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Où l’exercice du libre-arbitre conditionne les prises de conscience (Part 2)

C’est nous qui créons notre réalité par laquelle nous observons des faits que nous pouvons qualifier de réels. Cette affirmation est forte et apparait contre-intuitive ; pourtant elle relève bien de l’intuition profonde de la nature de notre réalité, dont le mécanisme ne se laisse pas facilement découvrir. Notre esprit est formaté par le paradigme de l’action et, sans nous en rendre compte, nous interprétons tous les événements de la vie en regard du présupposé d’une cause à effet, et non de ce qui nous est donné. Ce que nous observons donne à l’esprit une suspicion de cause ignorée, puisque sans le savoir, notre esprit relève le fait observé comme la conséquence d’une cause ignorée. Jamais nous ne mettons en doute cette manière d’interroger le réel, et notre curiosité n’est satisfaite que lorsque nous attribuons une cause au fait que nous venons d’observer. Cela renforce immanquablement, pour la prochaine observation, le même processus, faisant venir naturellement la notion de cycle dans l’observation.

Le donné qui se caractérise par un événement ne vient pas de l’extérieur de notre esprit, mais d’un dysfonctionnement de son intérieur conscient ; ainsi nous fabriquons inconsciemment ce que nous observons. Il ne faut pas s’arroger individuellement une création de pensée, mais prendre conscience que celle-ci est le résultat d’une intelligence collective des comportements qui résultent des différents niveaux de conscience de chacun. Notre esprit, à un instant T, participe à la constitution d’une donnée de l’esprit dont l’événement est la contribution contextuelle sensible d’un fait observé, donc construit par tous. Le champ de conscience ne peut-être que potentiellement universel pour qu’une différence individuelle ne puisse relever que des conditions personnelles à satisfaire aux prises de conscience de soi. Un ratio doit pouvoir s’établir entre un niveau de conscience personnelle et le niveau d’une conscience universelle qui énonce le fait observé dans sa totalité. Ce ratio est cette donnée de l’événement observé grâce au fait. Elle relève donc d’une réalité intérieure à l’esprit, en devenant un objet des conditions subjectives qui l’ont fait naître, grâce à l’expérience perceptive du fait rapporté comme fait objectif. La notion d’état ne représente que la permanence de cette donnée en conscience, dont les conditions subjectives peuvent être défaites, ce qui lève la propriété d’une permanence de celle-ci, et lui permet de se dissoudre dans l’impermanence d’une conscience universelle après avoir contribué à sa prise de conscience.

Nous avons déjà rencontré cette propriété de permanence lorsque nous avons traité de la nature du temps. La permanence caractérise le présent, ce qui nous permet d’assimiler les données produites par l’esprit comme autant de présents du temps. Si le présent est la propriété d’une donnée et que celle-ci est une dysfonction de la conscience, alors c’est par l’annihilation du présent qu’une dysfonction de la conscience disparait pour laisser à l’esprit la possibilité de faire apparaitre de nouvelles données. Comme un futur qui ne peut être que futur de soi, puisque le contexte de la conscience est le soi inconscient. La seule possibilité pour que ce futur apparaisse est de modifier les conditions personnelles du passé par un changement d’état d’esprit, grâce à l’expérience subjective d’un fait objectif de l’environnement. Qu’est-ce qui change alors, si ce ne sont les comportements physiques de l’organisme, qui ne sont rien d’autre que des mouvements d’une vie relative ? Mais alors ces mouvements peuvent être des quantités d’action ? Non, juste le résultat des transformations ou métamorphoses fluides des conditions personnelles, qui adoptent d’autres trajectoires devenant les instants d’un temps nouveau pour l’émergence d’une conscience de soi. Nous sommes donc personnellement prisonniers d’événements dus à l’interprétation de faits individuels, mais dont on peut se défaire par l’intégration consciente de la nature d’un temps à soi.

Ce que cela met en jeu socialement, c’est l’importance observée d’une hiérarchie de pouvoirs dont chaque personne subit la contrainte par son contexte individuel. Alors à qui devons-nous la possibilité d’une libération de soi, si ce n’est au fonctionnement de l’esprit qui devient fonctionnement humain par conscience, et dont la variation de l’état fonctionnel du corps manifeste la métamorphose vitale ? À l’importance d’une contrainte hiérarchique, seule correspond l’importance d’une prise de conscience qui puisse nous octroyer la possibilité d’un changement personnel. Et c’est l’exacte possibilité d’un comportement de libre-arbitre à pouvoir le satisfaire. Si nous sommes dans les propriétés d’un état de soi-même, cela nous est impossible, pour la seule raison que cet état est lié aux processus causaux qui nous ont amenés à l’existence. Mais si nous sommes dans les propriétés d’une émergence de soi, alors la métamorphose des conditions personnelles appelle l’émergence d’une autre configuration de notre organisme. Et cela seule l’activité génétique individuelle peut le faire. C’est donc bien à la modification de l’espace d’expression des gènes, induit par l’exercice d’un libre-arbitre face à des événements contextuels, que nous devons l’apparition des faits nouveaux perçus par l’esprit, et qui œuvrent à donner les moyens des prises de conscience personnelles. C’est donc à l’esprit qu’il revient de traduire en perceptions conscientes l’ensemble des nouvelles données adaptatives, issues des événements contextuels sous la forme d’informations de soi, pour une transformation personnelle sous la forme d’un fonctionnement humain.

Nous avons donc besoin des états d’esprit pour traduire les situations nouvelles dans lesquelles nous vivons. À ces états correspondent des niveaux de conscience personnelle. Par contre, l’impossibilité de vivre ces nouveaux états d’esprit rend compte d’un état de santé déficient qui appelle une réponse thérapeutique. Le cœur de cette déficience relève bien du mécanisme de formation des informations de soi. Celui-ci n’est redevable qu’à la liberté de choix d’un profil psychique face au changement, et relève donc d’une capacité à prendre conscience. Puisque la déficience a pour origine un état de santé perdu, il est donc totalement cohérent de délier les entraves faites aux transformations des conditions personnelles qui permettent l’adaptation individuelle en temps réel. N’oublions pas que l’objet des prises de conscience par un esprit est de permettre d’établir un nouveau rapport entre une conscience universelle et une conscience personnelle issue des états d’esprit individuels. Seule la possibilité de constituer une réalité de soi permet de délier les mémoires inconscientes d’une filiation apportée par les comportements d’une hérédité génétique. Cette réalité de soi émerge d’une conscience individualisée et centrée.

Le temps joue un rôle crucial dans ce processus, puisque de l’interprétation de sa véritable nature dépendent les possibilités de satisfaire au contrat existentiel qui demande plus de conscience. À défaut, une interprétation erronée n’enclenche que la lutte inter-individuelle, au travers d’une hiérarchisation causale de l’environnement qui ne privilégie que les meilleurs contextes et bloque toute possibilité des émergences de soi. L’émergence de soi est le résultat de la coopération des niveaux conscients, seule à même d’induire un bien commun. Le monde du hasard est une figure de rhétorique approximative, qui ne dépend pour évoluer que de la bonne interprétation du temps pour comprendre les subtilités des conditions d’émergence des phénomènes. Ceci rend possible l’activité d’un libre-arbitre dont les conséquences font émerger une causalité libre d’un contexte, mais soumis au rapport d’une relativité absolue entre les phénomènes. L’exercice de ce libre choix, représenté par le statu personnel d’un fonctionnement conscient, génère un aspect vital au travers de l’existence d’un corps physique, par la seule responsabilité de chacun d’entre nous.

N’oublions pas que les explications qui sont données ici doivent contribuer à montrer que le fonctionnement de l’esprit est l’expression d’une évolution personnelle par l’application d’un libre-arbitre. Les comportements de chacun contribuent à restituer une réalité physique et sociale d’un bien commun dans l’existence de tout ce qui peut entrer dans un fonctionnement humain. La nature de celui-ci exprime un ratio variable, existant dans le degré de conscience dans un inconscient qui est respectivement donné, par l’existence d’un esprit personnel et d’un corps individuel. Ce résultat permet la reconnaissance d’un monde ouvert aux dimensions universelles, grâce à la possibilité d’intégrer un nouveau rapport conscient entre l’homme et l’ensemble cosmique, dont la vie sur la planète Terre fait partie intégrante.