Suivant le principe d’identité, si nous connaissons ce que nous sommes alors nous retrouvons dans le milieu qui nous sommes. Mais si nous dépassons ce principe alors ce que nous voyons émerger ce sont des règles qui régissent les rapports dans les dualités événementielles productrices de notre identité. Il existe bien une structure de connaissance qui peut être définie comme un principe à l’oeuvre dans la réalité existentielle. Ce principe est la conscience individuelle. Pouvoir le reconnaître nous permet d’avoir accès au fondement de la Réalité grâce à l’introduction d’un archétype récipiendaire de l’opérationnalité de cette conscience individuelle, et qui se retrouve être ce qui permet la reconnaissance d’une unité existentielle. Disons le tout de suite, ce récipiendaire archétypal est l’âme humaine.
Comment atteindre la conscience individuelle ? Cela implique que notre constitution phénoménologique matérialise ce qui est de l’ordre de nos pensées, puisque celles-ci sont les informations relevées dune attention consciente portée au monde. En effet, il faut bien accepter que la conscience soit un principe structurant nos pensées puisque celles-ci sont à l’origine de la manière dont nous ressentons et agissons dans notre environnement.
Un des principes majeurs de l’esprit est de se doter des moyens de conception du vide ne serait-ce que pour contraindre l’angoisse existentielle. De ce fait, l’esprit instaure la constitution d’une matrice de l’existence. Pour cela il a besoin de sous-catégories conceptuelles qui vont être l’espace et le temps. Comment l’esprit instaure-t-il un paradigme d’espace-temps et à quoi cela va-t-il lui servir ?
L’utilité d’un espace-temps matriciel est de pouvoir instaurer une grille de mesure des manifestations phénoménologiques que constate l’esprit lors de son attention au monde. Cette utilité va s’exprimer sous la forme d’une instance de jugement de valeurs autonome qui permet d’instaurer une hiérarchie des comportements dans la vie de relation. Ces interactions au sein du milieu nourrissent un esprit qui ne peut s’en faire a priori aucune idée, c’est-à-dire aucune représentation intelligibles des situations dans lequel l’être personnel se trouve.
L’espace-temps est donc cette matrice de mesures qui permet à l’esprit de produire des représentations aussi fidèles que possible de son être en situation. C’est pour cela que les mesures d’espace et les mesures de temps sont avant tout des reflets d’une culture instruisant des modes et des codes de vie. On y envisage chaque phénomène à l’aune de ce que l’on perçoit en premier comme des ressentis instinctifs de Soi. C’est en affinant la perception que l’esprit remarque l’impression particulière de l’environnement comme élément de style d’une instruction des situations.
L’accumulation des expériences individuelles est en fait une fausse solution, car elle maintient une dualité entre l’esprit et le corps et doit être adaptée par la fabrication d’une idéologie personnelle. La vraie solution est dans la reconnaissance des médias qui font l’être dans sa relation à l’environnement, en fabriquant les informations. Aujourd’hui, une personne ne peut reconnaître son être que si elle en accepte sa formation humaine comme résultante d’une opération médiarchique. Celle-ci est la caractéristique anthropologique et sociologique d’un environnement construit d’informations et dont la hiérarchie d’intérêts individuels adhère au profil psychologique personnel. Ceci ne peut engendrer que deux solutions possibles. La première, positive, est un accord sous la forme de synchronicités entre un devenir personnel et un environnement qui amène les conditions d’un développement en accord avec un flow comportemental personnel. La seconde, négative, est une source de conflits potentiels dont les manifestations rejaillissent sous la forme de traumatismes de plus ou moins grande intensité.
Comment alors concilier un espace-temps conceptuel, des jugements de valeurs, et une existence phénoménologique ? En faisant de ces trois champs du savoir la connaissance complexe de l’unité de Soi, par interactions personnelles au sein d’une pluralité d’existences individuelles. Associons un espace tridimensionnel physique, un temps qui se transforme, des jugements de valeurs qui fasse discriminations par des mesures d’intérêts, une pluralité de relations qui fasse diversités individuelles, et nous obtenons la production des caractères primaires d’une reconnaissance de Soi. La connaissance ainsi obtenue est le secret le plus intime d’une personne et dépasse largement la définition du simple art de connaître le monde. En effet par connaissance nous entendons ici l’art de la conscience autonome, ce qui se déclenche par la sortie de l’inconscience et légitimise l’état de veille. Ce que nous appelons communément un corps vivant n’est autre qu’un esprit personnel qui fait conscience de soi-même.
Connaître pour une personne, c’est donner conscience par un esprit d’unité à l’existence d’un être vivant. Puisque un corps ne doit pas que s’utiliser mais aussi se vivre, nous pouvons vraiment nous demander pourquoi nous passons notre temps à concevoir des capacités extracorporelles au travers de machines technologiques, alors que nous avons un corps vivant qui nous ouvre une immensité de facultés. La réponse est peut-être à rechercher dans l’excès de pouvoir de vouloir contrôler le plus grand nombre par quelques-un. Il en ressort que la pathologie sociale n’a rien de naturelle, et que si chacun en cherche les raisons d’être, alors cela peut être le début d’une connaissance de Soi pour chacun.