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Un état de parole pour des états de conscience

La parole est là pour épuiser la polysémie des mots du langage et conduire au sens d’une action qui reste à découvrir. De ce fait le fonctionnement humain renvoi la personne à son état de parole. Ce postulat n’est concevable qu’uniquement si nous acceptons la différence personnelle, comme étant portée par les niveaux de conscience auxquels chacun accède. Nous avons vu précédemment que chaque personne gère la présence du néant, par une conception relativisée; élargie des phénomènes le concernant, à la totalité de son espace-temps. Celui-ci est défini par la présence consciente de son esprit, à ordonner un rapport entre son corps qui fait espace d’inconscience et son esprit qui fait conscience de ses instants du vécu. La constitution humaine individuelle est bien l’objet d’une réalité synthétique (la réalité construite), qui fait oeuvre de communication envers un environnement qui s’impose comme contrainte existentielle.
Chacun voit ce qui l’a à faire, à la mesure de sa compréhension de ce qu’il pense être réel. Nous voyons bien que c’est une affaire psycho-psychique, qui ne peut trouver sa résolution, quant à la satisfaction de Soi, que dans l’acceptation d’un fonctionnement humain, qui lui octroie les pleins pouvoirs de sa destinée consciente, et ce dans la mesure d’élévation de ses capacités d’identité à ce qui figure plus grand que lui dans sa conscience.

Donc il nous faut prendre conscience ! Mais de quoi, après toutes ces analyses de sens ? Du vrai pouvoir de contrainte, celui des interprétations plus ou moins convaincantes qui expriment par tous, les contraintes par des biais (physiques et psychologiques) pour chacun. D’où pourrions-nous avoir ce gain de liberté qui puisse nous libérer des pouvoirs qui nous entravent ? Les possibilités de nouvelles prises de conscience ne viennent que de la reconnaissance de notre handicap à prendre spontanément conscience, de l’intelligibilité de notre vie, c’est-à-dire de notre fonctionnement humain. La chaîne des contraintes qui s’expriment dans notre quotidien, ne vient que de la soumission successive ou parallèle à des pouvoirs discrétionnaires ou de plein regard, mais jamais légitimes pour Soi. Le pouvoir s’estompe lorsqu’un fonctionnement humain dialogue en conscience réciproque, avec des niveaux se reconnaissant eux-mêmes comme des fonctionnements en conscience.

Mais avant toute chose, il nous faut faire le point sur un courant philosophique que l’on nomme le panpsychisme. Celui-ci découle de l’idée qu’une omniscience de l’esprit s’inscrit au travers de tous les phénomènes et objets de l’existence. Notre réalité ne serait qu’une mise en scène, dans le théâtre de notre conscience qui logiquement nous apporterait des représentations mentales, pouvant être instrumentalisé en vue d’interactions avec notre environnement. Ainsi la réalité commune n’aurait aucune substance en elle-même, et chaque objet et phénomène de l’environnement n’existeraient pas, en dehors de la représentation que l’esprit se fait des relations entre elles et avec Soi. En clair nous serions tous que des essences, des idées intelligibles, tel le monde de Platon et son mythe de la caverne. Est-ce une vision juste de l’existence ? Nous croyons que non, car cela omet le concept même de liberté individuelle. La réalité est une réalité de matière, c’est la finalité d’une communication de cause à effet qui prend son origine dans le monde microscopique pour advenir dans le monde macroscopique, grâce à l’expérience consciente.

Seule deux matières peuvent dialoguer en toute inconscience pour l’élaboration de leurs représentations réciproques. C’est pour cela que l’interprétation prend une place si importante, dans le jeu dialogique d’un sujet envers l’objet de son environnement.

Mais la réalité n’est pas que cela, l’intégration faite par le sujet, d’une représentation de ses objets d’interactions, l’oblige à l’interprétation en regard d’une conscience partagée, immanente par le contexte qui lui sert de référentiel. Dans ce sens, le contexte d’aujourd’hui est universel, mais aussi de tous les temps au vu de l’histoire. Rappelons que nos valeurs physiques, étalons du système de mesures international, sont relatives à des constantes universelles. Si nous voulons être cohérents, il nous faut donc accepter que le néant (qui n’est pas si néant que ça), envoi des informations par la conscience et que seul un mouvement d’intégration d’une complexité de la dualité sujet/environnement nous permet d’en prendre conscience, par un processus de compréhension et de prises de conscience. Ainsi nous sommes comme chaque personne, à même de prendre conscience d’une conscience, c’est-à-dire une conscience de la nature de la conscience, soit la conscience elle-même. Le fonctionnement humain n’est rien d’autre que cela, une conscience animée par ses constituants, soit le propre de la liberté.

Mais pour cela il faut passer par l’état de parole, pourquoi et comment ? L’état de parole est le moyen qui donne à penser. Ce qui donne à penser, nourri de règles un imaginaire qui donne au psychisme la matière à se faire une réalité de Soi, et d’un environnement. Cette réalité devient l’objet d’interactions, avec les différents objets de la réalité commune, elle donne donc matière aux différents corps d’interface d’une conscience en devenir. Mais comment un état de parole peut-il advenir ? Quel en est sa genèse ? Parce qu’avant de prendre conscience, nous sommes d’abord prise de corps. Si nous sommes logiques, un néant en recherche d’existence donne conscience à la matière, qui pour se différencier doit s’organiser en sollicitant un milieu, dont le contrôle des rapports ne peut se faire que par l’augmentation d’une complexité de relations, en regard d’un environnement de plus en plus diversifié. La seule possibilité d’une échappatoire pour cette conscience, est de faire conscience d’elle-même et ainsi acquérir une réalité indépendante de ce qui lui a donné les moyens d’accéder à l’existence. La nécessité d’un processus d’autonomie est un préalable à toute indépendance, car celle-ci n’a de raison d’exister que par la transformation d’une autonomie, qui par définition pose en système les relations d’interaction. Pour cela il faut l’émergence de deux choses ; un corps et une pensée.

Le corps physique est cette entité fonctionnelle, dont le développement s’articule au travers d’une dualité corps/environnement. La vie naît que transmise, l’héritage génétique est la clé de l’expression d’une organisation qui se modélise par ses fonctions. Le milieu environnemental joue un rôle important dans la définition d’un développement. Jusqu’à quel niveau un degré de complexité est-il implémenté dans un génome ? Quelques expériences scientifiques Russes nous en donnent la réponse. Il est loisible de transférer un schéma directeur fonctionnel d’une espèce à une autre, exemple ; rien qu’en captant par lumière laser une projection ADN d’une grenouille et en la transférer sur un ADN de salamandre, pour en faire une grenouille et inversement. Ceci montre une chose, que la projection fantôme (réalité virtuelle) d’un ADN ne devient réalité que par l’interaction de cet ADN avec un milieu compatible et efficient, envers la virtualité de cet ADN. L’ADN n’est donc qu’une boîte à outils interactive, mais dont le potentiel est tout entier dans la nature de ses composants. Donc potentiellement l’ADN est universel et immortel.

Tout ce qu’il faut pour un néant en devenir conscient. La parole est bien un niveau d’état d’interaction d’un corps avec son milieu. Il a une assise naturelle (en physique classique) pour une fonction culturelle (la cognition symbolique) en vue d’une projection psychique.

Qu’en est-il de la pensée ? Lorsque nous pensons, nous nous abstrayons de la seule liberté des sens. Nous le faisons pour trois raisons ; la première pour donner sens à une stratégie demandée, par ce que les sens nous amènent à vivre, deuxième raison, parce que l’intuition nous commande de le faire, suite à une prise de conscience qui change l’état de notre position vis-à-vis d’un milieu. Enfin troisième raison, nous pensons pour résoudre ou répondre à une question que l’on se pose. Penser est l’activité de l’indépendance d’esprit par excellence, mais de quelle indépendance parle-t-on ? Est-ce un entraînement à l’indépendance postulée par l’existence de la conscience ? Ou est-ce l’expérience par la conscience qu’il existe une indépendance de l’esprit ?

Bien sûr nous l’aurons compris, il s’agit pour la conscience d’expérimenter l’indépendance d’esprit. Puisque nous avons la possibilité d’appréhender le néant comme un domaine d’une potententionnalité dynamique, par l’exercice même de la conscience, L’expérience de la pensée nous apprend que cette dynamique n’est autre qu’un peuplement de connaissances que l’on ignore. La conscience relève donc d’une matière, avec laquelle notre esprit peut entrer en interaction pour générer un savoir potentiellement universel. Cette conscience est donc le vêtement d’un corps d’actions génétiques, qui endosse la particularité d’être une identité universelle. L’existence même de la conscience nous montre la voie vers une vie augmentée, qui puise ses intérêts dans un nouveau monde qui reste à construire par notre esprit de découverte et de conquête.