On entend souvent dire que l’esprit n’est que le vent d’une parole, mais nous allons voir ici que ce n’est pas n’importe quelle parole à laquelle on se réfère, mais plutôt à l’émanation d’une individualité profonde dont la puissance n’a d’égal que sa profondeur, ce qui la distingue de toute autre forme d’individualité. Si nous sommes à même de distinguer la fonction qui nous vient des sentiments de soi, et que nous acceptons l’ordre implicite qu’elle nous dicte sur toutes les autres fonctions, et ce au travers de son pouvoir de rendre réelle les actions volontaires, alors des actions physiques se voient dotées des conditions réelles de leurs fonctionnements. Être par le pouvoir personnel du soi de l’homme, implique de faire état d’une physique corporelle déduite des différentes fonctions organiques qui la serve. Comment ? Par les fonctions organiques qui ne sont pas induites par un quelconque environnement extérieur à la personne, mais par un l’environnement psychique de soi qui devient la cause d’une action d’individuation fonctionnelle, à l’origine de tous les organes servant un pouvoir central et sous la forme d’une entité consciente d’un devenir identitaire, l’être humain. Il faut donc accepter une réalité physique dont les possibilités manifestent des réactions multidimensionnelles qui soient induites par le contexte même de l’existence personnelle. Mais qu’elle est donc la nature de ce contexte psychique ?
Avant de répondre à cette question, penchons-nous sur la réalité quotidienne qui est la nôtre aujourd’hui. Le pouvoir individuel semble personnel, par ce qu’en fait il l’est. Mais cette réalité semble s’estomper au profit des contextes de pouvoir qui ne sont que des outils extérieurs à toute personne plongée dans une idéologie matérialiste de l’existence. C’est ainsi que nous retrouvons ces outils agrégés par des fonctions sociales, les institutions ou les objets technologiques, qui ne sont que les représentations virtuelles des fonctions qui nous sont personnellement inconscientes, mais que nous prenons pour des réalités. En vrai le pouvoir personnel est la seule manifestation des actions d’une vie individuelle, c’est elle qui ordonne et induit les possibilités d’action individuelle. Le pouvoir personnel ne fait qu’exprimer un fait, celui de dicter qu’une réalité vivante ne fonctionne bien que par elle-même, l’ignorer est seulement le fait d’une confusion entre la permanence d’une réalité et l’inconscience du mécanisme mis en jeu pour la manifester. Ceci amène une question, comment peut se définir les conditions qui nous constituent réellement en tant que personne ? La réponse est simple, par un tissu de relations immatérielles qui nous semble d’une autre nature que celle qui nous fait percevoir que nous sommes en vie. En effet nous constatons par notre perception, l’existence d’un espace entre ce qui fait une vie individuelle et le fait que nous le sommes physiquement. C’est par la reconnaissance consciente des actions personnelles, que nous considérons notre corps physique comme le résultat complet d’une perception de nous-mêmes dont seule l’interaction sociale nous en renvoie l’image.
Mais alors, nous est-il possible de penser qu’une personne soit l’instrument réflexif de ses relations individuelles ? Si c’est le cas, nous devons replacer notre réflexion sur l’entité humaine récipiendaire des résultats de cette instrumentation par des personnes ou des contextes. Libérer celle-ci peut être alors l’objectif d’un sujet conscient pour une destinée qui en soit la fonction naissante d’un contexte séparé des conditions extérieures du vivant. C’est donc ainsi que nous pouvons aborder la constitution d’un agrégat psychique qui soit à l’origine des possibilités de manifestation consciente d’un corps physique. Ces possibilités sont a priori en nombre infini, car elles représentent les relations possibles d’une personne dans un univers multidimensionnel, dont les degrés de liberté se doivent d’être circonscrits pour être identifiés. Nous entrons ainsi au cœur de ce qui signe une existence physique, le fonctionnement humain d’une conscience.
Les pouvoirs de compréhension d’une entité fonctionnelle se chargent d’incarner naturellement les possibilités d’un réel et ce au sein d’un contexte d’une vie individuelle. Cela donne ainsi une correspondance existentielle entre la découverte d’un abstrait psychique et la réalité concrète physique. Par le fonctionnement humain déduit des fonctions conceptuelles, apparait les différents reflets d’une manipulation d’un espace-temps au travers d’une instrumentation des données apportées par l’expérience des relations personnelles. Cela donne ainsi des grandeurs physiques mesurables par les perceptions. Ainsi l’entité fonctionnelle peut être représentative d’un fond multi-unitaire universel, dont le partage en éléments simples s’exprime par les formes conceptuelles de l’esprit. Ceci permet d’en manifester des conjonctions dynamiques ou des disjonctions discursives fonctionnelles. Si a priori nous partageons tout ce qui est d’une façon involontaire, c’est parce que nous savons inconsciemment que nous sommes issus d’une même matrice de forme, ce qui en l’occurrence semble se manifester dans un ensemble qui forme nature. Cela veut dire que la conscience ne dépend pas des formes mais plutôt d’une dynamique créatrice de formes et qu’à l’instar d’une conscience sans forme hypothétique, la conscience formelle n’est réellement consciente que par la seule autonomie de son processus de formation. En conclusion si une conscience s’avère non dépendante des formes pour exister, c’est qu’elle est assimilable à la réalité existentielle au travers de son processus d’émergence. La conscience existe en soi dés l’instant où une forme est produite, ce qui la place au sein de l’existence comme entité fonctionnelle à part entière.
Une réalité dans son fonctionnement n’ayant pas de contours hors de toute perception, son autonomie fait de toute forme consciente, un objet d’indépendance potentielle à part entière. Puisqu’une conscience est aussi autonome qu’une réalité, alors ce dont nous prenons conscience ne dépend pas de l’esprit qui l’amène à émerger mais de tout ce qui existe en réalité et se perçoit sous la forme d’un événement informatif. C’est donc aux conditions de formation de l’information qu’un esprit doit son aptitude fonctionnelle. Là aussi nous pouvons déjà définir qu’une conduite personnelle a un tout autre objectif que celui de prendre conscience des éléments de réalité, ou de faire même réalité. Alors quel peut être cet objectif ? À première vue celle de donner forme à la conscience, mais à quoi cela sert-il et pourquoi ? Mettre en évidence des conséquences liées à des actions personnelles, ce qui met en valeur une situation de vie particulière dont le contexte nous oblige à faire réalité de soi, ce qui amène tout apprentissage de celle-ci, puisque les événements de perception ne dépendent pas d’une attitude personnelle mais surtout d’une capacité à réagir à une situation.
La conclusion qui s’impose ici est qu’il existe un soi inconscient représenté par l’existence du corps physique qui est la représentation d’une méconnaissance historique collective et dont la transmission se fait par l’intermédiaire des mondes individuels. C’est de ce corps physique dont nous devons nous affranchir, mais pas n’importe comment et sans faire œuvre de nihilisme. C’est à un processus de dévoilement de soi, inspiré des relations à un environnement le plus intégral possible, qui nous devons le fait d’être conscient de ce que nous sommes. Ainsi il n’y aurait rien de plus pertinent et efficient envers nous-même et l’environnement, que de constituer les stratégies comportementales pour y parvenir. C’est en cela que nous respectons un juste sentiment d’appropriation d’une liberté dont une connaissance de soi et de l’environnement en délivre sa conscience.
Réfléchissons bien à cette notion de soi intégral, celui-ci est avant tout inconscient et c’est dans cette mesure qui nous ait apporté les possibilités d’un résultat conscient sur nous-mêmes et sur l’environnement. Le sujet conscient dont nous avons déjà parlé, et qui s’avère être l’individualité d’une personne, n’est que l’acteur récipiendaire d’une conquête par l’esprit de ce qui est représenté comme son inconscient vital. Mais ce qui nous est amené par la fonction consciente, représente un degré de liberté supérieure d’une entité fonctionnelle qui s’affranchit des identités factuelles du moment, dont seuls des contextes extérieurs à la personne en représentent les initiateurs. La causalité à une limite d’effet car si nous introduisons la qualité d’indépendance de la conscience, alors à ce moment là ce qui prend conscience n’a plus d’autre intérêt que de servir de médium à la mise en lumière des objets de l’environnement du soi ce qui le sort de son inconscience native. Nous obtenons ainsi la mesure physique d’une objectivité d’un réel, qui se trouve répartie sur toutes les catégories d’objets perçus, qu’ils soient abstraits ou concrets. L’être humain comme participant d’une catégorie universelle n’échappe pas à cette règle, ainsi se voit-il doter d’une objectivité des faits perçus à la seule condition d’accepter les prérogatives conceptuelles liées à sa complexité de formation. Ce pouvoir ne peut être redevable que d’une conscience donnant à ses capacités d’action une éthique comportementale applicable sur l’ensemble des aspects matériels et immatériels de ses découvertes.
Que l’esprit accorde une matérialité aux événements d’une relation personnelle d’une entité fonctionnelle envers son environnement confère au corps physique une réalité inconsciente dont seule des perceptions averties en révèle sa véritable nature. Mais cela ne suffit pas à distinguer une personne d’une autre, il faut donc aussi établir la possibilité qu’une conscience de soi puisse se relier à la gouvernance du corps ainsi défini. C’est là que nous attend la notion de sphère psychique au travers de la prise en compte des sentiments de soi. Cette sphère psychique contenant toutes les élaborations possibles de stratégies comportementales, sert de moyen à la gouvernance du corps par la personne elle-même ce qui en permet la transcendance possible par l’ensemble des transformations physiques, intellectuelles, émotionnelles et mentales. Ne cherchons pas plus loin l’origine de l’indépendance initiale du corps et de l’esprit, car nous la trouvons dans l’ignorance que peut avoir une personne d’elle-même. Dans ce cas de figure le statut d’une personne morale se voit donc attribuer comme la condition existentielle première d’une vie humaine. L’activité de la sphère psychique individuelle est donc la source de toutes les correspondances d’une personne à elle-même, ce qui par définition est la prérogative exacte obtenue dans la réalisation d’un soi intégral.
Alors pourquoi stipuler un ici et maintenant à la place d’une entité fonctionnelle lors des premières découvertes de conscience ? Par ce qu’il est nécessaire de polariser l’attention sur un contexte dont la nature collective ouvre à la dimension universelle de l’existence. La simple raison pertinente pour la découverte d’un soi intégral, qui n’a ni début ni fin, est de faire advenir un présent éternellement renouvelé ce qui ne convient absolument pas au concept fonctionnel d’une entité mais plutôt à un concept à la fois plus pertinent et plus efficient à ce stade de la découverte de soi, celui d’une identité personnelle. Comment passe-t-on d’une sphère psychique somme toute très générale, dans ce cas de figure, à une identité de soi qui semble porter en elle-même une détermination ? En acceptant que le vivant soit porteur d’un soi intégral dont l’identité consciente permet à l’esprit la passerelle fonctionnelle faisant passer le sujet d’un corps physique inconscient, à une réalité d’actions multidimensionnelles conscientes.