L’unité du genre humain

La portée pratique d’une conscience sans nom propre est de reconnaître des structures conscientes de l’esprit à l’origine d’une perception des moyens physiques de l’information. L’être devient ainsi le futur d’une personne au travers des mots de la perception, ce qui fait voir ce qui est par les différents comportements humains. Nous devenons ainsi les créateurs d’une réalité, la nôtre, qui est étroitement reliée à l’environnement. C’est bien une conscience sans nom qui devient la récipiendaire légitime d’un statut personnel, car c’est de son existence que se conditionnent les moyens physiques d’une réalisation de soi grâce aux informations qu’elle concourt à induire. C’est dans la finalité d’un soi intégral qu’une personne se voit dotée d’une conscience naturelle, celle issue de sa relation aux conditions universelles qui sont aptes à établir les lois nécessaires à l’évolution d’un fonctionnement humain de conscience. Par les moyens conférés à l’existence de ces lois, nul obstacle ne peut venir entraver un esprit d’omniscience dans sa dynamique de constitution d’une réalité de soi, sauf à refuser l’expérimentation d’une impensable relation entre la manifestation de ce que l’on est et une matrice informationnelle qui anime l’esprit de ce que nous sommes.

Il s’agit alors d’accepter de renvoyer l’origine d’une intelligence comportementale aux seules prises de conscience de notre rapport à un environnement universel. Le fait d’envisager la reconnaissance d’une articulation entre l’organisation d’une maturité perceptive et d’une matrice informationnelle qui l’anime forme le contexte universel de compréhension d’une origine au dynamisme vital. Le sens donné à la vie par cette propriété fondamentale instaure une réalité consciente à l’origine de la pérennité d’un être humain. Cette intelligibilité devient la faculté par laquelle transite des informations, qui établissent par leurs natures énergétiques les conditions d’un fonctionnement génétique individuel à l’origine de la constitution de la réalité.

C’est dans le cadre de cette compréhension que nous pouvons ainsi appréhender la légitimité d’une transmission héréditaire des caractères acquis antérieurement. L’identité personnelle n’a de nom que par la prééminence au sein de ce processus des moyens physiques, qui sont le résultat d’une reconnaissance consciente de l’existence des lois universelles qui leurs permettent de se manifester. Le système de valeurs utilisé pour la mesure de ces lois représente le caractère universel à l’origine de la possibilité d’une existence vivante. C’est donc ainsi qu’une vie universelle se met au service d’une réalisation singulière, par la diversité des formes qui sont adoptées en fonction des contextes relatifs à leurs conditions locales. Seules des prises de conscience, sous l’égide des conditions personnelles, peuvent rendre compte de cet état de fait. Celui-ci est donc représentatif d’un processus existentiel dont la seule volonté personnelle est d’en défaire une inconscience de nature.

Nous rejoignons ici les conditions de l’apparition d’une conscience sans nom, au travers de la reconnaissance d’une unité de la création universelle dans les diverses formes de vie. Par la conscience sans forme, nous faisons apparaître le principe d’une identité universelle pour chaque être humain. Ceux-ci peuvent devenir, par la réalisation d’un soi intégral, représentant d’une unité dans la diversité par les relations à l’environnement qui les entourent. La conscience sans nom devient dans ce contexte le résultat évolutif de l’application d’une intelligence comportementale, dont la finalité en est sa restauration consciente. En quelque sorte une conscience de la conscience. L’impermanence du présent, au travers d’un fonctionnement humain évolutif formé par les actions de l’esprit, délivre les différentes activités des fonctions humaines. La conscience singulière ainsi constituée incarne les différentes facultés d’omniscience d’un esprit créateur de réalité individuelle.

Abordons maintenant la notion de matrice informationnelle, ce qui nous permet de comprendre comment se constitue un savoir-faire comportemental. La première des questions est de savoir comment nous fabriquons une information. Normalement, les organes sensoriels apportent des données contextuelles en rapport d’une situation vécue. Que cette situation soit vécue dans le passé, le présent ou le futur, cela ne change rien. Car la seule chose qui compte est l’implication de la nature énergétique du temps dans ce traitement. Les informations relèvent d’une fabrication par l’esprit. Celle-ci utilise des codes de transcription informationnels qui sont afférents aux valeurs des données qui sont traitées, et ce pour une finalité bien précise. Une information n’est donc pas neutre, mais dépend du système de valeur utilisé pour la fabriquer. Au cœur du fonctionnement de l’esprit, nous avons déjà l’existence d’une matrice informationnelle de nature énergétique. Cette matrice énergétique est l’espace d’interprétation des symboles où s’opèrent les choix entre les différentes origines des données servant à la fabrication de l’information. Dans ce cadre de traitement, une dichotomie se fait jour. Soit l’origine est sensorielle, et nous voyons que celle-ci intervient dans l’élaboration des stratégies comportementales d’adaptation. Soit l’origine est intelligible, et nous voyons qu’une sensibilité émerge d’une qualité physique de l’être qui perçoit les données. De ces deux origines nait une voie de réalisation asynchrone qui permet la continuité d’une fluidité existentielle de soi, fluidité qui se manifeste dans le sens d’une réalisation entre une conscience sans nom et sa projection dans une réalité individuelle.

Le fait est que, pour nous, une conscience sans nom découle de l’expérience d’une omniscience de l’esprit qui s’applique à toutes les échelles du réel. Si nous comprenons qu’une conscience est responsable de la perception d’une unité du genre humain, alors il nous est aisé de voir que cette unité est l’exacte réplique d’un archétype d’intégration fonctionnelle des comportements humains. Ce sont ceux que l’on retrouve naturellement dans toutes les constitutions potentiellement réalisables des êtres vivants d’une même espèce. C’est donc bien à la réalisation d’un soi intégral que nous faisons allusion ici. Ce qui par la nature du processus d’intégration est, nous le rappelons, une conscience personnelle qui se dote d’un esprit par la conquête d’un inconscient natif par une conscience sans nom propre.

Cet esprit est, en réalité, un fonctionnement vital découlant de l’intégration complète des fonctions physiologiques qui sont constitutives des comportements vitaux. Est-ce qu’en regard d’une conscience la notion de Nature disparaît au profit d’une réalité intrinsèque de celle-ci à matérialiser un état vivant de soi ? Oui nous le pensons. Et de ce fait, le rôle d’acteur du vivant se trouve ainsi transféré dans une conception consciente d’une réalité unique, dont l’activité rend compte de la nature même d’un être vivant sous la forme d’un esprit animé de conscience porteuse d’actions. Ainsi se pose à nouveau la question du rôle assigné à une matrice informationnelle. Ce rôle devient évident à comprendre dès lors que nous pouvons penser les prises de conscience comme les unités fonctionnelles du vivant. En tant qu’actrices productives d’un schéma commun d’un fonctionnement intégré, il est pour elles nécessaire de rétro-conditionner leurs propres actions en fonction de l’intégration d’un schéma directeur fonctionnel qui assimile la vie à une destinée de conscience commune : celle d’une réalité universelle. C’est ainsi que se manifeste grâce aux prises de conscience une structure mémorielle de leurs actions, sous la forme d’une matrice informationnelle qui à l’occasion devient transmissible.

Alors comment cette conscience sans nom prend-elle sa place dans un fonctionnement humain ? Pour un être humain, si une politique de comportement ne peut aboutir dans l’environnement, c’est à cause d’une contrainte exercée par le contexte relatif du milieu sur un Moi conscient. Se développe ainsi par réaction personnelle, une richesse interne sur la base d’une matrice énergétique de l’esprit, qui oblige à une évolution systémique de la complexité de l’intelligence comportementale utilisée. Ceci crée les conditions de la fabrication d’informations qui vont nourrir un soi conscient, permettant à l’être humain de se doter d’un imaginaire qui va prendre la place du milieu contextuel initial de la personne. Cet état de fait permet une transformation des conditions personnelles qui donne à cet être humain la possibilité d’aborder les situations de l’environnement d’une manière différente. Ainsi naît une intelligence comportementale plus pertinente qui initie une métamorphose physique pour de nouvelles situations, générant ainsi la révélation d’un nouveau contexte individuel plus efficient.

C’est ainsi qu’une conscience sans nom se révèle être une conscience singulière, apte au rapport social. Ce nouvel interface permet la manifestation d’une identité à soi-même, dont la finalité apporte les éléments d’une psychologie socio-environnementale créatrice de valeurs d’implication personnelle. Cette nouvelle réalité nous indique que chacun d’entre-nous est consciemment seul, mais pas unique en son espèce. Le genre humain se dote ainsi d’un espace de vie, dont la conséquence première est de comprendre que nous sommes reliés par les comportements de la vie, ce qui fait de chaque personne le semblable des autres dans des univers personnels différents. La conscience sans nom peut dès lors s’effacer progressivement, au profit de l’émergence d’une identité universelle qui ouvre sur la capacité potentielle d’une personne à en réaliser une conscience. Nous sommes donc confrontés à une intelligence sociale qui ne peut être que collective par ses comportements d’interactions.

Ainsi, l’unité du genre humain peut s’accomplir au sein de chaque personne au travers de la conscience de ses comportements vitaux. Nous comprenons maintenant que ce que l’on appelle le choix personnel n’est rien d’autre qu’une certaine façon d’aborder les situations. Cela conditionne la nécessité existentielle de l’information pour nourrir des décisions individuelles escomptées. Voilà ce qui donne à l’intérêt personnel une disposition naturelle aux prises de conscience, ce qui permet l’exploitation consciente d’une matrice énergétique telle que les lois universelles en offrent les possibilités par le jeu de la vie. Ne reste plus alors qu’à préciser le rôle de l’acteur central. Ce qui implique d’accepter que toute décision personnelle relève d’une inhumanité au singulier, parce qu’une intelligence comportementale émerge des comportements humains collectifs, et que les règles de la mise en scène naturelle ne peuvent fonder qu’un théâtre conscient d’une vie universelle.