Existe-t-il une physique de l’esprit ? À cette question, nous répondons par l’affirmative. En première instance, il nous faut définir ce qu’est l’esprit. Mais avant cela, une physique de l’esprit passe obligatoirement par l’élimination d’un inconscient individuel. En clair et d’une façon violente, il faut éradiquer l’ignorance de soi. Par ce fait, nous ne pouvons définir une physique de l’esprit que positivement, alors, par où allons-nous commencer ? Par le début hypothétique d’un absolu non-existant, dont le concept d’humain en reflète un domaine inconscient. Nous parlons ici d’un sens académique de l’humain comme la centralité de toute expérience de l’âme individuelle. Si nous combattons l’idée que l’âme soit un concept fermé, c’est parce que l’on pose comme hypothèse qu’elle existe quand tout se manifeste par conscience. Cela implique l’espace par le processus de la manifestation physique et une factualité historique par l’intervention du vecteur temps. Nous reviendrons en temps utile sur ces deux propriétés dans la suite de cette réflexion. Ce qui nous importe ici, est ce qui reste au travers de la possibilité d’un quelconque rapport avec un absolu ontologique. Nous voulons donc parler ici de la conscience et de l’esprit, pris dans leur sens général.
Au travers d’une lecture humanologique d’une phénoménologie pratique, la fonction cérébrale reconstitue, par l’activité d’un fonctionnement physique, un humain de qualité supérieure en autonomie. Une sorte de concept d’âme individuelle, comme un ensemble hétéroclite, mais ordonné, d’éléments manifestés par l’expérience. Cet humain de qualité supérieure se présente sous la forme d’un Soi conscient, par la reconnaissance d’une physique de l’esprit. Qu’entendons-nous alors par physique de l’esprit ? En première approximation, nous la définirons comme le traitement d’une information objective, celle générée par les différentes étapes d’une conscience de soi. Ici, nous postulerons que la conscience est une faculté du cerveau qui superpose un agrégat de données sensorielles avec un égrégore de ressentis, pour former un contenu de sens, qui devient ainsi, information objective d’un événement de soi. Le moi personnel devient ainsi une réalité individuelle d’un soi, de nature physique, venant en remplacement de la représentation du corps inconscient de ses actes par le biais des expériences conscientes. Ce que l’on peut accepter, dorénavant, dans toute réflexion épistémologique sur la connaissance de l’homme, c’est que l’ignorance est le symbole inconscient et contraire à l’informé conscient. Il faut cesser d’opposer à l’ignorance la connaissance par le savoir, et voir ici, par l’ignorance, le symbole d’un horizon dépassable par la recherche de sens. Les conséquences cognitives prises par cette position épistémologique, est que ceci oriente le concept d’information différemment du sens usuel d’une transmission d’un signal dans un acte d’échange.
Nous entrons maintenant dans le cœur d’une proposition de ce pourquoi il existerait une physique de l’esprit. L’existence d’une transmutation naturelle des éléments physiques, impliquant la chaleur d’une température par la pression exercée lors de ses opérations de transformation. C’est pour cela que l’esprit se donne la possibilité de penser le monde en donnant un point de départ à l’univers observable. Ce que propose l’humanologie ici, n’est pas de penser le monde, mais de le vivre pour en être conscient. Le processus de connaissance en lui-même est une suite d’opérations logiques par le biais de l’acceptation d’un mécanisme d’horizon, lui-même sans cesse reculé à l’infini par l’intelligence de ses découvertes. Mais ce choix pragmatique impose une limite factuelle aux raisonnements, par la nécessité d’isoler les systèmes que l’on étudie. Cela enferme l’intelligence dans les choix logiques d’une production de résultats, dont l’agrégation postule l’existence d’un hasard conservateur, d’un potentiel de découvertes. Sans nous en rendre compte, le hasard devient le mur infranchissable par la logique qui oblige à des limites exigées par cette forme pratique de l’intelligence. En conséquence, les compréhensions se limitent aux cadres dans lequel nous choisissons d’exercer notre intelligence. Ceci entraine l’évolution de la perception dans le cercle vicieux des biais de compréhension par des règles d’opération, sans pouvoir logiquement en sortir. Ce principal défaut se retrouve dans la recherche actuelle d’une intelligence artificielle générale, dont les algorithmes sont le cœur même d’une opérationnalité de cette intelligence. Ce constat donne toutes limites factuelles à la portée de l’intelligence comme moyen de penser le monde. Par contre, cela en fait un moyen de contrôle en tout genre, le plus performent actuellement recensé.
Bien revenons à notre physique de l’esprit. Si l’ignorance est le concept d’inconscience contraire d’un informé conscient, c’est qu’il existe bien une relation entre ce qui fait information et un Soi qui en permet sa conscience. Nous avons vu que l’information est un contenu de sens, qui devient ainsi information objective d’un événement de soi. Le ressenti sur lequel une fabrique de l’information objective se construit, est l’expérience émotionnelle dont le cerveau en perçoit l’existence, par la variation de grandeur de sa température interne, induite par le vécu émotionnelle de cette réaction. Si nous accordons une corrélation entre la variation de température des réactions émotionnelles et un niveau de transmutation élémentaires des composants physiques de l’organisme vivant, alors il est possible de déceler ici la réalité d’une physique de l’esprit. Non seulement celle-ci fait office d’une gestion de l’énergie contrôlée par l’intelligence au travers d’effets de seuil, eux-mêmes liés à l’optimisation énergétique des facultés intelligentes, mais aussi concourt à la transmutation des éléments naturels en d’autres éléments. Cette affection fonctionnelle, dont les propriétés changeantes font varier les configurations fonctionnelles de l’intelligence, est à l’origine du sentiment de soi. Ainsi, transmutations naturelles et variation de chaleur (impliquant aussi les facteurs de pression physique), infèrent l’existence d’une physique de l’esprit. Cela permet de dépasser le paradoxe induit par l’intelligence (sa circularité), pour entrer dans le domaine ouvert d’une conscience non-physique, en référence du cadre spatio-temporel de la théorie physique actuelle.
Autre conséquence non fortuite de la reconnaissance d’une physique de l’esprit, le phénomène de téléportation physique devient un mirage détrôné par la conscience des mutations possibles des éléments constitutifs d’un corps vivant. Ceci implique, en effet, les possibles déplacements de conscience de soi dans l’espace, par la manipulation induite sur le temps physique, exprimée dans l’énergie nécessaire aux transmutations. Nous sommes ici en pleine opération énergétique, dont il va falloir en saisir tout le sens pratique pour une maîtrise. C’est-à-dire que les opérations de l’intelligence servent aux déplacements de la conscience de soi, et non qu’une conscience puisse servir aux déploiements d’une intelligence qui lui est affaire d’imagination. L’autonomie d’un Soi conscient devient alors le résultat d’une opération spécialement préparée par l’intelligence et induite par l’imagination. Ceci grâce au pouvoir de superposition de l’information en tant que, contenu de sens symbolique et quantité d’énergie physique. Donc in fine, l’âme est un concept ouvert, nourri par toutes les émotions donnant lieu aux possibilités d’informations de tous les éléments pouvant faire conscience. Le concept est à ce point nommé symbole, ouvrant le paradoxe d’une circularité de l’intelligence vers le phénomène continu d’une conscience. C’est ainsi que la phénoménologie se voit offrir une évolution de son cadre théorique et pratique, vers le concept plus grandiose d’une conscience évolutionnaire. Cela fait de l’humain un tout universel, déterminable par l’intelligence d’un Soi conscient, en constante interaction avec lui par le biais de ses multiples éléments constitutifs de sens. En parallèle, nous pouvons comprendre que par la nature de ces éléments, se révèle par le Soi conscient la véritable nature des informations ; des simples contenus de sens. Nous pouvons ainsi approcher une définition plus précise en valeur, que celle donnée par l’approche psychologique d’un Moi conscient ; celle d’un domaine de Soi informé d’une conscience évolutionnaire. Cela nous renvoie à la frontière métaphysique d’un absolu informel, dont le Soi conscient en devient la substance, issu du champ initial d’absolutisation d’un informé qui en représente son essence.
Alors que viennent faire l’espace et le temps dans ce processus phénoménologique d’ontologie de la conscience par l’absolutisation d’un champ initial ? Tout simplement en donner les moyens de sa réalité concrète. L’humain pourrait être la tentative consciente et spontanée d’une manifestation absolue du champ initial d’absolutisation à l’origine de toute représentation ontologique d’une phénoménologie vivante. Pour esquiver l’argument à cela, il nous faut faire le point sur la notion d’idéal personnel. Cela va nous permettre de comprendre pourquoi l’intérêt supérieur de soi-même est la réalisation d’une personne humaine, définit comme un humain libre de toute condition. Si nous prenons comme hypothèse que le sens de la vie humaine est de conférer une conscience à l’âme d’un monde qui vient à soi, alors l’idéal personnel ne peut se construire qu’au travers d’une co-participation à ce monde. Au titre des mécanismes chimiques qui sont à l’œuvre au sein du vivant, nous avons l’astucieuse covalence atomique de nos molécules (sans parler de la genèse magnétique des ondes électriques qui pilotent leurs configurations). Nous sommes donc obligés de reconnaître qu’il puisse exister des principes supérieurs aux commandes des différents comportements de la matière organisée. Mais force est de constater qu’il s’agit là d’une expression inconsciente de ces principes, qui finissent par établir le fonctionnement physique d’une vie. Rien ne nous empêche de penser que de multiples et subtils arrangements atomiques soient à l’origine d’autant d’ADN génétiques différents, qu’il y a de forme de vie différente. Ce que l’on constate, c’est que l’humanité est confrontée à une bataille inconsciente, entre des espèces génétiques différentes, et cela vaut pour les espèces humaines comme pour les autres.
L’humanité lutte contre un Darwinisme génétique omniprésent. La solution politique serait de reconnaître, consciemment, la réalité d’une coopération entre toutes les espèces représentées sur Terre, au sein du grand bassin de vie que nous offre l’opportunité planétaire. Ce qui en soi donne la possibilité d’une conscience planétaire commune. À partir de cette évidence, il nous faut travailler sur la compréhension commune de l’existence d’une vérité solidaire, qui concourt à la pérennité de toute évolution consciente. Mais encore faut-il connaître cette vérité, savoir si elle existe réellement, et si elles ne sont pas plusieurs à exister, en fonction de la variation des contextes. Enfin, de savoir si elle est ou sont connaissables. C’est ici que se forge la légitimité de l’information, encore faut-il qu’elle soit objective et non le fait d’une subjectivité contextualisée par des intérêts particuliers. En effet, qu’est-ce qui influence une intelligence à prendre telle ou telle décision ? En un mot, qu’est-ce qui définit l’efficacité d’une interprétation plutôt qu’une autre dans le contexte environnemental d’une décision ? La seule compréhension du contexte de l’action inféodée à cette décision. Il s’agit donc d’évaluation, de savoir fonder une valeur avant tout jugement de valeur axiologique qui ne peut être que relatif. Le seul contenu de sens que porte une valeur fondée est celui qui donne conscience à Soi, l’information ne peut être objective que par l’expérience de soi-même dans un contexte donné. Toute autre donnée factuelle, n’est qu’élément participatif de la construction d’un fait, dont l’interprétation comportera les biais d’une observation partiale. La reprise d’un contrôle de soi ne peut ainsi passer que par la maîtrise consciente personnelle.
La seule constitution commune qui puisse normaliser les échanges au sein d’une coopération entre les actions citoyennes d’une humanité est la reconnaissance d’un processus de réalisation du fonctionnement humain de chacun. Au sein des sociétés modernes, l’argent sert à exprimer des comportements inconscients à l’origine des possibilités de choix psychologiques pour les actions individuelles. Pourtant, ce qui s’apparente à des décisions ne relève strictement que d’une observation extérieure à soi-même. Qui d’autre que la conscience ne peut tenir ce rôle, si l’on veut que nos actions soient conformées à un idéal qui ne peut être que personnel. De l’humain, il nous faut retenir que son fonctionnement, c’est-à-dire sa vie, car le seul être qui réside en lui est la personne qui en reflète son idéal. Rajouter à l’humain un être d’un ordre supérieur inconnu ne manifeste qu’une absence d’idéal personnel au profit d’un bonheur factuel et hypothétique. C’est sur ce manque d’idéal que chaque personne doit œuvrer, pour y remédier et trouver, par sa conscience, l’intérêt supérieur de soi-même à instaurer la personne humaine, celle qui rend l’humain libre de toute condition. Car c’est de toutes les actions humaines que nous procédons par conscience, celle qui ouvre à la connaissance du tout. Ainsi le grand mal de l’humanité est le manque de cet idéal personnel, celui qui doit établir pour chaque humain son fonctionnement juste. Celle-ci reste la constitution commune de l’humain en son fonctionnement, c’est-à-dire l’humain en vie.
Voilà pourquoi il nous faut une physique de l’esprit, car l’information objectivée par son contenu de sens le plus précis pour chacun, redonne à la valeur personnelle le fondement d’une existence consciente. C’est ainsi que se caractérisent les créations spontanées de toutes formes communicantes. Celles-ci établissent l’équilibre entre la croissance des consciences individuées et la reconnaissance d’un tout dans les multiples formes de vie. L’instauration de l’idéal de l’homme libre.