Cet article nous ne pourrions pas l’écrire sans la grande inspiration de Goethe, dont nous saluons ici tout le génie mis dans l’observation et la compréhension de la nature. Nous commencerons par l’idée qu’il ne faut pas confondre la pensée et le langage. La pensée s’appuie sur l’esprit, cette chose étrange et fluide simultanément, qui part de nous, mais nous englobe aussi dans un environnement, que seule une conscience peut en apprécier la globalité intrinsèque. Pourrions-nous saisir cette immersivité si nous n’avions pas le langage pour nous en donner un sens ? Oui, nous pourrions, car le langage nous est imposé dès la naissance par notre milieu de vie, mais pour une fonction précise. Être le média de nos interactions sociales, sans qui nous ne pourrions pas nous gouverner dans un dédale de règles attendues, là aussi, par ceux que nous côtoierons sans limites.
Alors, pouvons-nous écrire que le langage appartient à la pensée ? Non, il en est l’appendice, celui par lequel il nous est amené à nous identifier, auprès de qui nous devons de répondre de notre existence. En ce cas, penser se passe comment ? Par l’acceptation consciente d’un double de nous-même, au sein d’un espace à qui nous devons l’existence, mais dans lequel nous devons prospérer. Ce double de nous-même se trouve être un esprit avant d’être un humain, dont les conditions mêmes de sa vie dépendent de la profondeur de notre conscience à en saisir l’ensemble des mécanismes, qui le font exister et vivre.
L’être humain devient ainsi une figure de style entre les mains de l’esprit. Ce qui demeure est la fonction de celui-ci par la pensée, car la pensée est tout pour l’homme, son joyau et son écrin psychique. C’est la société qui empêche/facilite la pensée de l’homme, d’advenir par l’instauration des fonctions humaines. L’homme a le devoir de pénétrer sa pensée et c’est pour cela qu’il ne peut se dissocier de sa conscience. Elle va lui servir de guide dans le long apprentissage de son exercice. Cette conscience doit assumer son rôle d’humanologue, cette fonction indispensable de reconnaissance du sens profond d’une vie à être pensée puis défaite de son voile d’obscurité. Parce que ce n’est pas au fonctionnement physique de l’univers de prendre l’avantage sur le fonctionnement humain, mais c’est au fonctionnement humain d’imprimer le sens d’une vie dans l’univers physique. C’est puisque le fonctionnement de matérialisation relève de la structure de l’univers, pour que chacun puisse être doté d’une connexion à ce qui fait la source de sa conscience. Sans cette connexion, la vie perd son sens pour n’être qu’une biologie sans âme.
Nous avons écrit que le psychisme est l’écrin de la pensée, mais celui qui taille et polit la pierre précieuse au sein de celui-ci, c’est l’esprit. Comme une eau fluide, l’esprit enlève ce qui est négatif et contraignant pour ne garder que ce qui est positif et constructif. Celui d’un psychisme constitué d’une somme d’émotion en retard de sens. C’est de cette intelligence émotionnelle qu’un esprit tire avantage de ses actions libératrices, car le monde des émotions est réel à celui qui les vit. C’est ici que le langage à son utilité comme médium. Il sait ou doit savoir, s’il apprend, qu’il existe pour remettre les choses à leur place et redonner à qui de droit ce qui lui appartient de fait. Voici comment l’esprit se sculpte lui-même, parce qu’il sait qu’au prix de son sacrifice, une conscience renaît de sa source et que seule l’impermanence des actions de l’esprit nécessite l’amour en retour. De ce qui précède, nous apprenons l’existence de la première dualité, celle d’une obscurité d’où naît la lumière, car c’est de cette lumière que l’esprit nous apprend d’où vient notre conscience qui sans elle est dans le noir absolu. De cette conscience naissante, ce qui reste de l’esprit sait alors qu’une volonté impersonnelle est au début de toute chose, ce qui ne manque pas de l’alimenter.
Le mystère de l’origine de cette volonté demeure en l’esprit comme un aiguillon. Sa nature se dévoile à celui-ci s’il accepte qu’une matière active, par l’origine d’une nature autonome, lui fait désigner un tiers inclus insoupçonné jusqu’alors. Un vide rempli d’informations, qui ne sont pas virtuelles si l’on admet que l’information est le cinquième état de la matière. Cette nouvelle disposition permet à cette matière active de ne plus tirer d’information de l’extérieur d’elle-même, mais de l’intérieur de ce qu’elle a contribué à créer par son comportement autonome. C’est ici que nous pouvons comprendre que le langage ne correspond aucunement à une pré-pensée, que cela correspond à deux médiums différents, parce que nous raisonnons ici en état et non en processus. Pourtant, fonctionnellement, la pensée correspond à un langage abouti dont toute forme a été expurgée. Mais, cette forme n’a pas disparu pour autant, car dans l’état dans lequel la pensée demeure, toute nouvelle forme vivante est due à l’existence de celle-ci.
Nous pouvons bien penser qu’un esprit fluctue parce que la nature de sa pensée en fait des états successifs, et que la pensée est elle-même un état dévoilé par la conscience. Or si cet esprit fluctue, c’est puisque avant toute chose, cet esprit est de nature physique, car il est constitué d’information dont la nature, par son énergie, à vrai dire, en fait le cinquième état de la matière. C’est donc à une organisation ou à une désorganisation psychique que nous avons à faire quand nous parlons d’espace-temps, parce que ce qui se mélange ou devient cohérent en soi, c’est une imagination d’un réel. Si elle devient débordante, elle se matérialise, si elle est contenue, elle se virtualise. Bien entendu, si l’imagination se virtualise, nous avons affaire à des pensées plus ou moins pénétrantes ou obsédantes, nous entrainant dans des comportements de rêve éveillés ou de réalités concentrées dans des moments du temps, passé, présent ou futur. Mais si l’imagination se matérialise, c’est qu’elle correspond à une syntonie avec les lois physiques naturelles. Nous avons alors le médium génétique d’un organisme physique, qui se trouve alimenté par des informations de notre imaginaire.
Ainsi, la nature obscure de la conscience, dont la volonté impersonnelle se laisse mettre en état d’esprit par des pensées fluctuantes, apporte des informations qui nous viennent d’un intérieur plus que personnel. Seuls des états d’esprit peuvent rendre compte, par la lumière d’une intelligence, ce qu’il conçoit de son propre chef. Par strict respect d’une activité de l’esprit, une maîtrise de la vie physique advient naturellement, lors de la sommation des prises de conscience dues à la recherche de compréhension de la réalité de soi-même et de l’environnement.
Par conséquent, à ce stade, nous pouvons nous demander ce que signifie réellement le fait que notre corps possède un ADN fait de 23 paires de chromosomes. Ce que nous savons, c’est que chaque cellule possède la réunion de 46 chromosomes et que 22 paires sont identiques, quand une paire différencie le genre humain en homme ou femme. Ainsi, l’intégration de l’ensemble de ces 23 paires est responsable de l’unité de chaque membre de l’espèce humaine, dans une différenciation anatomique du genre homme ou femme. De cette intégration, nous relevons le fait qu’un être humain n’est pas une structure, mais un fonctionnement pérenne dans l’espace et le temps. Nous avons bien affaire à un fonctionnement humain intégral dont l’énergie qui l’alimente vient des informations issues de lui-même.
La conscience est un concept dont le sens étymologique complet renvoi à la réunion de l’identique. C’est ce que nous voyons pour chaque chromosome, par sa dualité structurelle strictement conforme pour les 22 paires et relative pour la vingt-troisième paire. L’intégration de l’ensemble s’opère sous un concept qui dépasse celui de la conscience par l’existence d’une complexité, mais également celui de l’omniscience par sa rupture de rythme d’expression dans le temps. Ce qui convient conceptuellement pour cette fonction, c’est celui d’incarnation. Ce terme définit une personnification faite d’une succession, dans le temps et l’espace, de métaphores de la vie vécue. Elle utilise, pour se réaliser, une analogie envers des caractéristiques qui en sont des causes de l’existence d’un personnage qui en devient son modèle d’espace-temps. Pour incarner un personnage, il faut en créer un et se le représenter en conscience. C’est à l’imagination que revient le rôle de reconnaitre et d’assembler, dans un ordre cohérent, ce qui affecte la vérité que l’on se fait de soi-même.
Ce que nous pouvons postuler par expérience, c’est que la cohérence est supérieure à la complexité, qui elle-même est supérieure à l’analyse, concernant l’évaluation d’un rendement dans le temps. Ainsi, nous affirmons que la réaction de notre propre corps à ce qui nous affecte, vient de ce qui nous affecte et non de la nature de notre corps, qui en est la représentation d’une idée changeante avec le temps. Le percept de « nous » qui est affecté, n’est alors que le vrai ego que l’on appelle le « sujet », qui est le personnage qui s’est incarné en corps humain. Rechercher qui nous sommes n’a aucun sens donc, puisque l’ego n’est qu’une coquille d’un vide existentiel, remplis par un personnage continuellement changeant dans l’espace et le temps. En clair, ce personnage relève d’une impermanence par sa nature de vide existentiel. Alors qu’est-ce que l’ambition personnelle nous apporte ?
Ceci, la nature ignore comment faire le vide sans en donner au moins un sens. Celui-ci, nous le retrouvons dans la volonté impersonnelle laissée libre de se manifester par la quiddité du personnage. En physique, nous avons découvert dans l’infiniment petit, que des états tourbillonnaires existaient et se comporter comme de la matière active, c’est-à-dire sans la nécessité de traiter de l’information extérieure pour se mouvoir. Leur organisation spontanée faisait naître un vide central autour duquel s’organisaient, en cohérence, nos états tourbillonnaires (les vortexons) tout en prenant de la masse. Un peu comme nos pensées qui tournent dans notre tête. Et, ce vide physique, qui n’est pas vide, mais plein d’énergie, qui ne sont que des informations potentielles, peuvent parfaitement alimenter de l’intérieur ces états tourbillonnaires et gouverner ainsi leurs comportements. N’oublions pas que l’information, c’est de l’énergie et que cela représente aussi un état de la matière et que même si les pensées se nourrissent l’une de l’autre, il n’empêche qu’elles peuvent avoir des comportements collectifs cohérents.
Alors, cette volonté impersonnelle au travers de ces informations venant d’un vide existentiel, ne serait-elle pas représentative de traumatisme trans-générationnels, responsables du domaine psychique natif et personnel ? Celui-là même qui est représentatif de nos premières idées sur nous-mêmes et l’environnement, et dont l’affect dans le présent modifie la nature du personnage créé ? C’est ainsi qu’encore moins de hasard gouverne nos vies, si ce qui nous arrive personnellement n’est, en vérité, que des moyens travestis par des interactions sociales, pour la résolution de nos traumatismes héréditairement transmis. C’est donc dans la résolution de ces traumatismes trans-générationnels que le flux des idées opère l’expansion d’une qualité d’esprit, dont un environnement sociétal en devient récipiendaire. En conséquence, c’est par ce processus qu’une conscience personnelle peut venir à la hauteur d’une vie universelle, et ainsi aller vers l’horizon d’un être universel.