Pour comprendre le monde, dissocions la réalité commune. Mais, en faisant cela, nous entrons en contact avec les réalités personnelles. Si chacun utilise sa vie et non la réalité commune ou personnelle, comme théâtre de son vécu, alors l’action individuelle s’inscrit dans un fonctionnement humain. La question personnelle devient donc ; comment Moi, comme sujet, je fonctionne dans ma vie et non comment je fonctionne dans la réalité. La conséquence concrète, induite de cette question, est la disparition de la représentation du corps en conscience, remplacé par notre vie. L’expérience du corps est, de fait, remplacée par les perceptions d’un réel, le Soi officiant par une vie. Celui-ci est un champ fonctionnel qui va dépendre d’un niveau de fonctionnement de soi-même, par le fait qu’il soit issu d’une compréhension de Soi, à chaque instant d’attention. Si le Soi correspond bien à une compréhension, c’est parce que l’esprit à fait son œuvre au cours du temps. Nous pouvons alors parler de l’esprit du temps (de notre temps), car c’est bien le temps qui est à l’origine de l’entité fonctionnelle humaine que l’on nomme « sujet ». Elle se présente sous la forme d’un esprit, sujet des actions ponctuelles de celui-ci dans le monde de Soi. Par conséquent, peut-on encore dire que l’esprit nous appartient ? Non pas réellement, parce que l’esprit appartient au monde du Soi qui n’est que factuellement moi-même. Il est sujet de la transformation du temps au sein de l’univers propre de chacun. C’est par ce temps transformé en esprit, que se construit le réel sentiment d’existence, auquel nous nous identifions. Ensuite, c’est aussi parce que l’esprit sait qu’il sait être une fraction du temps d’un monde, par la conscience qu’il a de lui-même, que subsiste en mémoire le statut du « ni Soi, ni non soi ». Cela fait de l’esprit une entité fonctionnelle, sujet d’actions ponctuelles en tout genre. C’est donc à la conscience que revient la charge d’effacer la mémoire du temps passé, pour donner à l’esprit le sentiment d’existence par son action. Voilà pourquoi cet article parle de la transformation du temps, du monde de Soi en esprit de vie.
La conscience est ainsi un phénomène actif. Au contraire de ce qui peut être dit ailleurs, la perception relève d’un phénomène passif ou neutre, car ce que l’on perçoit n’est qu’un sentiment dont l’information porte à conscience. À l’intérieur de chaque esprit, la réalité se conçoit, par défaut, en agrégeant les percepts, suivant un mécanisme stochastique dont l’absence de règle est le signe d’une non-activité mentale, mais bien réelle, d’une activité inconsciente. Voici comment se forge une conscience, dont la structure immatérielle incite à la constitution d’un espace-temps physique pour sa manifestation. Celui-ci, dans son organisation, crée l’action d’une gravité à l’intérieur d’un continuum non-physique (l’espace-temps), car abstrait de toute physique. Par le contexte historique de ce processus, qui mène à la conscience, nous voyons que l’expérience humaine se transfère, par la mémoire du temps, aux conditions d’émergence d’un esprit. La stabilité de celui-ci est obtenue par la permanence du sujet, et relègue l’impermanence au phénomène d’une conscience renouvelée. La conscience humaine devient ainsi accompagnatrice d’un sujet, l’esprit, dont la structuration est affaire du temps d’un monde du Soi dans lequel il s’exprime. Comme nous l’avons vu, ce monde est une réalité que se donne un esprit, par accumulation des percepts sur une réalité commune escomptée, elle-même issue de la construction d’un passé historique. C’est la conscience qui se charge de renouveler un présent à Soi, par un effacement sélectif de la mémoire d’un monde passé.
Le fait que la conscience soit un phénomène actif dépend des conditions de constitution d’un espace-temps, dont la configuration révèle la naissance d’une gravité physique dans l’univers de Soi. C’est celle-ci qui est quantifiée par l’action, véritable incarnation d’un temps effacé sélectivement, par la mémoire d’un esprit en quête de stabilité. Celle-ci officie pour un sujet (esprit), en permanence renouvelé par la nature de sa condition d’émergence, le temps qui passe. Cette action quantifiée n’est pas libre dans son apparition au sein d’un espace-temps, dont l’origine est, rappelons-le, une réponse à la structuration d’un esprit intérieur. Nous avons affaire à un type d’action de nature relative. De plus, elle ne tire sa quantification que de la relation asymétrique et asynchrone, entre un type d’espace (le sentiment intérieur) et un type de temps (la formation d’un esprit dans un temps qui passe). Ceux-ci sont définis, comme nous l’avons vu, par la réponse axiologique d’une conscience pour un esprit en voie de structuration.
Il est temps, maintenant, de préciser une chose à propos de la nature quantique de l’action, telle qu’elle a était définie par la gravité. Par ailleurs, il est faux de dire que l’aspect quantique d’un phénomène ne se manifeste pas au niveau macroscopique. Certes, que cela ne soit pas ainsi pour un système isolé est indéniable, néanmoins dans le cadre intérieur d’un espace de travail faisant intervenir plusieurs entités fonctionnelles, cela n’est pas le cas. En effet, la nature quantique d’un phénomène intégré dans une organisation, perdure par l’existence des différents niveaux concernés dans cette organisation, puisque le phénomène de décohérence potentielle trouve une issue dans la finalité de l’organisation elle-même. Comment ? En concevant une information de la dynamique de cette organisation. Nous comprenons que l’aspect quantique d’une action ne viole pas les propriétés de sa nature énergétique, par le fait de la conscience qui en est son opérateur. La conscience, dans ce champ manifesté par l’action, se comporte comme un observateur d’une mesure physique dont elle se légitimera par son résultat. Ainsi, nous aurons donc en final, un état de conscience quantifiant une action et simultanément une information de cette action. Une action entre dans le domaine macroscopique par les conséquences physiques de celle-ci, relevées par un esprit qui a permis l’émergence d’une certaine quantité de cette action sous la forme de pensée. Ces effets se manifestent épigénétiquement, par une nouvelle régulation auprès des structures génétiques, déjà gouvernées par un épigénétisme héréditaire. Nous sommes alors dans une continuité temporelle d’une actualisation transgénérationnelle d’une génétique humaine.
Ainsi, nous posons comme hypothèse, l’existence d’une génétique adamique au sens d’une génétique primaire, pour la conception de l’être humain. Pourquoi en venons-nous à faire cette hypothèse ? Parce que dans l’état actuel de notre réflexion sur l’humain, nous sommes amenés à percevoir l’indicible présence d’un paysage de lois afférentes aux différents milieux de réalité. Un paysage de lois afférentes aux différents milieux, dont l’organisation ressemble fortement à une matrice de réalités transcendantes. La seule erreur à ne pas faire est celle de croire que ces réalités viennent de nous. Ce que nous pouvons réaliser est l’objet d’une maturité perceptive, c’est la transposition par l’esprit d’une désorganisation des réalités transcendantes. La projection faite par l’esprit sur l’arrangement des différents objets d’entendement d’un milieu, provoque sur lui-même un désir d’ordre. Ce que l’on ne perçoit pas encore, mais que nous expérimentons par les sens, ce sont les réactions émotionnelles face à ces projections. Celles-ci peuvent être qualifiées de mentales, cependant ce sont avant tout des sentiments, éprouvés par réaction face aux objets transitionnels d’un milieu, dont l’appréciation de leur espace d’apparence, permet de qualifier les propriétés qui vont nous interpeller. Si le monde que nous voyons, expérimentons, interprétons, n’est pas parfait, c’est parce qu’il s’agit ici d’une réalité projetée et non réalisée, par des intentions issues d’attentes psychologiques impérieuses. L’intention n’est donc ici qu’un artéfact d’un esprit incomplet, dont la souffrance qu’il construit et manifeste par des symptômes, impose de revoir la manière factuelle dont nous entrevoyons une réalité.
Nous nous occuperons de l’espace plus tard, toutefois d’ores et déjà, nous pouvons comprendre que celui-ci est au cœur d’un processus de métabolisation d’une vie de relation (à l’environnement subsumé), dont les organes ont la charge. Ce qui nous intéresse maintenant, c’est la notion de « génome adamique » et son rapport à l’esprit du temps. Admettons que ce génome existe, où se situe-t-il ? Pas dans le support génétique hérité, car de fait, nous savons à présent que la structure héréditaire ne s’entend que comme transmission d’un épigénétisme héréditaire et transgénérationnel. Précisons, que la partie codante de cette structure, se trouve sous l’entière influence structurelle et fonctionnelle de sa partie régulatrice d’expression, inféodée d’épigénétisme héréditaire et acquis. Mais, s’il existe une partie acquise, alors nous savons que les comportements produits par notre esprit sont bien de nature à modifier la régulation génétique. Cela nous donne une petite idée d’où peut se trouver le génome adamique. En effet, nous savons que l’ensemble des comportements épigénétiques générés par le cerveau, sont l’émanation d’informations sur les actions de l’esprit, quantifiées par la conscience. Ces informations sont déduites d’une conscience, dont la configuration en revient à l’activité de l’esprit. Les actions de celui-ci font suite aux configurations successives d’un espace-temps, en réponse aux sentiments délivrés par les réactions émotionnelles des situations vécues. Par conséquent, raisonnablement, le génome adamique devient un produit constamment renouvelé d’un fonctionnement humain. Celui-ci reflète l’expression des lois d’un milieu de vie, sous la forme d’une structure dissipative, auto-adaptative, de type algorithmique, synchrone, aux différents milieux qu’une vie traverse.
Au travers du parcours de réflexion sur l’humanologie, nous avons compris que le fonctionnement humain est l’intégration des comportements liés au fonctionnement social. Maintenant, ce que nous comprenons, c’est que le paysage des lois inhérentes aux différents milieux, est appréhendé par l’esprit systémique sous la forme de lois implicites issues d’un contexte mathématique local. Puisque la vie est elle-même systémique, et que les lois le sont aussi, alors la vie individuelle correspond à l’intégration de ces mêmes lois spécifiques. Nous postulons que l’identité personnelle est de nature interdimensionnelle tandis que le corps est de nature dimensionnelle par sa composition comportementale. Ce sont donc les dispositions locales (celles de la conscience) qui déterminent le type d’expression génétique d’un génome adamique, et non les influences psycho-physique ou socio-physique. En effet, celles-ci n’interviennent que dans l’agencement du fonctionnement humain, et ce, au travers des comportements épigénétiques. Les actions correctrices sur la structure génétique ne concernent que le champ épigénétique, liées aux erreurs fabriquées par les biais héréditaires ou acquis. La forme algorithmique représentée par un génome adamique, comporte en son sein son propre mécanisme de réparation, dès lors qu’il ne subit plus l’influence épigénétique. C’est ainsi, que l’indépendance fonctionnelle du génome adamique, peut correspondre, par l’application des lois systémiques de la vie, aux lois systémiques de son contexte local, c’est-à-dire de sa conscience. La seule synchronicité qui peut être observée, ici, est dans cette correspondance évidente, dans une équivalence entre l’expression d’un génome et l’expression factuelle des lois d’un contexte local, en l’occurrence, celui de l’espace-temps accepté par la conscience.
Au sujet de cette synchronicité postulée, nous pensons qu’elle laisse le champ libre à la manifestation synchrone des deux systèmes (l’esprit et le corps). Ces manifestations sont les représentations d’un génome adamique et d’un contexte local entrant en résonance, qui n’est autre que le domaine d’abstraction obtenu par l’activité d’un corps, celui inhérent au fonctionnement de son esprit. Un comportement synchrone permet une libre expression, adaptative à toutes les variations induites par le contexte local (la conscience active). Cet état de fait donne un caractère évolutionnaire à l’ensemble des deux systèmes, la vie et son esprit. De cette observation, nous pouvons considérer, que l’ensemble de ce processus, autorise à reconsidérer l’existence des cycles naturels, qui dans l’établissement de ces faits n’existent plus. Ceci nous offre accès à la compréhension d’une relativité des comportements, qui tend à devenir absolue, au travers de l’évolution des rapports entre l’espace de conscience et l’esprit du temps. Ce qui apparait alors est une organisation universelle, sous la forme d’une chronologie dimensionnelle de l’espace. Celle-ci devient la mesure des différents niveaux d’organisation de celui-ci, relatées par un domaine intermédiaire ; le domaine mésoscopique des informations. Ce domaine se situe entre le domaine microscopique et le domaine macroscopique de l’existence. Ce champ d’information, précise, par ses quantifications, les différents degrés d’organisation du temps en esprit le long de cette chronologie dimensionnelle de l’espace. Celle-ci devient le lieu où s’élabore et se façonne abstraitement les lois d’un fonctionnement, pour l’ensemble intégré des deux systèmes, esprit et corps. Voici de quoi est constitué l’esprit du temps, véritable maître d’œuvre de la gestion d’espace d’un corps fondamentalement éthique dans ses comportements, par la conscience qui s’y développe. Au final, le corps est un ensemble de comportements qui disparaissent de la conscience parce qu’ils ne sont pas physiques, mais éthiques. Ne reste alors que les sens ouverts à la présence d’esprit.