Une vie personnelle qui implique tout ce qui peut exister est la définition même d’un Soi Intégral, il est unique car il relève pour sa conscience de l’ensemble de l’expérience humaine individuelle. L’oscillation du point d’équilibre est une parabole pour certain et une réalité pour celui qui réalise la non-fixité de son fonctionnement personnel. Nourrir l’expérience de la sensibilité par l’attention, nous ouvre une conscience transcendantale des choses de la vie. Celle qui nous libère de l’aliénation du mécanisme de cause à effet des comportements, pour ouvrir à la connaissance d’un simple monde des causalités libres. C’est alors que l’émotion positive devient la fonction d’une architecture de l’être humain.
Réfléchir sur l’être conscient lui délivre une densité, à la seule condition d’accepter que cela soit dans le cadre d’un esprit dont la nature relève l’aspect transcendant de toutes les choses qui font une vie. C’est ainsi que le caractère d’un esprit humain se voit conférer un statut d’être conscient, dont les causes informationnelles identifient une vie présente. Ce savoir transcendant est au-delà des mots d’une simple psychologie pour pouvoir manifester les propriétés d’omniscience d’une conscience, réductible à la seule survenue de son être. Toutes les propriétés existentielles des comportements forment alors les multiples contextes relatifs qui donnent naissance aux êtres, ainsi qu’aux différents niveaux de vie des corps conscients de l’univers. Ce n’est qu’à ce stade de développement d’une conscience, que nous comprenons littéralement ce qu’est l’espace et le temps discrets des événements vitaux.
Penser la vie c’est relier la formation d’une conscience aux actes des comportements de cette vie. Réfléchir à ce que représente un être conscient passe obligatoirement par la nature d’un esprit, qui doit se donner toute latitude pour en concevoir une réalité. Il s’avère qu’il existe une dissociation au sein de l’être humain, une dissociation qui sépare deux natures distinctes que sont l’être d’un côté et l’humain de l’autre. Il faut bien prendre garde à ce qui est l’objet de perception. Ce qui se reconnait dans l’environnement d’un esprit dépend d’un niveau d’intelligibilité sous-tendu par une maturité perceptive sur l’environnement. Ce que vie une personne est tout autre, car c’est l’intelligence de celle-ci qui lui donne à prendre conscience de ce qu’elle est. C’est ainsi que l’être rend compte d’une conscience, quand l’humain rend compte d’un environnement. Ce qui fait l’unité des deux, se trouve dans un rapport d’équilibre entre les deux aspects de cette réalité qui sont l’être et l’humain.
Un être humain n’est qu’un maillon d’une chaîne de la vie qui se répartie entre tous les phénomènes qui prêtent à exister. Cette chaîne ne peut être rompue par le seul prétexte d’une individualité, ce qui ferait perdre le sens de l’égalité de nature entre tous les phénomènes. Donc rompre l’unité du genre humain, c’est s’exposer à la finitude par manque de communication avec l’ensemble des phénomènes qui concourent à l’existence de cette unité de genre. Pour une conscience, reconnaître l’existence de cette chaîne de vie est ce qui lui interdit tout individualisme sous peine de verser dans l’inconscience du sens propre de sa vie personnelle. Une approche fonctionnelle de l’existence par l’esprit, ne peut que restaurer l’ensemble des éléments qui font une vie personnelle apte à la conscience. La vie a son départ dans l’inconscience mais encore faut-il qu’il puisse exister une entité consciente pour s’en rendre compte. Voila le début de l’être conscient qui n’a d’autre choix que de considérer son humanité comme le récipiendaire d’une identité évolutionnaire, portée par ses différents états fonctionnels.
La nature du corps d’expérience de vie va devenir un enjeu de connaissance pour la simple raison qu’il est porteur de réalité, par les différentes prises de conscience que les expériences génèrent. C’est ainsi que la nature d’un corps intègre les moyens de sa connaissance, et développe cette scission consciente entre un esprit et son corps. Deux trajectoires se superposent, celle de l’esprit qui établit le niveau de conscience et celle du corps qui donne la nature de cette conscience. Ainsi nous avons le désir de l’esprit partenaire du désir du corps. Dans le développement de l’être conscient, nous aurons cette possibilité d’alternance qui fait prévaloir l’un sur l’autre, mais dont l’intérêt supérieur de soi-même demande toujours un retour à l’équilibre. Lorsque le niveau de maturité fonctionnelle ouvre sur une conscience transcendantale des choses de la vie, nous savons que l’énergie qui alimente cette vie plutôt qu’une autre vient d’une connaissance de soi, dont l’esprit à conscience par les moyens du corps.
Explorer toute une réalité de soi implique que nous soyons au-delà du concept d’existence, car c’est s’offrir alors les conditions humaines qui permettent d’en réaliser l’opérateur d’une exploration, celle de l’être conscient. Pour cela il faut un contexte précis, mais lequel ? Prendre conscience est nécessaire pour cette opération mais connaître c’est mieux, car cela permet de jauger les comportements aux biens qu’ils produisent. Il faut faire connaissance avec tout ce qui constitue une réalité de soi. Mais pour cela il faut partir d’un état conscient qui soit personnel, et c’est bien là l’objectif de l’attribution d’une identité, puisqu’il existe une unité du genre humain dont la raison d’être est d’apporter la possibilité des premiers dialogues. Seul un être conscient et en dehors de l’influence de tout environnement, peut par définition naître de lui-même. Mais si la conscience est nécessaire à cet être pour la délivrance de sa connaissance, c’est parce qu’il ne se révèle que dans l’inconscience d’un soi, celui qui lui fait barrière pour en légitimer son développement.
Si nous prenons pour hypothèse que l’être humain est une simple manifestation, mais qu’il n’a en fait aucune réalité au sens existentiel du terme, alors seule la qualité de son être lui apporte les attributs de l’existence, sous la forme d’une connaissance des moyens que lui procurent des expériences de vie. Et c’est pour cela que le soi à une importance extrême pour l’être, car c’est de lui seul qu’un être peut naître en conscience d’un inconscient de vie. En effet celui-ci est fait d’éléments qui entretiennent des rapports de relativité absolue par la nature même de son inconscience, aucun point d’attache. La réalité d’une personne est son être conscient, ce que l’on attribue à la personne est le résultat d’un fonctionnement humain qui met en place un corps et un esprit dont le dialogue avec l’environnement, donne les moyens à l’être de devenir conscient. L’être conscient est le centre de l’existence personnelle, c’est le lieu d’où tout part et où tout arrive.
Plus qu’une cohérence fonctionnelle, l’organisme humain est en fait un fonctionnement humain lorsqu’il est associé à l’être conscient. Le soi qui tend à l’intégralité de l’inconscient est la matrice d’un être conscient en formation, qui devient à son tour l’interface entre un environnement global et le soi. L’intérêt supérieur de soi-même tend à garder un équilibre fonctionnel entre l’esprit et le corps, pour donner au fonctionnement humain les possibilités de conscience de l’être. Ainsi ce qui fait le lien dans toute une vie est le processus de conscience. Si le point d’équilibre est le propre de sa recherche, alors il est fortement probable que nous construisons les sensations du monde par une oscillation de ce point. De ce fait, ce que révèle une personne dans son environnement est la sensibilité qu’elle a du monde, et c’est ce que l’être conscient restitue par la reconnaissance d’un soi personnel. Ce que met à jour l’avènement de l’être conscient est la possibilité d’une superposition d’un environnement monde avec un soi dont la tendance à devenir une intégralité passe par la restitution d’une réalité fonctionnelle. C’est le seul processus pertinent d’une fabrication d’un être conscient, séparé de toute influence d’un soi autonome grâce à l’intégration de tous les éléments constitutifs d’un environnement vital pour soi.
Par la connaissance de ce processus il s’agit de montrer un mécanisme d’individuation, sur la base d’une identification qui relie toutes les propriétés d’un soi avec toutes les propriétés d’un monde environnemental. Puisque c’est le corps inconscient qui demande un être conscient pour devenir humain, alors la relation qui les unit peut très bien être une conscience évolutionnaire par l’esprit, que le corps concourt à développer par ses moyens. Ceci entraîne l’attribution des propriétés à un soi par identification aux propriétés universelles. Par le fait d’une variabilité importante de l’ensemble des propriétés physiques lors d’un fonctionnement universel, les évolutions perceptives engagent une nouvelle définition d’un corps comme étant un quasi-corps, et non un corps physique fixé une fois pour toute (est-ce la définition de l’organisme ?). C’est bien en effet par une optimisation des données sensorielles que se borne un niveau de conscience, au travers d’un état d’équilibre entre l’esprit et le corps sous la forme d’un état fonctionnel. Mais si nous acceptons la métamorphose des corps, alors il nous faut accepter l’oscillation du point d’équilibre entre le corps et l’esprit à l’origine d’une sensibilité qui fait évoluer la nature des données sensorielles. Nous avons ainsi une échelle de mesure complète d’une maturité perceptive, dans un contexte où tout est en mouvement relatif parce que tout se crée de la relation aux autres.
Toute fixité doit disparaître au regard d’un esprit en recherche de conscience. La perception devient le comportement d’une mesure dans le règne des quantités de mouvement, ce qui établit les différentes catégories de l’existant qui vont du vide au plein de tout. Le fonctionnement humain s’installe dans un processus conceptuel qui utilise les perceptions comme des unités élémentaires d’informations. Il s’agit de faire évoluer un fonctionnement à l’intérieur d’un univers de données sensorielles, dont l’interaction entre le corps et l’esprit forme le profil psychique d’un opérateur conscient. Il nous faut donc accepter que tous les éléments mis en œuvre pour une prise de conscience, soient dans un mouvement perpétuel. Nous avons un univers des sens en constante expansion, parce que nous avons une perception évolutionnaire pour des informations recueillies au sein d’un triptyque corps-esprit-environnement. Le champ conscient, émergeant de l’évolution de la perception, nous amènes à penser un corps et un esprit en accord avec une vie autonome, en recherche constante d’un équilibre fonctionnel, ce qui est cause de la naissance de l’être.