La réalité physique est sous-tendue à l’existence des structures sensibles pour la découvrir, elle ne relève qu’indirectement du protocole intellectuel. Ce sont donc les structures sensibles qui nous délivrent les sensations, dont un état de conscience particulier se nourrit. La matière n’existe pas car c’est une idée, mais les matériaux eux existent. La matière n’est qu’un effet d’une généralisation effectuée sur les propriétés physiques d’un matériel reconnu comme structure stable, dans un temps déterminé. Il existe donc bien un effet de matière que l’on retrouve au travers des perceptions immatures, découlant de la compréhension incomplète de la genèse des matériaux. Puisque l’on ne peut pas généraliser sur des observations, il nous faut remettre en question le protocole intellectuel sous-jacent à la possibilité de celles-ci, et sur lequel s’appui les procédés instrumentaux de l’expérimentation. Il existe ainsi une relation directe entre le système d’observation et l’objet observé, car tout deux sont constitués de matériaux différents, ce qui est démontré par le résultat d’une mesure contradictoire. C’est la nature d’une mesure qui donne l’effet observé, par la conjugaison des propriétés d’un étalon de mesure et les propriétés du résultat de la mesure elle-même. Ce qui existe alors est la sensation d’un nouveau matériel, issu d’une mesure qui fait sens dans l’esprit de l’expérimentateur. Toute exploitation technologique s’arrête au résultat de la mesure, par la conception de la structure qui en délivre la fonction utile de celle-ci.
Il existe donc bien une Réalité physique pour un expérimentateur, mais seulement à postériori d’une observation, par la création de l’objet qu’il mesure au travers de propriétés physiques escomptées. Mais l’expérimentateur n’est pas seul en tant que personne humaine, il vit au sein d’un contexte fabriqué par l’environnement historique dans lequel il existe. Comme toute personne il est situé dans un continuum fait de passé, de présent et de futur, qui constitue une ligne temporelle pour sa vie. Que chacun soit créateur de réalités implique l’existence d’une relation entre toutes les réalités créées. Le désordre n’est qu’apparent entre toutes ces réalités, car de fait, la création d’une nouvelle réalité ne s’inscrit que dans une continuité historique, au même titre que chaque nouvelle réalité, c’est ce que l’on appelle l’évolution au sens large du terme. Bien sur toute évolution comporte des variations, qui sont le fait des différents rythmes de production de nouvelle création. Mais là aussi, se laisser aller à la généralisation emmène au questionnement, et le doute lorsqu’il est indéfini, emmène le désir de compréhension dans l’infini des nouvelles créations. Est-ce bien raisonnable pour l’esprit, mais mieux encore est-ce juste pour un esprit conscient de voir la réalité comme cela ?
Dans l’état d’esprit qui est le nôtre aujourd’hui, l’être humain se convainque du bien fondé de ses actions par la justification d’un progrès collectif, alors qu’il ne fait qu’organiser individuellement sa propre fuite face à une possible reconnaissance consciente de sa propre réalité. Nous ne rentrerons pas dans les détails de ce pourquoi il en est ainsi, mais ce que nous montrons ici, c’est ce qu’il peut gagner dans la reconnaissance de sa propre réalité. Ce que l’esprit humain doit comprendre, c’est qu’il faut rompre avec la base humaine des actions pour investir une base consciente des sensations, et ensuite définir l’action comme le produit d’une perception. Combler les sensations de soi développe le sentiment d’amour lié aux actions justes, ce qui donne une légitimité à la reconnaissance d’une réalité de soi comme appropriation des propriétés physiques de la vie individuelle. Cette vision de la réalité individuelle assure une limite naturelle au protocole intellectuel, visant à concevoir les procédés d’instrumentalisation de l’expérience humaine.
Ainsi nous sortons des comportements comme médias des actions humaines pour investir la nature de l’action, cette unité d’identification des propriétés physiques des matériaux. En ce qui concerne l’inconscient individuel, nous avons affaire à des relations qui établissent des structures d’actions. Celles-ci se définissent comme autant de possibilités d’investissement, d’un espace vide d’abstractions psychiques par la conscience. Il nous faut donc rompre avec une relativité générale pour accepter le champ potentiel d’une relativité absolue sur un ensemble de point de vue, initiés par la multitude de compositions possibles des actions intellectuelles. De chaque point de vue émane la possibilité d’une raison, dont l’esprit peut en avoir une conscience si celle-ci constitue un développement par l’existence d’une sensation, pour un sentiment plus complet de soi. L’évolution du corps qui en découle, se fait par l’intégration fonctionnelle des nouvelles propriétés physiques issues de ces nouvelles structures conscientes. Le bénéfice apporté au fonctionnement humain, permet à la réalité du corps un dialogue plus subtil avec son environnement, ce qui en accroît des possibilités perceptives plus matures.
Ainsi la définition d’une quantité d’action devient relative au niveau de conscience obtenue par la sensation, elle-même issue d’un comportement humain induit par le contexte d’un corps physique existant. Nous ne percevons donc que ce que nous sommes aux travers des relations avec l’environnement. C’est de là que nous constatons qu’il faut avoir un degré suffisant d’attention psychologique, pour pouvoir discerner la nature réelle d’une action. Dès à présent nous pouvons ériger trois constats, le premier c’est qu’un espace existe bien en dehors de toute abstraction physique. Le deuxième, c’est qu’il existe une relation entre la quantité d’action et la sensation qui amène la conscience à l’identification de cette action. Le troisième, c’est que la composition d’actions est l’objet d’une information dont l’intelligibilité permet à un esprit d’accéder au niveau suffisant de complexité pour déchiffrer la nature d’un inconscient.
Nous savons maintenant que la qualité de point de vue de l’être humain dépend de sa capacité à extraire de son imaginaire des données de sensibilités nécessaires à la constitution d’un état de conscience. L’exercice du libre-arbitre se fait donc sur le choix des actions à prendre pour définir un fonctionnement humain, qui soit en accord avec le type de relation qu’une personne veut engager avec elle-même et son environnement. De là naissent les comportements de contextualisation qui sont nécessaire à l’adoption d’un point de vue, à l’intérieur d’un univers d’abstraction de soi-même. Nous pouvons donc conclure ici, que la qualité des comportements se réfère au sentiment de soi quand la quantité d’action est nécessaire à la définition d’une forme. Développer une capacité propre d’information, permet l’utilisation des sentiments pour faire émerger des contextes pour les informations de soi. C’est ce que chaque personne fait lorsqu’elle provoque des situations, à des fins de résultats sur elle-même.
Nous pouvons remarquer qu’il n’y a pas de grande différence entre la sensation de soi et la sensation de douleur, juste une question de degré. Le symptôme clinique franchit le seuil d’une intégration autonome de la sensation car il ne sous-tend aucune raison suffisante à l’examen conscient, d’où son basculement vers la gêne ou la douleur par le dysfonctionnement qu’il exprime. Ceci accrédite la thèse que sans sensation pas de conscience, et sans conscience pas d’existence de soi. C’est la conscience de soi qui délivre des contraintes exercées par un inconscient pathologique et rend ainsi illusoire le soi. L’inconnu ou l’ignorance est ce que la conscience ne sait pas, cette connaissance ignorée ne doit pas être traitée comme un hasard, mais comme le potentiel d’un nouveau savoir. S’en remettre au hasard comme source unique de l’existence, revient à exclure la possibilité d’un sens d’une vie à connaître, ce que l’existence harmonieuse d’un Univers naturel contredit. La vie semble accompagner l’Univers depuis la nuit des temps, preuve en est des récentes découvertes de vie organique dans l’espace. Mais si l’on apporte un crédit légitime à l’existence d’un fonctionnement humain, alors nous voyons que la conscience est partie prenante de celui-ci, et qu’il ne peut exister sans une vie systémique. Il existe donc bien un lien entre l’existence, la vie et la conscience.
L’existence universelle qu’implique cette trivalence naturelle est à l’origine d’une diversité des formes sans équivalent. Si cette diversité existe, alors l’ensemble des contextes qu’elle procure, oblige à considérer que la recherche de conscience pré-gouverne une multitude de formes de vie universelle. C’est donc à tout un gisement de connaissances, que l’on doit la possibilité d’un fonctionnement humain à promouvoir une recherche de conscience à une opposition d’un hasard promu par l’inconscient seul. Le savoir est donc rendu nécessaire à qui veut avoir la maîtrise de sa vie, mais pour cela il faut en reconnaître l’existence. C’est à ce droit légitime d’exister que renvoie une réalité humaine, et c’est de l’accomplissement des propriétés physiques d’un corps par un fonctionnement humain, qu’un esprit conçoit les stratégies comportementales nécessaires à ses mises en situations. Ainsi la connaissance et les savoirs ne sont que les conséquences factuelles de ce processus.
Mais une question demeure quant à l’existence des structures d’ADN, ne seraient-elles pas ce complexe physique inconscient qui détermine toute réalité fonctionnelle d’un être individuel ? Et dont un fonctionnement humain pourrait dès lors être consigné dès sa conception ? Ainsi, puisque de combler les sensations développe le sentiment d’amour lié aux actions justes, ne serait-ce pas là un moyen naturel d’impliquer chaque partie dans le tout d’un savoir et inversement, dans le but de faire unité ? Cela ferait de l’objet d’amour une simple et unique réalité de soi-même, se déclinant par tous les états de connaissance nécessaires à la réalisation de cette unité. L’avantage de l’existence d’une réalité de soi-même est de reconnaitre dans l’espace, indépendamment de toutes abstractions de connaissance, une réalité physique à connaitre. Ceci justifie toutes les théories rencontrées à son sujet. Ainsi l’espace physique devient source de manipulation par l’esprit de connaissance, et le temps impliqué à sa conception induit qu’il soit lui aussi de nature physique donc manipulable par l’esprit. L’espace et le temps sont donc deux entités autonomes, indépendantes de la connaissance de soi mais parties prenantes dans la construction des contextes de celle-ci.