Nous raisonnons sur des principes, mais nous en oublions l’effet linguistique sur les termes en négligeant l’aspect usuel du langage à véhiculer la grande histoire d’une interprétation, qui nous fait accepter inconsciemment la dernière utilité de ces termes. Le terme de « Principe » ne fait pas référence à l’actualité d’une réalité dont nous en connaîtrions les causes premières, mais à un postulat posé sur la réalité en vu d’en concevoir un effet escompté. Ici nous remettons en cause la démarche philosophique actuelle, qui consiste à rechercher les causes premières de la Réalité comme celles du monde, car il s’agit d’une approche erronée sur le grand pouvoir de philosopher. Philosopher n’est pas la mobilisation de l’esprit en vue de trouver les causes premières aux différents phénomènes, philosopher c’est accepter que la conscience soit active par une mobilité générée par l’intelligence comportementale. Encore une fois, si nous avons le sentiment de vivre, c’est parce que notre esprit est inconscient d’une Réalité fonctionnelle qui anime l’ensemble des phénomènes naturels, en nous donnant l’illusion d’une réalité de nous-mêmes qui puisse satisfaire à notre idée. Si cette illusion était la réalité, nous serions à jamais inconscients, c’est-à-dire dans l’impossibilité de prendre conscience de nous-mêmes et du monde autrement que dans l’illusion.
Tant que nous voulons croire que nous devenons conscient par l’expérience dans le monde, nous passerons à côté d’un modèle de conscience active qui délivre en temps réel, tout ce que nous pourrions connaître. Nous savons que ce modèle est contre-intuitif et qu’il va en apparence, contre toute logique comportementale mais comprenons-nous bien ce qu’est l’intuition ? Se baser sur une idée de la Réalité issue des comportements de l’expérience, nous laisse envisager une faculté d’intuition qui ne vient en droite ligne, que d’un courant historique rassemblant l’ensemble des comportements sur une réalité supposée. L’intuition naturelle ne ressemble pas à cela, elle est le fruit de l’action de conscience, une production autonome d’une information sur la Réalité. Ce qui est très difficile à accepter, c’est que nous croyons humainement exister alors que nous ne sommes que l’objet d’une intelligibilité historique dont nos idées rendent compte. Ce qui existe réellement, c’est que nous soyons une conscience dont l’intelligence comportementale nous donne à connaitre une réalité du monde, à laquelle nous découvrons une propriété particulière d’être ce que nous sommes. Voilà la différence, exister c’est se donner à vivre et non simplement vivre.
Et si les choses de la vie à partir de ce moment là devaient être prises à l’envers, en tenant compte d’une relativité absolue des relations entres les différents objets de conscience ? Nous pourrions alors comprendre naturellement qui nous sommes et l’assumer pleinement. Il serait aisé de pouvoir enfin saisir toutes les nuances de cette maxime populaire » dit moi qui tu fréquente et je te dirai qui tu es « . Un des avantages méthodologiques de cette situation, est l’ouverture de l’esprit à la transformation individuelle. L’évolution n’est plus alors vue comme un développement progressif d’une phylogénétique, mais comme le développement d’une conscience qui rend compte d’une plus grande complexité des relations entres des éléments de conscience. Il est plus raisonnable alors pour l’esprit de prendre en considération l’émergence d’une force de pression centripète, assimilable à la gravitation, qui s’équilibre avec une communication télépathique potentielle entre tous les êtres en vie. Ce phénomène de communication sans transmission physique usuelle, devient parfaitement admissible sous la forme d’une empathie universelle.
Comment envisager autrement ce comportement empathique, si ce n’est sous la forme d’une force centrifuge dont la cause première en est le désir d’une plus grande conscience des éléments qui composent l’espace, et ainsi animer une intelligence comportementale vers ce qui rend un esprit plus connaissant. Il est donc plus à loisir de constater, que l’on retrouve ici les raisons premières d’une métamorphose des corps sous la poussée d’un réalisme vital. C’est ainsi que nous pouvons comprendre que la vie telle que nous la connaissons, n’est que la succession d’instants de conscience, dont la nature élastique (instants de plus ou moins grande réalité pour la conscience), fait oeuvre de temps dans l’esprit individuel.
C’est la vie qui nous enseigne et non la situation inverse au seul bénéfice de la pérennité d’un Moi profond qui n’a d’existence que le temps d’une individualisation de la conscience. C’est maintenant à la notion de sujet d’entrer en scène, par le jeu de l’esprit individuel à concevoir l’oubli de la personne au profit d’une réalité consciente d’un sujet, à matérialiser une causalité par liberté naissant d’une relativité absolue des relations entre des éléments de conscience, qu’elle concoure à faire émerger en chacun de nous.
Il faut bien comprendre ce que nous entendons par causalité par liberté comme définition d’un sujet car cela doit mettre en exergue ce que nous devons savoir sur la réalité de la matière physique. Celle-ci résulte d’une ambiguïté liée à l’utilisation de son terme. Pour chacun d’entre-nous, la matière existe puisque nous en faisons l’expérience par ses multiples propriétés, et nulle intention de démentir ce fait ici. Ce qui nous intéresse, c’est son comportement face à notre implication dans la réalité du quotidien. La matière est synonyme de fixité, et dans l’imaginaire de chacun la matière est immobile et permanente par l’assimilation de la propriété d’immuabilité, liée non seulement à la confrontation quotidienne aux paramètres de la matière qui assimile poids et masse, mais aussi à la position scientifique d’une invariabilité de la masse par la définition universelle que l’on en donne. Ce choix est idéologique, car la théorie d’une masse variable existe depuis le début du 20e siècle, mais il a été choisi la théorie d’une masse invariable, très certainement pour satisfaire à l’interprétation de la Relativité générale d’Einstein, ce qui arrangeait tout le monde.
Accepter la théorie d’une masse variable à des implications phénoménales pour l’existence de chacun d’entre-nous, mais aussi pour l’organisation sociale et la compréhension du monde dans lequel nous vivons. La première conséquence est la remise en question de la définition de vie, d’où nous extrapolons les conditions d’une recherche sur l’origine et les possibilités d’une vie terrestre et extraterrestre. La vie n’est pas le fruit d’une organisation biologique, mais le résultat d’un fonctionnement d’une Réalité qui dépasse tout ce que nous connaissons. C’est donc un problème de paradigme, ce que l’approche systémique de la vie permet de constater. Puisque le sujet se donne à la vie grâce à la conscience qu’il en a, il ne peut donc pas se satisfaire des frontières de son propre corps physique pour en révéler toutes les capacités. Seul son esprit peut lui en donner les moyens, à condition qu’il puisse raisonner sur un fonctionnement ouvert à toutes les opportunités, que ses prises de conscience lui offrent.
Pour un sujet humain en vie, les relations à son environnement ne sont compatibles que pour alimenter un fonctionnement humain, dont la définition n’est pas en premier lieu sociale, mais consciente. Il ne s’agit pas pour un sujet de se réaliser dans une société mais de réaliser la conscience de ce qu’il est, au travers d’une humanité individuelle en devenir. La vie individuelle n’est pas une circularité mais une ouverture à la métamorphose humaine, par le biais d’une conscience en relation perpétuelle avec un contexte universel dont le maître mot est « changement ». C’est comme cela qu’une conscience prend sa place et relègue le sujet à une condition d’une humanité révélée. Rien ni personne n’y échappe, car c’est le fondement moteur de toute éclosion d’une réalité individuelle comme « fille » d’une réalité universelle. Ne l’oublions pas, nous sommes avant tout des êtres humains.
Dans ce contexte, la matière est l’objet au sens figuré du terme, d’une transformation vitale par des relations, dont le mode de fonctionnement est initié par la relativité absolue de l’ensemble ouvert des relations universelles. Au regard d’un sujet, la matière à une naissance et une mort mais au regard d’une conscience, la matière ni ne naît ni ne meurt, car il est impossible dans un système ouvert de connaître une origine et une fin pour un système autopoïétique, c’est-à-dire fonctionnant de, et par lui-même. Cela ne vous rappelle rien ? L’exacte organisation fonctionnelle du corps humain, s’il n’est pas grévé par des représentations de la réalité qui en oblitèrent ses perspectives de vie. De quoi ouvrir un chapitre sur l’humain nouveau.