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Sur l’idée de soi-même

L’idée la plus conservatrice de nos états mentaux est l’idée constituée historiquement par l’ensemble des comportements de sa personne depuis la naissance. Ces comportements n’ont rien de hasardeux, car ils ont tous été conduits par un désir d’intégration opéré, aux différentes strates d’une organisation de vie. De l’environnement créé par ses propres fonctions physiologiques, jusqu’à l’intégration psychologique à soi-même, en passant par les différentes étapes du développement contextualisé par des environnements plus ou moins contraignant, que sont, notre type génétique, notre biologie, la Nature, la famille, l’école, la société, et enfin les idées de soi-même.

L’idée de soi-même est le rempart, mais également le tremplin à tous les changements de vie personnelle. Peut-on vivre sans idée de soi-même ? Oui et non, oui, parce que tout avènement d’un être sans idée, n’est autre qu’une vie parfaitement formée à la résolution de toute problématique environnementale, à quelque niveaux que se situe cette problématique. C’est la définition même d’une vie consciente. Non, car l’idée de soi-même est le tremplin qu’utilise une conscience humaine, pour se dégager affectivement d’une histoire individuelle, faite de comportements individuels, qui, jusqu’alors, nourrissaient une conscience d’existence individuelle. Une vérité forte doit être dite, accéder au statut personnel d’omniscience vitale au sens conscient du terme est le véritable transhumanisme individuel.

La tendance des comportements vitaux à s’intégrer dans un comportement global, sous la forme d’un holo-mouvement (un mouvement holistique), marque la symbiose des actions vitales avec les actions conscientes d’un esprit personnel. C’est le signe réussit d’une intégration vitale pour soi-même dont la conséquence immédiate se mesure en qualité de bien-être. Le holo-mouvement est un type de mouvement, d’une vie physique dans l’existence d’un corps. Cet aboutissement n’implique aucune direction d’interprétation bio psychique. Seule la direction de l’esprit, par ses étapes conscientes, délivre de l’attachement à son histoire individuelle, pour consacrer une histoire personnelle. Ceci impose la primauté d’une évolution des idées pour le choix des actions individuelles. N’oublions pas, que l’objectif inscrit dans la constitution humaine est la réalisation propre d’être au monde. Le subconscient étant un maître d’œuvre des comportements, sous la contrainte de l’esprit, peut donc être montré comme un esprit qui arrive au seuil d’une conscience de lui-même. Il laisse alors la place à plus stable et robuste que lui, un processus vital que la conscience d’un esprit pourra nourrir.

C’est par l’avènement d’un tel processus que les fonctions de la vie de relation entrent en scène. Lorsque l’esprit se met en retrait au profit d’une conscience, les fonctions de la vie de relation, tant endogènes qu’exogènes, deviennent les organisatrices de la continuité du développement organique, qui sous-tend une réalité physique de l’ensemble des constituants d’un corps vivant. Être humain passe par le fait d’être fait humain. Qu’est-ce qui est au centre de l’organisation cellulaire d’un organisme vivant, si ce n’est la poursuite du devenir de sa vie ? Cela impose aux comportements, des conduites à tenir en fonction des environnements rencontrés. Si la vie est humaine, c’est parce que l’esprit l’a conçu ainsi pour des raisons qui représentent les états de conscience de la vie d’une personne. L’esprit est bien collectif avant d’être individuel.

Si la conscience se met au centre d’une vie individuelle, c’est parce que son processus historique est la mémoire de sa nature consciente, ce qui conduit les comportements vitaux à adopter le processus conscient de l’esprit à ses propres fins de pérennité. Le centre directeur de la mémoire consciente, d’un esprit individuel, voit ainsi son lieu de transfert se délocaliser du cerveau au cœur d’une fonction cardiaque qui en devient le centre régisseur des comportements vitaux. N’oublions pas, que le plus grand champ électromagnétique de l’organisme se trouve être le résultat de l’activité cardiaque et non celui de l’activité cérébrale. Sachant le rôle joué par ce champ physique dans le maintien de la cohérence matérielle du corps physique, il devient évident que le cœur, par son activité, est l’organe du schéma directeur fonctionnel de l’ensemble des fonctions de relation du corps physique avec son environnement.

Notre étude sur l’écologie humaine à portée notre attention sur le type d’environnement qu’une socio-physique de l’esprit nécessitait, un environnement qui implique pour sa réalité les deux versants de la relation personnelle avec un environnement. Nous avons vu que ces deux versants sont l’implication des marges du milieu intérieur de l’état émotionnel de la personne et la marge extérieure de l’environnement dynamique d’un milieu extérieur. Ce double aspect de contrainte intérieure et extérieure, fonde, par l’association d’une quantité de données et d’une quantité d’énergie, un quantum d’information lors d’un comportement de prise de conscience individuelle. Cette information de soi est calibrée par la vie de relation, issue de la façon dont une personne prend acte de sa présence vitale au sein de la représentation qu’elle se fait, de la situation dans laquelle elle se trouve. La dialectique des idées de l’esprit, mise en place par l’intellect, assure à soi-même que la vie est toujours porteuse de lui-même pour son fonctionnement malgré le changement de situation.

Mais, lorsque la conscience de l’être humain émerge par la perception de son propre corps physique, un changement de paradigme s’impose à la conscience. Continuer une adaptation des flux vitaux sans lequel un organisme se paralyserait par l’oppression psychique de son propre corps qui advient en conscience. C’est de cette réalité, nécessaire au passage d’un stade évolutif d’une personne, que le milieu d’un corps physique se révèle par les informations, qui constituent simultanément le corps et son milieu. Petite remarque, il existe dans le liquide amniotique de l’environnement du fœtus, des cellules dites « patrons » dont l’origine est issue du génome de l’enfant en formation intra-utérine et qui aident à la formation du fœtus. Ce que les fonctions de la vie de relation pérennisent, c’est ce schéma directeur fonctionnel qui s’applique par principe et non par mimétisme. Le transfert du schéma constitutif de l’activité du cerveau à l’activité du cœur s’inscrit dans une continuité de perfectionnement d’un développement de l’esprit humain, par la transformation perceptive d’une réalité de soi, l’idée que l’on a de soi, qui fait prévaloir la vie d’un esprit humain après la vie d’une conscience de soi.

Si une conscience humaine développe ses capacités fonctionnelles grâce au transfert de son schéma directeur, du cerveau au cœur, alors les fonctions vitales de mise en relation avec le milieu d’existence de cette conscience se voient dotées des capacités les plus complexes du génome humain. Cette articulation s’impose par le biais d’une exploitation consciente des informations génétiques. Il suit de ce processus d’activation, la constitution des propriétés d’évolution d’une intelligence fondatrice d’une compréhension accrue du milieu, dans lequel évolue la conscience humaine. Ce dernier est lui-même représentatif d’une évolution d’un milieu des idées de soi-même vers le milieu d’une nouvelle réalité, représentée par l’émergence physique d’un corps organisé. Celui-ci, doté d’une intelligence augmentée par les nouvelles informations génétiques, lui permet une évolution comportementale de ses fonctions de mise en relation. Nous le voyons, il s’agit ici de l’institution d’un système auto-organisant dont l’activité est auto-entretenue par la nature même des informations traitées. S’agit-il de l’activité d’un mental propre à l’existence d’un moi psychologique ? Non, il s’agit de l’activité d’un esprit autonome de création d’une identité profonde d’un être humain.

Ce qui s’impose de lui-même dans cette réflexion, c’est qu’au final, la conception d’un être humain n’est tributaire que de lui-même, mais que sa réalisation dépend d’une lente évolution de son développement au sein de ses environnements successifs. Alors existe-t-il un niveau de développement où l’être du processus humain est consacré ? Oui, l’évolution d’une conscience humaine vers une conscience naturelle, par le biais du développement de l’être en facultés cognitives, dont l’organisation en savoirs exprime la maturité fonctionnelle d’un corps de vie fonctionnelle. Les fonctions de mise en relation vitales deviennent alors les structures fondamentales de l’expression d’une connaissance, dont les fonctions humaines de la pensée en est le récipiendaire vivant, libre d’attache et porteur d’une identité consciente à vocation universelle.

Ainsi l’idée de soi-même est le seul tremplin efficace et pertinent pour la continuité d’une action évolutionnaire de l’être humain. Le développement d’une conscience initié par les prérogatives d’un esprit de conquête de soi-même. Ce schéma directeur relève de la recherche d’une connaissance dont les raisons se trouvent dans l’unité de rapport à l’environnement, amorcée par la vie. Ce ne sera donc que par la vie exprimée, qu’une pleine et entière connaissance de soi peut émerger de l’absence d’une mémoire de soi, et ainsi s’affirmer dans une identité souveraine au nom d’une humanité retrouvée.