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Savoir et pouvoir

« il faut pouvoir lâcher sa langue maternelle pour investir le corps du père par son propre langage », tel est ce qui s’inscrit sur le frontispice surplombant l’entrée du monde psychique. Le grand principe mis en avant ici est que la configuration sentimentale du corps est l’environnement de l’expérience psychique dont l’être a connaissance et dont-il doit tirer sa conscience. C’est le point de départ de tout ce qu’une personne peut être amenée à vivre. La parole d’un homme est donc le fondement de sa personne, qui a le pouvoir de se manifester par l’expression de son corps physique.

Maintenant nous allons expliciter l’assertion mise en exergue au début de cet article. Nous rentrons dans la constitution du savoir personnel et pour ce faire il nous faut accepter en premier lieu, l’unité entre le soi de sa personne et l’environnement. Le fait que nous ressentions notre corps et le fait que nous ayons conscience de lui. Le fait que nous percevons un environnement à notre personne est le fait que nous ayons conscience de son existence.

Ce que nous devons accepter est le fait que nous vivons dans un champ de réalité dont le socle est une conscience partagée. La première, c’est qu’à tout phénomène correspond une conscience partagée, que nous soyons conscients de ses causes ou non. Si la personne perçoit la vie au travers d’une dualité individu / environnement, c’est qu’elle a en elle les structures cognitives pour en reconnaître ces deux protagonistes. Par cette acceptation volontaire, l’esprit peut donc avoir la possibilité de laisser la personne œuvrer dans son environnement pendant que l’esprit associe les phénomènes à leurs causes probables, donnant ainsi à ces entités des caractéristiques d’informations.

C’est ainsi que l’esprit peut réunir l’environnement et la personne par un nouveau territoire d’intégration pour l’esprit, de ce qui fait dénominateur commun aux deux, leurs données d’existence. Mais cela ne peut se faire qu’à une condition, lever le voile d’inconscience de sa personne. Par la fonction sociale du savoir qui fait de l’expression des connaissances personnelles, une source générique de son être. C’est ainsi qu’un corps physique peut répondre à une empreinte morphogénétique d’un champ d’information, celui émané de ses comportements de connaissances, donnant ainsi la possibilité à la conscience partagée de s’émanciper sous la forme d’une conscience individualisée et centrée sur un savoir, celui de la connaissance de soi et d’un environnement, en lui conférant une volonté propre, celle animée par son propre désir.

Le désir comporte toujours un objet comme but de sa volonté, mais ici le simple plaisir de pouvoir qualifier la vélocité fonctionnelle de l’esprit, qui passe des mots à l’image et des images à la conscience, octroie un sentiment de bien-être renforçant l’idée d’une réalité hors nature de soi. Il est donc consciemment possible de se rendre compte que ce que nous nommons nature, est une construction virtuelle de nos organes des sens. Son sens est de poursuivre la progression vers plus de liberté en établissant la distinction entre ce qui devient figé par la clôture de ses contours, en donnant une matière a cette nature, et ce qui est encore plus libre par sa caractéristique de vélocité, l’esprit. Nous voyons que la conscience partagée en devenant conscience individualisée se centre par une tension entre la nature de l’esprit qui est d’être de plus en plus libre et la matière dont la nature est de devenir de plus en plus figée.

Il ne faut pas croire que le monde à une trajectoire, car s’il en avait une nous serions tous fatalistes par le fait de l’immensité du monde. En réalité, le monde en tant qu’inconscient collectif prospecté par les différents degrés de conscience, est un monde d’énergie quantifiée car son observation physique dans l’infiniment petit comme dans le soi-disant infiniment éloigné, le montre ainsi. Nous nous rendons compte des à présent, que le véritable rôle de la vie individuelle est de nous faire prendre conscience de nous-mêmes sans altérer une marche du monde, car celle-ci n’existe tout simplement pas. Beaucoup de conclusions sont à tirer de ce constat que nous développerons dans un prochain article.