L’identité de soi-même est étrangère au fonctionnement de la conscience. Cela semble surprenant mais, comme dit l’adage, les faits sont têtus. En effet lorsqu’une personne réalise sa réalité d’être humain, un saut conscient se fait au travers de son esprit ce qui l »amène à prendre conscience de ce qu’il est, un être humain qu’il incarne. Ceci relève de l’ordre d’une unité de l’esprit, soit un lieu de convergence de ses différents états de conscience antérieurs. Ce point de vue conscient est la porte d’entrée vers un monde de l’espace où se constituent des couples d’interaction sous la forme d’attention factuelle d’une personne, en fonction de l’intérêt porté sur des moments de clarté de l’esprit. L’endocausalité nous a introduit à la compréhension de la possibilité d’une causalité par liberté, ici nous allons investiguer la réalité obtenue par ce type de causalité, en la conscience individuelle d’un esprit gouvernant un développement de conscience personnelle de nature humaine.
L’esprit dans ce cas de figure n’est pas le moi conscient ni la conscience d’un soi, il n’est pas non plus une identité de soi ni même une instance métaphysique ou supérieure de soi-même, l’esprit est ici une entité fonctionnelle dont chacun des objets d’attention est un élément de constitution d’une intégration d’une conscience grandissante autonome, et ce dans le cadre d’une réalité englobant l’ensemble des possibilités de connaissance personnelle.
Nous tenons enfin la nature de la personne, celle d’un fonctionnement de l’esprit sous couvert d’un développement de conscience due à une capacité d’attention sur un environnement, dont les situations d’interaction discriminent des contextes de sens. Nous sommes loin d’une attribution exclusive du statut personnel à la seule manifestation humaine, car ce que nous pouvons observer dans la Nature pour d’autre entités fonctionnelles doit nous inciter à une certaine forme d’humilité. Mais revenons à la considération d’une conscience d’un point de vue de l’espace. Celui-ci est obtenu par la convergence des états de conscience antérieurs attribués à l’expérience personnelle. Il nous délivre une porte d’entrée au monde dimensionnel de ce que procure l’existence d’un espace. En effet ce point de vue de l’espace recèle potentiellement tout ce dont un esprit peut prendre conscience.
Donc toute chose dans l’espace, « chose » prise comme phénomène ou événement, peut être définie par des coordonnées issue d’un point de vue de cet espace qui forme point de vue personnel. Mais cela n’est possible qu’à la seule condition d’abandonner toute identité relevant d’une conscience pour s’ouvrit à l’identité d’un esprit. Ce que l’on perçoit en outre dans ce processus, c’est l’immense avantage à considérer cet abandon d’identité comme l’abandon d’un ego idéaliste, source de souffrance mais aussi de plaisir, mais largement remplacé par la découverte d’une conscience individuelle indépendante de toute expérience personnelle.
Mais la richesse d’un fonctionnement de l’esprit revisité est ailleurs. Il est dans la naissance d’une incroyable capacité de l’esprit à fonctionner dans un mode d’hyper-connectivité dont certaines personnes connaissent déjà le fonctionnement au travers d’une compréhension instantanée. Si un facteur d’attention personnelle est suffisamment puissant, c’est qu’il dérive d’un couplage entre deux points de vue de l’espace, ce qui génèrent spontanément une courbure de cet espace dont le résultat est de produire un nouveau contexte à l’origine d’un facteur de compréhension et ainsi de suite. Voilà les réelles conditions physiques d’une connaissance formelle, que l’on retrouve à l’origine de toutes les démarches abstraites de l’esprit.
L’esprit devient donc autonome par cette connaissance, et laisse l’empreinte de son fonctionnement au travers d’un savoir spontané, qui n’a rien à voir avec une quelconque biologie mais seulement avec une manifestation consciente de soi par les simples contraintes de la physique à faire sens d’une situation. Si nous sommes conscients de cela, c’est uniquement par le fonctionnement d’un esprit dont les effets sur la conscience sont dues à la découverte d’un processus d’endocauslité. Un processus dont les causes sont les effets offerts par le fonctionnement de l’esprit que l’on entrevoit comme le fonctionnement d’une réalité universelle à produire des corps. Seule l’attention que procure une causalité par liberté nous procure la connaissance de ce que nous sommes, un élément impersonnel d’un tout qui fait le lit de l’existence d’un corps humain. C’est une chose extrêmement difficile à accepter, surtout lorsque l’ego détourne l’esprit à la seule fin de légitimer une position volontaire dans les conditions d’une existence, dont la valeur serait perçue comme le couronnement des efforts personnels. Mais il n’y a qu’une population d’égo pour penser cela, auquel heureusement tout le monde n’appartient pas.
Si de ce point de vue, le développement de conscience est une affaire autonome sans contrepartie psychologique, c’est parce que le fonctionnement de l’esprit se trouve être nourri par le mécanisme d’une causalité par liberté. Mais comment s’alimente ce mécanisme ? Par les éléments de l’espace dont l’esprit établit une connaissance au travers de la succession des interactions, obtenues par les différents points de vue de la conscience de son fonctionnement. Ce qui relève d’une intuition personnelle est bien réelle, plus que cela, il s’agit de la réalité de l’environnement qui fait irruption à l’intérieur d’une conscience, ce que nous appelons les objets de nos pensées. Nous sommes vraiment en train de décrire un monde extraordinaire où la réalité s’invite au banquet de nos perceptions grâce à nos pensées. Ainsi croire en ce que nous savons ne demande aucune preuve, seulement une confiance dont les instruments psychologiques en sont les outils. Voilà le seul travail personnel nécessaire, celui qui consiste à doter son esprit des différents outils permettant la reconnaissance d’une intégrité de soi-même, au travers de l’acceptation consciente de qui l’on est, et ce avec l’honnêteté de le reconnaître consciemment.
Maintenant engageons-nous sur le territoire de la nature de cet esprit. C’est l’esprit qui conçoit le réel au travers de l’émergence des contextes, éléments discriminés de l’environnement devenant les nouveaux outils de l’esprit, où une quantité de conscience peut apparaître sous la forme d’un sens. Ces quantités deviennent des états de conscience grâce à la contextualisation d’un environnement fait par l’esprit. Ceci permet d’organiser les éléments d’inconscience psychologiques ainsi projetés en limites de contexte, en propriétés potentielles de connaissance. La possibilité de constitution des savoirs, devient ainsi des lignes de vie qui permettent à l’individu de sortir d’un coma de l’ignorance de lui-même. C’est ainsi qu’un individu peut devenir une personne à part entière, sachant que l’être humain se conçoit individuellement avant d’être reconnu comme une personne. Le temps joue un rôle fondamental dans l’acquisition des savoirs. Ce temps relève intrinsèquement d’un domaine psychologique personnel, au travers du mécanisme fondamental de la constitution des informations.
Au-delà du temps manquant à la conscience pour la prise en compte de l’expérience du vécu, et au-delà de l’inconscience à répéter des schémas du comportement qui sont inappropriés à la gestion quotidienne du vécu, il existe un vide perceptif d’un savoir absent d’un lieu de l’esprit à pouvoir prendre conscience des nouvelles réalités. C’est pourtant en lieu et place de cette absence de savoir, que des informations sont nécessaires pour l’évolution des possibilités de comportements, aussi bien endogènes qu’exogènes. Paradoxalement c’est par l’absence de savoir qu’une psychologie pourfend ses limites dans l’exploration de ses capacités, ce qui entraîne la motivation d’une confrontation à l’expérience. De là naît les possibilités de faire apparaître ce qui est de l’ordre de soi, par la constitution d’information dont les données nous sont apportées par les situations présentes et l’objectivité construite par le détachement de soi.
Mais cela ne veut pas dire que ce qui naît de soi n’existe pas ailleurs, cela veut juste dire qu’une synchronicité peut apparaître entre un élément constitutif de soi et un élément existant dans l’environnement. Cette synchronicité n’est juste que le mécanisme d’origine de la reconnaissance dans un fragment de l’espace partagé, de deux réalités indépendantes dont la nature des rapports font naître les propriétés d’une communication sans transmission d’information. Ce type de communication est ce que l’on appelle une communication quantique, car elle donne un sens spontané par la corrélation absolue entre deux particules, l’une issue de la conscience de soi et l’autre issue de l’inconscience de l’environnement. La complémentarité stricte de ces deux éléments, qui sont opposés et dont la compréhension met en jeu deux contextes natifs de sens différents, est à l’origine d’un mouvement quantifié dont l’information rend compte sous la forme d’une énergie de développement. C’est donc en cela que nous parlons de communication quantique, puisqu’il semble qu’une information vient de nulle part alors qu’il s’agit de la naissance d’un élément qui fait sens au travers d’un espace partagé avec un environnement. Ce sens est à l’origine du sentiment d’un temps partagé lui aussi avec l’environnement, il confirme bien l’existence personnelle d’un être humain qui tire parti d’une synchronicité entre soi et un environnement.
Puisqu’une action peut se passer au même moment lors d’un temps partagé, au sein d’un espace lui aussi partagé, issu de contextes de sens successivement différents, alors nous pouvons penser que la constitution d’un être humain ne peut être qu’une opération collective, puisqu’il faut un certain nombre d’actions pour générer des stratégies comportementales de développement. C’est la raison pour laquelle il existe autant de possibilités d’interaction, qu’il y a de constituants universels. Mais une capacité de résolution de soi, montre à la conscience individuelle une réalité des existences autonomes à travers la diversité des formes de vie. D’où la question, à quel mécanisme peut-on se référer pour accepter un tel ordre des choses ? En clair cela revient à nous poser la question de savoir à quel mécanisme fondamental nous devons notre existence. Le seul qui vienne à l’esprit est celui conféré par le comportement d’ouverture, dans un autre sens que celui attribué aux mécanismes des sentiments, celui d’un sens qui se réfèrent au strict respect de toute forme de vie.
Mais alors en quoi cela permet-il l’émergence des conditions de naissance ? Par l’attraction des contraires dans la conjugaison des relations harmoniques de même sens. Ce mécanisme fondamental génère un processus d’auto-organisation responsable d’un champ de développement cognitif lié à la compréhension de l’environnement, contraire au champ d’attraction physique de ce qui existe déjà et dont la tendance à l’objectivation consciente détermine des structures autonomes au sein de l’environnement. Il nous semble que nous arrivons à la description fonctionnelle de la structure génétique, ce qui nous amènes à penser que l’esprit individuel semble engrammé dans la structure d’ADN d’un génome individuel de naissance. Ainsi la nature de l’esprit peut être portée par une structure physique, dont le motif apériodique semble définir l’opportunité d’une structure de l’être humain à devoir s’actualiser auprès d’un environnement qui lui sert de matrice, et dont seul la prise en compte d’un espace et d’un temps partagés lui permettent d’en concevoir une actualisation.
L’être humain est donc capable d’instaurer consciemment une communication avec un espace-temps universel, dans le seul intérêt est de profiter d’une conscience qui lui en donne les moyens. Connaître la vraie nature de l’esprit permet ainsi le développement d’un soi intégral, l’être humain, dont la conscience se trouve ainsi partie prenante d’une co-évolution, celle de ce soi intégral en la personne d’un être humain et celle d’un univers responsable des conditions de son existence. L’esprit est donc bien le médium entre l’être humain et l’univers qui le contient.