expérimentation, il simule les rapports entre les phénomènes qu’il choisit, il en comprend les conséquences théoriques et pratiques, il compare les situations d’expérience et enfin élabore dans un langage accessible, les énoncés et principes de ce qu’il pense être la description d’un fait de réalité.

C’est un vrai travail de chercheur, mais cela ne rend en aucun compte d’un fait de réalité mais seulement d’un fait d’imagination. Pour que cela soit un fait de réalité, il faudrait tenir en compte, que l’ensemble des moyens mobilisés par le chercheur ne le sont que par l’existence d’un soi personnel. Il ne s’agit là que de comportements autorisés par la disposition vitale d’un être humain à pouvoir mobiliser son esprit d’invention, par des conditions mentales qu’il jugera opportunes, d’une représentation dont il pourra valider une réalité objective par construction d’une procédure de mesure, dans ce qu’il contextualise comme environnement objectif. La seule chose que cela valide, est que nous sommes ici au cœur du mécanisme de fabrication de l’interprétation de la réalité et que ce qui s’objectivise ici, est le degrés d’un pouvoir de conviction d’un schéma d’interprétation individuelle d’un fait de conscience personnelle.

Qu’un être vivant ne communiquera jamais qu’une interprétation du réel, au travers de la création de réalités qui ne pourront-être que relatives à des interprétations subséquentes. Ce dont il faut se rendre à l’évidence, c’est que chaque être humain ne peut être conscient que de ce qu’il est à un moment précis, et que ce qu’il est dans ce moment précis de conscience, est le résultat effectif d’une conscience de conscience. Cette connaissance n’a rien à voir avec un savoir théorique, car celle-ci fonde l’exercice de la vie par la seule conscience de son existence. Nulle compétition existe dans la nature, car la nature pour se constituer et perdurer n’a besoin que d’êtres en vie, seuls à même de manifester la diversité des phénomènes naturels.

L’homme moderne à bâti sa suprématie sur la nature par le savoir, il est défini aujourd’hui comme un homme raisonnable à contrario de l’homme sauvage ou ignorant, destructeur de son environnement. Vu sous cet angle, tout homme sensé revendiquera l’acquisition du savoir comme un signe civilisationnel, le garant d’une évolution vers une maturité sociale et naturelle qui ne peut qu’aboutir à un éden de vie. Oui, car en premier le savoir n’a pas les moyens de faire le choix collectif entre l’éden et l’enfer sur terre. En outre le savoir est dépensier, pour le concevoir, le maîtriser et l’utiliser, il faut beaucoup de moyens à la charge de la collectivité, des moyens tant humains qu’économiques, ce qui oblige à son organisation et légitimise le politique.

Cette évolution générale de l’idée sur le savoir, participe à la conscience collective de ce que pourrait-être un monde de coopération mutuelle, par la reconnaissance graduelle des êtres naturels qui composent un univers dont la simple existence n’a pour but que de créer un appel à le connaître. Nous pouvons maintenant tenter de répondre à la question posée par le titre de cet article. L’homme semble être dans le soi, cette entité confuse contenue dans notre esprit et qui gouverne au demeurant l’intégralité de nos actions inconscientes. La psychologie nous a habituée à voir dans l’inconscient un lieu de comportements plus ou moins réprouvés, qui ne nous apporterait plus d’ennuis qu’autres chose.

Si nous pouvons dire cela de la majeure partie des comportements extrêmes, qu’ils soient conscients ou inconscients, partant il vaudrait mieux essayer de redonner un peu de noblesse à cet inconscient. La conscience immanente , reconnait en un soi individuel, la possibilité de faire conscience des moyens que met en oeuvre la vie pour se manifester. Il faut reconnaître dans la conscience immanente, l’ensemble des relations potentielles qu’établissent l’existence même d’un univers. L’univers est bien comme un être vivant, ce qui permet d’accepter qu’une vie soit à l’intérieur d’une autre vie plus grande qu’elle.

Tout cela se comprend aisément, si l’on pense aux poupées Russes auxquelles nous associons des dimensions différentes , ce qui induit forcément des dynamiques entre les êtres, que nous allons ressentir en chaque point de l’espace et du temps. Donc pour conclure nous dirons que le soi de l’homme est le véritable enjeu d’une conquête par l’esprit de celui-ci, ce qui fait de l’humanité de l’homme, les moyens de sa conscience.