Que vaut l’esprit à l’orée de l’expérience humaine? Si nous nous entendons sur une signification de l’esprit comme étant la faculté psychologique qui regroupe l’ensemble des comportements cognitifs d’un sujet, alors il est aisé de constater que l’esprit est l’équivalent d’une force dont les effets vont déclencher, en conscience, la formation de nouveaux cadres de perception sans cesse élargis en vu d’actualiser la saisie du réel.
Un esprit est donc une entité capable de varier par transformation de structure sans changer la nature de sa fonction. La seule capacité évidente de l’esprit à changer est de faire conscience avec les informations qu’il conçoit en élaborant des modèles de réalités par utilisation des données admissibles par les sens. Ces mêmes données généreront un fonctionnement qui impliquera le plus grand nombre d’informations conçues.
En clair, l’esprit a la charge de fabriquer du sens pour donner une légitimité à la conscience de saisir le réel d’une façon plutôt que d’une autre. Est-ce ici que se construit la coloration imputée au libre-arbitre? ….
De ce processus, il parait sensé que le seul mécanisme qu’a l’esprit pour questionner l’ignorance du réel ainsi que les causes de l’impromptu des événements non anticipés du sujet est bien celui décrit plus haut. Un esprit à l’oeuvre fait reculer le hasard par le questionnement opéré sur les causes de l’inattendu, accidents ou opportunités vécues dans les expériences humaines. En conséquence, il n’est pas exagéré de faire endosser à l’esprit une fonction de conquête du savoir, à l’opposé d’un comportement d’acceptation, voire de soumission à la fatalité, pour laisser la gouvernance individuelle à la seule confiance d’une foi étendue.
De l’espace des sensations corporelles qui fait figure de pourvoyeur de sentiments par émotions, à l’espace des fonctions organiques qui offre des moyens énergétiques à l’action, en passant par l’espace des configurations physiques grand créateur d’informations, l’esprit parcourt un chemin de transformation. Celui-ci va de l’exploitation de la sensation à la réalisation de l’action qui permet, en conscience, de délier progressivement les liens trop serrés, en premier des sentiments pour libérer les fonctions du corps, en second des structures organiques pour libérer les informations de l’identité, et enfin en dernier des représentations mentales pour libérer le psychisme.
En conclusion, l’esprit n’a de force que s’il est au service d’une conscience. Sa seule légitimité est de libérer la nature existentielle de l’individu, à savoir la matière dont il croit être fait. L’esprit est cette entité dont le pouvoir grandissant est uniquement fonction de la puissance d’une conscience à vouloir agir à la libération d’un être singulier. Pourquoi? Parce-que le potentiel de conscience ne peut être réalisé sur le plan humain qu’en devenant aussi un être cosmique.
L’être cosmique est cet humain qui accepte de mettre en oeuvre des ressources psychiques pour la conquête d’un environnement commun à tout, le cosmos. Par le fait d’être instruit dans la dimension de l’Homme au travers de son environnement cosmique, l’être humain accède à la conscience d’une juste place, mais aussi à de nouvelles possibilités de connaissances et d’actions envers un réel libre et ouvert.