Devant l’impossibilité de concevoir un juste rapport social entre les personnes, par le fait des conflits d’intérêts obligatoires, eux mêmes liés à l’incomplétude du statut personnel face aux exigences du monde, il devient donc nécessaire de mettre en avant un statut naturel à tout être humain. Par ce glissement épistémologique, nous délivrons de nouvelles possibilités conscientes enfouies au sein des interactions entre l’homme et la nature, celle qui réalise sa vie terrestre. Ce changement de paradigme offre comme autre possibilité, de donner au comportement du langage, une finalité de conception abstraite pour toute influence venant de l’environnement humain. A ce titre, ces conceptions abstraites représentent les conditions d’une indépendance maîtrisée de l’homme envers son environnement de naissance et de vie.
C’est dans cette interaction fondamentale de l’homme avec sa planète, qu’apparait les conditions d’un fonctionnement humain, d’où il en ressort une dynamique des possibilités d’évolution individuelle. Ce que l’on appelle une nature humaine, est l’indice d’un ordre de variation physique qui constitue l’essence informtionnelle d’une constitution humaine. Il n’y a nulle conception d’un corps vivant sans un contexte qui en nourri une nécessité. Il ne faut pas confondre le champ de développement social de l’humain, dont les sociétés affichent les organisations, et le contexte naturel de l’homme qui facilite l’essor d’un être humain vivant. Celui-ci est avant d’être une personne sociale, un phénomène naturel, dont l’existence et le développement dépend des catégories d’espace-temps qui lui dictent ses possibilités constituantes (naturelle, sociale, intime). Le fait de pouvoir s’abstraire des règles naturelles d’un contexte, ne clive en rien la permanence d’une interaction entre l’homme et la nature. Il en crée simplement des principes qui permettent d’en user plus largement, c’est-à-dire en étendant ses capacités d’interaction à l’ensemble d’un univers via les composants d’un cosmos qui l’environne.
Les figures intellectuelles données par le pouvoir d’abstraction, fait apparaître la possibilité d’obstacles à la connaissance rationnelle. En effet, aujourd’hui il y a une tendance à confondre la rationalité avec le rationalisme, en imputant au process de compréhension une rigidité méthodologique qui nous fait confondre Cartésianisme et esprit rationnel. L’esprit Cartésien se fonde sur une méthode qui a ses limites de par l’application de son raisonnement, alors que l’esprit rationnel tire sa puissance des possibilités de concevoir des logiques adaptées à la nature des phénomènes que l’on observe. Le développement ontologique issu d’une interaction naturelle, dépend des indices d’espace-temps qui le place dans des configurations particulières et uniques, il devient alors évident qu’un fonctionnement humain délivre un esprit rationnel dont les critères de logique et de sémantique varient en fonction d’une situation personnelle dans les différents espaces et les différents temps qu’il traverse.
Ce que nous pouvons déduire de cela, c’est que l’interaction naturelle d’un être humain dans ses différents contextes, délivre par le biais d’un fonctionnement humain, une rationalité potentielle qui ne peut se réaliser qu’au travers des réactions émotionnelles de la personne mise en situation. Le désir de maîtrise engagé par la figure intellectuelle, oblige à la transformation de ces émotions en inventions conceptuelles à même de délivrer, au sein des réactions physiologiques, des nouveaux champs d’interactions, dont les logiques rationnelles apportent des nouveaux outils de régulations biologiques. C’est ainsi que l’imaginaire est à la source de la conceptualisation, par l’introduction d’une énergie de transformation émotionnelle. L’évolution auto-adaptative du vivant n’est donc permise que par le degré de conscience personnelle, ce qui place le corps physique et l’esprit individuel dans un même fonctionnement humain, à condition d’être nourri par des contextes spécifiques. Nous avons donc affaire à une logique complexe du tiers inclus : esprit-corps-environnement.
Avant toute représentation sociale fictive que nous est imposé par le contrat social, celle-ci au service des intérêts personnels, un être humain est avant tout un être vivant dont la nature de son existence tient à un rapport hiérarchique avec la planète Terre qui le sustente. Il faut donc accepter que le socle de notre destinée soit issu de la qualité de ce rapport, dont le développement et l’évolution accaparent l’ensemble des capacités individuelles au service d’un intérêt supérieur de soi-même représenté par la personnalité de l’être vivant. Ce que l’on oublie trop souvent, c’est que le champ social est au service du développement de la vie et que celle-ci, ne représente rien d’un devenir sans un placement dans celui-ci. Ce que la planète Terre fait dans le cosmos se répercute de fait dans le rapport d’interaction que fait une vie humaine avec cette même Terre. C’est pour cela qu’il est essentiel de pouvoir penser l’Univers Cosmique comme le tiers d’une dualité entre l’homme et son contexte de vie. C’est de cela que la conscience nous parle, car penser une trinité ne peut se faire qu’au travers d’un devenir. Un fonctionnement humain qui articule un corps, un esprit, un environnement, ne dit pas autre chose qu’une ouverture vers plus de liberté de chacun de ces trois termes.
Nous découvrons ainsi, qu’une logique du tiers inclus se trouve au cœur de la manifestation humaine, et que cette logique ternaire est ce qui fait battre le pouls d’un fonctionnement vivant, qui n’est autre par sa qualité, que ce que délivre un subconscient. Le fonctionnement humain n’est pas autre chose que la conscience vitale d’une existence dans un présent sans cesse renouvelé, ce qui en assure une pérennité par sa permanence. Cette présence au monde nécessite une cause qui est d’autant plus libre, qu’elle se détache du contexte d’émergence des conditions vitales. Le champ social des espèces naturelles représente pour une conscience native, l’opportunité de développer une vie au travers d’interactions inconscientes. Celles-ci vont faire l’objet d’une transcription personnelle par l’utilisation conciente des réactions émotionnelles. Une biologie peut bien naître d’une physique à condition d’être la transcription d’une chimie. Mais seule une biologie donne accés à un langage. Le facteur d’ordre imposé à la vie commence à partir d’un instant du temps qui place un présent au sein d’un contexte d’espace. Cette dualité naissante aborde le passé en tant que mémoire et le futur en tant qu’imaginaire en en formant des limites conceptuelles. Il ne faut donc pas penser que l’humain anthropomorphise son environnement, mais plutôt qu’un environnement anthropomorphise une vie au travers d’un décryptage conscient d’un langage naturel qui permet de faire corps.
Pour répondre à Einstein lorsqu’il s’exclamait pensivement que ce qui était incompréhensible, c’est que l’Univers soit compréhensible, il nous faut dire que la dimension de l’homme a sa raison d’être puisque c’est bien par un Univers par l’homme qu’un sens existe, et l’humain ne fait que le découvrir par le cheminement de sa conscience. Si le langage change de forme au gré des contextes, il ne change pas pour autant de sens. Les mêmes mécanismes sont à l’œuvre pour constituer un électron, une planète ou un homme. La difficulté pour les esprits est d’accepter que ce qui module l’accès à la conscience, ne dépend que du type de personne qui se donne la peine d’y réfléchir. Mais là aussi, jusqu’où chacun est-il capable de poser le qualificatif de « personne » sur l’ensemble des phénomènes naturels ? La seule culture actuelle laissant ouverte cette opportunité est la culture Animiste, peut être serait-il temps de s’en inspirer. Mais soyons rassurés, l’invention du terme d’information, a déposé dans son cahier des charges l’universalité de sa définition, mais sans toutefois en définir les modalités de son intégration fonctionnelle au sein du vivant.
C’est ici que se joue la faculté du fonctionnement humain, par l’intégration de l’information dans le rapport entre une nature humaine et une conscience personnelle. Le rôle de la fabrique de l’information est donc crucial à cet endroit. Nous avons déjà vu dans d’autres articles comment une information est le produit d’une agrégation de données sensorielles dans un temps « t ». Impliquer l’information à la base du processus d’intégration fonctionnelle d’un être humain, revient à pouvoir établir la jonction entre des états de conscience et des processus vitaux. Ceci en donnant à l’instant du temps une quantité d’énergie correspondante à une décharge émotionnelle. C’est donc par une décompression systémique qu’une quantité d’énergie nerveuse se voit corrélée à une émotion psychologique, qui n’est autre qu’un fragment d’imaginaire d’une mémoire des comportements passés. Ce qui rend la perception possible d’une présence corporelle, est l’effet de matière d’un corps physique ressenti par l’esprit de son détenteur lors d’une émotion retenue. Mais cette représentation mentale de soi est obsolète, par le constat d’une inadéquation apportée dans la résolution d’une problématique survenant dans le présent. Pour que le corps physique puisse se transformer en apportant une nouvelle régulation biologique, il faut que l’énergie émotionnelle s’écoule dans des comportements qui matérialisent une nécessité de changement. De cette façon, une personne reste elle-même tout en étant différente, ce qui lui permet de réitérer la pertinence de sa présence.
Nous sommes bien alors dans une dématérialisation psychique au profit de l’instruction d’une nouvelle conscience au sein d’un rapport d’interaction entre une personne et son état vital lui-même instruit par le rapport du corps physique à son environnement. C’est ainsi qu’une décompression émotionnelle permet de rapprocher la réalité consciente d’une personne à sa réalité vitale naturelle, celle qui le relit à tous les phénomènes qui existent, entrant dans le cadre d’un environnement universel. Dès lors que nous pensons au travers d’un fonctionnement humain, une intégration des différentes fonctions le relie à un environnement pour lui procurer une quantité d’information qui fait de lui une nature humaine. Le résultat de cette maturité fonctionnelle se réalise dans une architecture spécifique de rapports qui se conjuguent, pour produire une source de données conscientes. Nous aurons alors affaire à une nature humaine intégrée, dont le seul souci de conservation existentielle est de maintenir une indépendance envers un environnement qui lui a permis de se construire. Est-il alors possible de trouver l’ensemble de cette instruction au-préalable dans un génome humain ? Oui si nous considérons l’être humain vivant comme une véritable création naturelle.