Tout ce que je suis !

Tout ce que je suis n’empêche en rien tout ce que peut être chacun sur cette planète. Interpréter sera toujours le lot des biais cognitifs de chacun, à fortiori si cela génère un pouvoir sur autrui. Nous avons été éduqués dans le respect d’une filiation, dont les origines culturelles ne sont que la conséquence des choix politiques de nos aïeuls. Rien ne nous laisse penser, à présent, que cela représente une légitimité au regard de ce que nous énoncent nos connaissances biophysiques actuelles. La vérité est dans nos gènes, pas ceux qui nous sont héréditairement transmis, mais ceux qui font de nous une espèce vivante parmi d’autres espèces vivantes. Alors ce génome humain, pourquoi n’a-t-il pas la primauté en chacun de nous ? Parce que notre histoire est fabriquée par les vainqueurs, celle qui retient une histoire écrite par quelques-uns pour le bénéfice, parait-il, du plus grand nombre.

Cette éducation est politique, elle devient instruction, et ce, dès le plus jeune âge, elle enferme toute psychologie à n’avoir qu’une seule issue : celle de se conformer au plus grand nombre, dont on fait la seule légitimité. Et pourtant, le vivant est porteur de conscience, il sait de prime abord que la seule chose bonne pour lui et d’accepter ce que lui dicte son intelligence, se débarrasser de cette charge épigénétique que représente son legs de filiation. Qu’il soit transgénérationnel ou culturel, ce legs n’est tourné que vers le passé, il ne nous dit rien de ce qu’est notre présent, ni à fortiori de ce qui est désirable de notre futur. Tout être vivant sait très bien à la naissance que cela ne lui appartient pas, il le sait, mais ne peut l’exprimer que dans son langage, qui est bien souvent hermétique aux adultes qui ne savent pas l’interpréter. Car nul doute sur l’existence d’une conscience lorsque la vie apparait, car comment expliquer qu’un fœtus commande à sa mère comme un nouveau-né commande à son environnement, si ce n’est par la primauté de la vie qui vient sur ce qui est déjà là.

Soyons lucides, faisons le tri entre ce qui nous arrange et ce qui nous arrangerait vraiment. Ce qui nous arrange, après toute rébellion sur le moment et à tout âge, c’est la conformité. Mais ce qui nous arrangerait réellement, n’est-ce pas notre liberté, celle promue par la vie à laquelle l’existence de notre constitution physique nous interroge chaque jour ? Mais étrangement, cette liberté est passée sous silence, elle se noie dans l’oubli de nous-mêmes au fur et à mesure de nos conformités aux conformations d’usage. Puis un jour, cette absence de liberté se fait pathologies, mais bien après l’acceptation progressive de toute forme de privation de liberté collective, et par la suite individuelle. Alors quoi, est-ce rédhibitoire, notre devenir ne devient-il plus focal que sur la réussite sociale et par la suite l’EHPAD ? Pourquoi sommes-nous si peu nombreux à voir que cela dysfonctionne quelque part dans notre cerveau, plutôt que d’en rendre responsable le système. Ne sommes-nous pas ceux qui actionnons ce système par nos désirs illusoires de conformité sociale, financière et finalement dogmatique ?

À la question comment changer de système sans changer de vie, la réponse est évidente : le reflux consumériste en tous genres, au rythme de chacun, envers la compromission conséquente à un idéal auquel plus personne ne croît aujourd’hui sauf les plus nantis. Puisque chacun aspire à réaliser une vie, au travers des réponses que peut lui apporter un examen patient de ce qui encombre son esprit. Pourquoi ne pas choisir de faire confiance à ce qui lui permet de vivre, les bons sentiments que l’on partage avec tout ce qui vit. Ceux qui nous portent à voir que chacun de nous peut avoir des réponses pour les autres, mais aussi pour soi-même, quelle que soit l’espèce à laquelle chacun peut appartenir. Construire une humanité dans laquelle chacun apporte le service qui manque à autrui, parce qu’il aime à le créer. Et ainsi réaliser une communauté de personne qui n’aspire qu’à vivre en toute conscience, en paix avec la diversité de son environnement. La nature ne devient culture que par ce qu’elle est partagée avant d’être comprise.

Alors arrêtons de faire semblant, au rythme de chacun, mais arrêtons tout de même pour vouloir être ce que nous sommes vraiment, une personne à inventer.