La réalité de soi est la plus belle des réalités, car elle symbolise l’intérêt d’un environnement pour soi au travers de son intelligibilité. S’il y a une identité de soi, alors celle-ci est une identité qui relève d’un universel. Ces deux assertions ne sont pas des spéculations, et pour développer les arguments qui mènent à ces constats il nous faut nous rapprocher du courant idéologique dominant, à savoir le matérialisme. Dans son principe le matérialisme est une affaire de manipulation du temps et de l’espace par la production réelle ou supposée d’objets physiques, qu’ils soient donc virtuels ou réels. Il est bien entendu qu’ici les objets virtuels sont des objets immatériels, et les objets réels correspondent à ce que notre sensation nous en apportent de réel dans l’expérience physique. Que ces objets soient de conception manufacturée ou naturelle, nous sommes en droit de nous poser la question de savoir si nous sommes encore quelque chose lors du défaut de leurs existences. Deux réponses s’offrent à nous, soit nous ne sommes plus rien ce qui suppose l’existence métaphysique d’une âme supra-naturelle, soit nous sommes encore quelque chose ce qui nous amène au questionnement de ce que cela pourrait bien être.
Nous l’aurons compris, le premier choix implique une transcendance relayée par la culture dont les religions se sont accaparées les dogmes en régissant les comportements individuels. Le deuxième choix opère sur un discernement séparant les deux disciplines de l’esprit que sont la politique et la philosophie. En effet la politique est la discipline de l’action quand la philosophie est la discipline de la réflexion, alors comment s’opère le discernement pour ces deux disciplines ? Si dans le second choix la catégorie de la politique nous offre aujourd’hui une idéologie matérialiste, c’est parce qu’elle s’appuie sur les conséquences d’une philosophie de l’utilité. La vie n’aurait de sens que dans l’appropriation des objets quelqu’ils soient, à conditions que leurs fonctions induisent les comportements individuels qui font sens pour une vie. Maintenant il est évident que le résultat d’un discernement dans le choix de la catégorie philosophique, permet de comprendre qu’il s’agit de reconnaitre, dans une sous-catégorie de l’ontologie, la première raison d’exister pour une conscience, celle d’être.
Le fait de poser ainsi le problème de l’existence montre deux choses. La première, c’est que l’on remarque d’emblée que cette façon de poser cette problématique comporte des biais de l’analyse qui réfutent toute possibilité d’établir une réalité par conjonction de ses éléments. La deuxième chose, qui est la conséquence de la première, c’est l’existence d’une opposition entre la transcendance et le discernement, ce qui de facto décrédibilise la transcendance au profit du seul discernement de l’esprit. En effet nous ne pourrons jamais comparer la pensée magique issue de la foi dans une transcendance et la pensée positive issue de la raison. Alors sommes-nous dans une impasse ? Non parce que, à l’occasion de cette problématique, nous constatons une différence factuelle de postulat servant de référentiel, à la condition d’un choix de la réponse vers l’une ou l’autre de leurs conséquences. Nous l’aurons compris, le choix de la transcendance fait appel à un ciel métaphysique comme référence à la réponse d’un sens à l’existence, alors que le choix du discernement fait appel à l’entendement d’un esprit dans une référence temporelle des expériences sensibles.
Occupons-nous du matérialisme comme le courant idéologique d’une politique de l’utilité sociale. Il faut bien comprendre que le matérialisme s’appui sur la manipulation du temps et de l’espace par la fabrication des objets technologiques. Les comportements qu’ils nous induisent justifie la question de savoir si au fond nous sommes encore quelque chose de pensant, lors de leurs suppressions. Pour répondre à cela il nous faut distinguer les objets manufacturés des objets naturels tels que les cinq états de la matière que sont, l’air, l’eau, la terre, le feu, et le plasma. Un humain se définit par rapport aux autres êtres humains, aux autres formes de vie, aux autres structures d’existence. Si l’information est un comportement de conscience alors le mouvement est un comportement d’inconscience. Ce que l’on peut identifier se fait par les sens qui les rendent concrets, mais avant d’identifier il faut en avoir l’idée, c’est en ce sens que la perception est la seule faculté qui relie un sujet à son environnement. De ce fait, agir représente l’asymétrie d’une conscience de l’autre quand réagir représente l’asymétrie d’une conscience de soi au détriment de l’intérêt d’une conscience de l’autre. Action et réaction sont donc l’œuvre d’un sujet, dont les souvenirs de lui-même lui sont projetés comme une réalité de conscience autonome et indépendante de lui, et pourtant similaire à l’ensemble des protagonistes susceptibles d’interagir avec ce sujet.
Comprenons bien qu’il découle de ceci que la conscience est bien un champ potentiel et non une force définie, parce que de son immanence elle n’est porteuse que d’un infini, lui-même exploitable par les différentes facultés de l’intelligence. La mise au point sur cette conscience est simple, elle ne fait que dénoter une possibilité de perception des intelligibilités de toutes choses. Ainsi au-delà de la foi et de la pensée magique, dont nous pouvons nous servir comme récipiendaire de l’inconscient, nous avons la conscience et la pensée raisonnée. Nous voyons ainsi la transcendance s’unir au discernement par le développement d’un entendement propre à chaque espèce vivante. Est-il donc pertinent de nous poser la question de savoir si l’identité de soi existe ? En fait, il est impossible de répondre à cette question avant de saisir s’il existe un processus mettant en jeu la découverte d’une identité de soi. En première instance nous dirons que la pensée raisonnée permet l’adaptation à l’environnement, au sens large, et ce à la seule condition de la formation d’une conscience de soi, ce qui détruit toute identité de soi permanente. Mais comme les réactions de soi sont le terreau de la connaissance de soi, ce au travers de la découverte des sentiments qui sont liés à la sensibilité du sujet, nous pouvons prendre conscience que le soi ainsi dévoilé comporte une nature, dont la connaissance de ses éléments font émerger une identité de soi factuelle. Il est donc possible qu’en application d’un tel processus récursif, nous soyons face à une identité de soi qui soit le reflet d’une mémoire renouvelée à caractère universel.
Nous avons ainsi une conscience sans forme, un champ de possibilités dont l’éveil conscient représente les caractères d’un sujet dont sa mémoire lui fait dire qu’il existe par un passé. Si nous mettons le sujet comme récipiendaire d’une conscience, c’est parce qu’une conscience sans forme ne peut révéler ses propriétés que si elle acquière une individualité et une centralité. Ainsi seul le sujet conscient à un intérêt d’agir, pour ne pas avoir plus de contraintes dans un présent qui l’occupe. Dans un intérêt individuel, le sujet ne doit pas seulement lever les contraintes vécues au présent, mais aussi anticiper le fait d’en avoir le moins possible dans le futur. Pourquoi cela ? Parce que la production d’un soi par les sentiments est une chose connue du sujet, et que le rapprochement de la conscience sans forme impose à celui-ci un renouvellement de l’existence au présent. Par ce fait, la conscience d’un présent est différente de la conscience d’un autre présent, pour une forme de vie issue d’un contexte différent. D’une manière générale, les intérêts des uns et des autres sont différents car parfois ils convergent, divergent ou deviennent indifférents. Il faut donc pouvoir se prémunir en tant que sujet, contre des intérêts contradictoires, mais comment ? En étant indépendant à tout ce qui présuppose d’être partagé pour tout. C’est ce qui légitimise l’existence d’une conscience sans forme comme fonction d’indépendance d’un sujet.
Ainsi ce qui relie la conscience sans forme à un sujet est la connaissance de tout ce que celui-ci peut savoir, de prés ou de loin, de ce qui concerne le mécanisme de ce qui le fait advenir au présent. C’est ici qu’intervient la réalité d’un micro-mouvement physique de la globalité d’un corps vivant. En effet celui-ci devient le comportement responsable des conditions physiologiques du cerveau à délivrer ce qui est perçu par le sujet, comme une organisation méthodique d’une science qui devient conscience par le sens du vrai qu’elle délivre, en se suffisant à elle-même. C’est ainsi que cette science se constitue en un sens du vrai dans un esprit au présent, au travers de la naissance des sentiments de soi qui assurent une individualité et une centralité à la conscience immanente. Voilà comment viennent en conscience les informations délivrées d’un soi qui leur a permis d’exister, servant ainsi les stratégies comportementales d’un d’un sujet au présent et fait s’éloigner une rencontre avec des situations conflictuelles.
Il est à noter que le rôle d’une science est primordial pour le développement conscient des êtres humains, mais uniquement par son approche méthodique et non par ses résultats. En effet elle permet par ses moyens intellectuels, une possibilité de jonction dans l’esprit de ce qui relève d’une philosophie et d’une politique comportementale, par la révélation des sentiments d’un vrai qui donne à la conscience une ouverture vers l’individualité d’une conscience de soi. C’est ainsi que le présent advient par la fonction d’un développement et que la connaissance de son mécanisme d’émergence à l’existence est découvert. Mais attention, une dichotomie peut intervenir avec une science polarisée sur des résultats au travers d’une technoscience, en créant une césure possible entre la philosophie et la politique. En effet il devient alors très facile au corps politique de contrôler la pratique scientifique par son économie financière, ce qui donne à celui-ci les moyens techniques d’un contrôle à des fins de gestion sociale. D’où l’importance de rétablir le juste dialogue entre la philosophie et le questionnement politique.
La réalité de soi aborde le temps par la notion de présence d’esprit, dont un fonctionnement humain retranscrit le mécanisme d’apparition au travers de la transcription d’un sens issu du vrai, dont le sentiment de soi est la matière même de ce présent. Ceci laisse au corps physique les prérogatives d’acquisition des données informatives attachées aux interactions contextuelles, qui définissent l’espace d’apparition d’une présence d’esprit. Le corps n’est donc pas synonyme de présence mais de mémoire, et seul le niveau de l’esprit marque sa présence. Ceci fait du passé, présent et futur une ligne temporelle de nature historique et indépendante du sujet, mais dont les corps vivants dépendent pour leurs existences. La seule information complète est celle de soi, pourquoi ? Parce qu’elle symbolise parfaitement l’actualité d’une conscience humaine venant par la présence d’un esprit, ce qui permet d’en déterminer les limites spatiales pour une conscience. La conscience de soi est donc ainsi en droit de citer par l’acquisition d’une forme humaine individualisée et centrée.
Pour finir, il nous faut questionner le comportement de vertu et plus particulièrement ce qu’elle représente. Chacun de nous est un monde en soi, il n’est donc pas nécessaire d’agir pour un monde en particulier car le fait de réaliser ce que nous sommes, est déjà la manifestation d’un monde qui est le Monde partagé. La première des vertus est donc de ne rien faire qui ne soit autre que la manifestation d’un monde dont la conscience est porteuse. En conséquence l’immanence que nous attribuons d’emblée à la conscience par la possibilité de notre éveil du jour, est la récipiendaire d’une pure énergie potentielle de ce que ne peut être l’espace. Celui-ci est ainsi libre d’être alloué à la forme individualisée et centrée d’une conscience humaine, dévoilée par l’esprit. En fin de compte ce qui est partagé n’est pas la conscience mais l’esprit au travers duquel chaque être peut s’entendre et dialoguer avec le Monde immuable des renaissances. Ainsi est le Monde en réalité, un plein paradoxe de permanence et de changement de mondes relatifs et ce à chaque instant d’un temps gagné sur l’inconscience.