La conscience individuelle, prérequis d’une conscience psychique

La faculté consciente définit un cadre opérationnel. Dans celui-ci, la conscience individuelle se place comme la définition de l’unité élémentaire d’information, dont dépend une capacité d’intelligence, à fonctionner correctement. Cet aspect de la conscience nous permettra de définir l’intelligence comme la disposition de traitement des informations, apportées par une conscience individuelle dont la personne représente l’individualité par l’individualisation du réel. L’enjeu existentiel pour l’homme est la connaissance approfondie d’une intelligence naturelle, dont l’exploitation définitive délivre un savoir universel à l’encontre d’une réalité, dont les récipiendaires sont les personnes humaines. La conscience individuelle, induite par le développement d’un esprit indépendant, peut évoluer vers une conscience psychique, au travers du classement des évènements de l’esprit dans les trois catégories de l’intelligence que sont l’inconscient, le subconscient et le conscient. D’où l’intérêt majeur de bien cerner les prérogatives d’une conscience individuelle.

La conscience individuelle, donne les moyens stratégiques pour des actions personnelles innovantes, et formuler des comportements adaptés à toute situation événementielle d’un vécu. La première question que l’on se pose est celle de savoir si un individu est unique dans sa définition existentielle. Nous pensons que non, en effet, pour un humanologue, seule une personne est unique, construite par les jeux d’inter-action avec un environnement, qui en déterminent le développement de sa psycho-physique. L’individu est tout autre, il s’agit d’un attribut fonctionnel, car il représente la partie indivisible d’une réalité, suivant les lois d’une socio-physique renouvelée, par l’introduction d’une relativité absolue de conscience. Ce type de relativité définit les caractères des interactions au sein d’un système ouvert, corrélés aux différentes évolutions des lois établies pour un système fermé. Ce véritable changement de paradigme dans la pensée phénoménologique d’une nature de l’existence, change toute l’interprétation des phénomènes naturels observés. Être humain devient la manifestation phénoménologique d’un processus vital en fonctionnement, mis en ordre par un cadre informationnel, dans son observation, comme pour sa compréhension. Être humain ne diffère, par nature, en rien de n’importe quel phénomène naturel, si ce n’est dans son degré de complexité organisationnelle. Ainsi, nous pouvons écrire qu’un être humain est un individu par sa manifestation, mais seulement dans l’ordre diversifié des phénomènes naturels.

D’une façon générale, il existe au moins deux ordres de grandeur physique ; le monde microscopique et le monde macroscopique, soit le monde invisible et le monde visible. Sur les deux, nous pouvons observer, agir, et interpréter. Ainsi, les deux mondes sont connaissables par leurs informations produites, suivant différents procédés d’extraction que leur confèrent leurs données constitutives. Ce qui s’observe d’un esprit est de l’ordre du pensé, alors que ce qui s’observe d’un corps physique est de l’ordre d’une conscience. La pensée est dans la nature de soi, car nous pensons nous-même uniquement parce que nous pensons d’un autre, même si cet autre n’est autre que soi-même. Mais, si nous pensons, c’est parce que l’autre existe en conscience pour soi. Ceci nous amène à la faculté de réflexion, qui est le seul mode de pensée dont la conscience de l’autre ne nous est pas nécessaire. Ceci nous entraine à comprendre que la constitution d’un esprit indépendant, trouve son origine dans la manifestation d’une forme typique de pensée, la réflexion en soi. De tout ceci, bien sûr, le concept d’une conscience individuelle ne caractérise pas toutes les possibilités d’une faculté consciente, mais c’est la seule possibilité offerte par la constitution d’un esprit indépendant.

Cette précision apportée, nous pouvons déclarer qu’un individu n’est autre que la manifestation vitale d’une intelligence, dont la conscience individuelle se caractérise par le degré d’ouverture d’esprit. Alors, oui, dans ce cas, un individu est unique parce que la condition de sa manifestation est dans la constitution d’un esprit indépendant. Les comportements de celui-ci vont être issus de ses réflexions, ce qui nécessite une ouverture au monde, mais lequel ? Le monde des phénomènes microscopiques ou/et le monde des phénomènes macroscopiques ? Une nouvelle précision doit être faite avant d’en concevoir une réponse. Tout le monde s’entend pour dire que le monde réel est le monde de la manifestation, et que celui-ci se définit dans les propriétés des mesures que l’on fait sur lui. Nous observons, que l’un a pour base d’interprétation l’intuition de l’évidence mesurable par les sens. L’autre qu’il est contre-intuitif à l’observation, ce qui nous impose de nous défaire des évidences constatées par le bon sens, celui donné par les organes sensoriels. Le différentiel des deux mondes exige l’anticipation du résultat de l’expérience sensible, pour en permettre une compréhension objective, dit-on. C’est pour cela que nous avons construit le système universel de mesure, pour que chaque grandeur physique puisse être garantie par convention, et dont l’arbitraire signifie, ici, l’objectivité. La science, car il s’agit ici de l’esprit scientifique, est assise, d’une façon magistralement ostentatoire, sur le trône d’un paradoxe fondamental. Celui de décrire la Nature par un système conventionnel. Les mesures objectives nous en assurent une interprétation, et nous en formulons la constitution de lois primordiales à son fonctionnement, tout en étant partie prenante par notre nature vitale. Pouvons-nous vraiment faire confiance à cette méthode pour nourrir efficacement un esprit indépendant ? Oui et non, oui pour l’amorçage d’une connaissance, non, pour la finalité anticipatrice d’une science, qui fait manquer à l’esprit la possibilité de vivre une conscience totale au nom d’une personnalité.

Alors que faire, car il est tout aussi impossible de se fier à nos sens, sachant que ceux-ci ne font que matérialiser les situations historiques d’un environnement en particulier. En effet, la constitution subjective ici présente, ne dépend que du classement et de l’organisation des interactions psycho-physiques, dont le seul objectif est de manifester le reflet des mèmes culturels en une souveraineté environnementale. En premier, il ne faut rien rejeter en bloc. Pourquoi ? Parce que les données, ainsi obtenues des deux mondes, sont des approximations nécessaires en vue d’élaborer l’indépendance d’un esprit, avant de pouvoir la réaliser. Après, il nous faut concevoir dans le champ de l’existence vitale, car ne l’oublions pas, nous sommes des êtres vivants par essence, mais également par substance. De ce fait, une existence ne dépend potentiellement que du niveau de conscience totale apporté par les informations d’une vie individuelle. Par conséquent, une résolution individuelle est nécessaire, lorsque la vie dépend des informations d’un vécu personnel. En effet, considérer une personne sous le seul aspect d’une vie individuelle, revient à donner un blanc-seing à l’environnement. Celui-ci, grâce à sa logique interne, due à la nécessité de considérer toute partie de lui-même comme constitutive d’un système fermé, tend à transformer chacune de ses parties en un être d’état. Ceci veut dire conforme aux intérêts d’une convention d’état, contrôleuse de ses fonctions. À l’inverse, une vie dépendante des informations individuelles, permet une réalisation personnelle grâce aux lois propres du genre humain (l’humain homme, l’humain femme), recensées dans un système physique ouvert.

La résolution personnelle dont il est question ici, est de mettre en œuvre une désimobilisation dans l’état corporel, pour que l’information individuelle intègre le processus d’organisation du vivant. Ce processus ne peut être opérationnel, que dès lors, il suit les lois naturelles d’un système physique ouvert. La question est de savoir maintenant, comment ce qui est pensé au sein d’un esprit individuel, peut physiquement se réaliser dans un corps, gouverné par les lois humaines d’une société dans lequel une personne évolue. Pour trouver une réponse, il nous faut à présent parler de ce qu’est un système. En suivant la logique du tiers exclus, un système fermé va être en interaction avec un vide abstrait, celui du tiers exclus, donc seulement avec lui-même. En suivant la logique du tiers inclus, un système ouvert va être en interaction avec un vide concret, le tiers inclus. Ce qui fait épistémologiquement leur différence, c’est ce que l’on entend par « vide ». Un vide abstrait n’a aucune réalité existentielle en dehors de l’énoncé de son postulat, ce n’est qu’une entité formelle aux propriétés nulles postulées. Un vide concret est constaté comme un espace rempli de phénomènes énergétiques potentiels, non conscientisés, fortement mis en évidence par l’observation ou l’expérience sur celui-ci. Nous en déduisons alors, qu’un système fermé dans lequel de multiples interactions se manifestent, va tendre à l’équilibre de son mouvement, ce qui provoque la constitution d’un seul état par optimisation. Tandis que pour un système ouvert, le degré de croissance et de développement du système, son comportement, va dépendre des interactions qu’il établit en externe et en interne. Ceci donne une transformation par auto-organisation tout en maintenant une circulation des flux le traversant.

Plus précisément, pour un système fermé, rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme vers un équilibre d’énergie du système. Le résultat obtenu se qualifie en état du système, dont les fonctions intermédiaires concourent à l’établissement de l’état. Ce système ne peut pas être qualifié d’évolutionnaire. Pour qu’il y ait évolution ici, il faut que l’environnement change. Pour un système ouvert, celui-ci profite d’une création d’énergie apportée par l’environnement, toutefois il peut tout aussi bien en perdre au profit de l’environnement, tout est une question de finalité du système. Simultanément, le système se transforme soit par croissance, soit par décroissance, ce qui apporte une variable d’évolution endogène dont nous pouvons extraire une unité d’évolution. Celle-ci s’incarne parfaitement dans le statut de l’information, ce qui permet de mesurer le degré de complexité d’un système, en fonction de la quantité d’informations nécessaires pour son organisation fonctionnelle. Nous avons donc affaire à un processus, dont l’observation potentielle des différents états intermédiaires, autorise à mesurer à la fois les différences d’échelle de fonctionnalité, mais aussi les différents types de fonctions engagées dans le système.

Ainsi, nous pouvons maintenant répondre à la question de savoir vers quel monde un esprit indépendant s’ouvre. Ce monde n’est ni microscopique, ni macroscopique, toutefois par l’exploitation des deux, il en crée un nouveau ; le monde mésoscopique et c’est celui de l’information. Alors pourquoi mésoscopique ? Parce que, en premier, il est de nature physique et représente un niveau intermédiaire entre l’interprétation quantique de l’infiniment petit, et l’interprétation classique du domaine macroscopique. En second, une information possède la nature de l’énergie nécessaire à la produire, tout en donnant, par sa forme, le sens de sa réalité fonctionnelle. L’échelle des distances en cause va s’étendre des dimensions de l’atome jusqu’au micromètre. Ce domaine physique concerne le domaine moléculaire d’un organisme. La plus petite cellule humaine fait environ cinq microns, alors que le niveau atomique se situe dans le domaine nanométrique, tout en sachant que les atomes sont rarement libres, mais, inter agissent entre eux, ce qui en produit leur chimie. L’interface du domaine mésoscopique de l’information va donc jouer sur leurs organisations fonctionnelles. Celles-ci se présentent sous la forme de chaine moléculaire, dont la taille se situe autour de trois nanomètres. À titre d’exemple, une expérience de laboratoire a permis d’établir, que le sens du toucher autorise une discrimination sensorielle jusqu’aux atomes de matière.

Ainsi, nous avons une information qui couvre le domaine quasi complet de la réalité physique, ce qui l’autorise à relier le monde microscopique au monde macroscopique. Ce que nous devons comprendre dans le paradigme du système ouvert, c’est qu’un système peut croitre, se développer, fonctionner, se reproduire sans nuire à son environnement. Cela est rendu possible parce qu’il se fonde sur la libre circulation des flux énergétiques, dont il se sert comme médium d’information. Cela assure au système ouvert une boucle évolutionnaire parfaitement indépendante de son environnement, tout en restant autonome, puisque ne dépendant pour son évolution, que d’informations médiées par la circulation des flux. La transformation, pour un système ouvert, ne dépend que de sa capacité à traiter les informations qu’il capte énergétiquement. Ce système est donc libre des comportements de son environnement, ce qui le place chronologiquement dans une rupture du temps historique (linéaire), pour identifier un temps cyclique (individualisé). Voilà pourquoi ce système vit d’une causalité libre de tout milieu, ce qui l’autorise à la poursuite d’une cohérence maximale (sa puissance).

L’évolution d’un système ouvert progresse dans une dualité, dont la composition des termes en permet le développement d’une puissance fonctionnelle. La recherche d’une cohérence représente ainsi la croissance et la pérennité d’une unité dans la diversité des individualités. Ce n’est pas un processus d’individuation, mais un processus qui mène à l’individualisation de l’information, ce qui est fondamentalement la distinction entre un objet physique (technique) et un être vivant (conscient). Par conséquent, d’un processus physique de causalité libre d’influence, nous introduisons la genèse d’un esprit indépendant. La polarité, inhérente au fonctionnement d’un système ouvert, permet de couvrir la totalité des événements physiques, quelles que soient leurs modalités d’expression. Ceux-ci surviennent dans le domaine qui s’étend du monde microscopique au monde macroscopique, et se font sous la forme d’un résultat de traitement d’informations. Comment donc ne pas saisir, intelligemment, qu’aux différentes échelles des fonctions d’un système ouvert sur l’environnement et sur lui-même, les états intermédiaires ne puissent pas être représentés par des fonctions d’intégration des différents niveaux du système ? C’est ce que décrit parfaitement la téléologie d’un système ouvert, dans la production d’une individualité, dont rend compte la conscience individuelle de son information. Mais, aussi, la naissance d’un phénomène de centrage conscient, par la puissance progressive due à la cohérence du système qui tend, sans l’atteindre, vers une singularité abstraite. L’attribut individuel, sur le plan personnel, est donné par le facteur d’intégration des informations, représenté par le traitement intelligent de celles-ci. C’est ainsi, qu’une conscience individuelle, se trouve individualisée et centrée, prête pour le parcours évolutionnaire d’un esprit indépendant.