Si nous voulons être parfaitement honnête avec le statut d’une personne, il nous faut passer le stade de la définition commune, qui garantie les droits et obligations pour une personne vivant dans un cadre législatif particulier. Ce qu’il nous faut accepter, c’est que la personne ne soit plus le critère fondamental légalisant une existence, mais plutôt celui de l’humain. La différence notable est alors que la personne acquière un statut variable par les formes diverses de son expression, et dont la gouvernance devient personnelle quand l’humain devient sujet de droit et de devoir incombant au fait d’être en vie. Ceci amène deux conséquences : la première, que la personne soit en droit de changer et la deuxième, que par une gouvernance personnelle un humain devienne récipiendaire de droits et de devoirs liés à ses possibilités de transformation personnelle.
Quelle nécessité avons-nous de changer l’allocataire d’un statut de l’existence ? Nous le disons pour trois raisons. La première, pour inscrire les comportements personnels dans l’histoire commune d’une grande réalité postulée. La deuxième, qu’il nous faut un statut fonctionnel qui puisse intégrer la notion de fluidité de l’intelligence et de continuité de l’impermanence vivante au sein d’un même être. La troisième, que nous puissions tenir compte de l’ensemble des interactions constitutionnelles mises à jour par la connaissance du vivant. En regard de ces trois raisons, le statut d’humain semble adéquat.
Pour développer ces trois raisons et argumenter dans le sens d’une mise à plat des références conscientes de notre système de valeurs, il nous faut utiliser ce que nous appelons une heuristique, c’est-à-dire une psychologie de la découverte dont le but escompté est de montrer ce pourquoi il est nécessaire de remplacer le statut de la personne, par le statut de l’humain.
Nous vivons dans un monde physique et social où tout nous sembles en mouvement, ce qui nous obliges à créer un référentiel temporel pour s’y retrouver. Toutes les formes de mouvements sont alors mises en catégories qui nous permettent d’établir des fonctions, qui sont donc des dérivées du temps. Ainsi chaque espace d’expression de ces fonctions donne lieu à des actions, qui comptabilisent l’utilisation d’un temps. La description du réel devient donc un art de conjuguer des sensations avec des quantités de mouvement, dont la mesure par l’expérience, nous permet soit d’en escompter des effets par anticipation formelle, soit d’en décrire une réalité par la reconstruction de causes ou de principes à l’origine des observations de ces fragments de réalité. Cette méthode de description du réel est totalement dépendante du système de valeurs que nous utilisons pour concevoir les structures de compréhension de ce réel, ce qui induit un biais méthodologique que nous compensons par l’invention d’un langage formel, dit universel, que sont les mathématiques. Il n’y a donc qu’un petit pas à faire pour ériger en dogme le fait que les mathématiques, soient à l’origine des deux aspects de notre expérience consciente, la description et la raison d’être.
Difficile d’aller dans un sens différent, au regard de l’immense production de sens que nous procures la pratique mathématique sur la réalité de l’existence, que nous abordons grâce aux possibilités de la conscience. Et pourtant une voie différente peut se faire jour, à condition de considérer que les mathématiques ne représentent qu’un langage de faisabilité reproductive, de ce qu’une intelligence collective peut être amenée à penser d’une réalité. Pour cela, il nous faut imaginer un postulat extrêmement exotique, à l’origine d’un questionnement dont la portée va au-delà de notre entendement, mais ouvre de nouvelles dimensions à notre intelligence. Ce postulat est le suivant : Que tout ce qui existe est parfaitement immobile. Alors cher lecteur, ne sautez pas au plafond tout de suite et prenez le temps d’y réfléchir malgré le caractère totalement contre-intuitif de ce postulat.
Regardons ce postulat de plus prés, si tout ce qui existe est parfaitement immobile alors pourquoi percevons-nous du mouvement ? Parce que ce mouvement existe bien, mais ce ne sont pas les différentes choses qui sont en mouvement mais notre interprétation des relations entre ces choses. Cela implique que ce qui peuple la conscience soient des choses en mouvement. Mais l’interprétation de l’esprit en tant que variable elle-même, exprime un mouvement ? Oui, mais elle n’est pas en mouvement, mais représente un mouvement (en l’occurrence des idées). Mais si nous relevons l’existence d’une quantité de sens (l’idée), c’est que nous accordons un sens à ce que nous observons comme quantité de mouvement, c’est donc que nous lui accordons un mouvement ? Non, car il y a un changement de référentiel entre l’espace où se situe cette quantité observée (l’idée) et l’espace de la quantité elle-même (l’information qu’elle contient). C’est ce qui fait de cette quantité une représentation par une valeur qui peut être un nombre. Mais alors ce changement de référentiel est un nombre le décrivant ? Oui, car il représente une quantité de temps nécessaire à l’information pour parvenir à notre conscience et nous informer de ce changement de référentiel (celui du corps perceptif de cette information). Il nous reste alors un nombre qui représente une vitesse de transmission et qui devient la condition d’une information au sein d’un environnement.
C’est comme cela que naît l’information d’une quantité de vitesse et l’information d’une quantité qui représente la chose observée. Ces deux quantités sont des nombres, qui sont les véritables informations qui fixent un rapport strict entre un temps et un espace (la capacité vitale à recevoir une information). Chaque chose qui existe est ainsi formée dans l’esprit, ce qui implique que nous puissions rentrer de plein pied dans l’interprétation d’une nature quantique de la réalité, dont la nature physique élémentaire est l’énergie (le nombre quantique de chaque élément) et d’une valeur métaphysique, la quantité de conscience allouée.
La conclusion de cela est que notre esprit est mobile, et non ce qui constitue l’environnement, cela implique tout ce qui peut être traduit sous forme d’idée venant de soi ou d’un environnement. Ce qui rend caduque le statut personnel aujourd’hui, c’est qu’il soit fondé sur des représentations dites « réalistes » de l’esprit au travers des expériences personnelles. Alors que le statut d’humain se fonde sur l’activité d’un esprit à modéliser des fonctions d’un réel, au travers d’actions génétiques d’une nature humaine informationnelle, ce qui accouche des seules moyens d’action individuelles avec un environnement, sa conscience. Il ne s’agit plus d’avoir la maîtrise d’un environnement, mais d’accepter la transformation personnelle comme le média d’évolution individuelle vers un accord coopératif et dialogique, avec un environnement plus grand et plus riche en informations que ce que nous pensons. La maîtrise personnelle devient alors celle de la reconnaissance consciente de cette transformation.