La causalité par liberté est l’avènement, par une conscience individuelle, d’une absence de corrélation entre les causes secondaires aux effets des actions humaines. Nous sommes ici à l’origine des conditions de naissance des comportements, qui rendent compte par la conjugaison de leurs effets, d’une unité individuelle de soi. Les agrégats qu’ils définissent sont les objets des perceptions subjectives qui font le réel des intentions qu’une conscience détermine. Ce processus opère au travers des états d’esprit qui donnent aux sentiments leurs matérialités. Nous croyons en notre existence parce que nos perceptions nous renseignent sur la réalité des rapports que notre personne entretient avec un environnement, et dont notre intelligence nous fait ressentir les raisons d’être. Mais objectivement sommes-nous vraiment capable de discerner, si ce que nous reconnaissons comme notre environnement est bien celui que l’on dit être ou est-ce seulement la projection sensible de ce que l’on connait comme pouvant être un environnement et dont notre conscience en délivre une intelligibilité ? Pour répondre à cette question il nous faut développer ce que l’on attend d’une causalité, pour discerner ce qui peut relever d’une objectivité indépendante de tout acte de perception.
Nous connaissons la cause à effet essentiellement par le calcul de l’indice de corrélation entre une cause et un effet. C’est alors que cent pour cent de corrélation correspond au transfert complet de l’information d’une cause envers un effet qui en représente sa raison d’être, au travers de la transformation de l’environnement récipiendaire de cet effet. À l’inverse, une absence de corrélation signe une absence de transmission d’information dont un effet pourrait en manifester une raison d’être. Mais alors peut-on encore appeler un phénomène une cause si celle-ci est dénuée d’effet ? Nous ne pouvons répondre à cette question parce que celle-ci est mal posée, car elle manifeste une ignorance sur les conditions mêmes de l’existence d’un principe de cause à effet. La corrélation n’est pas l’indice unique qui nous permet d’observer ce principe, il y a aussi la dimension du temps. Quel que soit le principe que nous observons, nous tenons compte dans l’intention, de notre observation de la dimension du temps. Nos perceptions nous habitues à concevoir le temps comme une dimension linéaire dont le sens est historique et la direction entropique. C’est le sens d’un passé, d’un présent et d’un futur qui s’accorde avec un sens historique qui stipule l’impossibilité d’un retour en arrière, et fait d’un effet le résultat d’une opération du présent sur des conditions passées, dont un indice de corrélation en attribut une cause.
Lorsque un verre se brise par mégarde, il nous est inconcevable de penser que les morceaux de ce verre puisse un jour se recombiner pour être de nouveau le verre qu’il était avant son accident. Cette causalité linéaire existe donc bien, puisque nous la constatons chaque jour par ses innombrables manifestations. Mais ce n’est pas le seul type de causalité qui existe. Donc, retenons qu’il existe une causalité linéaire à direction entropique, par le fait de la prise en compte d’un temps ayant un sens historique. Nous appelons exocausal l’application de ce principe de causalité pour un effet corrélé, dont les conséquences se montrent dans la transformation d’un environnement. Maintenant parlons d’un autre type de causalité, une causalité qui se fait l’effet d’une causalité précédente par un indice positif de corrélation mais dont le temps est inversé, et amène à percevoir un effet avant sa cause. Nous parlons ici de phénomène d’endocausalité. Comment est-ce possible et pourquoi cela est-il si contre-intuitif de le concevoir ?
Une seule raison à cela, nous prenons pour la réalité ce que nos sens nous rapportes, ce qui fait de notre environnement un contexte d’événements perçus comme extérieurs à nous-mêmes. De cette séparation naît la conviction que toute opération dans un environnement, prend naissance par des causes forcement historique, puisque l’investigation permettant d’analyser les indices laissés par la survenue de cet événement nous conduit inexorablement à des causes, dont le temps passé à les découvrir nous énonce clairement une origine causale à l’effet qu’est devenu cet événement perceptible dans ses conséquences. Malheureusement cette perception est fausse, car elle se conçoit uniquement sur la compréhension d’une réalité indépendante de ce qui la constitue réellement. Le temps historique est ce que l’on appelle le temps d’horloge, celui indiqué par les instruments de la mesure du temps ce qui en fait un temps conventionnel d’où son usage commun. De ce temps d’horloge, les calendriers organisent les différentes partitions du temps à partir de la définition d’une unité légale de ce temps.
L’exocausalité tient donc l’existence de son principe par la signature d’un temps historique, dont seul un sens entropique est retenu, celui d’aller vers le désordre. Maintenant acceptons l’idée d’un temps inversé, il nous faut débuter notre raisonnement par une correction épistémologique fondamentale, celle de croire que la perception de la réalité commence par l’observation de nos sens physiques. Nous ne pouvons pas faire partir notre raisonnement de l’expérience sensorielle de la réalité, comme dans l’observation de l’exocausalité, mais de l’acceptation de l’existence d’une identité qui nous laisse entrevoir une sensibilité déduite de notre activité comportementale, elle-même induite par l’observation contextuelle (un environnement s’aborde toujours par la formation de contextes discriminants). L’identité est l’objet sensible de notre expérience contextuelle dont le concept en est la manifestation consciente. Nous sommes dans le temps zéro d’une présence à soi dont la mesure dépend du temps nécessaire à en prendre conscience, sous la forme d’un état d’esprit qui correspond à un temps manquant à la conscience d’une conscience de vie, dont la dimension est négative par rapport au temps d’horloge pris comme référence de la mesure temporelle appliquée aux perceptions sensorielles.
Il faut bien comprendre que ce temps manquant est un temps négatif pour la perception sensorielle, mais un temps positif pour la fonction perceptive de conceptualisation formelle d’une identité de soi. La mesure du temps commence alors à la dimension zéro du temps de conception qui est celle du début de la vie, qui est alors l’expression d’un temps imaginaire tant qu’il ne s’exprime pas dans une forme de vie. C’est donc pour la conscience un temps inversé au temps d’horloge, puisqu’il est d’un sens néguentropique, c’est-à-dire qu’il va du désordre des éléments de constitution vers un ordre physique de constitution. Il correspond à l’effet escompté, par l’imagination, d’une constitutionnalité optimum d’un corps vivant sous forme physique, qui se situe en amont de toutes les possibilités de perception des causes réelles de la vie par la conceptualisation sous la forme d’intentions qui sont issues d’une sensibilité perceptive, libérée par une stratégie comportementale personnelle de l’esprit d’un soi. Celui-ci réalise en lui-même l’être humain de ce qu’il est en temps réel, et non ce qu’un individu est obligé d’être sous l’impulsion d’un contexte perçu comme des conditions vitales.
Il existe donc une structure multipolaire génétique, c’est-à-dire une structure délocalisée en ses parties, qui est au centre d’une combinatoire fonctionnelle dont l’objectif est d’organiser un fonctionnement humain. La fonctionnalité de l’expression d’un inconscient humain va au-delà d’un inconscient psychique pour trouver sa source dans un inconscient physique. Cela permet à l’esprit humain au travers d’un complexe personnel d’interaction, d’avoir la charge de mettre en ordre un fonctionnement actualisé, face aux ressources informatives délivrées par la compréhension des événements du réel. C’est ainsi qu’au couple souffrance/plaisir généré par l’interaction personnelle avec l’environnement, l’expression des gènes fonctionnels comme éléments d’une structure de fonctionnement organique, peut rencontrer les différentes quantités des éléments naturels sous la forme d’interactions différenciées qui peuvent être alloués aux organes corporels. Il est donc ainsi possible d’être conscient de vivre comme nous respirons, ce qui fait de notre équilibre physiologique le marqueur d’une actualisation adaptée aux différents contextes de notre environnement.
Le non-attachement à un principe métaphysique inaccessible introduit la possibilité d’une incarnation de soi, ce qui permet à la conscience l’idéalité d’une transformation d’un corps physique hérité en une physique de la conscience personnelle. C’est donc ainsi qu’un soi se constitue en accord avec les prérogatives universelles d’une vie en permanence fonctionnelle. S’approcher des prérogatives fonctionnelles d’une vie cosmique délivre le pouvoir d’une conscience à se libérer des effets du temps, pour une vie soumise au principe de l’exocausalité, et entrer ainsi dans une vie pétrie d’endocausalité qui en fait sa nature consciente. Cela signifie qu’il est possible de transformer le temps d’horloge responsable de la différentiation par la séparation des différents éléments des contextes limités d’une humanité, elle-même sous la contrainte d’un droit de savoir, en un temps créatif vecteur d’apparitions des différents éléments qui concourent à une vie individuelle consciente. Ce temps de création, est un temps qui renforce son pouvoir d’émergence par la conjugaison des différentes réalités qu’il concourt à faire émerger. Nous sommes donc dans une pure endocauslité dont les effets précèdent les causes sous la forme d’un temps inversé.
Il n’est donc pas étrange de penser, même si cela est surprenant, que ce que l’on perçoit comme contre-intuitif n’est en réalité que le bon sens imprimer par l’esprit pour l’obtention d’une conscience claire de notre réalité personnelle. Nous vivrions dans un environnement qui ne serait que la marque du passé dont nous devrions percevoir les traces dans l’inconscient par ce que notre esprit combat, une ignorance de soi-même. L’endocausalité montre une interface dont la manifestation psychologique est représentée par les intentions individuelles d’une personne à vivre sa propre évolution, en accord avec les interactions d’un environnement avec lui-même, se transformant ainsi par les multiples actions au sein d’un espace de superposition entre des sens entropique et néguentropique. C’est ainsi que ce qui se détruit ici peut se construire ailleurs et cela d’une manière totalement chaotique pour un inconscient, mais dont une conscience avertie peut en percevoir un sens déterminé vers une constitution éclairée et éclairante.
Ce que nous appelons causalité par liberté, trouve alors un sens dans la conception et le développement conjugué d’une conscience s’individualisant et se centrant dans l’expérience personnelle, révèle le contenu d’un inconscient partagé par tous. Il s’agit donc bien d’une liberté retrouvée par l’émergence consciente de ses conditions, dont les comportements en font émerger les causes sous la forme d’intention d’action, au sujet de ce qui est déjà là inconsciemment. Les effets sont donc antérieurs aux causes qui leur permettent de naître en toute conscience, mais dont l’esprit sait que cela est au prix de la transformation de soi de ce qui est déjà là, mais devrait se trouver ailleurs. Ainsi se crées les conditions mêmes de naissance d’un espace d’échange entre les différents esprits en évolutions. L’esprit individuel est donc le média d’expression du véritable inconscient humain, dont la fonction est d’établir des niveaux de conscience dans cet inconscient. Les sens n’ont d’autre objectif que de stabiliser les différentes formes de l’esprit par des états de conscience, pour garantir les possibilités d’une évolution dans l’inconscient humain natif. Il nous faut bien comprendre, que les sens ne nous montrent pas un réel mais seulement les élèvements constitutifs d’un réel, ce qui donne effectivement la possibilité d’une confusion entre vivre réellement et vivre au sein d’un réel que chacun conçoit.