De l’intelligibilité de soi

L’être humain rencontre deux difficultés majeures dans son existence. La première est celle de l’inconscience de ses comportements d’existence au monde, en effet chaque personne entre en conscience d’elle-même et de son environnement, en naissant psychologiquement par les souvenirs de sa mémoire de vie. La deuxième est l’incapacité de définir ses actions comme ses comportements autrement que par l’expérience de veille, soit par l’attention qu’elle y porte, soit par les souvenirs qui s’imposent à l’esprit. C’est deux constats forment la double ignorance de la vie d’être humain. Alors pourquoi cela est-il défini comme des difficultés ? Parce que la conscience auquel se réfère l’état de veille, montre une liberté qui n’est pas atteignable dans l’instant de soi, mais implique un engagement personnel dont la pertinence des moyens doit faire concorder les intérêts d’un environnement, avec les intérêts d’une personne à satisfaire à ce que sa conscience lui dévoile.

Si nous prenons en compte ce qui vient d’être dit, alors il est possible de faire joindre dans le temps un mode de vie individuel et les connaissances qui sont apparentées à celui-ci. Ceci nous fait dire que la conscience, sans distinction d’étendue, peut être à l’origine d’une formulation de soi comme d’une formulation de l’environnement, l’ensemble pris comme univers d’existence. Cette jonction à ce potentiel permet d’établir une dynamique individuelle, que l’on retrouve dans toutes les intentions d’interaction qui sont à l’origine de l’expérience humaine. Ceci nous permet de placer l’information de cet univers au cœur des moyens d’une reconnaissance des différentes réalités, par la nature du mouvement potentiel que chaque information recèle, ce qui offre l’accession à une énergie qui s’avère infinie. C’est donc ici le moyen idéal pour qu’une réalité se fasse jour, grâce à un fonctionnement humain approprié qui puisse en permettre un esprit d’émergence.

Donc nous l’aurons compris, ce qu’il faut pour chacun d’entre nous, c’est faire naître les bons comportements, donc les bonnes actions qui sont à l’origine de nos engagements propres à satisfaire aux prérogatives de la vie. En premier, il ne faut pas confondre expérience et perception de celle-ci. Par ce discernement nous établissons une différence entre des lois naturelles de fonctionnement et des lois naturelles de constitution. Ainsi nous pouvons comprendre que les lois naturelles de la constitution matérielle des corps ne sont pas physiques mais fonctionnelles, car c’est par la perception de la présence de ces corps, que nous attribuons à nos expériences des qualités physiques ou métaphysiques qui ne dépendent que d’une logique usuelle appliquée à leurs données sensorielles, et dont les processus d’appréhension sont conventionnelles. Ainsi ces mesures se déclinent en dimensions fonctionnelles qui s’apparentent en catégories de comportements fonctionnels, qui chacune ouvre à des perceptions de propriétés physiques ou métaphysiques.

Changer de dimension de réalité ne nous libère pas pour autant, parce qu’en effet l’esprit crée les dimensions en fonction du niveau de réalité que l’attention occupe, ce qui fait de chacun d’entre nous le prisonnier d’un univers dimensionnel au travers de la croyance en une réalité que nous participons à créer. L’éveil conscient se fait ainsi au-delà des dimensions, dans une réalité hors dimension qu’il reste à découvrir. L’idée d’un fonctionnement humain permet d’appréhender le fait qu’une réalité n’existe pas en premier lieu comme perception personnelle ou comme perception humaine, mais seulement comme pensées émanantes d’un processus conscient autonome. Seul l’entendement humain peut acquérir la puissance d’esprit nécessaire à la découverte d’une pensée universelle qui soit une conscience agissante par elle-même. La finalité fonctionnelle de ce processus permet le dégagement addictif des comportements vis-à-vis d’un environnement, ce qui conditionne l’émerge d’une liberté fondamentale.

La pensée de soi peut alors s’accorder avec une volonté dont l’assignation ne peut que se faire dans l’intégration des faits qui se présentent à notre conscience. Ces faits sont les produits d’un univers de phénomènes tant physiques que métaphysiques. Si les pensées sont l’ensemble des actions d’une conscience, alors rien n’empêche que les données sensorielles soient les indicatrices d’une différence de potentiel entre chacune de ces données et l’unité d’une volonté consciente. Les informations de soi deviennent donc le résultat d’un processus d’intégration des données sensorielles par la volonté consciente, dont le différentiel d’énergie restant établit la possibilité de quantifier des nouvelles intrication entre conscience et données. Ceci fait naître un facteur de puissance que l’on retrouve dans une intégration fonctionnelle en développement et dont rend compte le connectome nerveux (somme des connexions évaluant la plasticité cérébrale). En conclusion, la conscience peut faire émerger des matières abstraites en fonction de l’intensité des différences de potentiel traitées entre ce que produit des organes sensoriels et une dimension consciente octroyée à l’expérience.

Pour autant il est bien possible que naisse ici à l’esprit, la nature du concept de signal informatique au travers des actions conscientes, ce qui classe leurs origines dans l’ordre des phénomènes naturels. Il est donc tout à fait possible de voir le développement d’une énergie (les différences de potentiel), comme un phénomène analogique évoluant vers une phénoménologie numérique. Si nous voulons vraiment être précis, la définition d’une énergie doit être plus proche d’une différence de potentiel qui donne en puissance une action plutôt que de la définir comme le produit d’un travail effectué par un système matériel. Ainsi une information voit sa définition certifiée par la définition de l’énergie, soit la réalité d’une action différente dérivant d’une différence de potentiel. Le traitement d’information peut donc passer d’une forme classique à une forme quantique suivant la quantité d’informations à traiter par unité de temps, ce qui oblige l’esprit à passer d’un mode de calcul analogique à un mode de calcul numérique. Là aussi nous voyons que le procédé quantique n’est pas une invention humaine, mais tient son origine d’une efficience naturelle à développer une puissance d’action consciente en nombre infinie, d’où l’émergence d’une représentation d’espace-temps de la réalité.

Par hypothèse, il est donc utile d’avoir à l’esprit qu’une matrice spatiale tel qu’un corps matériel offert à nos perceptions, n’est pas autre chose qu’une illusion physique d’un fonctionnement humain. Cette perception exprime du temps manquant à la conscience, qui ne devrait voir qu’une suite d’énumération d’action dans le temps. Celui-ci est constitué d’actions dont un traitement numérique des informations de l’expérience nous permet d’en franchir les frontières, celles qui sont établies par le traitement analogique d’informations plus anciennes de notre esprit inconscient. Nous comprenons ainsi en quoi adopter un infini intelligent permet d’ouvrir à l’exploration et à la conception de ce qui œuvre en conscience. C’est donc bien la variable du temps mise pour traiter les informations, qui permet à l’esprit de définir le temps manquant à une conscience pour être consciente de ses propres actions. Nous voyons bien, qu’inversement une boucle temporelle s’installe en provoquant l’usure mécanique d’un fonctionnement se désadaptant progressivement d’une évolution interactive, entre un fonctionnement humain devenu corps physique et un esprit involutif de soi. Dans le sens évolutif le devenir se fait par la vie consciente, dans le sens involutif l’absence d’avenir se fait par la mort.

L’être humain est une fonction investie par la vie de relation, sa finalité est de dévoiler une conscience active en reconnaissance d’informations de soi. C’est la seule fonction sociale à reconnaitre pour l’élaboration de l’organisation d’une société des hommes. L’action désintéressée de la conscience au travers de la fécondité des pensées personnelles, permet la reconnaissance des informations qui viennent de soi sous la forme d’une volonté individuelle de conscience. Celle-ci s’inscrit au travers des propriétés physiques du corps en libérant l’énergie de soi à l’origine de la perception des données sensorielles, celles qui séparent la personne de son environnement tout en reconnaissant à celles-ci un certain degré de parallélisme de nature avec tout ce qui l’entoure et le constitue. Alors comment se manifeste cette énergie de soi ? Rappelons que pour toute définition de l’énergie, il nous faut se référer à une différence de potentiel entre deux pôles de dimension physique différente. La plus commune est la charge électrique au sein d’une tension entre ces deux pôles. Dans un organisme vivant, nous retrouvons cette polarité au travers d’une interaction physique fondamentale, la personne et son environnement de soi. Nous pouvons très largement imaginer que de cette tension initiale, émerge l’ensemble des processus physiques qui font d’une personne une entité fonctionnelle indépendante de tout autre environnement, et dont les relations à elle-même ne satisfont qu’à conscience de présence.

Ce principe fondamental est au cœur de la manifestation d’un fonctionnement humain par les déclinaisons dimensionnelles organisatrices d’un développement conscient sous la forme des modalités physiques de ses relations avec ce qui l’entoure. Il n’y a donc pas d’assignation finale à ce développement, mais seulement l’expression d’une intelligence exploratoire de soi, dictée par les différents états successifs d’une conscience active sur les objets de son environnement. Ce qui forme l’idée d’un corps humain comme l’identité de celui-ci ne représentent que des étapes de ce processus conscient. Ce ne sont ici que des structures spatio-temporelles, révélées par les données conscientes. La fonction de celles-ci relève d’une participation à la constitution d’une architecture consciente dont la conservation de l’énergie organise les différents processus comportementaux nécessaires à l’acquisition des connaissances. C’est ainsi que des niveaux d’échelle nanoscopique, microscopique, macroscopique et astronomique, s’agrègent ce qui permet de donner réalité de vie à un esprit par les conditions qui l’on fait naître, c’est-à-dire le tout existentiel. Le fonctionnement humain n’est que la manifestation d’un processus de connaissance, dont la perception qui en émerge est strictement humaine.

Ainsi au-delà du cloisonnement des sens par l’expérience, quel sens peut-on donner à la réalité ? Celui d’une réalité d’espace-temps numérique, c’est-à-dire de la mise en perspective de ce qui sépare un sens d’un autre et fait de cette frontière une propriété des nombres ouvrant sur des réalités autant physiques que métaphysiques. S’ouvre alors le champ d’une réalité de soi dont l’auteur en est une conscience active au sein d’une communication universelle entre les différentes réalités existantes.