La conscience personnelle questionne le principe anthropique fort selon lequel l’Univers doit (obligation, et non-supposition) avoir des lois et des paramètres fondamentaux afin que des êtres évolués puissent y apparaitre à un certain moment. Pourquoi cette vision du monde est-elle forcément matérialiste, en impliquant dans toutes les déclinaisons catégorielles du savoir la présence du principe matériel ? Une possibilité de réponse est apportée par l’humanologie et sous-tend un questionnement sur la nature de la réalité. La question est pertinente car nous sommes entrés dans l’Anthropocène, règne où domine la transformation de la Nature sous l’action de l’Homme. Il nous faut amener la notion de temps dans cette réflexion. Voyager dans le temps c’est voyager dans l’inconscient de la Réalité, ce qui revient à modifier l’inconscient de chaque individualité et donc ses rapports conscients à la Réalité. Vivre en temps réel consiste à concevoir l’action consciente au niveau d’une conscience collective, par des moyens qui puissent défaire l’inconscience de la Réalité pour que chacun soit à même de prendre conscience d’une Réalité commune. La conscience sans forme est le premier lieu de la séparation épistémologique, d’où la convocation de la notion d’espace. Au sein de cette conscience il n’y a plus d’individualité mais le constat d’une pluralité, d’où une Réalité commune omnisciente délivre les relations entre natures vivantes, et dont la physique reste à découvrir.
Au sein d’une conscience personnelle il y a potentiellement l’origine d’une conscience sans forme, pure intelligibilité d’une Nature qui la contient. Pour développer cette idée, qui doit se réaliser pour faire advenir une réalité individuelle, il nous faut revenir sur quatre concepts majeurs utilisés pour démontrer l’utilité réelle d’une approche fonctionnelle, elle-même définit par une humanologie comme science de l’humain. Ces quatre concepts sont : le simplexe, le complexe, l’espace et le temps que nous allons à nouveau définir. Le simplexe et le complexe sont des notions qui servent à décrire des topologies organisationnelles d’un ensemble. Quant au simplexe, il est un ensemble dont toutes les parties qui le constitue représentent la totalité de l’ensemble, en somme le simplexe défini un tout équivalent à la somme de ses parties. Le complexe est un ensemble ouvert sur un environnement, ce qui fait de lui un tout supérieur à l’ensemble de ses parties. Le complexe est donc le lieu d’une émergence, dont la genèse ne peut être simplement déduite des relations entre les différentes parties d’un ensemble. Le temps et l’espace vont donc intervenir comme parties de l’environnement en rapports avec les différentes parties de l’ensemble complexe.
Pourquoi la découverte du contenu d’une conscience personnelle est-elle essentielle à la compréhension de l’être humain ? Parce qu’aujourd’hui l’inhumanité semble être le devenir du monde et que seul l’humain en est son antidote. L’inhumanité est le monde conçu par les techno-sciences dont seul l’avènement d’une réalité individuelle peut en donner une maîtrise par la conscience, car la dérivée de toute science est le savoir technique déshumanisant. Le matérialisme est qualifié de vision du monde parce que sa seule force de conviction est la technoscience, ce qui va dans le sens d’un principe anthropique fort non maîtrisé. Sans le matérialisme pas de méthodologie réductionniste, cette méthode qui ne tient sa valeur que d’une logique de raisonnement basée sur le tiers exclu (le contexte) et dont la praxie se résume à l’analyse singulière, précédent toute synthèse reconstructive. Or le monde vivant se vit en présence, ce qui implique qu’à tout phénomène correspond un espace-temps qui conditionne ce présent, et dont seule une conscience personnelle peut rendre compte. Nous sommes alors dans une logique de tiers inclus (l’intégration du contexte) parce que la conscience personnelle ne relève pas de l’intellect mais d’une intelligence par laquelle chacun vit consciemment ce qu’il est en train de vivre.
L’espace et le temps sont donc les médiums d’une réalité individuelle où la conscience n’est plus corrélée aux produits des sens, mais à celle d’une réalité d’actions psychiques révélatrices d’un Soi contextuel, et dont l’espace et le temps en manifestent les formes phénoménales aux travers des organes sensoriels. Absolument tout est individuellement conçu d’espace et de temps, ce qui implique un mode d’existence d’un présent permanent, gouverné par une relativité absolue de leurs rapports qui établissent les phénomènes naturels d’une réalité.
Aujourd’hui l’inhumain est un qualificatif péjoratif, car sa signification est imputable à une pratique de la conscience individuelle basée sur l’expérience des sens lors de sa saisie des données sensorielles au sein d’une situation vécue au présent. Mais que se passe-t-il lorsque la conscience concerne chaque action individuelle de l’esprit qui fasse l’instant d’un présent ? Il y a l’émergence d’une conscience personnelle issues des facultés psychiques individuelles dont l’esprit manifeste involontairement des formes qui font les catégories d’espace-temps des réalités environnementales. Ces catégories sont à l’origine des informations qui en révèlent leurs natures. Vivre avec un niveau de conscience personnelle revient à accepter qu’au delà du caractère sensible de notre personne, nous avons un fonctionnement psychique qui définisse une individualité qui sois le reflet d’un espace-temps de circonstance. C’est ainsi qu’au simplexe d’une représentation d’un corps constitué d’un organisme, notre conscience personnelle s’incarne dans la forme d’un sens défini par les fonctions symboliques de l’esprit. C’est l’avènement progressif d’une intelligence infinie permis par l’existence d’une conscience personnelle.
L’inhumanité est le domaine de l’impossible conscient d’une conscience individuelle. C’est pourtant ce domaine qui doit être l’objectif d’une conquête de l’esprit, car le rapport théorique du simplexe au complexe (du corps à l’esprit et inversement) est producteur d’un sens intérieur, ce qui légitimise l’existence d’un milieu source d’un équilibre fonctionnel de l’univers individuel d’une personne. Mais plus que de sentir, il nous faut voir pour croire aux différents aspects du réel. Voir et avant tout une fonction de l’esprit et non le produit exclusif d’une faculté sensorielle. Ce que chacun de nous comprenons comme un présent au sein de notre existence, est ce que nous pensons consciemment au sein d’un contexte, notre personne, et non ce que nous vivons par conscience dans un environnement extérieur à nous-mêmes. C’est ainsi que l’instant psychique s’inscrit dans un réel sous la forme d’un présent, celui-là même qui fait ce que nous sommes à un instant précis de notre existence. Mais pour cela il nous faut statuer sur le sujet de notre personne. Car dans toutes les circonstances que l’on partage avec ce qui fait le monde pour tous, le sujet personnel donne à voir les valeurs d’une personne par les actes de sa présence.
Ce que préconise un esprit conscient d’un fonctionnement de ses actions individuelles, c’est de déconstruire des réalités matérielles qui sont éprouvées par des sens inconscients de la nature de ces réalités, au profit de la découverte d’une reconstruction libre des phénomènes d’une réalité individuelle. Ce ne sont pas les moyens des comportements qui comptent pour ce faire, mais ce que la conscience personnelle découvre en se donnant un Moi psychologique (un sujet) récipiendaire des expériences vivantes du présent. Mais si isoler les objets de l’espace par des percepts fait de leurs réalités les caractères de leurs relations potentielles, alors une dynamique fonctionnelle d’une réalité les reliants tous devient sous-tendue à la seule manière de les organiser en catégories de la Nature. C’est ce qui fait des relations entres ces réalités individuelles, une destinée commune aux acteurs de ces relations, ce qui correspond bien pour chacun comme pour le tout, à la dénomination d’un univers. Ainsi donc l’homme ne serait homme que par lui-même, ce qui renvoi un être humain à sa conscience personnelle en tant que processus d’individuation. Mais comment une personne peut-elle savoir si elle fait les bons choix au sein de sa propre gouvernance, pour faire d’elle une réalité individuelle ? Parce que chaque personne à le loisir de comprendre ce qu’elle est, et cela par la seule conscience personnelle aplliquée à ce qu’elle fait. Ce processus existe du fait de faire ce qu’il doit être fait au plus juste des intérêts existentiels d’une personne. Et c’est là qu’intervient la légitimité d’une comscience personnelle à la place du sujet moral. Celle-ci est propre à satisfaire une hiérarchie de valeurs conditionnées par le simple fonctionnement de son univers psychique.
Ce sont donc les choix personnels qui font les possibilités d’un contexte anthropomorphique d’un esprit, ce qui correspond à une vie tissée d’instants saisis au sein des relations contextuelles. Ces choix conscients viennent d’un esprit de l’espèce humaine, car chaque être humain est un membre d’une humanité collective par la forme dont il hérite. L’esprit natif de l’être humain est porté par une représentation sensorielle dont l’expression remplie toutes les conditions d’un inconscient hérité des générations antérieures d’êtres humains. Pour que des actions représentantes des choix personnels s’intègrent en tant que composantes d’une espèce humaine, il faut qu’émerge un récipiendaire qui puisse accepter la diversité d’un processus d’intégration respectueux du cadre des valeurs imposées par une conscience personnelle. C’est ainsi qu’un corps physique accepte le processus d’individuation sous-tendu à une échelle de valeurs produite par la conscience personnelle, et qui puissent aborder l’ensemble du spectre des actions humaines communes. Ce cadre culturel est à l’origine de l’existence d’un être social, dont le fonctionnement est en accord avec le processus de prise de conscience des actions personnelles. La puissance d’une personne devient la puissance d’un être humain apte au discernement de ce qui est autre que lui-même, et ainsi devenir conscient de ce qui lui est semblable.