Au-delà de l’interprétation de soi, il existe une position de l’esprit d’un hors univers, lieu où l’identité universelle trouve enfin sa légitimité. C’est grâce et au sein de cette légitimité, que nous pouvons bénéficier de l’ensemble des prérogatives de la fonction de conscience. Notre esprit s’affranchit alors de l’ensemble des lois physiques connues pour son fonctionnement, ce qui permet à la conscience d’expérimenter de nouveaux comportements fonctionnels de l’esprit. Nous avons vu dans « l’humain nouveau » que le zéro n’avait pas comme seule signification une absence de quantité, mais était aussi le seuil d’une découverte de soi-même par la conscience. Précisons ici notre pensée, ce que nous inférons de la capacité symbolique du zéro est qu’il soit porteur d’une logique, qui se distingue par son absence de logique interne. Mais alors, est-ce encore une logique puisque son contenu fonctionnel est sans logique ? Oui, car celle-ci se fait perception vitale d’une conscience individualisée.
Ici le raisonnement intellectuel devient rigoureux pour lui-même, c’est-à-dire que sa forme exprime une logique qui peut être représentée, explicitée mais incompréhensible pour un autre que celui qui en fait l’expérience. En un mot, ce raisonnement n’est pas transmissible mais seulement communicable par analogie fonctionnelle. Le fait même que ce type de raisonnement existe, donne une importance majeure à la signification de l’espace, en lui ouvrant les portes de l’infini. Mais n’oublions pas que nous sommes sur le territoire de la conscience, donc dans une réalité vécue, si nous avons un espace qui s’ouvre sur l’infini, alors seule les quantités de temps définissent le degré de conscience de l’expérience humaine. En effet imaginons un espace infini, au centre duquel se trouve être l’émergence d’une conscience qui nous caractérise, alors tout objet ou phénomène remarquable qui concourt à rendre conscient ce que nous sommes, apparaît dans l’espace sous un mode chronologique qui délivre un temps de conscience, car tout ne peut apparaître en même temps sous peine d’une annihilation du processus de conscience de soi.
Maintenant par quels moyens ces apparitions se font-elles en regard d’une conscience, dont elles assument la reconnaissance de conscience ? Par les sens, dont nous savons que leurs objets de sensation sont des projections de soi-même, qui font elles-mêmes objet d’une construction perceptive. Il s’agit alors pour la fonction consciente de reconnaître, que dans le processus de constitution des percepts, les propriétés de l’intellect puissent concorder aux sensations émises par les organes sensoriels du corps. Cela amène la compréhension que la conscience est le résultat de l’implication d’un temps chronologique dans l’espace infini. C’est de l’existence de ce temps chronologique, que la conscience peut inférer qu’elle ne doit sa présence qu’à un raisonnement intellectuel, dont la forme va se rapprocher d’un réalisme vital individuel.
La subtilité d’un raisonnement intellectuel rigoureux, confine à la possibilité d’émergence des propriétés physiques de résonance entre deux sphères de connaissance identifiées, l’une individualisée par la fonction de conscience et l’autre centrée par l’universalité des constituants de l’espace. De cette configuration naît la possibilité d’un réel, par l’intelligibilité d’une source d’un fonctionnement autonome généré par l’activité d’individuation d’une conscience grâce à l’utilisation du temps et la discrétisation des sensations issues des constituants de l’espace infini. Ce qui devient indissociable dans ces percepts naissants, c’est que ceux-ci soient issus de la fusion entre un morceau d’espace et une quantité de temps. Ce qu’il faut voir ici, c’est que si d’un espace infini émerge un objet des sens, c’est parce que cet objet à des propriétés que le temps lui octroie du fait de la distance qui porte un esprit à privilégier une partie de l’espace. Nous avons alors la naissance d’une information au sens strict du terme, c’est-à-dire naissante de sois-même puis de l’environnement. L’existence de cette information résulte donc des conditions de son apparition, qui elles résultent d’une action de conscience à s’individualisée.
L’impact conscient de cette information est par la fonction du temps, organisateur des constituants universels qu’elle concourt à faire émerger. Puisque l’origine des conditions d’existence d’une information résulte d’une fonction de conscience, alors la reconnaissance des informations de soi seront premières à l’impact conscient des informations de l’environnement puis de la personne. La constitution de soi, de l’environnement et de la personne, est alors bien un produit de l’activité d’un esprit de conscience. Puisque la fonction de conscience est d’individualiser et de centrer l’expérience humaine, nous aurons l’expression en premier lieu, d’une conscience, d’un esprit, d’un corps, d’un environnement, d’une personne. Inversement la réalité d’une pluralité d’informations doit donner les conditions, d’un infini, d’un univers, d’une planète, d’une civilisation, d’une culture. Nous aurons ainsi deux tendances antagonistes par leurs comportements, l’une centripète par la fonction de conscience qui densifie une réalité, l’autre centrifuge par l’expansion des informations qui font l’univers. Cette simultanéité de rapport entre la manifestation de ces deux tendances, oblige à la constitution d’un réel inconscient dont la forme prend l’aspect d’un réalisme vital. Ceci implique donc le fait qu’une personne récipiendaire de vie, soit l’objet d’une conquête par son esprit, des origines d’une conscience fondatrice de son réel.
Pour prendre conscience de cette subtilité existentielle, il nous faut impérativement dépasser le cap de la gouvernance d’une vie individuelle par la vision biologique, pour accéder aux possibilités d’exercice d’un esprit qui n’acquière son intelligence fluide, que par des propriétés électriques à l’origine d’une constitution physique de sa réalité vitale. Il n’est pas inutile de rappeler que ceci est parfaitement concret. Ainsi au travers de la connaissance que nous avons aujourd’hui sur le protocole naturel de constitution des protéines, celles-ci n’obtiennent leurs formes fonctionnelles qu’au travers d’un équilibre électrostatique de leurs constituants (de la molécule d’ADN aux différentes protéines corporelles). Rappelons que le processus d’homéostasie, qui représente l’ensemble des fonctions physiologiques à maintenir un organisme en parfait état d’intégrité fonctionnelle, est dû à l’action d’un système nerveux dont l’activité électrique régente la fonction physiologique de l’ensemble de ses constituants, puisqu’il s’agit en premier lieu d’en assurer son équilibre fonctionnel. Enfin n’omettons pas l’existence d’un courant cutané, véritable enveloppe électrostatique du corps matériel, qui permet à celui-ci de fonctionner comme un véritable condensateur vis-à-vis de son environnement. Son comportement est lui-même régulé en phase avec l’activité nerveuse, qui elle dépend de la manière dont les facultés cognitives sont employées pour instruire l’intérêt supérieur de soi-même, à se doter d’une conscience autonome source d’équilibre psychologique et physique.
Il devient donc réaliste d’introduire dans notre réflexion sur l’humain, que le résultat amené par une interprétation de soi ouvre à une prise de conscience particulière ; celle qui nous permet de découvrir que cette interprétation sert la double condition d’une fonction organique cardiaque et d’une fonction organique cognitive. En effet la fonction cardiaque n’existe que par l’activité électrique qui sous-tend son activité physiologique, ce qui entraîne l’ensemble des facteurs biologiques dans une intégration fonctionnelle, dont les prérogatives sont le fait des résultats enclenchés par les facultés cognitives appliquées à l’examen du réel. Il y a donc interpénétration des deux fonctions. Le fait de conférer à l’activité cardiaque la responsabilité d’une gestion des facteurs biologiques par homéostasie, permet à celle-ci d’être induite par le fonctionnement cognitif. Cette prise d’autonomie par l’organisme, fait surgir la conscience d’un hors-univers représentée par l’existence d’un Moi psychologique profond incarné dans une conscience complètement individualisée et centrée. C’est donc par la seule réalisation d’une identité universelle, qu’un être humain transforme sa personne en une entité fonctionnelle, le Soi intégral, dont le réalisme vital est la passerelle d’une communication avec un Moi psychologique profond. C’est ainsi que nous nous donnons à une vie qui nous transcende, par l’acceptation personnelle d’incarner une vie qui soit l’émanation d’un espace universel.