Pour soi, le monde existe bel est bien au travers des informations que l’on en a. Mais ce monde est représentatif pour nous, d’une essence des informations qu’il nous en donne et que nous percevons en délivrant à ces mêmes informations, une substance de nous-mêmes. Il n’y a donc pas d’information sans une combinaison d’objectivité et de subjectivité, dont il est difficile à première vue de distinguer de quel coté viennent l’un et l’autre. C’est pour cela qu’il devient intéressant maintenant, de partir dans un voyage à l’intérieur de l’espace, parce que celui-ci devient le vecteur d’exploration des observations générées par l’existence du temps.
A ce degré de pénétration de soi, il nous faut convenir d’une nouvelle situation, celle qui nous fait reconnaître le lieu de la conscience dans une singularité plurielle, d’où émerge toutes les individualités potentiellement observables. Ainsi chaque manifestation, de quelque forme qu’elle soit, partage une même origine de naissance par une égalité de traitement cognitif, qui confère à chaque phénomène une autonomie d’existence. De cela nous inférons que tout ce qui existe est en vie, et que la seule chose qui les différencie est le degré de relations à ce qui les entoure, ce qui détermine leurs formes observables et ceci pour chaque phénomène identifiable. Ce n’est qu’après la reconnaissance pour chacun d’une connexion à leur propre essence, que des choix apparaissent et font émerger des chronologies entre les choses elles-mêmes et leurs environnements. C’est le résultat de ce ces choix, qui établissent des états de conscience responsables des décisions d’appartenance ou de non-appartenance, des informations relevées dans les relations d’un être à son environnement.
Il n’est pas possible d’identifier une information authentique, même pour soi-même, car par nature une information est toujours la combinaison d’une partie objective et d’une partie subjective, que cela soit du côté de l’émission ou de côté de la réception de celle-ci. Il faut bien comprendre la différence fondamentale qui existe entre une information et une réalité. L’information relève d’un rapport entre deux systèmes de valeurs servant à dissocier la part objective de la part subjective d’une donnée sensorielle, qu’elle soit produite ou perçue. Quant à la réalité, elle s’instaure au-delà de l’identification à un système de valeurs, car elle manifeste un degré de conscience inhérent à tout développement autonome.
Nous parlons souvent de l’intelligence, mais ici nous réfutons la définition trop restrictive de l’intelligence comme faculté de résolution des problèmes. Il semble plus approprié de parler de l’intelligence comme d’une faculté d’interrogation. Evidemment nous voyons pourquoi la première définition est privilégiée, parce qu’en fait, ce positionnement permet de faire découler la conscience de l’expérience par relations interposées. Maintenant voyons pourquoi une définition de l’intelligence, comme faculté interrogative est plus pertinente. Si nous acceptons l’existence d’une essence aux phénomènes, c’est parce que la réalité nous permet de n’avoir accès qu’à la seule substance des phénomènes, et cela aux travers de l’étude sur leurs propriétés observables. Partager une essence de même nature, impose que nous ayons déjà connaissance de ce que l’on veut étudier parce que nous en partageons la conscience, par les propriétés de l’essence. Ceci rend vain tout ce que l’on peut apprendre sur ce que l’on étudie, parce que seule l’apprentissage de la méthode suffit. En effet ce que nous pourrions savoir, nous le savons déjà par la simple interrogation sur les relations de ce qui représente ce phénomène en réalité. C’est pour cela que nous pouvons dire que la solution est toujours dans la question que l’on se pose.
La différence fondamentale qu’il y a entre ces deux définitions, c’est l »aspect concernant la connexion à la conscience. Dans la première définition, seule les résultats de l’intelligence peuvent concourir à faire conscience, alors que dans la deuxième définition l’interrogation est déjà une opération de la conscience, et le résultat enseigne de l’intelligibilité de ce sur quoi l’interrogation se pose. Ce que nous gagnons en premier, dans une faculté d’interrogation de l’intelligence, c’est du temps. En deuxième, c’est le partage d’une connaissance qui fait l’information d’une analogie de fonctionnement, ce que nous désignons comme l’empathie. En troisième, la communication télépathique devient opératoire en l’absence de transmission, ce qui relève aujourd’hui d’une explication quantique d’un phénomène d’intrication par les propriétés de l’essence. Nous observons donc que l’intelligence, comme seule faculté de résolution des problèmes est une vision restrictive de ce que le comportement intelligent nous laisse penser, si nous le regardons avec les yeux de la conscience.
Le voyage à l’intérieur de l’espace trouve ainsi son « marche-pied ». C’est bien l’existence du temps qui permet de générer des observations. Ce temps est plus qu’une trame physique, c’est la naissance d’un entre-soi qui adopte l’absence de limite donnée à un espace. Cet espace conscient ouvert, mais réalisé par les relations entre les différents phénomènes observés, est la source de l’observation d’une causalité par liberté, motrice des « Moi profond » qui animent tous les phénomènes.
Dans un espace infini, il est impossible de définir des coordonnées de lieu par absence d’un point de repère, sauf à le définir hypothétiquement. Si nous voulons penser en vérité, il est impossible d’établir des mesures du temps car les distances ne peuvent être que relatives, ce qui interdit toutes circularités permanentes par la variation continuelle des distances. Alors comment faisons-nous pour avoir l’expérience du temps et de l’espace ? Simplement par la part inconsciente de notre esprit, qui fige les expériences du passé dans la croyance d’une réalité naturelle préexistante à la naissance de chacun de nous. Confusément notre conscience sait que quelque chose n’est pas juste dans le traitement des informations de nos observations, et c’est pour cela que s’anime la faculté d’intelligibilité de notre environnement et de nous-mêmes, pour que la conscience s’articule avec ce que l’on appelle un réel.
C’est dans ce sens qu’il faut entendre la notion de « temps manquant », car effectivement la conscience demande une attention de soi aux observations, pour que celles-ci dévoilent l’aspect relatif de toute situation vécue. Le mouvement prend là son origine, car il n’existe pas en soi du fait de son absence d’essence. En effet il n’est représentatif que de l’animation d’une intelligence à prendre conscience d’une réalité tangible, dont la nature relative des relations entres les différents éléments de l’espace, ne sont existantes que par l’inconscience d’un observateur à percevoir l’incommensurabilité de l’espace. Ainsi donc, ce n’est pas une personne qui se déplace, au regard d’une conscience, mais l’intelligence personnelle qui s’anime et donne l’illusion du déplacement de la personne par le traitement des informations de son contexte. Il s’agit de bien comprendre que c’est ici où l’illusion du temps exprime son plus grand aspect de réalité, en en établissant une dimension concrète par les sens.
Mais si la conscience franchit cet obstacle de circonstance, de multiples flèches temporelles voient le jour au travers de chaque phénomène à évoluer dans ses comportements, ce qui automatiquement renvoi à la propre flèche temporelle du récipiendaire de chaque conscience en vie. C’est donc ainsi, que grâce à l’activité intelligente, une personne perçoit un temps qui s’accélère par inconscience de la nature réelle du temps à s’estomper à la mesure du développement de la conscience individuelle. Si le temps diminue à mesure que la conscience se développe, alors l’ensemble des flèches temporelles des différents phénomènes de l’espace font de même, ce qui entraîne leurs agrégations et délivrent ainsi la nature consciente des phénomènes au travers d’une organisation commune. C’est l’illusion d’une circularité du temps qui fait « effet de matière » et donne au comportement de gravitation son média, le quanta de forme matériel. Nous avons donc la naissance d’une situation inédite, une réalité de conscience dont la manifestation existentielle passe par une pluralité d’objets, agrégés sous la forme d’un espace propre, définissant une quantité de temps propre à en donner une information.
Cette situation donne un coup d’arrêt à la sensation de dualité intérieure/extérieure, pour réaliser que la conscience devient maîtresse de la direction à donner pour tout phénomène, d’où cet aspect de Moi psychologique profond et de comportements individuels. A cet endroit, la théorie Pan-psychique qui octroie un esprit de vie à chaque phénomène est justifiée et se donne en continuité avec le courant Animiste des cultures anciennes. Nous nous retrouvons avec une conscience individuée, dont l’animation passe maintenant par un réalisme vital, dont la décomposition par l’esprit libère les protagonistes de sa réalité que sont l’espace et le temps. Le décryptage de cette réalité individuelle passe donc d’un univers physique et social à un univers de l’esprit personnel, dont la réalité passe dans une configuration où le statut de la personne cède la place à un Moi profond. Celui-ci est en relation avec une réalité extérieure qui se distingue uniquement par sa ligne temporelle d’un passé-présent-futur, dont la connaissance ne passe que par les choix d’actualité d’un placement de la conscience individuelle, dans des points d’insertion particuliers sur cette ligne. Ceci se fait au gré de l’intérêt vital d’une conscience, à récupérer du temps manquant à la connaissance des éléments constituant la représentation exhaustive de soi.