Une socio-physique à l’étude

L’humanologie ne fait que poser la problématique générée par un intérêt pour une socio-physique dont la finalité universelle interroge. Faire prévaloir l’être humain comme statut personnel, impose de se défaire de tout contrôle mental exercé par d’autres sur soi-même et ce de quelque nature que soit ce contrôle et la structure qui l’émet. Sans que cela puisse choquer, nous pouvons penser l’intégration des lois naturelles à la fabrication d’un être humain. Penser cette intégration permet une ouverture rétro-active à la réflexion, sur une connaissance de soi et de l’univers comme environnement. Les produits de cette réflexion ne sont que les effets implicites d’une intégration souveraine.

Le but de la socio-physique est d’être la dernière marche d’accession à un savoir. Celui-ci nous permet de comprendre qu’être humain représente physiquement et consciemment, la mise en place d’un cycle évolutif de réappropriation de soi-même. Celle-ci va s’appuyer sur un trio d’acteur au sein de l’individu. Ce trio représenté par le champ d’ondes cérébrales, le génome humain, les sensations des organes des sens, est à l’origine de la mise en place, par l’individu, d’une maîtrise psychique qui fait accéder toute personne à une indépendance totale vis-à-vis de son milieu de vie. Celle-ci devient un préalable à la réintégration complète du statut d’être humain.
La nouvelle maîtrise physique ainsi générée, apporte la ressource essentielle à tout parcours évolutionnaire d’une personnalité dans son existence. Ce pouvoir est le seul pouvoir individuel effectif de l’espèce humaine, ce qui classe l’être humain au premier rang des responsabilités pour chaque personne et son milieu.

D’où nous vient cette idée que ce que nous sommes au temps présent ne dérive pas d’une simple génétique, mais plutôt d’une transformation de ce que nous sommes tandis que nous en prenons conscience ? Il est très facile de percevoir que nous sommes comme un chapelet que l’on fait circuler boule après boule entre nos doigts, au même rythme qu’un temps qui passe. Comment une telle chose peut-elle qualifier notre vie alors que notre environnement, qu’il soit naturel ou social, implique de notre intellect une réponse aux situations qui nous en intime l’ordre ? Par cette conscience spontanée du panorama de notre existence, seconde par seconde, minute par minute, une seule réponse s’impose d’elle-même sous la forme d’une causalité immédiate, celle d’accepter que nous existions de fait sans que l’on ait demandé de vivre une telle expérience.

Accepter d’exister, après tout cela semble simple à comprendre, mais est-ce suffisant pour notre esprit ? Pour beaucoup d’entre-nous la question n’a pas réellement de sens. En effet, dériver juste un simple moment d’attention sur l’activité de notre cœur ou de notre corps physique, nous renseigne immédiatement sur le fait que nous soyons en vie et que notre corps est là pour en témoigner. Cependant, est-ce satisfaisant, pertinent ? Nous savons que notre esprit dépose une requête à nos sens intéroceptifs ou extéroceptifs pour leur faire témoigner d’une activité cardiaque ou d’une fonction de respiration, mais également de toute fonction physiologique qui pourrait démontrer, preuve à l’appui, que nous sommes en vie par l’existence de notre corps. Pourtant, que la requête de l’esprit soit sur un sujet concernant l’intérieur de soi ou l’extérieur de soi, il s’agit d’une requête face au questionnement qu’une conscience individuelle est en droit de se poser, celle de savoir d’où vient ce sentiment que l’on a d’exister avant toute perception corporelle. Alors simple gesticulation mentale ou vraie question ?

Vous l’avez compris, c’est une réelle question que la vie sociale actuelle nous empêche de traiter pour tout un tas de mauvaises raisons. Ainsi, de la réponse à cette question se construit le modèle de ce que nous sommes. Ceci par un agencement de causalités qui font les raisons d’être de ce que nous sommes. Mais, finalement, pourquoi ne pas se satisfaire de simplement pouvoir faire, et alors de mobiliser factuellement son esprit à réaliser ce que l’on veut ou ce qui doit être fait ? Parce que le cout en énergie est bien trop important entre sustenter un corps, dont on sait qu’il est porteur de vie, et exécuter l’ensemble d’un processus de décision et d’action qui démontre la réalité de notre existence. Heureusement, la réalité nous propose aussi autre chose : que nos perceptions soient le prolongement de l’implication d’une action autonome de transformation personnelle antérieure, à restituer une interdépendance entre celui qui perçoit et l’objet perçu. Cet épisode donne alors à la conscience une raison logique à sa présence, celle d’être une chambre d’enregistrement des propriétés expérientielles humaines.

Nous faisons l’hypothèse qu’un subconscient soit l’entité maîtresse agissante de tout organisme physiquement mature au sein d’un environnement. Trois champs, dont l’exploration est requise, vont être convoqués pour commencer la compréhension de ce subconscient : le champ psychique, le champ mental, le champ inconscient. Ce que nous essayons de démontrer est qu’un subconscient autonome existe naturellement comme interface, entre un organisme dont l’ensemble des activités organiques sont sommées au travers d’une conscience qui en émerge, et un environnement quelle qu’en soit sa nature. Le résultat observé relève de la définition d’un état corporel d’immanence au sein de l’environnement dont l’essence personnelle qualifie ce corps d’existant dans l’environnement par une conscience. Le degré de recouvrement par les comportements personnels en assure la position dans l’espace. Un caractère dynamique donné à ses réponses nourri alors un attachement factuel à la conscience, ce qui implique l’organisme dans une évolution spécifique propre à satisfaire deux principes : un principe d’identité dans le temps en la personne d’un être conscient et un principe d’unité dans l’espace par la relation systémique à une conscience d’interaction. La vie individuelle ne relèverait donc pas d’une caractéristique organique ou physique, mais d’une dynamique fonctionnelle d’un opérateur dont le subconscient revêt la fonction individuelle. Enfin, nous développerons l’idée que ce que nous pensons être la personne que nous sommes, nous obligent à prendre conscience que rien de ce que nous pourrions devenir, semble appartenir au présent sans qu’une référence à un passé/futur ne s’en articule à lui.

Une sémiotique de l’émotion ouvre l’esprit sur la confrontation d’un passé/futur face à une communication personnelle qui n’est que le résultat d’une interaction individuelle avec un environnement particulier. Comment l’humanologie évite-t-elle les aspects négatifs de cette sémiotique de l’émotion ? Par l’intervention des perceptions cérébrales sous la forme d’un fonctionnement humain de soi qui sert de matrice de développement à un corps du genre humain. Pour nourrir cette compréhension, il nous faut expliciter le terme de sémiotique pour ainsi approfondir ce que nous entendons par émotion. Tout désir personnel à vouloir élucider l’inconscience de soi-même ou de l’environnement doit s’entreprendre d’abord sur les ressorts de l’émotion. Il nous faut comprendre ce par quoi l’être humain, comme constitution singulière d’une réalité, influence nos sensations à l’origine de notre connaissance. Le fonctionnement singulier d’un esprit à être ce qu’il représente, ne peut se concrétiser que dans les moyens qu’il s’octroie lui-même pour devenir conscient de ce qu’il est. Ces moyens qu’il utilise sont les signes d’une réaction émotionnelle dont les comportements physiologiques en fabriquent l’information, et dont la conscience de soi peut se nourrir. S’informer devient ainsi une transformation de soi, saisie en temps réel par une conscience elle-même en formation. S’informer c’est alors construire un corps physique en conscience.

Si au champ psychique correspond un développement de conscience, si au champ mental correspond un développement physique, si au champ inconscient correspond un développement biologique, alors au champ du subconscient correspond un développement des perceptions dont la dynamique de formation empiète sur les territoires de la conscience, du physique, du biologique. Un subconscient autonome est alors nécessaire, pour faire émerger, au travers des perceptions métabolisées, des nouvelles interactions entre les individus et leur environnement. Auparavant, pour avoir une action sociale, il fallait avoir un présupposé mental. Mais, alors, ce qui relevait de la conscience, de l’inconscience ou du subconscient ne rentraient que dans le cadre des interrogations dysfonctionnelles à l’origine de mauvaises stratégies de comportement sur l’environnement. Aujourd’hui, ce qui a changé est le traitement en temps réel de l’information. Cela actualise le processus vital, le rendant plus efficace, car plus pertinent en regard de tout ce qui peut être métabolisé.

Pour qu’existe une socio-physique, il faut qu’il y ait des actions sociales, donc des perceptions mentales et moins de présupposés mentaux. Ce qui se passe de différent sous le mode du temps réel, nous pouvons aussi parler de spontanéité, c’est que par la transformation du comportement de perception, ce qui était l’analogue du subconscient devient alors une communication non-verbale à part entière, un nouvel état d’être. En somme, nous reconnaissons potentiellement une vraie personnalité issue du monde réel, une identité individuelle conforme à ce qu’une personne vit dans son présent. Ce qui démontre la pertinence de cette réalité se trouve dans l’architecture du système nerveux organique, sous la forme d’une arborescence physique de sa connectivité neuronale. Nous retrouvons aussi, l’effet de mémoire dynamique que l’on observe dans la mobilité perpétuelle des membranes synaptiques, ce qui permet la production adaptée du poids de l’expérience des souvenirs reconstruits par les neuromédiateurs. En bref, nous engageons un nouveau paradigme d’une vie systémique, en lieu et place d’une biologie aux contours trop statiques pour rendre compte de la richesse d’une réalité personnelle.

Au final, une lecture socio-physique de la réalité humaine individuelle, apporte une richesse d’interprétation des histoires par ailleurs individuelles et collectives. Ceci apporte les moyens d’une correction épistémologique quant à la compréhension plus réaliste des interactions entre l’homme et son environnement, mais également entre la Nature et leurs natures. Enfin, ce principe socio-physique permet aux grands paradigmes que sont les évolutions des lois physiques en lois naturelles, de trouver une correspondance effective dans l’émergence des grandes propriétés cognitives de la vie. Ceci se fait au travers d’une nouvelle évaluation du concept de finalité existentielle, en acceptant que toutes les sciences soient la continuité d’une science métaphysique historiquement plus antérieure.

Vous l’aurez compris, la connaissance et l’application d’une socio-physique agit bien au niveau individuel, dans une reconnaissance plus fine de la réalité humaine. Mais, cela ne s’arrête pas là, car se dévoile ainsi un mécanisme naturel d’auto-guérison physique induit par la reconnaissance cognitive d’une potentielle maîtrise génétique sur un fonctionnement humain. La porte est donc maintenant ouverte pour une prospection en faveur d’une physique de l’esprit dont l’organe directeur est le cerveau.