A ce stade de nos réflexions, l’esprit peut être vu comme la création par nos perceptions, des facultés universelles à produire de l’objectivité. Il s’avère qu’il est possible de répondre à cette question seulement si l’on adopte une position relativiste, celle-là même qui nous est donnée par le libre-arbitre personnel et qui se légitimise par son inscription dans la condition culturelle. C’est pour cela que l’on peut comprendre que ce que nous appelons vie biologique n’est autre que la production synthétique des relations entre les différents constituants qui font de notre personne un corps doué de propriétés. L’esprit devient donc le récipiendaire de toutes les relations intrinsèques de ce qui fait de notre corps une réalité individuelle.
Si nous pouvions résumer cela, il suffirait d’admettre que ce que l’on nomme esprit est la somme à chaque instant de conscience, d’un résultat du mécanisme d’objectivité personnelle d’un recensement des subjectivités individuelles. Cela nous entraîne à considérer qu’il est possible d’envisager une relativité absolue des phénomènes subjectifs recensés par le mécanisme d’objectivité comme autant de facettes de l’esprit qu’il y a d’éléments de perceptions. Au-delà de ce mécanisme, il est aussi clair qu’une conscience ne peut être que le récipiendaire d’un flux dont nous pourrons exfiltrer des principes de constitution. Ces principes vont devoir nous faire accepter l’esprit comme l’instrument de plus grand que soi au travers d’une conscience individualisée et centrée pour elle-même.
Attention, ce n’est pas la technique qui doit nous faire découvrir ce que nous sommes, mais une certaine conscience d’esprit qui nous fait relier les choses entre elles. Certainement et cela peut s’entendre comme une volonté d’un intérêt commun qui ne puisse être satisfaite que par ce type de protocole. Inversement il peut donc y avoir une action émanant de cette conscience universelle sur l’horizon de l’inconscience personnelle. Il nous faut donc maintenant nous ouvrir à la réalité matérielle comme propriété naturelle d’une conscience universelle.
Ce qui évolue ce sont les propriétés physiques de l’être et donc in fine les capacités de l’esprit à concevoir les instruments de perceptions qui puissent augmenter qualitativement nos rapports aux éléments inconscients de notre réalité. La vie devient donc un mécanisme biologique d’intégration des nouvelles fonctions au travers de la matérialisation d’un présent qui est somme des instants de conscience d’un passé de pures relations d’un futur se réalisant. C’est ici que nous réintroduisons le complexe d’espace-temps et son rapport à la conscience comme impulsion autonome à être consciente d’elle-même. Si nous prenons l’idée que le présent soit le moment vécu par la conscience, il nous faut y intégrer tous les éléments qui dans l’absolu peuvent être connaissable ou potentiellement connaissable.
Cela nous amène à une conscience hors du temps puisque nous y avons inclus l’ensemble des relations pouvant exister entre tous ces éléments, ce qui rejette le présent aux instants de prise de conscience. Cela nous suggère que l’instant est le surgissement de la conscience dans le présent et renvoi la constitution du temps par le degré d’espace qui constitue la somme des relations entre des éléments qui peuvent faire conscience d’un présent. C’est donc à l’esprit de constituer cet espace, et c’est ainsi que se forment les perceptions. Notre esprit est bien à l’origine de la fabrication du temps et de l’espace dans lequel une conscience navigue suivant le degré de libre-arbitre octroyé par l’esprit.
Nous existons à l’intérieur d’une conscience car nos prises de conscience sont toujours issues d’événements qui font information du contenu de notre conscience d’un secteur inconnu par la relation que nous y entretenons dans l’instant. Le présent est donc inconscient comme le passé et le futur mais le temps s’introduit dans notre espace par les instants de conscience qui de fait donne à notre esprit la connaissance de ce qui est conscient de ce qui demeure inconscient. La seule chose qui existe donc est le produit d’espace-temps consécutif à une liberté de causes nécessaires. La représentation de cette chose fait que nous y adhérons ou non en fonction d’un contexte qui nous y oblige en partie ou totalement.
De là naît une relation au monde ou à soi-même qui nous oblige à la croyance de ce que nous sommes et c’est l’objet des religions et de la science que de nous le rappeler par des convictions personnelles et des raisonnements. Il va nous falloir accepter pour la finalité de notre raisonnement, la réalité d’une conscience immanente. C’est ainsi qu’il devient donc nécessaire qu’une permanence soit créée par l’installation d’un mécanisme d’espace-temps, dont l’objet est de recenser par les durées temporelles et les volumes d’espace le résultat de ces actions.