L’homme ne vit pas seulement d’échanges mais aussi de relations. Ce qui est à la base de ce constat revient à faire la différence entre les traitements des informations du vécu et ceux des données sensibles. L’information est une donnée mesurée. Une donnée se fabrique. C’est un fait, sur lequel nous appliquons une mesure qui résulte d’un procédé d’étalonnage. Mesurer, c’est avant tout comparer pour établir une différence qui se dévoile comme une information. L’information naît d’une comparaison avec un système arbitraire de valeurs, elle n’a de sens que par rapport au système étalon utilisé. Si une information peut refléter un état, elle ne peut en aucun cas dire le vrai de cet état, sauf à décrire le comportement d’un fait. Mais comment alors se décrit ce qui relève du fait ? Surement pas avec une mesure, mais assurément par la conscience des conditions d’une donnée. Donc tout instrument de mesure ne peut relever qu’une information, car il faut bien étalonner cet instrument. Alors comment peut-on prendre en compte une donnée, celle qui dénonce le fait ? Et comment l’observer ? Par l’esprit, ce qui fait d’une donnée une partie réelle de l’esprit. L’esprit est donc constitué de données. Dans les faits, une donnée n’est pas différente d’une prise de conscience. C’est le fait de l’action qui relie l’esprit à la matière.
Donc aujourd’hui nous confondons tout. Ce que nous prenons pour une donnée est déjà une information. Et ce que nous considérons comme un fait ne correspond pas à un caractère objectif d’une part de la réalité, mais dénonce la subjectivité d’une prise de conscience qui fait dépendre la donnée d’une histoire personnelle, c’est-à-dire d’un auteur d’une perception. Si nous raisonnons en termes de média, l’information est le média d’un échange alors que la donnée est la réalité d’une relation. L’information est une mesure quantifiée d’une donnée ou d’un fait, alors que la donnée est le fait même d’une perception. Le mode analogique de celle-ci confère à la donnée le statut d’une action de l’esprit qui à son tour doit être intégrable dans le temps et dans l’espace fonctionnel d’un corps. Être conscient, c’est prendre conscience d’une relation entre ce que l’on s’imagine être et un événement issu de l’environnement. C’est ce qui rend indissociable une action d’esprit d’une donnée sensible et concourt à la découverte d’une âme individuelle, par le résultat de l’intégration fonctionnelle d’un esprit. Ce qui lui permet d’établir un nouveau rapport entre une conscience et un degré du fonctionnement humain.
Il y a deux modes de connaissance : la représentation médiée par l’observation, et l’incarnation fonctionnelle médiée par l’esprit. La première à besoin d’une fonction de calcul pour ses représentations, la seconde n’a besoin que d’une conscience. Il est possible d’émuler jusqu’à un certain point le mode de l’incarnation, mais la dualité entre l’observateur et l’objet observé sera toujours présente. Seul le mode de l’incarnation aboutit à l’intégration parfaite d’un fonctionnement par l’esprit, en faisant émerger le mode complexe d’une analogie entre cet esprit, le corps et l’environnement. Les moyens utilisés par l’esprit pour une transformation personnelle donnent au corps les moyens de sa métamorphose. C’est de cette métamorphose que l’âme individuelle acquiert une existence dont le monde de ses comportements est initié par les forces naturelles perçues par l’esprit pour faire corps. L’esprit est bien ainsi au centre de toute chose, en permettant l’avènement d’une âme corporelle médiée par une conscience s’individualisant par intégration fonctionnelle.
Pour une personne, être conscient au travers d’actions permet au corps de s’intégrer comme fonctionnement humain. Mais pour cela, il faut que l’esprit se concentre sur l’avènement de ses fonctions de vie. Nous considérons la conscience comme médiatrice universelle entre une âme individuelle et les fonctions qui font matières de sa conscience. Il nous faut donc envisager qu’il puisse exister une pureté des sens accessible à cette âme, pour rendre compte d’une possibilité d’exactitude des comportements humains à faire vie. C’est de la définition d’une pureté obtenue par les sens qu’une âme tient son caractère individuel, ce qui octroie à la personne son statut d’unicité. Ceci nous fait comprendre pourquoi la conscience ne peut être individuelle mais simplement individuée et centrée, ce qui ouvre pour celle-ci une fonction de médiatrice d’un champ.
Si l’esprit sait se détacher des choses grâce à la tendance des sens vers la pureté, c’est parce que ceux-ci tendent vers la diversité des données offertes par les informations qui relèvent de l’intégration des fonctions vitales par l’esprit. L’esprit sort alors d’une fixité individuelle pour investir l’ensemble du champ d’informations de Soi, dont la finalité est l’intégration de toutes les actions entreprises par l’esprit au sein des formes naturelles des fonctions de Soi. Ce fait, constaté, implique un mouvement introspectif de l’esprit qui préside à une conscience dont la maturité permet une mise en évidence de ce pourquoi une conscience individuée et centrée existe. Le détachement appliqué aux choses, qui est initié par l’esprit et opéré par l’émergence de la conscience, permet à celle-ci un détachement de soi qui ouvre les portes d’une diversité universelle sous les formes variées de la nature de ses percepts. C’est ainsi que le processus d’incarnation est vécu, par l’ensemble des êtres sensibles, comme le fait conscient d’être unique parmi la diversité d’un environnement.
C’est donc à l’âme qu’il revient d’être individuelle. Prendre conscience de l’existence de cette âme revient à accepter qu’elle soit une entité fonctionnelle qui émerge d’un soi intégral, incarné par le résultat d’une déduction de l’intelligence faite par la conscience de l’esprit. De fait, le processus d’éveil conscient à son âme passe par une reconnaissance d’un environnement personnel, et plus particulièrement, pour les membres d’une même espèce, par la reconnaissance des autres semblables, dont une qualité des relations influe sur la connaissance de soi. Pour toute personne, le secret réside dans la possibilité de l’esprit à faire ce qu’il semble être, plusieurs choses à la fois. Mais en remplaçant le présent personnel d’un vécu par autant d’instants que nécessaire pour satisfaire aux fonctions de l’esprit, nous entrons dans un temps psychique non linéaire qui permet de raccorder les temps extérieurs à soi avec la construction des temps intérieurs à soi. Cette relation ne peut s’opérer que si l’esprit sait jouer sur plusieurs registres d’actions, ce qui l’oblige à fonctionner plus rapidement. La vélocité de l’esprit est une affaire d’intérêt à soi-même… mais pas seulement. En effet, il faut que l’émergence de la conscience puisse prendre en compte tous les registres d’actions potentielles initiées par les comportements de pureté des sens. Si l’ensemble du registre des actions suit le mouvement naturel d’une force d’intégration, alors l’âme qui en est déduite représente le centre d’une conscience individuée qui ne laisse rien à un hasard, mais résulte de la reconnaissance d’une intelligence comportementale qui caractérise l’attitude juste d’un esprit envers une connaissance de soi.
Il faut donc reconnaître que la base de toute fonction est l’instant du temps. Si une personne, pour son fonctionnement, reste dans les trois termes du temps usuel qui sont le passé, le présent et le futur, elle ne pourra pas agir en esprit mais seulement en regard des représentations mentales qu’elle se fait de la réalité. Pour remettre l’esprit au centre de toutes choses, il faut qu’il puisse tendre vers une omniscience. Ce qu’il peut faire, SI le libre-arbitre personnel engage un processus de détachement face aux événements du vécu. Impliquer l’esprit dans le temps psychique permet de laisser l’espace aux fonctions corporelles porteuses de celui-ci. Ainsi, l’esprit sort d’un lieu de localisation subordonné aux représentations mentales d’un fonctionnement individuel, pour investir le champ personnel des perceptions d’un soi dont il reste à découvrir les termes. Nous pouvons alors dire que l’esprit envahit tout ce qui est. C’est ainsi que la tendance à la pureté des sens obtenue par une maturité perceptive a son aboutissement dans ce qui fait sens pour tous les sens : un esprit.
Si l’approche physique de la nature est auto-limitante, c’est parce que le quantum d’action qui est à la base de la réflexion scientifique sur la compréhension de celle-ci est une propriété contraire d’un sentiment du vécu. Le quantum d’action a besoin du calcul pour exister (approche méthodologique), alors que le sentiment reflète l’amour de vivre (approche relationnelle). Nous retrouvons ainsi l’information, média des échanges, dans l’approche méthodologique qui peut trouver l’apogée de son traitement dans une informatique quantique (instrument technique). Quant à la donnée des sens, nous retrouverons l’apogée de son traitement dans l’amour fait à la vie, forme optimale de l’empathie relationnelle (instrument humain). Il en ressort que la donnée est exclue de la nature de la conscience, ce qui fait d’elle un fait naturel de l’esprit. Quand nous sommes dans notre âme, nous sommes intrinsèquement dans la nature de soi, ce qui fait de lui un Soi intégral vivant. L’approche relationnelle fait de la nature spirituelle de l’existence le terreau d’une découverte de soi dont les aspects définissent les propriétés intellectuelles, sentimentales et physiques, qui sont toutes issues de la nature même de l’esprit. Cette matière de l’âme reste à découvrir. Mais d’elle émergent les conditions du corps de l’homme.