Oscillation du point d’équilibre (Part 2)

La conscience native d’une personne est rappelons-le une conscience sans forme, c’est-à-dire par hypothèse un champ conscient qui préexiste à toute forme. Dans ce sens elle ne peut devenir consciente d’elle-même que par l’acquisition de formes au travers d’un processus d’individuation. Ceci attribut à la vie de ce processus un corps et un esprit dont le dialogue engagé entre un environnement et son produit, en établit les différentes catégories fonctionnelles nécessaires au développement. La conscience personnelle cède la place à une conscience transcendantale, lorsque le champ de conscience délaisse l’identification aux éléments de l’environnement pour s’inscrire en creux d’un être vivant. Le sentiment que tout l’univers psychique individuel s’ordonne naturellement en univers de dimensions de réalités, ouvre une possibilité individuelle à un opérateur conscient de naître de ce qu’il n’est pas.

Être conscient d’un univers psychique par la reconnaissance des multiples possibilités de sentiments de soi face aux expériences de la vie, offrent les informations nécessaires pour une maturité perceptive d’un être conscient en soi. C’est ainsi que de nouvelles connexions conscientes apparaissent par la restitution des souvenirs antérieurs, ceci au présent personnel puisque ils sont découplés de ce même présent. La mise en ordre des souvenirs est le fait de la demande d’un temps manquant à cette conscience du présent, qui lui est apporté par un univers sensible des données du vécu. C’est donc ainsi qu’un opérateur conscient se restitue en être conscient par des souvenirs bien administrés. Cela pourrait bien être le lit de la raison d’être.

Les informations de soi servent à discerner les différentes lignes temporelles qui sont liées aux différents choix d’une existence, la mise en conscience des lignes de vie qui ne sont pas les siennes propres. Est-ce le prélude à une réalité de soi indépendante ? Ceci expliquerait la nature des comportements d’un être conscient pouvant transcender le temps et l’espace. Il s’agit là de pouvoir comprendre la nature réelle de l’être humain, au travers des propriétés physiques de ses comportements à faire matière de tout ce vers quoi son attention le porte. Ce qui semble se dévoiler ici, est que la réalité semble ne pas avoir de substance concrète et que ce n’est que l’usage de cette réalité qui en apporte des propriétés tangibles.

Sur le plan personnel, la véracité des choix individuels semble être guidée par la seule qualité d’attention portée aux informations de soi, ne serait-ce pas là ce que nous appelons la créativité du moment ? Un flow semble exister lorsque les comportements d’un être humain dans son environnement, ne font plus qu’une réalité dans une praxie intentionnelle. Alors ne serait-ce pas le caractère d’une conscience que d’amener un être à devenir conscient de lui-même ? Ce qui semble opérer ici, est tout simplement la création d’une réalité d’un moment qui trouve sa justification face à un Soi inconscient. Dans ce cadre, la quantité de mouvement délivrée par l’unité élémentaire de cette réalité est l’information de ce qui vaut une mesure du temps, sa vitesse.

Donc mettre en vie des souvenirs concourt à rétablir un monde plus juste, au travers de la création d’une réalité dont les perceptions reconnaissent l’existence d’une frontière entre une subjectivité (ce qui vient de soi) et une objectivité (ce qui vient des autres), qui est appliquée lors de la gestion du monde. C’est ainsi que faire venir le passé au présent permet de libérer encore plus de passé individuel, ce qui corrige graduellement le temps manquant à une conscience en diminuant un futur potentiel au profit d’un présent plus juste. Ce processus perdure jusqu’à l’obtention d’un être conscient, dont la densité de présence exprime les différentes propriétés d’une réalité augmentée des données de soi.

C’est ainsi qu’un être conscient en croissance prend le contre-pied d’un soi inconscient, dont les données réunissent l’ensemble des prérogatives réelles d’une réalité. En un mot, l’être conscient absent de la Réalité sensible laisse toutes ses propriétés à l’humain, qui en retour lui donne tous les moyens d’être présent. Ainsi ce que nous pouvons comprendre de cela, c’est que l’être humain n’a pas de réalité en soi, ce qui bouleverse le sens commun mais s’avère être ce pourquoi un humain a besoin de devenir un être conscient pour se rendre compte de cette non-réalité. C’est donc par ce qu’un être humain croit en sa réalité qu’il est sensible aux expériences de la vie qui sont nécessaires à la connaissance de lui-même. C’est ainsi que par l’être conscient, l’être humain acquière une présence au travers des prérogatives de toute sorte acquises lors des expériences de soi. C’est de là que l’on en vient à l’existence du corps dont la gouvernance va se faire par une échelle de valeur, dont les produits sont issus d’un fonctionnement humain.

L’avant-dernier élément dont la constitution du soi dépend, vient de ce qu’il faut appeler la problématique de la sensorialité. La sensorialité, tous médiums confondus, est le résultat d’une mesure consciente d’un niveau d’état conscient. En effet l’être conscient ne peut se développer que dans le contexte relatif de soi, qui est rappelons-le l’interaction d’un fonctionnement humain avec l’environnement des expériences sensibles. Nous sommes donc dans un champ inconscient de données, le soi, d’où le développement d’un être conscient est réalisable. L’intégration fonctionnelle ne peut se faire qu’au niveau d’une conscience personnelle qui cède sa place à une conscience transcendantale des différentes choses de la vie, et dont le niveau nécessite la séparation entre un être individuel et un environnement humain. Cela renvoi le principe de l’être et son corollaire le principe de l’humain, dans un processus d’individualité fait de corps et d’esprit pour l’unité d’un être conscient.

La conséquence de ce processus d’intégration fonctionnelle ou encore appelé développement de conscience, est l’octroie d’une nouvelle faculté qui fait l’économie du processus d’identification pour se recentrer dans la formulation d’un soi intégral, et qui correspond à la reconnaissance consciente de l’unité de l’être humain comme entité fonctionnelle commune d’une espèce humaine. Cette ouverture à ce que nous sommes est non transposable, ce qui en permet une reconnaissance par chacun des membres d’une même espèce. La réalisation du soi intégral est donc plus que l’obtention d’une liberté, c’est la reconnaissance consciente d’une réalité fonctionnelle dont chacun de nous est le porteur de sens. Simple constat logique puisque nous sommes l’image d’une réalité fonctionnelle, dont chaque entité fonctionnelle en légitimise l’existence par la place de chacun. L’être est donc un opérateur par le temps de conscience alloué à soi-même. De fait pourrions-nous dire alors que nous sommes un fragment d’espace ?

Puisque l’être humain appartient par sa conscience au mécanisme universel de l’existence d’une conscience initiale sans forme et qui se doit d’être immanente par l’esprit de transcendance qui lui en donne forme, alors non, nous ne sommes pas des fragments d’espace mais des fragments de conscience au même titre que chaque élément universel. Un être humain est donc seulement dans des faits de perception, car un être humain n’existe par conscience que de ce qu’il n’est pas. C’est ce à quoi nous mène l’expérience humaine au travers d’une maturité perceptive. Ce n’est qu’ainsi que le bien-être se trouve légitime dans la vie humaine, comme le compagnon de toute évolution de la conscience.

Enfin le dernier élément qui entre dans la composition d’un soi intégral, est le geste technique de l’expérience pratique du monde, dans le monde. Ce geste technique est lié à la connaissance de soi par le fait qu’il se fasse geste technique indépendant de soi, c’est-à-dire inconscient à soi-même jusqu’à son intégration. Être humain devient alors un instrument de communication pour son environnement, par les outils cognitifs qu’il se forge et devient ainsi le vecteur d’une parole de soi qui cherche sa conscience dans les pensées qu’elles initient. C’est ainsi que de la parole nous allons à la pensée et de la pensée à la conscience. La finalité de ce processus est l’intégration fonctionnelle d’une conscience d’un mouvement perpétuel de soi, seul à même de légitimer une réponse matérielle inconsciente pour la stabilité sensorielle de l’unité du genre humain. La création matérielle suit le principe de séparation qui devient l’outil d’un oubli individuel de ce qui la fait naître, et que l’absence de souvenirs antérieurs à la naissance rend concret. C’est cela qui permet la condition d’un pouvoir de régence par l’information dont l’intérêt est de recouvrir la mémoire.

Donc nous pouvons conclure que du mouvement perpétuel d’un environnement, naît la matière de soi qui est la première réponse fonctionnelle face au chaos de l’environnement. Le produit de nos sens n’est en rien le fruit d’une communication mais le premier des conditionnements de l’esprit à recréer sa réalité. De cette matière naît une séparation individuelle, dont l’interaction entre les corps est la condition seconde d’une recherche d’équilibre, par des comportements rythmiques. Ceux-ci sont à la conséquence d’une mise en ordre des différentes propriétés fonctionnelles d’où émanent les structures universelles. Ces fonctions sont à l’origine d’organes en tout genre, qui à leurs tours gouvernent ces fonctions vers l’intégration des comportements de toutes les entités universelles concernées par le développement de l’être conscient. C’est de ce processus que se manifeste un courant de vie dont l’être conscient, par son état de non-influence assure le développement d’une transcendance humaine, jusqu’au niveau d’un commandement à soi-même, ce qui nous fait accéder à la conscience strictement individuelle.