En ces temps de matérialisme où l’interprétation de la Réalité est physique, il nous est difficile de lutter contre ce que notre expérience quotidienne au travers des sens nous assènes, que notre réalité nous les êtres humains est physique. Il est vrai que toute l’interprétation du monde comme toute l’organisation sociale, sont solidement ancrées sur cette constante, nulle existence sans un réalisme physique. Nous avons vu que cette interprétation est magnifiquement servie par la cohérence des résultats scientifiques et qu’il est difficile d’en voir autre chose, qu’une représentation mentale très convaincante. Mais si le monde fonctionne ainsi, c’est parce qu’il a su développer des instruments théoriques suffisamment pertinents pour qu’il puisse en être arrivé là, mais est-ce une raison suffisante pour arrêter ce qui concerne la recherche d’une compréhension de l’humain plus efficiente et surtout plus vivante ? Évidemment non, chacun au fond de nous pouvons constater malgré l’ensemble des prouesses scientifiques, que nous sommes plus que des objets de laboratoire.
Mais attention, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain comme le dit la maxime. La recherche scientifique, de par sa méthodologie, est le vecteur indispensable à tout désir de compréhension. C’est en cela que les résultats obtenus nous servent continuellement à affiner ce qui relève d’un navigateur de complétude, instrument cognitif de la réalisation consciente de ce que l’on est vraiment. Nous allons entrer dans un domaine qui ne doit en aucun cas être effrayant par les perspectives qu’il ouvre individuellement, mais aussi pour le plus grand bénéfice d’une évolution sociale et cognitive de ce que l’on peut envisager au travers de nouvelles heuristiques. Ce que ce domaine met en avant, c’est que la constitution individuelle de la réalité dépasse largement les prérogatives des comportements physiques, au travers de l’exploitation d’une réalité de soi-même totalement psychique. Bien sur ce que nous allons développer ici ne rejette pas l’existence de la réalité physique, mais cantonne cette réalité aux comportements inconscients qui font la nature matérielle de cette réalité.
Ceci rend sauf l’expérience quotidienne, mais donne à celle-ci une ouverture telle une porte dérobée, à la réalité fonctionnelle sous-tendue par ces expériences sensibles. Il n’est pas suffisant d’arrêter notre constat aux seuls résultats d’une physique quantique qui nous révèle que tous les phénomènes matériels sont de nature énergétique. Bien sur dans le sens fondamental comme dans le sens utilitaire, il s’agit d’un progrès de la connaissance important mais il ne résout en aucun cas l’interrogation sur la connaissance de soi, simplement parce qu’elle est limitée par son outil méthodologique, l’équation mathématique, qui ne peut aller au-delà d’une représentation d’une relation d’égalité dans sa compréhension fonctionnelle du monde, sauf à inventer une mathématique vivante.
Si nous voulons nous garder en vie, comment peut-on rendre compte de l’aspect profondément immobile de l’expérience consciente d’un Moi profond, qui puisse rendre compte de la diversité extraordinaire des moyens qui permettent de le réaliser individuellement. Par la reconnaissance d’une égalité de traitement dans l’ensemble de ce qui est connu et inconnu de tout l’univers infini de la nature, ce qui est impossible par définition et que nous constaterons bientôt au travers des tentatives de définition des trous noirs, matière et énergie noire en cosmologie comme de l’antimatière par ailleurs. Ce qui nous reste alors ne relève que d’une expérience intime de soi, dont les conséquences cognitives forgent un réel physique au travers de la conceptualisation que l’on peut en faire. Nous sommes donc en plein paradoxe, le réel physique n’existe que si nous le nions pour pouvoir le concevoir. Il est bien aisé de le comprendre, car tous les jours nous le vivons, en effet comment vivre du fonctionnement de son corps s’il ne s’invente pas déjà lui-même. Rappelons que respirer, se nourrir, dormir, rêver ou agir n’est redevable de soi que par leurs gouvernances et non pas de leurs existences.
Mais s’il en est ainsi ce n’est que par ignorance de notre véritable nature, ne faut-il pas être inconscient pour vouloir la conscience de nos actes ? Oui, car le pouvoir est immense à vouloir cette conscience par l’émergence inconsciente d’une nature temporelle et d’un espace physique où les conséquences de nos actes se feront sentir. Mais à trop vouloir ce pouvoir sans en assumer la conscience, que fait-on si ce n’est vivre dans l’illusion que tout ceci est bien réel ? Mais à l’inverse, si notre conscience se dévoile au travers des moyens que nous concevons pour appréhender et vivre ce qu’elle nous apporte, par inconscience de notre esprit à en percevoir l’origine, que peut-il arriver si ce n’est percer l’illusion d’une réalité que l’on croyait fonctionnelle par elle-même. Tous ces moyens cognitifs que sont les productions conceptuelles comme le temps, l’espace, les comportements physiques, jusqu’à l’univers même et enfin les autres que soi, sont en réalité déjà au sein de notre conscience, parce qu’ils sont notre conscience mais sans que nous le sachions de prime abord. C’est cela une constitution psychique.
Il est difficile d’envisager cela comme ça parce que la pression de nos sens est trop forte. Quant à l’accepter c’est encore plus difficile car toutes les expériences de notre vie jusque-là nous démontre le contraire, et pourtant. Malgré son incapacité méthodologique, la science nous conduit sur ce chemin. En effet par son incomplétude qui fait dériver le réel d’une probabilité de présence des éléments physiques, dont nous nous servons pour construire une représentation de la réalité dans laquelle nous sommes censées vivre et mourir, comme n’importe lequel des phénomènes naturels. Il demeure pourtant une piste dans cette recherche scientifique, c’est celle d’une interprétation de la physique quantique qui élève le maintient d’une causalité profonde à ce qui est de notre organisation de la réalité. Ce qui est en jeu ici, c’est que d’une constitution psychique individuelle et non physique, ce qui est fait est fait parce que cela doit être fait et non parce que l’on veut que cela soit fait. Évidemment la remise en question la plus brutale que fait cette interprétation, c’est d’aboutir à la destruction pure et simple de l’existence d’un libre-arbitre individuel.
Alors raisonnablement nous pouvons nous la question de savoir ce que l’on fait-d’un module de vie personnelle ? On en garde la substance mais on en dissout l’essence, par l’utilisation cognitive d’un intérêt supérieur de soi-même à reconnaître l’existence d’une grandeur d’âme individuelle, qui prend la forme d’une fonction de conscience pour l’intégrer comme un Moi profond et donner sens à un Soi intégral. Il revient donc à l’esprit de poser la question de savoir quelle peut être une demande humaine dans le concert d’une vie courante et comment y répondre à chaque instant ? C’est ici qu’intervient l’unité de chacun, par la trame d’un contexte local d’une psyché qui pose question, et dont une volonté de conscience personnelle assure un gradient de compréhension d’un réel individuel, qui soit le reflet d’une Réalité devenant fonctionnelle.
La constitution psychique relève donc de la manifestation inconsciente de l’esprit dans lequel le navigateur de complétude que l’on appelle la vie, détermine ses prises de conscience. Cela-même qui donnent au sujet personnel l’idée qu’il est ce qu’il est à chaque instant de sa vie. Cet état d’être humain est la base sur laquelle une transformation personnelle devient opératoire.