Puisque la matérialité de notre personne est uniquement l’expression des sentiments de soi, il est alors raisonnable de penser que chacun de nous réagissons inconsciemment à des représentations mentales de nous-mêmes. Toute l’histoire ontologique et épistémologique de l’esprit est pour ma part vrai, mais les conclusions auxquelles nous sommes arrivés sont fausses car l’on exclut dans la catégorie de l’esprit, la nature et le fonctionnement du temps pour consacrer à l’esprit un seul catalogue de facultés et de capacités. L’esprit n’est pas une matière ordinaire ou particulière que l’on peut aborder par ses propriétés, une matière extérieure à celui qui l’interroge. Ici je me permets une digression, le critère d’objectivité scientifique qui veut qu’un phénomène soit réel dès lors que l’on peut le reproduire expérimentalement n’exclut en rien l’étude d’une entité et le constat de reproductibilité parce qu’il existe des conditions naturelles ou le critère de production s’avère identifiable et donc produit la même entité, soit le même résultat scientifique.
Il ne faut pas confondre moyens expérimentaux de la preuve et preuve expérimentale d’un phénomène réel . Dans le cas de l’esprit, l’expérience est seconde à l’activité de l’esprit, la conscience consacre le produit de l’expérience pas les conditions qui voient l’émergence de l’expérience. Dans de précédents articles nous avons souvent abordé la thématique du temps, car je crois qu’il n’y a pas plus sophistiqué que lui et qu’il faut constamment l’aborder sous des angles différents pour progressivement l’amadouer, se l’approprier, et finalement s’en détacher. Le temps objectif aura joué le rôle de catalyseur de l’expérience comme instance de la réalité commune.
L’esprit est conscient d’une connaissance qu’il vient de produire en toute inconscience de lui-même. Là nous essayons de comprendre l’esprit avec le temps subjectif. Nous verrons que l’esprit tire parti à la fois des propriétés du temps objectif et des propriétés du temps subjectif pour sa manifestation. Ces opérations se font sur un temps de conscience objective délivrée par la vie organique du corps de l’acteur, en interrogation de lui-même.
Les conditions, les moyens et le résultat sont liés dans la nature de l’esprit par le temps relatif et l’esprit rend compte d’une dualité ontologique esprit-corps dans le temps linéaire qui ne soit jamais l’expression de deux entités distinctes, mais qui forment identité de l’un par l’autre et inversement. C’est elle qui doit prévaloir si l’on veut honnêtement chercher à comprendre ce que l’esprit signifie en nature. La société des Hommes doit être une société intelligente pour une seule raison, être une protection de la vie sous toutes ses formes. En privilégiant le seul temps linéaire, historique et objectif, la science est obligée de se cantonner dans une technoscience qui ne fait qu’enrichir une société inconsciente, au détriment du développement de l’esprit des personnes conscientes dont l’ambition est de construire des sociétés intelligentes.