La question du savoir

La signification du temps dépend du formalisme de son utilisation, c’est ce que nous dise les sciences physiques. Il y aurait un temps pour tout à condition qu’il soit articulé à une réalité dont il rythmerait les comportements. Est-ce bien exact dans le contexte d’une humanologie ? Non, pour le sens commun le temps est associé à la dualité, c’est-à-dire à un observateur différent de l’objet observé. Mais en humanologie le temps se condense dans le présent qui est lui-même l’espace des manifestations de soi-même intégrant son milieu, donc le temps n’existe pas et comme nous le verrons ultérieurement, pas plus l’espace. Pourquoi est-ce ainsi ? Parce que la conscience, établie comme le référentiel absolu n’est pas physique, ni issue d’un quelconque contexte, ce qui fait d’elle une réalité dépassant la dualité.

Dans l’humanologie le temps se trouve donc écarté au profit d’un espace des manifestations de Soi, qui ne représente rien d’autre que ce qui fait conscience de Soi. Alors pourquoi l’espace des manifestations de Soi n’existerait-il pas puisque justement c’est par son existence que le Soi peut se manifester ? Parce que justement ce qui fait la matérialité d’un Soi relève des sentiments et des affects propres de ce que vit une personne en situation de ses propres vécus, et que la cause psychologique de ce qui l’amène à les vivre est d’en prendre conscience. Donc nous pouvons affirmer que le sens exact d’un esprit individuel est la transformation de l’espace des manifestations de Soi, la matérialité de ses sentiments et de ses affects, en connaissances des réalités qui sont à l’origine de la dualité d’une personne à leurs encontre. Le temps et l’espace deviennent donc les éléments contextuels d’un savoir dont la conscience relève d’un environnement.

Ainsi une personne dont l’esprit est éveillé est une personne dont les comportements ne relèvent que de la propre conscience à intégrer un nouveau savoir. Nous sommes dans l’exact constat d’une personne qui n’a de compte à rendre qu’à elle-même, sous-entendu à la conscience qu’elle a de la conscience en général.

Quels sont donc ces éléments contextuels dont l’espace et le temps rendent compte ? Des éléments de culture qui ni sont en réalité que des faits de nature. Si l’être humain est ce qu’il est, c’est par l’intégration de sa propre réalité en tant que ce qu’il est, par l’implication qu’il a de lui-même dans les multiples affaires du monde. Mais ce qu’il est, n’est que la conscience apportée à sa transformation de lui-même au contact du monde, il en prend forme comme un moule à cire perdue donne forme au métal fondu qui lui est versé. Puisque la culture humaine est le médium par lequel un être humain dialogue avec son environnement et que la culture humaine est constituée d’éléments de langage qui rendent compte in fine des faits de nature, alors l’espace comme le temps transcrivent les conditions des milieux ainsi que les rythmes d’apparition des événements qui font environnement de vie d’un langage, celui-ci naissant d’une intelligibilité donnée par les affects et les sentiments personnels de chaque être humain.

Que représente alors le savoir, nous devrions plutôt écrire le Savoir. Une parole, le véhicule propre d’une conscience se vivant elle-même comme fondatrice de sa personne et relevant le défit du déterminisme de son propre corps physique comme de son environnement de vie. Alors peut-on parler d’un « acte de vie » quand nous parlons du Savoir ? Oui, et bien plus encore, car n’oublions pas ce que nous avions compris précédemment de la conscience. Nous avions perçu qu’une prise de conscience équivalait à une « action de » grâce aux percepts sensoriels (tous les percepts des huit sens), ce qui signifie que le Savoir est action de conscience d’une conscience de vie, ce qui ouvre pour l’être humain la porte de la connaissance par les faits naturels vécus. N’est-ce point l’action de grâce dont parle la foi Chrétienne ? N’ayons pas peur des mots, le Savoir est bien la manifestation naturelle de l’origine de notre réalité humaine, celle induite par le tout naturel. Qu’est-ce que la Conscience (oui avec un grand « C » car il s’agit de la Conscience générale) peut bien nous en dire ? C’est à chacun d’entre nous de le découvrir car cela fonde l’identité pour l’être humain.