Existe-t-il un inconscient pathologique ? Nous pouvons en douter, car ce qui existe réellement, ce sont des comportements pathologiques, mais il n’est pas sûr que la cause en soit l’inconscient. Pour notre part, nous pensons que l’inconscient est simplement naturel au sens où quand une logique prévaut en son sein, il s’exprime en créant un profil psychique. Nous allons développer cette interprétation au long de cet article tout en nous rappelant que l’inconscient est pour nous, le réceptacle de tout ce qui ne peut être réalisé par l’être humain doué de conscience. L’inconscient naturel participe à l’élaboration du fonctionnement humain, en le nourrissant d’une liberté issue de sa composition universelle qu’il doit à l’expression génétique. Comment peut-on être sûr de cela ? Parce qu’il ne faut pas confondre inconscient et profil psychique. Quand l’inconscient démontre ses possibilités par la création imaginative, le profil psychique lui se construit par-devers la conscience personnelle. Ce qui fait la force d’un profil psychique, c’est qu’il se nourrit d’une volonté irrépressible d’aller contre ce qui implique une conscience limitée, en clair c’est un choix impersonnel contrecarré, qui donne à la personne un ressentiment exponentiel vis-à-vis d’elle-même lorsque la conscience ne peut pas s’élever, d’où la recherche personnelle d’une stabilité émotionnelle.
Ce qui nous intéresse ici est l’inconscient naturel, au sens d’un inconscient qui se conçoit comme un réservoir de possibilités non ordonnées, et dont la dialogique avec la conscience passe par l’émergence d’un subconscient sous la forme d’un fonctionnement humain.
La conscience ne semble pas venir de nulle part, même si nous lui accordons une immanence par la reconnaissance d’une logique dans l’organisation et le fonctionnement de l’univers. Nous rappelons qu’il existe des structures organiques de conscience, situées au niveau d’une relation fonctionnelle entre le cortex et le thalamus (parties du cerveau). Puisque nous corroborons l’idée que la conscience soit la capacité de ressentir son environnement et ses états internes, il nous faut donc accepter un processus de progression, ou d’évolution de conscience, qui nécessite quelques éclaircissements.
La seule possibilité de comprendre une évolution de conscience est de s’appuyer sur le comportement de prise de conscience. Nous avons déjà vu qu’une prise de conscience est la capture de l’instant du temps, au travers de l’attention portée sur la part d’interaction qui est la nôtre dans une situation donnée. Le temps d’horloge (le temps commun) s’arrête lorsque notre attention fusionne avec les limites de notre corps sensoriel qui fait la contrepartie d’un espace vécu, c’est le moment où débute l’intégration de la situation, qui concoure à organiser et structurer nos états intérieurs. Mais que se passe-t-il réellement à ce moment-là ? Notre esprit franchit la frontière d’un temps commun, pour envisager de vivre un temps intérieur dans l’appropriation d’un espace intérieur qui est celui de sa personne. Peut-on alors encore parler d’instant du temps ou devons-nous convenir que nous franchissons la modalité d’un instantané lié à notre mesure du temps ?
Vous l’aurez compris, l’esprit franchi cette frontière et s’oblige à un fonctionnement humain pour tenter d’occuper tout l’espace intérieur et le temps intérieur, puisque le temps et l’espace sont les deux propriétés qui en représentent les meilleurs outils. La première des entités qu’il va rencontrer est celle d’une structure individuelle fonctionnelle, au travers de ses rapports d’immédiateté dans les comportements simultanés que sont les différentes variétés d’échanges. Ceux-ci vont passer par l’intermédiaire de médias tels que les sensations ou les sentiments, mais en vérité, de tous les concepts physiques possibles pouvant donner lieu à des comportements individuels. Mais nous avons vu que la structure individuelle n’est pas l’ultime entité fonctionnelle à laquelle accède l’esprit, en effet, il existe un au-delà au statut individuel que représente l’âme spirituelle de la personne. Cette âme est de même nature que l’ensemble des traces que laisse une personne dans son environnement sociale, c’est un lent dévoilement par l’esprit de ce qui fait l’unicité personnelle et donne la grandeur personnelle.
Quel rôle joue l’inconscient naturel dans ce processus de dévoilement animique de l’âme ? Celui d’un environnement universel par la nature de ses constituants. Comment peut-on penser qu’un inconscient puisse exister au sein de l’esprit personnel ? Par la juste raison de l’existence d’un corps physique, issu des possibilités génétiques d’un être naissant d’un patrimoine filiale, et dont l’influence épigénétique renvoie à une cause parentale. Mêmes d’origine inconnue, nous sommes fils et fille de parents géniteurs, ce qui implique une influence sur un développement qui doit être constamment rééquilibré par le désir personnel à être soi-même, et ce, à tout âge. Voilà où agit l’inconscient naturel, dans la force de vie qui tend à permettre à une âme humaine de se constituer vers un Soi, au travers de la médiation de l’esprit comprenant le monde qui l’entoure. Nous l’aurons compris, l’inconscient naturel est la force de vie qui ne respecte que la cohérence d’un être à être ce qu’il est, quelles que soient les situations ou les environnements qu’il traverse, jusqu’à se rencontrer lui-même. Ce qui nous ramène à la génétique, mais aussi au fonctionnement humain qui a pour mission de relier un patrimoine physique à l’expression d’une âme humaine pour que celui-ci incarne un Soi, et voyons comment il procède.
Le fonctionnement humain s’appuie sur les deux concepts de l’esprit qui peuvent médiatiser les différents infinis de l’existence, nous voulons parler de l’espace et du temps. Nous avons vu que la conscience joue le rôle de centre individuel, au travers de son facteur d’intégration personnelle que représente les prises de conscience. Mais ici nous devons traiter de l’inconscient naturel et non de la conscience, alors nous postulons que l’esprit à le don de rentrer dans la conscience, et situer son espace de compréhension dans un inconscient. C’est ici que l’explication de soi prend sa tournure la plus extraordinaire. L’inconscient naturel est la structure de toutes les compréhensions potentielles, il est le support de l’intelligence universelle qui donne à la conscience personnelle toutes les réponses que l’esprit peut lui poser. Pourquoi peut-il en être ainsi ? Parce que l’inconscient recèle toutes les intrications informationnelles qui relient un Soi singulier, à un environnement ouvrant sur l’universel.
Mais comment ce Soi opère-t-il dans la conscience de l’esprit ? Par l’application d’un mécanisme de l’être, qui n’est autre que la mise en mots de l’esprit et d’une âme en capacité d’agréger l’ensemble des prises de conscience des situations, dans laquelle une personne se trouve projetée par la transformation personnelle d’elle-même. L’inconscient naturel n’est alors que le vaste domaine des possibilités théoriques, de concevoir des réponses comportementales sous la forme d’un être en devenir d’existence.