L’abandon du « je », objet d’un égo, pour le « nous » sujet de l’esprit impersonnel

Nous avons vu dans un article précédent, que le cerveau, par son fonctionnement, est un esprit en devenir de connexions, ce qui fait de l’état physique d’un corps, un curseur entre un passé composé et un avenir recomposé. En conséquence, par la genèse des sens, celui des organes sensoriels, tout humain peut se résumer à une valeur de connectivité d’un cerveau si et seulement si, l’esprit résout l’équation de la matérialité physique du corps. Nous aurons aussi compris, que prendre conscience d’une vie corporelle, permet à l’esprit de renormaliser son essence, par des actions d’une nature consciente de son individualité. Mais, nous devons nous demander s’il existe une âme du monde qui relie l’ensemble de tous les êtres. Puisque c’est par le niveau de fonctionnement de chacun de ces êtres, qu’un esprit déploie des capacités de perception d’un réel, grâce à la conscience des informations d’un espace-temps qui semble commun. Comprenons que dans cet article, nous allons discuter de la réintégration de l’idée immatérielle d’un corps physique, au travers de l’objet d’un sujet : l’existence même d’un corps physique par l’expérience. C’est par la décomposition de la matière corporelle que nous pouvons comprendre l’immatérialité caractéristique d’une personne, au travers du corps d’actions physiques d’un esprit. Tant qu’une matière corporelle assume le rôle de matérialiser la forme humaine, l’esprit ne peut pas en intégrer son essence. Tout le fonctionnement humain concourt à délivrer la personne de l’attachement à son milieu d’origine, pour rencontrer l’immatérialité d’un sujet de l’esprit conscient. Ce n’est pas de la lumière que naît le sentiment d’existence, mais de la poussière qu’il reflète. Ce qui nous engage à réfléchir sur la confusion que nous faisons entre une forme humaine et un sujet d’apparence corporelle.

La problématique est posée en ces termes ; apparaissons-nous dans l’existence grâce aux propriétés de la matière, ou l’apparence de nous-même est-elle le résultat d’un autre type de relation ? Commençons par définir les sentiments comme non rattachés à la relation que notre corps entretient, par l’expérience, avec son milieu. À quel événement devons-nous alors nous attendre ? Pour le savoir, comprenons ce que nous pensons qu’il peut se passer en situation. Au sein d’un esprit, c’est au rôle d’un traitement des émotions ressenties par les comportements du corps dans son environnement, que d’établir une corrélation psychique, par le biais d’une conscience de soi-même. Ceci s’opère dans l’esprit, ce qui va produire les conditions de son apaisement par la simple identification à soi-même. Le contraire de ce comportement porterait l’attention sur la génération d’une affection pour ce milieu, en lieu et place d’un non-attachement à ce même milieu d’existence. Une fois accomplit cet apaisement du psychisme, par la reconnaissance consciente d’une objectivité cognitive subjective de l’esprit à soi-même, que va-t-il se passer pour la réalité du corps physique ? Une actualisation d’une reconnaissance d’un travail physique et organique à produire un équilibre, avec les sentiments propres du milieu psychique de soi-même. Mais, comment un tel événement peut-il se produire concrètement et spontanément ?

Grâce à la réceptivité de l’esprit aux éléments de langage d’un environnement personnel. Nous rappelons ici, que la faculté de langage est abordée comme n’importe quel type de comportement. Le caractère spécifique de celui-ci, est de transmettre la capacité de sens au travers des symboles reconnus par un consensus conventionnel normatif, tel qu’une langue maternelle. L’ensemble des éléments de langage d’un environnement donnent à l’esprit les conditions d’une information, faisant représentation future d’une présence d’esprit dans un corps, pour ce qu’il peut advenir comme nouveaux contextes d’une vie individuelle. Cet avenir potentiel, le corps des actions physiques s’y implique par l’engagement organique des différentes fonctions physiologiques de la vie de relation. C’est donc par les résultats produits par ces fonctions, qu’un organisme importe les différents composants constituant le nouveau milieu de vie d’une présence corporelle. Mais, ceci ne se passe pas dans le présent de l’esprit, puisqu’il est engagé dans la future présence d’un corps physique, grâce à la réceptivité au langage symbolique de son milieu qui lui en donne l’image. Comment l’esprit et le corps vont-ils traiter ce décalage temporel ? Par la création mutuelle d’un milieu intérieur, dont les composants biologiques du présent, obtenus par les fonctions de la vie de relation, servent de substrat matériel à la génération, par des cellules organiques, d’un schéma fonctionnel émis par le génome. Mais alors d’où vient ce génome ? D’un écosystème de l’esprit, qui fait intervenir de nouvelles régulations épigénétiques, par des comportements physiologiques de l’organisme, pour l’activation d’une expression étendue des structures génétiques héritées.

N’oublions pas, les régulations épigénétiques des comportements physiologiques d’une vie systémique, sont les purs produits d’un esprit représentatif d’un milieu futur. Celui-ci est généré par un imaginaire en réponse à la réceptivité symbolique d’un schéma de sens. Maintenant, penchons-nous sur ce que nous apporte un psychisme apaisé. Comment cela se manifeste-t-il au sein d’une personne nouvellement consciente de son esprit ? Par l’émission d’une faculté d’empathie pour son nouveau contexte. Portons notre attention sur cette faculté et examinons, par l’exemple, ce dont elle parle. L’empathie est un facteur de résonance consistant à reconnaître l’apparence des formes d’esprit. Cette faculté fait intervenir le concept d’objectivité cognitive subjective, voyons comment par un exemple. Dans une situation donnée, deux personnes interagissent aux travers des échanges respectifs de leurs expériences du moment. Admettons qu’il y est un objet posé sur une table entre ces deux interlocuteurs, chacun voit l’objet sous un point de vue différent, mais ils seront d’accord sur l’existence de cet objet. Au nom d’une objectivité commune, qui relève d’un consensus conventionnel normatif d’une réalité, cet objet existe bel et bien, et fait partie d’une réalité commune à l’ensemble des protagonistes. Mais, est-ce vrai dans une vie réelle ? Pour répondre, examinons le mécanisme en jeu dans cette situation.

Chaque être ne représente que l’apparence de ce qu’il est en réalité : une somme de normes conventionnelles dont l’avantage sélectif pour chacun, se manifeste par la connaissance que chacun a de lui-même. Cette connaissance est délivrée par la mémoire des règles qui ont présidé à l’acceptation des différents niveaux, du consensus normatif sur la réalité. L’intégrité d’une personne se remarque dans l’unité de sa conscience et non de sa pleine conscience du moment. Parce que cette dernière est vide de toute matérialité autre que celle de se sentir vivant pour un être, qu’elle partage avec tous les êtres vivants. Ceci satisfait à la définition d’une personne sur le plan social, d’une façon étymologique comme d’une façon ontologique. Mais, quand est-il physiquement dans l’interaction ? Les deux statuts de la personne et de l’être disparaissent au profit de ce qu’il partage tous les deux : une vision de l’univers de vie en regard d’une existence matérielle. Chacun recense alors l’image d’une réalité universelle propre à l’intégrité de sa conscience, qui relève du sentiment qu’il a de lui-même. Ce sentiment est personnel, donc le point de vue que chacun va avoir sur l’objet, va être référencé au sentiment personnel de chaque protagoniste. C’est ainsi par l’idée que chacun va appréhender l’expérience de l’observation d’un objet, dont la présence est perçue par chacun. C’est en conséquence l’idée par une cognition qui établit l’objectivité de l’objet perçu subjectivement. Devant l’objet, nous sommes alors tous égaux par le fait d’être constitué de la même matière universelle, mais inégaux devant sa réalité. La réalité commune ne peut en conclusion être appréhendée que par la fabrication du réel par chacun. C’est ce réel qui est fabriqué par les sens des organes sensoriels.

Mais, cela ne s’arrête pas là, puisque la méthodologie scientifique nous délivre un accès au formalisme symbolique. Son résultat d’application nous apprend que la matière n’est qu’une manifestation d’énergie, dans le contexte d’un rapport entre l’espace et le temps qui l’y contraint. Alors, qui sommes-nous réellement et que sont les objets qui nous entourent ? En réponse, une simple expérience de l’énergie, par la forme qui en donne des existences concrètes. Par conséquent, sur quoi pouvons-nous nous entendre ? Sur la capacité à rester soi-même conscient, quelles que soient les circonstances par lequel un esprit nous met en présence d’une situation. Ainsi ce que l’empathie révèle, c’est la résonance, plus ou moins étendue, entre deux ou plusieurs niveaux de conscience distincts. L’empathie partage un niveau de connaissance d’une réalité, qui devient commune par l’empathie de ceux qui partagent un même niveau de réalité. Par conséquent, l’objectivité n’est qu’un concept culturel, approximativement partagé entre des cultures du même nom, sans rapport direct avec les réels fabriqués par chacun. En effet, nous sommes dans une communication sans transmission d’information, des figures analogues correspondantes au trait singulier d’une objectivité cognitive subjective partagée.

Nous pouvons alors saisir toute la subtilité du « je », objet d’un esprit, comme l’appropriation consciente d’une réalité propre au réel que chacun se fabrique de lui-même, comme objet de son attention. Il devient l’essence d’une substance, faisant d’un corps physique, la connaissance des actes conscient de ce qu’il vit. S’il se présente à nous comme un humain, c’est qu’il est un humain, mais s’il se présente sous une autre forme, c’est qu’il est cette autre forme. Pour un esprit, tout peut ainsi s’observer, mais la sélection de ce qui est observé, relève explicitement d’un choix, celui dicté par l’intérêt du milieu d’un esprit conscient. C’est de cette prise de conscience que se réfère la notion d’un respect de soi-même, et de tout autre objet de l’environnement. De même, par la faculté empathique, chacun se dote des moyens de se défaire de ce qui entrave l’évolution individuelle d’un fonctionnement de son énergie. L’esprit n’étant pas une chose inerte, que représente l’énergie d’un corps physique au travers des désirs de l’esprit ? Une puissance disponible à la vie de l’esprit pour l’évolution de ce qu’il imagine. La puissance est ainsi représentante des actions physiques d’une existence d’un corps directement inspiré par l’esprit.

De tout cela, il nous revient de réaliser l’existence d’un dénominateur commun entre un corps physique et l’esprit d’une personne vivante, celui de l’énergie d’un fonctionnement. En effet, à chaque niveau d’un contexte : celui de la personne, celui de l’esprit, celui de la vie, celui du corps, il y a l’expérience d’une énergie, dont le centre expérientiel est celui de la conscience d’un esprit. Ainsi, l’acte physique se trouve contextué simultanément par la personne, l’esprit, la vie, le corps, l’existence, ce qui fait de ces cinq contextes et leurs récipiendaires d’état conscient, les conditions d’émergence, à chaque niveau, d’une quantité d’énergie : l’information. Existe-t-il un processus d’intégration de ces informations naissantes ? Oui, car la fabrication de cette information, qui est, nous le rappelons, la fabrication d’une différence de la différence, en l’occurrence, la variation d’un type d’interaction symboliquement représentée, se conjugue à l’information produite par un génome. Remarquons, au sujet de l’information, que l’impermanence est une autre façon de décrire la variation d’une quantité et que toute information se duplique sans se détruire, ainsi qu’une nouvelle information chasse l’ancienne. Ceci donne toute latitude à l’information d’être l’objet d’un calcul de puissance, qui lui fait porter toute la responsabilité d’un acte de conscience, en fonction des conséquences dans l’environnement. Cette double causalité, celle des conditions de l’information issue de l’esprit et du corps en temps réel, fait du calcul de l’information, le nouvel acte physique d’un subconscient.

Le comportement contre-intuitif est la marque de l’activité d’un subconscient. Ainsi, le subconscient gère l’existence d’un corps physique, par le renouvellement de sa constitution, quand la conscience délivre la transformation de ce corps par l’intuition. Le subconscient exprime les lois de la Nature, par l’exercice des probabilités de présence de chaque mouvement d’un corps. Celles-ci entrent en résonance avec des productions épigénétiques du champ énergétique de la conscience, pour créer des quantités énergétiques à l’origine des organisations de ces mêmes lois de la Nature. Cela aboutit ainsi à l’évolution des corps physiques par transformation. En conséquence, ce qui vit, c’est l’Univers au travers des corps et non les corps eux-mêmes. C’est pourquoi il existe des fonctionnements qui caractérisent l’évolution de ces corps, comme le fonctionnement humain pour les Hommes. Le plus important est donc le devenir pour ces fonctionnements, car c’est au nom du devenir que le choix de se connaître soi-même est le plus pertinent face aux différents choix d’une vie sociale. Puisque l’activité cardiaque gère l’éther physique révélé par les vortex d’une circulation sanguine dans les artères, pour le développement organique du cœur, à quoi peut bien servir un cerveau ? À la métamorphose des flux électriques en force de transformation de la matière, sous la forme d’une variation d’organisation des structures organiques. Par conséquent, le vivant hérite d’une structure qu’il transforme. C’est le sens de la vie.

Cela met en accord les structures organiques avec les forces de l’espace et du temps cosmique. C’est de cet accord, que naît la conscience, qui donne forme à l’organisme. C’est le mécanisme de l’évolution génétique supra-consciente qui met en jeu l’ADN non codants avec celui qui code. Ce génome, plus complet, va délivrer l’information multidimensionnelle aux protéines biologiques. Celles-ci peuvent alors former un corps multidimensionnel, dont le fonctionnement inspire l’esprit d’un nouveau souffle de la création. Il y a donc un fonctionnement humain, par une connexion analogique avec l’Univers de la création physique, d’où l’existence d’une socio-physique universelle possible. La chose la plus importante à comprendre, c’est que nous sommes tous à l’intérieur d’un même esprit qui est un écosystème physique fonctionnel. Par conséquent, le choix de chacun, va, soit dans le sens fonctionnel de cet écosystème, soit contre le sens de cet écosystème. Le premier sens est évolutionnaire de l’Univers quand le second sens est dévolutionnaire du sens de cet Univers. Il nous faut ainsi abandonner la dualité épistémologique construction/destruction, pour nous concentrer sur le développement, car ce qui compte est le fonctionnement humain au travers d’un fonctionnement universel. Par conséquent, il n’y a plus de « je » sujet psychologique, parce qu’il n’y a plus d’individualité corporelle matérielle. Le sujet est devenu le « nous », c’est-à-dire un ensemble de personnes dans le sens ontologique d’un esprit impersonnel.