Poser la question du moteur de l’action humaine permet l’introduction à un changement de paradigme sur la conception de la vie, en lui proposant une évolution vers une réalité fractale de la vie biologique. La vie personnelle est un système de vie qui se clôt par le corps de l’homme individuel en externalisant sa vie systémique. Nous avons alors accès à un monde de l’humain conçu par le fonctionnement de l’homme. L’atout principal de ce nouveau paradigme est son point de vue qui consiste à faire joindre la pluralité humaine à l’unicité de l’homme. Si chaque homme ou femme est un être humain unique, c’est parce que tous les deux ont le même fonctionnement, c’est-à-dire un fonctionnement issu de l’archétype de l’homme. Quoiqu’en disent les physiciens, la relativité absolue des comportements existe et non la relativité générale, car les conditions locales de l’existence d’une réalité humaine se formalisent par son corps physique.
Lorsque nous manipulons des données ou des informations issues de nos expériences de vie de relation, nous ne faisons qu’adopter inconsciemment un point de vue extérieur à nous-mêmes. C’est une nécessité imposée par un environnement précis qui nous impose l’application de règles fonctionnelles, dans le but de satisfaire à un résultat escompté d’être humain. Nous ne faisons alors que satisfaire à des opérateurs extérieurs en produisant les données et les informations dont ils ont besoin pour satisfaire une stratégie dont nous ne sommes qu’un maillon fonctionnel. C’est dans ce cadre de vie qu’une conscience immanente trouve sa pleine justification, en proposant naturellement un processus d’individuation et de centrage qui permet la genèse d’un réel interne à la personne, celui d’exister en tant qu’être humain. Ce processus n’a de sens que par la mise en pratique des prises de conscience permises par un engagement personnel dans sa vie de relation.
Maintenant si nous partons de l’existence d’un réel au sein de chaque personne, et que ce réel se manifeste par une conscience intérieure grandissante, grâce aux expériences menées avec sens dans notre vie de relation ceci avec les milieux qui nous entourent, alors cette conscience devient le point de vue centrale d’une réalité personnelle en devenir. Nous voila donc dotés d’un référentiel interne, auquel peuvent se référer tous les ressentis issus de notre vie personnelle. Ces comportements internes ont une valeur d’objectivité, puisqu’ils sont le résultat d’actes de conscience dont les données nous sont apportées par notre comportement général face aux milieux environnementaux. Alors oui, les conditions locales existent physiquement, car elles représentent tout simplement la réalité physique ressentie par nos actes de conscience. Rappelons que nous sommes maintenant dans le cadre d’un point de vue personnel interne, nourri par des prises de conscience qui sont de véritables actions manifestées par des comportements externes.
Quand le point de vue sur l’existence des phénomènes perceptibles est nourri d’un ensemble d’interactions personnelles avec tous les milieux auquel une personne est en relation avec son quotidien, alors le réel naissant en elle-même devient la réalité toute entière de ce qu’elle vit, c’est le domaine psychique de sa vie. C’est dans ce sens que chacun d’entre nous fabriquons notre réalité qui est subjective tant que le point de vue sur l’existence n’est pas interne, mais devient une réalité objective par un point de vue interne, seul à même de pouvoir partager une réalité commune. C’est cette réalité partagée qui prend tout son sens au travers de l’expérimentation sur elle de tout un ensemble d’instruments cognitifs que nous qualifions de valeurs, car applicables objectivement dans nos perceptions au sein de cette réalité partagée.
Alors sommes-nous réellement des individus quand nous réalisons que nos actes conscients engendrent des ressentis de nous-mêmes d’ordre physique et ce, au sein de notre propre corps ? La réponse va dépendre de l’existence ou non de ce point de vue personnel interne, dont la conception de valeurs de réalité est issue. En effet, si le point de vue est externe à la personne, celle-ci est considérée comme un individu dont les comportements sont intégrables à des systèmes environnementaux, c’est donc un objet de manipulation par un point de vue extérieur aux intérêts divergents de celui des personnes. Si le point de vue est personnellement interne, alors nous avons affaire à une personne animée d’un désir de réalité qui soit conforme au réel naissant de ses actes conscients. Nous n’avons plus affaire à un individu-objet, mais à une personne dotée de comportements objectifs, puisque elle souscrit à l’existence d’une réalité partagée, donc forcément commune. La personne fait donc partie de cette réalité en tant que co-créatrice de celle-ci, par des comportements qui sont qualifiés d’objectifs, car ayant la faculté d’être perçus.