À la question de savoir comment définir une action pour orienter le système vers la possibilité de poser l’humain en son centre, la seule réponse possible ne peut s’obtenir qu’en définissant les deux protagonistes qui sont en lice : le système et l’humain.
Le système est une entité qui fait office de matrice sociétale, il ne peut donc se définir que par le moyen de son action : l’argent et son ambition individuelle : le pouvoir hiérarchique.
L’humain est, lui aussi, une entité, mais à la différence de l’argent, il est doté d’une finalité. Celle-ci est la réalisation individuelle de l’entité par les moyens qui la caractérise : son humanité.
Nous voyons ainsi aisément où le problème se situe : dans la divergence totalement artificielle de deux potentiels. Le potentiel humain dans sa finalité de réalisation et le potentiel d’action de l’argent par sa capacité à être contrôlé par son numéraire, ce qui en fait un moyen de gestion collective. C’est de cette intelligibilité finement perçue que se dévoile le subterfuge : le remplacement du potentiel de réalisation individuelle d’un humain, grâce à son humanité, par le potentiel d’action généré par la fonction collective de l’argent qui appelle forcément, pour sa gestion, une hiérarchie de contrôle.
La réforme du système actuel doit tenir compte des conséquences de celle-ci, à savoir sa finalité. Que voulons-nous obtenir lorsque l’on réforme ? Un gain commun, une meilleure efficience du système, une pertinence des moyens nouvellement créés. Placer l’humain au centre du système nécessite de faire partir sa réflexion du potentiel humain individuel, convenons qu’il s’agit là de libérer un champ individuel potentiel pour de futures créations. Par hypothèse, il semble plus naturel de réformer un système commun, si et seulement si nous optons pour le fait que la réalisation individuelle oblige à repenser la direction et les orientations du système. Ceci en vertu du fait qu’un système sert les opportunités individuelles plutôt que l’inverse. En effet, développer le potentiel humain pour chaque individu nécessite la réaffectation des possibilités du système. Celle-ci orientera vers une direction stochastique qui le développera forcément en accord avec les humains, acteurs d’une coexistence réciproque.
Ainsi, la question centrale, en ce qui concerne l’évolution du système qui gouverne nos valeurs d’aujourd’hui, se résume dans ce que doit être l’humain demain, comme porteur de valeur.
Si l’humain est envisagé comme un potentiel individuel, alors le vis-à-vis qui est le sien aujourd’hui, l’argent, doit être envisagé comme le seul potentiel d’action dont la rivalité se mesure à l’aune d’un jugement de valeur. L’argent est un point d’appui pour l’action, ce qui par définition sous-tend une certaine valeur d’utilité. Le potentiel humain individuel ne se réalise que par des valeurs d’humanité qui donnent puissance à sa réalisation. La finalité de l’humain est ainsi la réalisation de son potentiel, dont la science nous dit qu’elle s’appuie sur l’expression génétique. Mais l’orientation de sa direction est, elle, définit par les valeurs philosophiques de ses expériences. La conscience dicte donc les pas de la réalisation humaine, ce que ne peut pas faire l’argent qui lui est dicté par la valeur de sa monnaie.
L’argent a le défaut intrinsèque de remplacer le potentiel de valeurs humaines, par son potentiel de valeur d’utilité établi par le marché des changes. Ne cherchons pas ailleurs le fait que l’argent ne permet qu’une réalisation individuelle inconsciente, car la valeur de l’argent se substitue à la valeur d’humanité. En effet, celui-ci est le moyen du système, ce qui lui permet d’être qualifié de collectif, donc imaginairement plus puissant qu’une individualité pourrait produire. Si l’on veut placer l’humain au centre du fonctionnement d’une humanité, tant individuelle que collective, il faut alors axer l’individu sur sa seule conscience à réaliser l’humanité dont il est porteur par sa génétique.
Cela veut dire que pour toute tentative de réforme du système, la seule discrimination possible doit s’opérer sur la différenciation individuelle entre des actes conscients et des comportements inconscients. Cette différenciation doit s’établir sur une propension à favoriser l’intention consciente pour des actes individuels, et la capacité à dissuader la répétition inconsciente des comportements inconscients.
Si un système s’établit par le haut, il hiérarchise. Si un système est la conséquence de l’émergence des humanités singulières à s’affirmer comme puissance individuelle de création, alors celui-ci devient la représentation d’un bien commun. Son évolution s’apprécie comme la mesure de l’engagement de chacun à se réaliser comme humain à part entière. La réalisation humaine est une affaire de chacun, mais qui passe pour ses opérations fonctionnelles par l’information des étapes de la réalisation de tous. Cette vie systémique est la véritable matrice de création d’une architecture de valeurs communes, reconnaissables en chacun des participants. L’argent ne devient alors que le second degré d’une administration bien pensée, d’un meilleur vivre ensemble pour chacun.
Vouloir mettre l’humain au centre d’une société ou d’une humanité revient à ce que chaque participant soit volontaire d’une exemplarité, dont la conscience humaine communique à tous la véracité des actes qui vont être proposés. C’est sur ce prérequis, reconnu et accepté par tous, qu’il sera possible de discerner dans le système qui nous gouverne, à corps défendant, les possibilités de réaffecter certains de ses outils. Une nouvelle orientation vers la levée d’obstacles de réalisation individuelle, pour faire émerger un système d’opportunités plus que de contraintes.
La réflexion est ouverte, à chacun de vouloir s’en saisir.