En premier lieu parce qu’il ne faut plus croire en l’humanité telle qu’elle nous est présentée aujourd’hui. L’humain se noie dans l’humanité d’aujourd’hui, asphyxié par le trop-plein d’informations, bonnes ou mauvaises, mais toujours trop prégnantes sur la lenteur de son esprit. Croire que l’humain se résout à lui-même est une profonde erreur, envisagée sur l’ignorance de sa nature profonde. L’humanité se délite dans la révolution technologique comme si son devenir en dépendait, erreur de compréhension et de sens envers soi-même. L’humain victime de ses savoirs ? Surement, l’information prise pour elle-même fait abstraction de ce à quoi elle donne conscience pour soi-même : le fait d’avoir compris avant le fait d’être mis en relation avec ce qui en motive l’existence.
Il est faux de penser que l’humain se reflète dans l’humanité dont il fait partie, reléguant ainsi son pouvoir à l’impuissance que lui donne sa situation individuelle. Il y a l’homme, cette ambition manifestée en chacun par sa spécificité à nulle autre pareil, celle qui fait de chaque humain un être singulier, unique et pourtant si important pour la diversité du vivant. L’homme est l’ambition démesurée, inconsciente pour chacun, à dépasser ses propres intérêts personnels pour accéder à ce qui fait de chaque vie, un miracle de l’existence. Comprendre que les savoirs ne sont pas inéluctables, parce qu’ils seraient approuvés par des pairs, c’est se donner la possibilité d’inventer sa vie au travers des particularismes qui sont les siens. Mais cette révélation passe par l’acceptation de s’engager pleinement à vouloir vraiment vivre sa vie. Mais, pas en la quémandant auprès d’une société fortement inégalitaire, qui par le jeu des pouvoirs, héréditaires, culturels ou psychiques, ne laisse aucun choix réel. Il ne s’agit pas de créer sa vie, car elle est déjà là, il s’agit de croire en sa vie parce qu’elle recèle tout ce qui n’a jamais été fait, puisque chacun est là. L’intelligence est multiple, comme tous les savoirs et les savoirs faire le démontrent.
Chaque homme ou femme possède ce langage qui lui est propre, le seul qui ne s’apprenne pas, mais le seul que chacun puisse reconnaitre quand il le rencontre. Le miracle de l’existence est le fait d’un cœur qui bat, mais il est aussi le fait de vouloir lui en donner une mesure qu’il demande. Cela passe aujourd’hui par la résistance aux sirènes d’un monde déshumanisé, instrumentalisé, qui nous promet le bonheur sans l’homme, mais grâce à la technologie déclinée dans tous les aspects de notre quotidien. Non, l’homme n’est pas cela, oui l’effort doit être conséquent pour chacun, car à l’échelle de l’humanité, le langage de l’homme n’a pas encore été inventé. Seul celui qui vit ses contradictions devient l’homme qu’il veut vraiment être, libre par sa propre vie.
Ce qu’annonce la technologie, c’est que l’esprit pourrait très bien fonctionner sans un corps physique, qui lui pourrait fonctionner dans son environnement sans nécessité d’un esprit. Et pourtant nous sommes conçus de l’ensemble d’un corps et d’un esprit, alors, qu’est-ce que la technologie manquerait si elle ne conférait à l’esprit qu’un corps mécanique ? C’est ce à quoi répond le fonctionnement profond du vivant. Dans tout être vivant, nous pouvons percevoir un mouvement profond et continu. Quel est ce mouvement et quelle nature a-t-il ? Il est fort possible que cela soit la conscience qui se pense par soi-même et dont l’aspect physique soit représentatif des niveaux de complexité vitale. Nous serions face, alors, à l’âme d’un corps.
L’homme est un être vivant, il a donc le même objectif que tout être vivant : rendre l’âme consciente de son existence. La vie pourrait en conséquence servir à cela, par l’expérience, informer la conscience d’une réalité propre à soi-même, en quelque sorte de devenir par elle-même son âme de vie. Ainsi, rendre l’âme humaine consciente permet de donner à l’homme tous les moyens de sa liberté, ce qui, en le forçant à vivre, le guérit. Finalement, c’est bien l’âme qui prévaut pour la saine manifestation d’un corps et non l’environnement. Si chacun le sait, alors chacun peut faire son choix.