L’imagination restaure le pouvoir d’existence d’une réalité, soi-même, dans les différents mondes des phénomènes. L’imagination est le mécanisme par lequel l’esprit transpose dans les mondes cette réalité de soi-même, comprise comme la conscience d’un environnement de soi qui nous révèle. La raison d’être, pour chaque personne, demeure dans l’ici et le maintenant, plutôt que dans un ailleurs plus tôt ou plus tard. Bien sûr, chacun conçoit le fait d’être au monde au travers de l’expérience de l’existence de son corps physique, mais cela n’est qu’une vue de l’esprit. Celle-ci est construite à partir de l’expérience sensorielle des instants de vie du passé et du présent. Elle n’est en aucun cas le reflet d’un futur, ce qui oblige à une réflexion personnelle grâce aux différentes fonctions cognitives qui sont mises à notre disposition lorsque nous faisons face à des problématiques survenant au gré des interactions entre un individu et son environnement.
Le ressentiment n’est pas le sentiment. Et lors des expériences avec l’environnement, une personne ressent dans son corps ce que ses organes sensoriels lui permettent de commercer avec son contexte. Ceci implique pour la personne un cadre perceptif élaboré sur des valeurs dictées, en premier lieu, par un environnement de vie. Mais la question qui se pose est de savoir si la pertinence de ces valeurs est en accord avec les valeurs personnelles, dès lors qu’il existe un ressentiment dont le corps renvoie l’information à l’esprit. C’est de cette expérience intime que chacun ressent la vie qui l’anime. Et c’est à partir d’elle que s’élaborent les stratégies comportementales de préservation. Mais est-ce qu’un comportement d’adaptation ne va pas transférer la responsabilité vivante d’une personne à son environnement ? Si, parce que la restauration du confort personnel renvoyé ainsi est de courte durée, ce qui oblige à une adaptation permanente dont les critères de gouvernance sont conférés à l’environnement, par soucis d’efficacité.
Pour que l’invention personnelle prenne la place de l’adaptation individuelle et donne à la personne la possibilité de garder la responsabilité de sa vie, il faut que les ressentiments cèdent la place aux sentiments. La vie du corps remplace la vie mentale, qui n’est conçue qu’au travers des représentations idéologiques élevées au rang de réalités, dont les répercussions individuelles établissent le panel des croyances individuelles. Ainsi, aujourd’hui, une lecture vitale ne se fait qu’au travers des pathologies sociales dont les déconstructions scientifiques n’y voient que des données particulières, dont les différentes disciplines du savoir s’approprient les aspects et les interprétations. Mais une vie personnelle ne peut se réduire à des catégorisations individuelles, sous le prétexte d’une facilité de traitement collectif. Une vie se sent plus qu’elle ne se ressent, ce qui délivre sur le plan personnel un pouvoir d’invention plus qu’un pouvoir d’adaptation.
Ce qui relie une vie à la responsabilité personnelle de celle-ci, c’est la façon dont nous devons envisager cette vie. Face à la diversité de forme qu’elle peut prendre, il est évident qu’elle doit dépendre d’une liberté d’expression. Ce champ ne peut se restreindre aux seuls aspects physiques de ses interactions. Pour un être responsable, qui accepte la possibilité d’une intelligibilité du monde par la conscience qu’il peut s’en faire, il est indispensable d’allouer au champ d’expression vitale la capacité spirituelle de le penser en pleine conscience. Le foisonnement des idées intelligibles fait le monde de l’esprit, ce qui permet à une conscience individualisée et centrée d’en confronter les différents sens. Il en résulte un fonctionnement humain qui s’incarne dans des états personnels, dont seule une pertinence vitale en relève les mesures. Pour une vie personnelle, seule une interprétation des valeurs de réalité au travers des sentiments qu’elle délivre de soi et de son rapport à l’environnement est acceptable. La responsabilité personnelle devient ainsi le sujet d’une remise en question des schémas d’interprétation de ce qui fait une vie personnelle, dans le but de savoir ce qui doit être conscient pour faire réalité individuelle.
Ce ne sont pas initialement des problèmes politiques ni des problèmes économiques que l’on observe dans le fonctionnement de nos sociétés, mais les conséquences comportementales des acteurs politiques et économiques. Ce sont donc des personnes victimes d’une interprétation erronée et restrictive de la vie, parce qu’uniquement basée sur une méthodologie scientifique qui exclue toute responsabilité dans l’avènement vital des fonctions pour des récipiendaires conscients. Les propriétés d’une réalité vitale consciente impactent les idéologies politiques et économiques en qualifiant celles-ci de modes de gestion inappropriées des comportements individuels, au niveau des causes politiques et des conséquences économiques. Puisqu’une réalité vitale ne s’établit que dans le champ d’expression d’un sentiment de soi et de son environnement, il faut donc considérer ce dernier comme étant le seul contexte psychique personnel. Ceci renvoie les causes politiques à l’élaboration des conditions de vie et les conséquences économiques aux seuls établissements des moyens sociaux.
La vie sous la forme d’une réalité individuelle devient un enjeu personnel dont seule la mesure consciente d’un esprit peut délivrer l’expression. Le sentiment devient ainsi la donnée essentielle d’un psychisme dont la puissance peut alimenter un fonctionnement humain. Celui-ci permet à l’esprit une décomposition de ses représentations en informations de soi. Ce sont ces mêmes informations qui viennent nourrir les nouveaux rapports d’une conscience en contact avec le monde. Ce processus s’exécute au travers des différents aspects permis par les organes des sens qui sont, ne l’oublions pas, au nombre de sept (les cinq sens usuels plus l’intuition et l’empathie).
Nous avons maintenant les moyens de comprendre pourquoi l’apparition de la matière, qu’elle soit réelle ou virtuelle, se fait avec l’apparition de la conscience. Il suffit pour cela de bien comprendre la nature de l’esprit. Si nous introduisons dans notre réflexion un comportement de l’esprit qui vise en finalité à révéler un phénomène de renormalisation, nous comprenons alors que ce comportement consiste à écarter les infinis dont l’esprit ne peut s’en faire l’information. C’est ici que se constitue la notion de quantité. C’est du choix personnel de la quantification des sentiments qu’il émane une physique, et non de l’application formelle d’une mathématique appliquée sur des mesures expérimentales.
L’identification formelle, qui est nécessaire à la quantification des phénomènes, n’est pas faite en relation avec une théorie des nombres, mais en relation avec des sentiments. C’est ce qui permet de maintenir une continuité dans l’expérience du processus de conscientisation individuelle. La physique quantique, lorsqu’il s’agit de quantifier l’énergie d’un réel, ne rend compte que d’une statistique sur des mesures d’interactions exogènes, et non sur une évaluation endogène des sentiments. Cette différence méthodologique est essentielle pour comprendre que la naissance d’une matière est le propre d’une évolution de conscience. Ce processus exprime la prise en compte de ce avec quoi une conscience peut potentiellement être en contact par le biais de l’esprit.
Si nous prenons l’exemple de la perception consciente de notre existence terrestre, la Terre comporte son propre champ magnétique, qui est à l’origine du champ électrique atmosphérique. Le comportement de la planète ne fait que refléter une indépendance conçue au sein d’un environnement universel, dont la nature existentielle est faite de champs magnétiques et de courants électriques reliant les différents objets célestes. Si nous admettons que l’homme soit la figure d’un individu complet a priori inconscient de sa réelle nature, c’est pour mieux asseoir son autonomie au travers d’un fonctionnement humain basé sur l’esprit de conscience. Chacun de nous peut alors se faire sa propre idée sur le fait que le corps de l’homme soit constitué de même nature que n’importe lequel des objets peuplant l’univers. C’est ainsi qu’au travers de sa relation à lui-même, une personne consciente peut établir des rapports qui le relie à la Terre, à l’atmosphère, à l’univers, et ce grâce aux différentes fonctions physiologiques qu’il développe.
Nous pouvons donc affirmer que l’homme constitue une analogie parfaite de son environnement, non seulement par la vie de son corps, mais aussi par la vie de son esprit. L’être, ainsi révélé par sa réalité d’homme, voit ses relations avec un environnement dimensionnel sous le mode d’une relativité absolue, par le fait d’une position et d’un temps uniques de vie. Ainsi, la conscience n’a d’autre choix que de nous renvoyer à l’efficience d’un média commun : la matière, dont les fonctions sont dédiées à la vie par son énergie.
C’est ainsi que le phénomène de quantification trouve sa légitimité universelle au travers des formes qu’il incarne par la matière, ce qui alloue une stricte équivalence en regard de la conscience, entre information et énergie.