La conscience d’esprit

À l’origine de l’éthique comportementale mise en place par la conscience, se trouve la dévolution de soi. Comment comprendre en humanologie, l’étude d’une dévolution de soi et pourquoi est-ce la condition à l’avènement d’une éthique comportementale, qui veut son aboutissement dans l’énonciation d’un mouvement universel de métamorphose de l’être humain en homme ? Déjà, ce qu’il faut savoir c’est que la dévolution n’est pas une méthode, mais l’intégration d’un esprit dans un fonctionnement humain. Ainsi, il faut déjà avoir fait basculer la conscience individuelle vers la conscience humaine, pour envisager que celle-ci soit le sujet de soi et non le sujet d’un corps, comme dans la conscience individuelle. Qu’est-ce qui est en jeu dans une dévolution de soi ? La transformation de ce que l’on sait de soi, en l’esprit d’une réalité, dont la substance de son réel se répercute dans les perceptions qui nous relient à elle. Toute personne humaine vit dans un contexte environnemental, dont la réalité ne tient qu’au travers des sensations que nous avons de lui. Ces sensations, dont l’essence ne tient pas à la substance de la réalité elle-même, mais aux perceptions, que l’esprit se donne par conscience d’un référentiel construit, la conscience humaine, auquel les sens font référence. Par définition, l’esprit interprète ce qu’une vie humaine éprouve en réalité. Alors où va s’appliquer la dévolution de soi et que cela concerne-t-il ?

Nous avons déjà vu que la dimension du soi est intimement liée aux sentiments que l’on éprouve dans la vie. Ces sentiments corroborent ou non un profil psychique relevant lui de l’activité sensorielle inconsciente. Si ces sentiments ne corroborent pas le profil psychique, c’est qu’ils se trouvent confrontés à un inconscient dysfonctionnel, voire pathologique. Dans ce cas-ci, les refoulements psychiques font obstacle à leurs traitements par la conscience, dont le but consiste à formuler des comportements épigénétiques sur l’organisme biologiques, et ainsi apporter une réponse physiologique adaptative. Nous avons déjà traité le sujet de la réponse à un inconscient pathologique, par le recours de l’esprit à re-conceptualiser les contextes responsables des refoulements, ce qui permet une réassociation temporelle, entre un profil psychique antérieur et une réponse adaptative à celui-ci. Ceci légitimise, par conséquent, une réintégration au fil historique d’une histoire personnelle. C’est dans ce domaine que la méthode psychanalytique apporte sa plus grande pertinence, dans le contexte exclusif d’une vie individuelle. Nous verrons que cette méthode est insuffisante, pour éclairer les dysfonctions psychiques occasionnées lors de la prise en considération d’une vie systémique.

La dévolution de soi s’applique dans le contexte d’une vie systémique, dont la réalité physique du corps humain soulève des questions à la conscience humaine. Pour un ensemble de raisons, qui vont de l’émergence de problèmes psychologiques et/ou de problèmes organiques, une conscience individuelle est amenée, par l’esprit, à la question de sa pertinence. Cette question est posée par l’esprit qui interroge le sujet de son ego, par le ressenti des symptômes physiques qui lui démontrent implicitement la réalité d’une existence corporelle. La conscience individuelle n’est pas à même de pouvoir servir de référentiel conscient dans ce cas précis, pour un mécanisme réflexif de l’esprit dans le cadre trop restrictif qu’une vie individuelle lui procure. C’est pour cela que le corps physique, avant d’être humain, est vécu comme un corps matériel, dont les sentiments envers lui, donnent l’importance qu’une conscience de soi lui accorde. C’est donc par la nécessité d’une nouvelle prise de conscience, qu’une existence individuelle peut comprendre qu’elle ne peut rendre compte, à elle seule, de la complexité d’une vie humaine. Celle-ci, d’ordre religieux, psychologique, social, culturel et naturel, permet d’adopter une approche consciente plus complexe par l’esprit, avec l’introduction d’un tiers dans sa logique de compréhension des situations. Ce tiers qui devient inclus dans la logique vitale, est l’Autre, au sens de la reconnaissance par l’esprit, d’une pluralité individuelle d’entité, dont le contexte commun est l’existence d’un environnement intérieur pour chacun. La vie systémique est le concept de représentation des relations d’un système, dont l’ensemble des membres de toutes les espèces font potentiellement partie intégrante, par les différents jeux d’interactions qui les relient.

Dans une telle situation, l’ensemble des membres du système, rendent compte, par le concept de vie systémique, d’une variété des échanges entre les différents membres et leur environnement commun. Ceci permet d’établir un champ de données nécessaires et suffisantes, pour faire évoluer les états d’esprit de chaque membre, d’un état de conscience individuelle vers un état de conscience d’esprit. Sans oublier d’inclure la conscience humaine, puisque l’être humain interagit aussi avec d’autres êtres humains. Nous avons ainsi, de fait, les conditions parfaites pour un esprit, d’envisager de pouvoir traiter les sentiments venant des sensations d’un corps physique, comme de son environnement, grâce au nouveau référentiel d’une conscience d’esprit. Nous avons donc en lice, un profil psychique émanant de la constitution d’un inconscient sensoriel, dont les dysfonctions génèrent des sentiments à l’origine d’une conscience de soi, ce qui en établit la réalité d’un premier protagoniste. En second, nous avons la rencontre avec des perceptions qui irriguent la constitution d’un esprit. En troisième, nous avons la vie systémique qui conçoit des valeurs fonctionnelles de ce « soi », constitutionnellement établi par les perceptions de l’esprit et les sentiments psychiques. Quatrièmement, une conscience d’esprit qui instaure l’unité corporelle à l’origine des limites de soi, dans la différentiation d’avec les autres individualités humaines, par les informations de la vie systémique. Enfin, nous avons un opérateur qui exploite tout le jeu interactif entre ces quatre membres actifs. Ceci se fait au travers d’un espace de travail, dont le dynamisme va être apporté par l’énergie des informations d’une vie systémique, les perceptions de l’esprit, les sentiments d’une conscience.

Comment va fonctionner cet espace de travail ? Par optimisation fonctionnelle, exécutée par une intelligence dont la fonction n’est autre que de représenter cette optimisation sous sa forme énergétique. Celle-ci se présente sous le couvert d’une structure dissipative auto-adaptative, qui signe l’activité d’un système physique individué par une conscience d’esprit. Pourquoi une telle structure ? Parce que nous sommes dans une matrice de données sensorielles. Pourquoi dissipative ? Parce qu’elle engendre la génération de formes opératoires, dont l’instabilité énergétique de leur nature convective en donne les conditions d’émergence. Soulignons que c’est par la factualité des données sensorielles par quantité énergétique, en entrée et en sortie, que ces mêmes données se structurent en information de perception. Pourquoi auto-adaptative ? Parce que les structures dissipatives sont nourries d’apports extérieurs et intérieurs au système, ce qui en atteste une autonomie constitutionnelle. Ce que confère la nature énergétique du système, est de faire naissance à une matrice de représentation, qui par définition devient l’opératrice de l’ensemble de toutes les parties du système, aussi infimes soient-elles. C’est quand même ce que nous observons par l’existence d’un champ énergétique, à l’origine des structures de tout être vivant. Il n’est donc pas étonnant que les sentiments de soi, soient traités de façon équivalente à toute structure physique, comme n’importe quel type d’information. C’est ainsi qu’une conscience de soi est comparable à une conscience physique de soi, auquel un esprit va pouvoir confronter une conscience humaine, pour en déduire sa propre conscience, sésame de la transformation métamorphique du corps.

Toute matière fait partie de ce que l’on appelle la dimension macroscopique de la réalité. Il existe aujourd’hui, en physique de la nature, une classification d’échelle en trois domaines : le macroscopique, le mésoscopique, le microscopique. Le dénominateur commun de ces trois domaines, c’est que nous parlons de manifestation physique, en conséquence mesurable d’une quelconque manière et engendrant des grandeurs physiques. Si nous introduisons la notion d’énergie et d’information dans le concept de la manifestation physique, alors il est possible de déterminer deux types de jonctions entre les trois niveaux d’échelle de ces manifestations physiques. Une première jonction entre le macroscopique et le mésoscopique, par le concept d’information, et la seconde jonction entre le mésoscopique et le microscopique par le concept d’énergie. Nous comprenons pourquoi le domaine mésoscopique est le fait d’une réunion de ces deux jonctions d’échelle de la manifestation physique en général, en faisant de l’information une quantité d’énergie et vis et versa. D’autres par, cela nous fait facilement accepter que l’information puisse être le cinquième état de la matière à côté du liquide, du solide, du gazeux, du plasma.

Revenons au concept de dévolution du soi et voyons comment elle est utile à une conscience d’esprit, en provoquant l’inversion du sens de l’esprit. Par l’individuation du corps physique, grâce à la conscience humaine, l’esprit se trouve confrontée à une matière, le corps physique. Le différentiel des informations entre l’intérieur de soi-même et l’extérieur de soi-même, est donné par la mise en relation de ce corps, opérée par l’activité autonome de l’esprit. N’oublions pas que le fait d’exister, pour un esprit, est dû au fait d’être potentiellement conscient de toutes les interactions possibles avec l’environnement intérieur de chaque entité en mouvement. Les sensations sont un champ de données différentielles, puisque leurs origines sont doubles, venant séquentiellement de l’extérieur et de l’intérieur d’un même corps. C’est donc à l’esprit que revient la charge de configurer ces données en informations. Comment ? Par la confrontation d’un profil psychique constitué de sentiments de soi, avec le profil d’une personne humaine constitué de sensations. L’esprit s’immisce comme une interface entre ces deux domaines, par la création d’états d’esprit au sein de son espace de travail, lui-même configuré par la conscience humaine. Il y a en conséquence, génération de structures informationnelles qui permettent d’induire un partage des sensations, entre un intérieur de soi et un extérieur de soi, renforçant ainsi l’existence d’une conscience d’esprit. Mais, comment ces informations naissent-elles ? Grâce à la séparation des domaines macroscopique et microscopique, par le domaine mésoscopique, dans une détermination sélective sur une double polarité, informationnelle d’un côté et énergétique de l’autre. L’information devient, par conséquent, le flux nourricier d’une conscience d’esprit créant de nouveaux états d’esprit. Simultanément, l’énergie est puisée dans la configuration physique d’une structure corporelle, maintenue dans son individualité humaine par la vie systémique qui en gouverne les valeurs de ses relations.

La dévolution de soi commence lorsque l’esprit constitue de nouveaux états. Il s’agit pour l’esprit d’investir la totalité d’une vie systémique, pour se permettre d’induire un mécanisme d’indépendance sur la base d’une conscience d’esprit. Cette intégration est réalisée en créant un processus d’intelligibilité des grandeurs physiques en cours dans une vie systémique. Pourquoi l’esprit a-t-il besoin de faire dévoluer le « soi » ? Attention, ne confondons pas le processus de dévolution avec celui d’involution. La dévolution n’altère pas l’intégrité de la forme d’esprit, mais en élimine ses dysfonctions pour rejoindre l’unité d’un fonctionnement inclusif, à partir d’une vie humaine. Involuer signifierait la disparition de l’esprit. Celui-ci opère une dévolution du soi, au travers d’une réification inverse de l’idée sous-tendue à toute existence humaine, qui est l’indépendance totale de son esprit vis-à-vis d’un environnement qui l’a fait naître. En réalité, il s’agit de faire disparaître les conditions de sa mort. Mais, cette indépendance a un cout, celui d’abandonner progressivement toutes valeurs individuelles au profit de l’adoption des valeurs universelles, dont les grandeurs physiques constituent la totalité de l’information d’une conscience d’esprit. La dévolution de soi n’est donc pas une opération abstraite, mais au contraire comporte tous les aspects d’une réalisation concrète. La transformation métamorphique est davantage qu’une simple transformation opérée dans les débuts du processus. Nous passons d’une objectivité normative subjective d’une réalité personnelle, à une objectivité normée d’une réalité universelle, relativement aux grandeurs physiques d’une vie systémique, c’est la naissance d’une norme socio-physique universelle. La conscience d’esprit se donne l’apparence d’un fonctionnement humain, dont la conformation suit la tradition anthropologique d’une évolution humaine vers l’avènement de l’homme moderne. Ce processus évolutionnaire conduit à une réalité de l’homme, porteuse de valeurs universelles que l’on connait partiellement, mais dont il reste encore beaucoup à découvrir.

Ce que le domaine des sciences physiques laisse entendre, c’est que le raffinement dans la façon de traiter l’énergie nous amène inéluctablement vers une intégration informationnelle de l’esprit, dont la nature est distinctement intelligible. Cela a de fait comme incidence sur l’esprit, de pouvoir disposer, en temps réel, de toutes les informations nécessaires comme indices d’un cheminement d’esprit établissant la constitution de sa conscience. Nous l’avons compris, toutes les manifestations physiques du domaine de la Nature nous sont accessibles par le biais de la traduction informationnelle de leurs relations. C’est ainsi à chaque conscience d’esprit, d’assumer les choix d’un avenir favorable à l’humain, tout en demeurant réaliste dans les possibilités de ses aspirations. Rien n’échappe à la conscience d’esprit et tout est en accès libre, la contrainte exercée par l’environnement ne devient destructrice, pour un fonctionnement humain, que dès lors, elle déborde sur un manque personnel de connaissance de soi. L’interprétation philosophique qui donne à la connaissance de soi une marque des limites de chacun, n’est pas à prendre au pied de la lettre. Elle indique que la solution philosophique fait partie des moyens auquel tout un chacun peut utilement accéder. Mais, ce n’est pas par la tradition philosophique que l’on accède à la réalisation de l’éveil d’une conscience d’esprit, c’est par l’engagement conscient d’un homme à vouloir se conquérir lui-même. Parce que ce n’est que d’une conscience d’esprit qu’une réalité de l’homme apparait et d’elle-seule. Tout se justifie dans ce monde, et le seul écueil dans ce cheminement, revient au fait de parcourir des voies sans issues, ce qui est la marque d’une inconscience d’esprit. Toute finitude est le résultat d’une voie sans issue pour l’esprit, c’est pour cela que la route n’est pas unique. En revanche, multiples sont les possibilités de trouver la sienne, car c’est pour cela qu’une diversité s’offre au désir de chacun.