Le libre-arbitre repose sur la possibilité des choix individuels. Cette idée humaine est à la base du développement d’un « kairos », les opportunités pressenties par les pensées et saisies par l’esprit, dont nous allons ici expliciter la nature. Ce qui nous vient en conscience, c’est qu’un choix correspond à l’anticipation d’un avenir, dont la prise de décision engage la vie dans une certaine direction. Cette intuition est juste. Mais, il nous faut être contre-intuitifs par nature pour envisager le libre-arbitre comme instinct. C’est la mise en mouvement autonome d’un acte par l’esprit, dont la modalité opportune, satisfait au besoin exact d’une action, dans un moment de sa vie. Cette action instinctive, valide fondamentalement l’unité de mesure d’un espace-temps personnel, corrélatif à l’activité d’un esprit indépendant qui le sous-tend. Ainsi, être instinctif, est la manifestation spontanée d’une prise en compte d’un intérêt supérieur de soi, rester en vie. Les conséquences de cette idée sont impressionnantes sur la façon de pouvoir envisager l’être humain dans son rapport au monde. En effet, envisagé de cette manière, le monde réel apparait comme issu d’un temps et d’un espace profond, seulement accessible à un esprit indépendant.
Le monde ordinaire, sensible et intelligible, est une réalité entretenue comme une illusion par l’esprit, dont l’usage par nos comportements lui procure cette apparence de réalité. Mais, rien n’est plus faux et inauthentique que cette apparence sauf à la réintégrer dans le processus instinctif. L’être humain ne peut directement s’offrir la conscience de ce qu’il est en vérité, car cela le désadapterait socialement. Il doit se révéler à lui-même l’indépendance de son esprit, pour faire de son corps physique un fonctionnement humain qu’il anime d’un cerveau. La vie prise individuellement n’existe pas, elle ne peut relever que d’un résultat systémique issu d’une apparence de soi, par des relations qui font la matrice informationnelle d’un environnement, ce qui procure une présence à sa conscience. Cette incorrecte certitude d’être soi-même en vie, est renforcée par les divers automatismes de sensibilité et d’intelligibilité, intégrés durant une existence passée sans réflexion sur « soi ». Pourtant, c’est à partir du sursaut instinctif, qu’une personne a le loisir de sortir de l’illusion de l’apparence, par l’opportunité des actions de son esprit. De quelle manière une opportunité peut-elle lever le voile de cette irréalité de « soi en vie » ? Par l’accession au niveau de conscience d’un entendement humain sur la réalité dans laquelle on vit. C’est donc à l’objet d’une humanologie que nous nous adressons, lorsqu’il devient compréhensible que le monde ordinaire ne pourra jamais nous procurer la conscience exacte de ce que nous vivons.
Notre hypothèse de départ, c’est qu’un espace et un temps profond existent au travers des opportunités saisies par l’esprit, qu’il utilise en générant des actes conscients dont les comportements manifestent leur nature. Cette utilité opportune est nécessaire pour que l’esprit se fasse des idées d’un autre monde que celui dans lequel il vit et expérimente. L’espace et le temps profond sont différents du temps linéaire et cyclique, par la densité de leurs compositions. En effet, ils surgissent dans l’intervalle de l’instant et du moment, qui font de ce point de convergence l’ouverture vers une plus grande densité de temps et d’espace. Ceci nous donne à percevoir les modifications de notre environnement, par un ralentissement du temps et une contraction de l’espace. Ce fait de l’esprit, partage à la conscience une plus grande capacité d’action dont un esprit peut user pour ses comportements. L’aspect fugace et spontané de la venue d’une opportunité correspond à la nécessité pressentie d’un besoin de temps. L’aspect fugace de ce besoin en manifeste la forme et l’aspect spontané une densité, obtenue par la contraction de l’espace. Ce que ce rapport entre une vitesse apparente du temps et une contraction apparente de l’espace signifie, c’est que tout phénomène relève d’une opportunité conscientisée, par un acte de perception. Dans ce sens, rien de ce qui est apparent est dû au hasard, ce qui délivre le champ de toute possibilité d’un choix conscient, toutefois perçu uniquement par un esprit indépendant. C’est donc ainsi que le monde illusoire de la réalité d’un cerveau, est le terreau de toute action d’un réel que la conscience façonne.
Le monde illusoire de l’apparence est la seule réalité accessible par les sens ou l’intelligence. Comment alors peut émerger les conditions d’un acte conscient qui fait l’opportunité de sa réalisation ? En acceptant le partage complet des connaissances sur l’environnement d’espace-temps, qui fait d’un esprit indépendant un esprit neuf, constamment renouvelé par l’esprit de son fonctionnement humain. Existe-t-il dans la constitution humaine un mécanisme naturel qui permette la mise en activité d’un renouvellement de l’esprit par l’induction de son environnement ? Oui si l’on considère le cerveau comme l’architecture fonctionnelle d’une activité de formation des nouveaux comportements, par l’émergence des actes conscients des facultés cognitives. La possibilité de cette activité en revient à la physiologie particulière du système biologique représenté par la circulation du liquide cérébro-spinal. Nous renvoyons le lecteur à l’article décrivant ce système au travers de ce lien : https://humanologie.info/maladie/. La question importante qui se pose alors, est de savoir pourquoi ce système ne permet pas spontanément à tout esprit d’accéder librement à cette faculté ? Parce que encore aujourd’hui, il est tout d’abord nécessaire de se forger une indépendance d’esprit, avant de pouvoir accéder à la profondeur constitutionnelle de l’espace-temps personnel.
C’est donc dans un souci d’acquisition de cette indépendance d’esprit que nous allons interroger les processus qui donnent, ou non, légitimité à la question du choix. Développons ce qui peut faire matière à compréhension. Le choix peut s’établir par une certaine configuration des sens, par l’agrégation d’une quantité définie d’idées, par la pertinence des pensées, par un rapport circonstancié à la Nature, ou par l’intime conviction d’une croyance. Le processus du choix, aide à définir les conditions à l’origine de la décision d’un mode de fonctionnement humain approprié. Seul l’établissement d’un choix sur l’intelligibilité d’un entendement humain, transforme les modes de vie, par l’intégration nécessaire des moyens cognitifs vers un intérêt pour soi-même et les autres. Ceci veut dire, qu’une évolution personnelle et individuelle n’est accessible que par l’intelligence de la personne elle-même. C’est la seule configuration où un libre-arbitre est possible pour l’être humain, dont le seul gain est de déployer l’existence humaine, par la seule utilisation de son esprit. Comment sommes-nous arrivés à cette conclusion ? C’est ce que nous allons développer maintenant.
Les perceptions rapportent à l’esprit toutes les informations à l’origine d’une réalité, dont se nourrit un entendement humain pour l’établissement d’une conscience de la réalité. Le fait qu’un être humain naisse dans les conditions d’un contexte superposé de Nature et de culture, lui permet de s’initier progressivement à l’intégration d’une indépendance de conscience. Les limites en sont imposées par l’intelligibilité des relations avec les réalités perçues, représentées par l’environnement et le corps. Le cerveau pousse le désir de conscience, par l’information du milieu, à créer inlassablement un fonctionnement humain qui corresponde à l’actualité du monde. Quand cela s’avère insuffisant, des perceptions d’une réalité intérieure se font ressentir, ce qui rend inconfortable l’esprit et génère inconsciemment la volonté d’une correction des informations d’un génome hérité. Cette correction se fera toujours dans le sens d’une plus grande harmonie entre le fonctionnement humain ressenti et la réalité contextuelle. Ne pas oublier, que les sens sont extéroceptifs et intéroceptifs, ce qui apporte à l’esprit la connaissance d’un rapport particulier entre « soi » et la réalité environnante. Le désir conscient initié par les perceptions d’une réalité intérieure font apparaître la réalité d’une psychologie personnelle. Le fonctionnement humain se voit alors métamorphosé dans une vie organique. Ce n’est qu’à ce moment précis, qu’un esprit indépendant se forme au travers de l’organisation d’informations, d’un corps physique, pour le dévoilement d’une réalité naturelle. Suivant le principe de l’information, qui définit la priorité du traitement de l’information locale sur l’information globale, le « je » de l’esprit devient le « moi » d’un corps. Celui-ci en parcourt le « nous » de l’humain, grâce à l’intégration d’une conscience, d’un fonctionnement humain intégré.
Aucune définition n’existe réellement pour la liberté individuelle d’un fonctionnement, seule la liberté personnelle d’une conscience peut intégralement se définir, pourquoi ? Parce que dans la réalité d’un fonctionnement humain, c’est le non-choix permanent qui s’opère par la coexistence de « l’un et du multiple », grâce au jeu des relations réciproques entre toutes les vies existantes. Chaque fonctionnement humain ne peut l’être que par l’échange systémique dû à la nature de la vie, ce qui rend sa constitution impermanente, mais durable, grâce à la production métabolique des échanges. Cela est ainsi rendu nécessaire à sa survie par le biais des fonctions de relation. Par conséquent, ce non-choix permanent, à titre individuel, permet de laisser libre-court à l’incarnation d’une vie de « soi » sous la forme génétique d’un corps humain dans le but de remédier à la relation de dépendance vitale.
Maintenant que se passe-t-il pour le corps émergent d’une indépendance d’esprit ? Le sens visuel est l’appui sur lequel se bâtissent les actions d’aujourd’hui, manifestées, de ce fait, par les intelligibilités du moment. De ce point de vue, les êtres humains ne sont que des individus particuliers. Les règles collectives du comportement individuel sont gardées par des lois issues d’un cadre juridique, dans nos sociétés modernes. Si nous voulons une réelle équité dans la société des hommes, alors abandonnons la référence visuelle de nos actions, pour qu’elles puissent s’établir sur un entendement humain d’ordre informationnel. Cet ordre recentre l’action sur le bien commun, par la participation active des consciences personnelles à intégrer l’intérêt supérieur de tous pour tout ce qui les relie. Dans ce sens, restaurons le pouvoir d’un cerveau au sein de chaque personne, pour qu’il puisse conceptualiser les stratégies comportementales nécessaires à l’instauration d’un esprit vivant. La notion même de séparation relève d’une idée psychologique, celle d’une division consciente entre ce qui est animé (les esprits) et ce qui est inanimé (les corps). Cette division est rendue nécessaire pour l’instauration d’un fonctionnement humain, dont le rôle est d’accoucher d’un esprit conscient, indispensable pour ses actes personnels.
C’est ainsi qu’un entendement humain intègre une organisation socio-physique des corps, comme forme individuelle parmi d’autres, dont un centre indépendant, la conscience, en préside le fonctionnement comme centre d’éveil. Ce centre est le centre d’un espace-temps profond, indéfinissable par essence, mais intégrable par la substance des actes conscients. La seule unité est ainsi l’unité d’un tout potentiellement accessible, car la séparation ne concerne que le mécanisme entre l’animé et l’inanimé de toute chose. Cette dernière est de principe, entre ce qui devient conscient et ce qui reste inconscient pour l’esprit. Dans ce sens, l’acte conscient peut se révéler à chaque instant comme ce qui manque à la somme des connaissances acquises par le passé. Il semble à présent que l’indépendance d’esprit soit le socle d’une conscience pour toute psychologie humaine en cours d’action. Cette indépendance d’esprit permet les actes conscients, créés objectivement dans le contexte subjectif des relations vitales subconscientes. Nous pouvons ainsi parler d’indépendance d’esprit par la nature d’un fonctionnement vivant.
C’est donc par l’indépendance d’esprit, entendre la volonté d’un esprit concret, qu’une réalité existentielle prend potentiellement corps, ce qui signifie qu’une réalité pensée devient une réalité créée. Si celle-ci n’est qu’intérieure, alors ce qui la conçoit relève d’une somme d’informations. La structuration globale de cette somme, est définie par l’intégration des règles communes du comportement au sein d’un contexte déterminé, nous parlerons ainsi de psychologie. Ce que suppose une information relève d’une dualité de sens et d’énergie nécessaire à son intégration. La question que nous devons alors nous poser, est celle de savoir d’où vient cette dualité. De l’abandon d’un « soi » comme fonctionnement singulier, dès l’instant où les prises de conscience nous montrent l’appartenance de celui-ci au monde des humains. C’est donc par l’abandon d’un « soi » au profit d’un fonctionnement humain, qu’est instauré l’organisation des relations avec les contextes d’un environnement. Une dualité est alors produite grâce à l’information d’un manque de prise de conscience. Cette dualité, constitutive des informations, fournit à l’esprit les moyens d’accès conscients, sous la forme d’un nouveau rapport d’espace-temps nécessaire à l’émergence d’une présence d’esprit. Par conséquent, celui-ci prend conscience de lui-même grâce à la réflexivité donnée par une psychologie, instamment sollicitée par les différentes informations du fonctionnement humain. Il n’y a ainsi personne d’autre qu’un esprit, pour percevoir les réalités extérieures, ce qui maintient les conditions du fonctionnement humain par les opérations réflexives d’une psychologie. Celle-ci va donc pouvoir être le médium de l’esprit pour la conquête de son indépendance, grâce aux actes conscients de son mécanisme d’intégration des informations.