Devenir qui l’on doit être

Devenir qui l’on doit être est l’objectif de toute vie prise dans l’acceptation de son rapport à l’existence. Ce processus s’inscrit parfaitement dans l’interprétation que l’on peut faire de tout ce qui motive une personne humaine. Malheureusement, l’exécution de ce processus rencontre un certain obstacle dans nos sociétés contemporaines, par le fait d’une volonté politique à vouloir tout standardiser. L’uniformisation des modes de vie individuels est un frein à l’expression créative de chacun et donc à toute évolution créatrice de l’intelligence collective. Des nouvelles valeurs sociétales sont à fondées, pour permettre l’épanouissement de chacun, dans un respect de tous qui privilégie un objectif commun ; donner à chacun la possibilité de devenir lui-même.

Nous allons développer ici comment nous en sommes arrivés à cette conclusion. Rappelons-nous que l’énergie, comme quantité de mouvement, est toujours définie par le contexte qui lui en donne une raison d’être. D’autre part, il est toujours plus facile d’interpréter intuitivement un processus si nous faisons appelle au principe de raison suffisante, plutôt qu’au principe de cause à effet, trop mécanique et pas assez fluide pour la compréhension. Enfin, il faut bien saisir, ce que montre tout l’ensemble de cette étude sur l’humanologie, que l’information définit ce qu’elle n’est pas, c’est-à-dire une action. Nous ne serons donc pas surpris de l’évolution du traitement de l’information, qui, du boulier, nous amène au traitement quantique en passant par l’innovation des ordinateurs.

Devenir qui l’on doit être, autrement dit un esprit en mouvement, impose que tout ce que l’on est amené à connaitre n’est réellement une information, que si cela implique la révélation consciente d’une ou des actions de vie. Le rapport à la vérité est juste, ici, et il est universel. Nous l’aurons compris, l’information est connexe à l’action par raison suffisante, ce qui rend l’une dépendante de l’autre. Sans information pas d’action et vis et versa. Il en est ainsi pour une raison simple, que nous avons mentionnée dans la définition de l’information. En effet, produire de l’information nécessite de l’énergie physique, ce qui fait de celle-ci un état temporel d’un système de production. En réalité, une information est toujours une certaine quantité de transformation d’un système de production. Traiter un grand nombre d’informations rend compte d’une complexité inhérente à la somme des transformations nécessaires de tous les systèmes mis en jeu.

Il ne faut alors pas confondre le micro-système producteur d’une information et le traitement d’information de tous les micro-systèmes de production, tel que nous le rencontrons dans une vie individuelle. Pour simplifier la compréhension, le micro-système est un calcul, celui qui est, ce que n’est pas l’information. L’information caractérise une quantité de calculs physiques, dont le résultat est l’état d’information. Une information « parle » alors bien de ce qu’elle n’est pas, un calcul physique, soit une quantité de mouvement. Cette quantité de mouvement, définit par l’information, relève d’un état à l’instant « t » d’une transformation par le calcul. Puisque tout calcul est une transformation et que celle-ci concerne une quantité de mouvement, elle peut alors se comparer à une quantité de mouvement nominale. Ceci donne à cette transformation une grandeur physique, soit celle observée lors de sa mesure (sa perception, pourrait-on dire).

Nous savons qu’une quantité de mouvement représente une quantité d’énergie et que dans la terminologie de la physique quantique, une quantité d’énergie est assimilée à un quantum d’énergie, en l’occurrence le photon, quantité élémentaire d’énergie électromagnétique. Ce que nous savons aussi, c’est que la quantité de mouvement se mesure à l’aune de sa plus petite quantité aujourd’hui définie par la quantité d’action. Donc une quantité de mouvement peut être une somme de quantité d’action. Pourtant, que l’on parle d’action ou que l’on parle d’information, nous avons toujours affaire à de l’énergie, mais dont la dénomination de la quantité de mouvement diffère. Soit, nous parlons d’information, soit nous parlons d’action, alors comment s’y retrouver ?

Rappelons-nous que l’énergie prend toujours le nom du contexte dans lequel on l’observe, où on la mesure (la perçoit). Nous avons pensé qu’il était judicieux d’appeler cela, l’expérience de l’énergie plutôt que différentes sortes d’énergie. Si l’information dit ce qu’elle n’est pas, l’action, elle, dit ce qu’elle est. Ce qui va donc caractériser l’une et l’autre est au niveau de leurs propriétés respectives. L’information est un état, car ses propriétés sont inhérentes à un processus de production, alors que l’action est une quantité, puisque définit par un déplacement du mouvement dans le temps et l’espace. L’information et l’action sont en conséquence des quantités d’énergie, dont la définition de l’une, l’information, passe par l’état, tandis que l’autre, l’action, passe par une quantité de mouvement. Peut-on vraiment dire que ce n’est qu’une question de terminologie ? Non, car toutes les deux sont la résultante d’une mesure de quantité de mouvement. Sauf que pour l’information, par l’état, nous sommes dans un espace d’observation (le signifiant), alors que pour l’action, nous sommes dans le temps (le signifié) d’une observation.

Ce qui rend leurs qualités respectives inextricables, c’est leur appartenance à l’expérience de l’énergie. L’une, l’information, arrête le temps pour une observation de son état, et que pour l’autre, l’action, nous ouvrons l’espace pour une observation de sa manifestation. L’état de l’information peut tout aussi bien nous renseigner sur ce qu’elle n’est pas encore, en regard de sa mesure sur l’échelle de quantité de mouvement, dont l’unité est la quantité d’action. La quantité de mouvement d’une action, quant à elle, peut très bien nous délivrer une quantité d’énergie qu’elle ne mobilise pas par soustraction sur l’échelle des quantités de mouvement. Nous voyons que ce qui caractérise réellement l’information et l’action est ce qui les différencie, l’information naît dans le temps de son observation, alors que l’action naît dans l’espace de son observation. La dénomination de l’information devient la condition de naissance d’une quantité de temps et la dénomination de l’action devient la condition de naissance d’une quantité d’espace.

L’espace-temps recèle bien les conditions d’une observation de l’intrication primaire, celle de l’information avec l’action. Dans un sens général, la potentialité de l’un génère la manifestation de l’autre. Suivant ce que l’on va privilégier dans l’observation, l’espace ou le temps, l’action ou l’information seront perçues.

La perception est bien la faculté première de l’esprit à pouvoir nommer les choses, ce qui devient fondamental par cette introduction, un peu longue, c’est que le pouvoir de nommer les choses permet de les faire exister consciemment. C’est, en conséquence, à la disponibilité de l’esprit que nous devons notre faculté de perception, ce qui fait des percepts les premières données de la compréhension. Devenir ce que l’on doit être, devient ici le challenge impératif pour une manifestation de soi-même, qui prend maintenant des dispositions particulières. La dualité corps-esprit est aujourd’hui la dualité observée d’un organisme avec son cerveau, dont le corps, dans son ensemble, est la définition d’un espace-temps existentiel. Dans l’architecture des connexions cérébrales se loge l’équivalent fonctionnel d’un ordinateur quantique, dont la finalité est le traitement des informations de soi et seulement de soi. L’architecture de l’organisme recèle l’équivalent fonctionnel d’une quantité de mouvement de vie, dont les conditions sont l’expression génétique d’actions organiques.

Comprenons que pour chaque psychologie, le corps relève d’une projection sociophysique vivante d’un environnement sur sa constitution. L’esprit, quant à lui, relève du niveau de l’intelligence collective dans sa capacité d’intégration de chacun, au niveau qui est ou sera le sien. L’observation d’un rapport entre le temps et l’espace, relève d’une organisation de la quantité de mouvement d’une expérience énergétique sous la forme d’une vie. Quel que soit le niveau d’échelle sur le spectre énergétique, cela fait entrer dans la psychologique de chacun, la faculté de perception d’un jeu existentiel, celui d’une vie. Il n’est pas possible de garder la conscience comme phénomène de l’esprit, ne serait-ce que par la considération énergétique de la nature de l’esprit qui en disqualifie la conscience comme phénomène physique. Il faut donc considérer que la conscience n’existe dans l’esprit que dans le sens de prise de conscience. Ainsi la conscience, qualifiée de sans forme, est considérée maintenant comme étant hors univers physique, subordonnée aux seules prises de conscience opérées par une vie manifestée.

En acceptant une physique de l’esprit, nous entrevoyons, par le biais de l’observation d’un milieu extérieur à lui, la possibilité de naissance d’une psychologie. Celle-ci va rendre compte de la qualité d’intégration d’un soi personnel, ce que l’on comprend, avec un non soi individuel, ce que l’on ignore, rendu présent par l’interaction vitale entre l’esprit et le corps. C’est par l’espace-temps des rencontres, lors des expériences vitales, que s’observe cette dualité que l’on reconnait au travers d’un besoin d’information, pour une envie d’action. L’inadéquation de la rencontre offre au champ psychologique toute latitude, pour tenter de faire correspondre des informations avec des actions dans l’interface d’un espace-temps historique, conditionné par les vécus antérieurs. C’est ici qu’une cohérence des sentiments rencontre une sensibilité humaine, source de l’impulsion génétique de transformation.

C’est ainsi que la naissance d’une psychologie par la physique de l’esprit, renvoie à la manifestation complète d’une physique universelle, au travers de la réalisation d’un corps organique vitalisé par son fonctionnement. La réalisation de celui-ci se voit pour ambition d’incarner des lois universelles d’une physique multidimensionnelle. En laissant l’expression matérielle d’une existence humaine se faire, l’esprit peut alors caractériser les lois du comportement. La meilleure façon pour lui de s’y prendre est de renvoyer à la conscience un rôle d’ajusteur de pensée, pour l’intégration vitale d’un esprit en mouvement. Cela naturalise les actions d’intégration, les prises de conscience, en informations de lui-même. Ce que nous pouvons en conclure, c’est que le libre-arbitre n’existe que dans la phase du développement transitionnel de l’humain. Celui-ci s’intègre dans l’homme au travers d’un fonctionnement humain, individualisé et centré, par la conscience de ce qu’il est devenu.

L’évolution à l’intérieur de l’espèce humaine reflète la ré-acquisition d’une mémoire anthropologique de l’homme (ce qui devient sous-jacent à des valeurs sociétales). Ceci peut être fait au travers des efforts de chacun de ses membres, à se défaire de ses traumatismes de développement. Les différentes prises de conscience de chacun, concours à ce que s’érige en un bien commun, un bonheur d’être soi en l’homme, ce que chacun peut représenter. C’est en conséquence à ce titre que l’homme satisfait au destin universel de son espèce.