Disons le tout de suite, le sens de l’espace est une propriété issue de la conscience au même titre que tous les autres sens. Il doit rejoindre nos cinq sens en compagnie d’une nouvelle qualification de l’intuition comme sens de l’intelligence, ce qui oblige à considérer le fonctionnement humain comme étant sous-tendu à des expériences dimensionnelles relevant de sept sens et non de cinq. Nous reviendrons plus tard sur le sens de l’intuition, car le présent article ne s’occupe que du sens de l’espace.
Accepter l’existence de sept sens, fait sous-tendre le savoir du sujet à l’expérience ouverte de la connaissance de soi pour investir pleinement et consciemment la réalité de l’être humain. La finalité de cet exercice est de doter l’expérience subjective d’une personne en vie, des éléments objectifs d’une âme à connaître elle-même, ce qui représente son phénomène vital originel. L’être humain en tant qu’expérienceur de lui-même, met l’univers psychique au premier plan des ressources de l’esprit à développer une intelligence d’intégration de lui-même. Le sens de l’espace implique d’accepter l’ensemble du champ cognitif produit par l’esprit, pour l’élaboration naturelle des facultés de conscience qui découlent d’une logique profonde due aux comportements d’une intelligence au contact des différents niveaux d’échelle de la Réalité. Cette intelligence sous-tend la constitution d’un langage compréhensible par l’esprit, qui fait de l’intuition personnelle un chemin vers l’âme individuelle. Il s’agit, au travers d’une vaste connaissance générale des informations produites de soi, d’impliquer une mémoire naturelle dont la pluralité des éléments se rendent progressivement accessibles. C’est ainsi que la personne a le sentiment d’éviter une confrontation avec ce qui nourrit un psychisme inféodé à la seule expérience sensible. Cela lui permet de vivre une révélation personnelle dont le résultat est la découverte des nouvelles possibilité en tant que sujet d’une existence.
Bien-sur, il est nécessaire d’accepter un élargissement critique sur des remises en question (au sens littéral du terme) de ses systèmes de valeurs et de croyances qui font fonctionner toute personne, sans cela aucun développement d’intelligence ou de conscience n’est possible.
Il faut laisser son esprit fonctionner dans les directions les plus larges possibles, pour mettre en conscience l’étendue des possibilités phénoménologiques de la mémoire. Nous vivons suivant des valeurs qui sont celles que nous avons acquises, mais sont-elles réellement pertinentes ? Se poser la question nécessite de prêter attention aux modalités d’apparition de nos pensées, auquel cas, si l’intégration au système des valeurs collectives rencontre des obstacles, nous nous retrouverions avec un sérieux problème de conscience pour le choix de nos actions. Pourtant ce choix personnel est relativement simple, où nous nous impliquons dans un développement de conscience qui permet le détachement aux fausses croyances et permet une adaptation évolutionnaire en générant ses propres systèmes de valeurs, ou nous intégrons un système inconsciemment en adoptant de fait, une conscience collective sur des valeurs qui ne représentent qu’une conscience de moyens et non une conscience de finalités. Dans ce dernier choix, nous perdons inexorablement notre autonomie.
Qu’est-ce que l’absence de liberté personnelle ? C’est d’être dans un espace-temps qui n’est pas le nôtre. L’objectif qui consiste à gagner notre autonomie par un épanouissement de conscience n’est pas inatteignable, mais nécessite un engagement personnel qui implique une adaptation créatrice aux différents mondes que l’on traverse. C’est bien par l’adaptation créatrice au monde dans lequel nous vivons, que la conscience se détache des comportements issus d’un égo trop présent. Ce processus révèle une intelligence qui permet au principe fort d’une âme individuelle de se reconnaître dans l’exercice d’un sujet qu’elle incarne par les mots de sa connaissance de soi. Ce sujet n’a plus qu’à reconnaître cette réalité nouvellement éclose en nourrissant une dialectique avec la réalité du monde commun. Le psychisme naturel est le lieu d’expression de tous les ordres de grandeurs. Ceux-ci inspirent les régulations épigénétiques nécessaires à l’exercice d’une biologie créatrice des corps physiques. Mais cette liberté personnelle, n’est-elle qu’un exercice libre de la vie ou est-ce plus que cela ?
L’être humain n’est pas qu’une vie, ni qu’une conscience, ni qu’un esprit, ni qu’une âme, ni qu’une personne, c’est aussi une profonde et singulière réalité d’un tout au travers de l’incarnation complète d’une mémoire, dont le moi psychologique n’est qu’une pâle copie. Et c’est ici que se joue le sens de l’espace, voici comment.
Le sens de l’espace est ce qui résulte d’une attention consciente d’une âme sur la modalité dynamique d’expression des pensées dans le domaine d’une multidimensionnalité psychique. C’est une mise à l’épreuve d’une réalité individuelle dont les facultés personnelles en montrent un fond originel, qui fait face à une réalité commune de vie. Ainsi le sens de l’espace, lui-même produit par un espace que l’esprit perçoit au travers de la dynamique d’apparition des pensées, émerge d’une mémoire sans forme. Le sens de l’espace est donc à l’origine de la possibilité de perception d’un temps intelligible par l’esprit, grâce à l’expansion de cet espace manifesté par les pensées. A ce stade, l’âme individuelle conduite par une intelligence, déduite d’une libre association des pensées produites, relève un rapport singulier entre l’espace produit et le temps intelligible nouvellement formé, au sein d’une conscience sans forme ce qui unit les perceptions des sens physiques avec les sens des pensées émises. Le résultat relève d’un épanouissement d’une connaissance de soi, nécessaire à toute transformation d’une réalité individuelle en entité fonctionnelle d’un monde de vie (ici la transformation du sujet en une âme humaine).