Nous avons vu antérieurement qu’en fonction des dimensions physiques considérées, l’esprit considère la conscience comme une technologie (de la dimension inférieure vers la dimension supérieure) ou comme une matière (de la dimension supérieure vers la dimension inférieure). Un esprit traite toujours d’objets dont la différence de nature établit ce qui est abstrait (les technologies de l’esprit) et ce qui est concret (les matières de l’esprit). Toutes les dimensions de la réalité sont là pour l’esprit, ce qui les différencies ne sont que leurs aspects subjectifs (conscients ou inconscients).
S’enseigner de ce qui a été vécu pour en extraire des règles d’existence, permet à l’esprit de devenir conscient de qui il est. Cette approche typiquement fonctionnelle a le mérite de faire advenir en conscience la structure de l’être qui est bien différente de la structure de conscience et dont la distinction peut être faite au travers de la connaissance des origines de l’un et de l’autre. C’est ici qu’intervient dans notre réflexion, la notion de développement personnel.
Le développement personnel révèle des frontières existentielles. Le type de frontière dont nous parlons ici est de nature fonctionnelle. A titre d’exemple nous avons sur le plan sociétal la caractéristique d’évolution d’une situation personnelle qui ne ressort socialement que d’une seule mesure ; la richesse économique et le pouvoir qui en dépend. L’argent établit des frontières sociales par l’instauration de règles fonctionnelles dont le poids sur la société ne va dépendre que du volume d’intérêts mis en jeu par les acteurs en lices. L’avantage évolutif de cette mesure sociale n’est pas que collective, elle est aussi individuelle. Elle permet de renforcer l’illusion d’un Moi psychologique qui agit chez les acteurs. Celui-ci est différentié d’une identité naturelle issue du contexte global d’une vie humaine.
Cette reconnaissance individuelle d’un acteur comme aspect d’une identité naturelle, donne au développement personnel une possibilité d’ouverture d’esprit aux calculs d’intérêts qui délivrent la connaissance inhérente à l’origine du « Moi » d’un acteur qui intériorise ses actions, ou simplement pour délivrer la puissance inconsciente d’un Ego (choix du libre-arbitre individuel). Éliminons l’aspect égotique et concentrons-nous sur l’aspect conscient. La reconnaissance de ce « Moi acteur » fait entrer la connaissance de soi en conscience par la connaissance d’une résonance (accord entre deux ou plusieurs aspects formels de la réalité) qui font parties à la fois du sentiment physique de l’acteur et de la sensation de son milieu. Cette résonance est une syntonisation du temps de conscience qui oblige deux aspects formels à faire matière du présent sous la forme d’un espace de perception logé dans les corps physiques.
Maintenant, si le présent est constitué du regroupement et de la synchronisation de plusieurs temps individuels, alors cela donne lieu au concept d’une Réalité ouverte sur les éléments spatiaux qui la compose. Cela veut dire que c’est bien la Réalité qui fonctionne au travers des différents présents des situations et non la personne ou les personnes qu’elle met en jeu. Cela donne condition d’émergence aux « nombres » en tant qu’entités physiques (projections virtuelles des quantités d’intervenants dans une synchronisation temporelle). Le développement personnel devient en réalité le développement en conscience d’une réalité psychologique d’intégration progressive d’une identité naturelle au profit de la projection d’un Soi psychologique dans un corps physique (c’est une fonction d’appropriation). A cette politique d’intégration, correspond la naissance d’une réalité personnelle sous-jacente, celle d’une âme individuelle bénéficiaire de toutes les nouvelles relations entre le Soi et la conscience du ‘Moi acteur ».
En effet les fonctions socio-professionnelles tendent à marginaliser la part personnelle d’une identité au profit d’une entité d’un plus grand que Soi. Ici cette entité est le concept d’être humain puisque l’action ou la non-action de chaque personne renvoie au récipiendaire d’une vie, c’est-à-dire à l’existence personnelle en tant que membre à part entière d’une Humanité physique et vivante. Ainsi d’une manière consciente ou inconsciente, un esprit individuel rencontre la réalisation d’une identité naturelle par l’incarnation d’un Soi qui devient majeur. Cela fait de la personne une identité humaine rencontrant l’universalité de sa nature, puisque les comportements de l’esprit sont sous-tendus à un fonctionnement humain conscient de lui-même pour ce qui concerne une personne humaine.
Donc si nous remontons le fil du processus, une personne se voit dotée par son esprit d’une conscience grâce à la présence inconsciente de son corps physique gouverné par ses différents déterminismes. Celui-ci gravite au sein d’un environnement qui l’oblige aux actions de conscience dans ses différents milieux qu’il côtoie, pour évoluer vers la dimension de la plus grande portée de ses actes. Ceci profite à une intégration consciente d’une identité naturelle qui établit le Soi majeur dans le statu d’être humain. Cette intégration fonctionnelle se fait sous le couvert de la connaissance de Soi qui ouvre les portes d’une entité gouvernant in fine son réel, une âme individuelle. Cela ne peut vraiment s’opérer qu’à la seule condition que l’esprit incarne la nouvelle entité de Soi, laissant l’organisation de la réalité de son environnement matérialiser les conditions d’existence de son être. Celui-ci se voit doté d’une animation subjective intrinsèque d’un fonctionnement humain producteur de son âme individuelle. Ce processus naturel est le résultat des prises de conscience progressives de son esprit sur les déterminismes inconscients qui l’on fait naître.