La thèse centrale du travail en humanologie est de montrer que le monde est réel. Le monde physique relève des réalités individuelles dont les prises de conscience servent à montrer le réel. Les bases de ce point de vue trouvent leurs origines dans l’explication d’un présent au sein du temps. Expliquer le présent permet de comprendre comment peut se comporter un avenir, ce qui est une excellente occasion de se connaître soi-même en retour. L’actualité n’est plus de circonscrire un esprit technologique, mais de tenter de définir un bien commun dont toutes les organisations sociales peuvent découler. C’est de cette définition qu’est induite la bonne approche d’une réalité, celle qui englobe l’ensemble de toutes les relations qui font sens entre les phénomènes. Le domaine physique n’existe qu’au travers des expériences que l’on conçoit pour démontrer la validité d’une réalité fictive obtenue par les Mathématiques. Si celle-ci donne un résultat positif, alors il ne s’agit plus que de la valider. Ce qui permet à la techno-science de s’en emparer pour alimenter un modèle de modernité, qui a toutes les peines du monde à ne pas entraver le court naturel des évolutions conscientes par l’inconscience des outils qu’elle produit.
Aujourd’hui, le futur renvoie à des révélations de conscience individuelle sur le fond d’une qualité de fonctionnement psychologique. Et ce sont les conséquences de ce travail qui viennent irriguer un nouveau monde. L’interprétation humanologique de l’être humain contemporain nous oblige à approfondir l’approche médicale. Dans les maladies, ce n’est pas ce que les gens vivent qui permet d’engager un pronostic, mais ce que les gens n’ont pas vécus. Or, il est impossible de le savoir dans les moindres détails, car les conditions ne sont plus les mêmes qu’au moment du vécu. Il est donc impossible de poser un diagnostic personnel autre que de recenser des symptômes, pour y appliquer une lecture statistique et déshumanisée, car se situant inévitablement en dehors de ce que vit la personne. Dès lors, traiter thérapeutiquement par une approche impersonnelle, tout en escomptant une guérison d’un état, demeure un vœu pieu par excellence. À tout le moins, il s’agit simplement de sauver un modèle sanitaire, et non un humain déficient. Mais raisonnablement, sauve-t-on la personne et la qualité sociale de l’organisation humaine en faisant de la sorte ? À chacun sa réponse.
Pour avancer un peu plus dans cette réflexion, il faut reconnaître qu’il n’existe aujourd’hui qu’une seule problématique fondamentale. Celle-ci se pose comme une dialogique actuelle entre une politique de conflit et une politique de coopération. L’humanité ne doit pas être un théâtre de confrontation mais un théâtre de coopération, seule forme possible d’épanouissement des organisations sociales et force libératrice des créations individuelles. N’est-ce pas ainsi que l’on induit le bien commun ? Revenons à notre état de santé individuel. Puisqu’il est impossible de poser un diagnostic complet sur une personne déficiente, sauf à le randomiser dans un protocole de soin, alors il faut envisager un traitement d’accès direct sur l’intégrité d’une constitution par l’induction fonctionnelle d’un fonctionnement humain. Cette induction est une actualisation des possibilités d’informations dont seule une conscience de soi peut en donner le sens, puisqu’il s’agit de sortir de l’inconscience occasionnée par des mémoires personnelles. Se connaître soi-même libère d’un attachement circonstancié à son environnement, ce qui nous délie des causes directes de la déficience individuelle, et optimise les mécanismes cognitifs de l’autonomie dans la restauration d’une intégrité personnelle de création.
Ce que nous obtenons par cette lecture humanologique des états de santé permet de cumuler deux avantages : un renforcement de l’identité humaine au travers de la restauration de son fonctionnement, et un engagement renouvelé à un bien commun par la libération des nouvelles facultés d’inspiration. Ce sont les anciennes perceptions qui sont à l’origine de la désadaptation personnelle. Et ce sont elles qui génèrent les déficiences comportementales. Il revient à un humanologue de faire ce travail, et l’humanologie devient alors la connaissance humaine à l’origine de cette procédure. Cette situation engage réellement un monde meilleur. Mais bien évidemment, il faut être convaincu de la prééminence consciente dans les conditions opératoires d’un fonctionnement humain. Si, au sein d’un monde qui est le nôtre, nous nous cantonnons à réduire aux seuls aspects physiques le fonctionnement de l’esprit, alors nous passons à côté de l’immense richesse qu’il concourt à révéler. C’est sur cet aspect problématique que nous allons orienter notre réflexion.
Il nous faut pour cela réintroduire ce qu’on appelle « la pensée magique », une expression mise entre guillemets puisque généralement perçue comme péjorative. Est-il possible d’expliquer une émergence de la métaphysique autrement que par le jugement moral ? Aujourd’hui, nous percevons le potentiel futur d’une action, qui n’est par définition que virtuel, que comme le surgissement d’effets d’une sérendipité ou d’un calcul anticipé. Pour que la magie soit en droit de cité et apparaisse, il ne faut ni l’un ni l’autre, mais considérer qu’il faut une totale liberté vis-à-vis du contexte de cette action future pour qu’une nouvelle cause apparaisse qui soit l’effet de cette liberté. Nous sommes alors dans ce qu’on appelle une causalité par liberté. C’est une propriété émergente inverse d’un principe d’exo-causalité, celui-là même qui satisfait au principe de cause à effet. Cela implique que le présent soit constitué in-vitro par ses rapports au passé et au futur, et non de ce qui vient du passé et arrive du futur. Cette subtilité est majeure, car accepter la réalité d’un présent, c’est accepter que le temps incarne une liberté absolue.
Alors pourquoi observe-t-on dans la Nature la manifestation de relations de cause à effet ? Par pure interprétation des faits, qui font aujourd’hui de la Nature un monde asservi par les idéologies. Si, dans notre vie de tous les jours, nous constatons les nombreuses applications de la cause à effet, c’est parce que d’autre que nous, ou nous-mêmes, avons construit ce monde dans cette interprétation. Évidemment, changer de paradigme n’est pas chose facile, mais il est nécessaire maintenant, devant l’abondance des contradictions entre ce qui relève d’une Nature et ce que les hommes ont construit, de rectifier cette interprétation et de lui donner une ouverture d’esprit d’un nouveau champ de liberté et de connaissances. Nous sommes bien maîtres et possesseurs de la Nature mais uniquement par l’esprit et collectivement.
Dans l’existence, seul un monde psycho-physique doit prévaloir. C’est pour cela que des comportements psychiques existent, mais ne doivent pas faire monde sous peine de voir le monde psycho-physique disparaître par des comportements erratiques. Il y a une autre façon de faire, sans pour autant défaire l’organisation naturelle du monde ; celle qui consiste à conjuguer le domaine psychologique avec une approche récursive de la Nature. Développons ! C’est à la constitution d’un présent, qui fait son temps de ses rapports au futur et au passé, que nous devons l’émergence d’un espace dual entre ce qui est conscient et ce qui est inconscient. Nous avons ici le paradigme d’un nouvel esprit qui consiste à donner à la conscience une immobilité, et à l’inconscient un processus constitutif d’un présent. Celui-ci n’est rien d’autre que des informations issues des rapports d’un présent hypostasié avec un passé et un futur. Le fait même que ces informations existent démontre la faisabilité d’une conscience au centre de celles-ci. C’est la source d’une relativité absolue entre le temps et l’espace, dont il ressort la naissance d’une entité psychique personnelle dont la contrainte sur l’esprit oblige au recours d’un nouvel environnement universel pour créer un ici et maintenant dépourvu de l’inertie d’un passé et des fantasmes d’un futur. Ce n’est qu’ainsi que la Nature intègre la dimension vitale, en se conjuguant aux prises de conscience d’un esprit dont l’environnement social lui renvoie la nécessité d’une humanité pour soi.
Ainsi, remplaçons maintenant la constitution du temps par une réalité, et l’espace dual conscience-informations par un organisme physique, et nous avons le processus fondamental de l’existence humaine qui fait un corps vital. Celui-ci est donc défini par un fonctionnement humain dont le profil devient l’acteur individuel d’un devenir. Ce n’est que par cette présence, dont la conscience devient la récipiendaire grâce aux prises de conscience de l’esprit, que se délivrent les données physiques d’une réalité pluri-individuelle. Reste pour cet acteur à rejoindre l’impulsion d’une liberté qui satisfait à plus grand que soi. L’impulsion créatrice recouvre la possibilité de reconnaître des espaces-temps coopératifs de toutes les espèces de formes possibles. C’est par le potentiel de cette diversité qu’il nous est possible de comprendre l’émergence métaphysique au sein de l’humain. L’être se situe bien au sein d’un mouvement de nature holistique, dont la variété des formes constituantes rend objective les différentes réalités physiques observées. C’est ainsi que la matière physique émerge naturellement d’un domaine universel.